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Les
dossiers de l' information
scientifique du comité départemental 44
de l'association française pour l'information scientifique |
SUPPLEMENT AU BULLETIN DE L’INFORMATION SCIENTIFIQUE N° 2 - MAI 2003
antennes
relais de téléphonie mobile…
… le principe de
précaution
en guise d’introduction
L’électromagnétisme occupe une place particulière dans l’imaginaire
collectif.
Nous évoquions dans notre bulletin n°1 le salon NATURA de Rezé au sein
duquel les éternels traqueurs de champs magnétiques font la promotion de leurs
principes en matière d’habitat. Nous pourrions évoquer Norbert, le voyant et
magnétiseur qui propose ses services au marché TALENSAC de NANTES le samedi
matin. Le magnétisme et ses champs représentent bien un terrain privilégié pour
que les craintes les plus folles se développent de même que les charlatanismes
les plus variés fructifient.
Le dossier des antennes relais de téléphonie mobile en est une
illustration supplémentaire. Il n’est point besoin d’être un observateur
particulièrement attentif pour avoir constaté le développement d’apparence
anarchique et souvent inesthétique de ces antennes. Moches, elles le sont de
façon évidente et il n’est pas facile, surtout en zone rurale, de les intégrer
harmonieusement dans le paysage, d’autant plus, bien évidemment, que plus on
réduit la puissance plus il faut installer des relais. De plus la notion
traditionnelle à la république française de service public n’étant pas soluble
dans l’union européenne le nombre d’antennes à installer dépend tant des
nécessités de la transmission que du nombre d’opérateurs à l’assurer. Mais le
danger ne vient pas de là … les antennes sont dangereuses pour la santé,
génèrent des troubles divers et variés, voire même, à en croire certains,
« les antennes relais font des ravages dans les élevages ». Comme
cela avait été le cas il y a quelques années autour de LA HAGUE, on frise l’hystérie
collective quand LA MALADIE est évoquée : tout comme le téléphone portable
favoriserait le développement de cancers du cerveau, « on » a
constaté des proportions de leucémie importantes à proximité d’antennes relais.
Dans la boîte à outil de toute association qui se respecte, à côté de
l’adjectif « citoyen » il y a désormais le « principe de
précaution ». Certes les modes
sémantiques, par delà la propension irritante qu’elles ont de vider de leur
sens les mots qu’elles s’approprient, arrivent encore - de plus en plus
rarement – à me faire sourire mais là, l’affaire est plus sérieuse car notre
république « une, indivisible et laïque », qui était devenue
« et sociale », que d’aucuns voudraient « et
décentralisée » pourrait devenir de plus « et précautionneuse »
en faisant du principe de précaution un principe constitutionnel, perspective
qui a ému, à juste titre, nos académiciens des sciences.
Les sujets d’illustration ne manquent pas, de la production énergétique
aux organismes génétiquement modifiés, mais la téléphonie mobile est un sujet
d’actualité et tant l’avis récent de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire
Environnementale (AFSSE) du 21 mars 2003 relatif à la téléphonie mobile que
celui de l’Académie des Sciences du 18 mars 2003 relatif à la charte de l’environnement
et notamment au principe de précaution méritent qu’on leur réserve ce dossier.
En résumé (et en forçant le trait) nous dirons que :
1) Pour l’INSERM, la question posée n’est pas scientifique mais sociale
2) Pour l’AFSSE, aucun risque avec les antennes relais mais c’est pas
une raison pour faire n’importe quoi
3) Pour l’académie des sciences : le « principe de
précaution » … à consommer avec modération
4) Pour l’AFSSE, a priori aucun risque pour les téléphones mobiles sauf
au volant et même avec un kit main libres
Michel NAUD, coordinateur du comité départemental, le
8 mai 2003
ASSOCIATION FRANCAISE POUR
L’INFORMATION SCIENTIFIQUE (AFIS), 14 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE, 75005 PARIS
Site internet :
www.spsafis.org
Coordinateur du comité
départemental de Loire-Atlantique de l’AFIS : Michel NAUD,
mn@ouestfonderie.com
réponse de l’INSERM à la Direction Générale
de la Santé :
le besoin d’une étude n’est pas de nature scientifique …
Le 14 janvier 2003
INSERM Unité de Recherche U330,
Epidémiologie, Santé Publique et Développement,
Professeur Roger SALAMON, directeur
Direction Générale de la Santé
Sous direction de la Gestion des Risques des Milieux
Monsieur le Sous-directeur,
Vous m’avez écrit le 23 août 2002 pour solliciter mon laboratoire afin
qu’il puisse réaliser une enquête de faisabilité sur les conséquences
sanitaires des relais de téléphonie mobile. Un de mes collaborateurs, le
professeur Rachid Salmi, a participé à une réunion à Paris que vous avez
organisée avec les opérateurs. Suite à cette réunion nous avons, à Bordeaux,
réfléchi à votre proposition et je suis au regret de devoir la décliner.
Cela n’est pas seulement du à la difficulté évidente d’un tel projet
mais surtout à l’objectif même d’une telle enquête. Si cette étude doit
répondre à une hypothèse scientifique elle ressort alors d’une équipe de
recherche et une Unité comme la mienne peut éventuellement essayer d’y
répondre.
Cela n’est absolument pas le cas en ce domaine et le besoin d’une étude
n’est pas de nature scientifique (absolument aucune hypothèse crédible quant
à la nocivité des antennes n’est soulevée par la communauté scientifique).
L’étude envisagée répond principalement à une demande sociale, à une certaine
inquiétude exacerbée sinon créée par des informations assez farfelues et
volontiers biaisées. La réponse qu’il faut alors apporter est plutôt de nature
à rassurer et il s’agit d’un travail d’expertise et non de recherche.
A mon sens, ce travail doit absolument être réalisé par une Agence du
Gouvernement, l’Institut National de Veille Sanitaire dont c’est le rôle ou
éventuellement la nouvelle Agence sur l’Environnement.
Un travail de « chercheurs » sur ce sujet validerait quasi
systématiquement, dans l’esprit du public, de certains médias et d’associations
plus ou moins bien intentionnées, l’idée que l’hypothèse scientifique est
plausible (puisqu’un travail de recherche est réalisé) … il n’y a pas de fumée
sans feu !
principes et procédures qui ont été mis en œuvre par l’
Agence Française
de Sécurité Sanitaire Environnementale
-
les données
scientifiques sur lesquelles elle fonde ses avis doivent répondre aux
critères de qualité reconnus par la communauté scientifique, et être
aussi complètes que possible ; elles doivent être analysées et
synthétisées de manière aussi pertinente que possible, ce qui passe par une
expertise collective prenant en considération l’ensemble des données
disponibles. A cet effet, le groupe d’experts a été constitué de telle sorte
qu’il soit composé de scientifiques appartenant aux principales disciplines
concernées par le sujet et dont les publications scientifiques passées et
présentes témoignent de leurs hautes compétences. Ce groupe d’experts a
travaillé en toute indépendance, ce qui est un principe de qualité d’une
expertise.
-
Si un danger
venait à être avéré, il conviendrait de veiller à ce que les mesures mises en
œuvre permettent de protéger en priorité les personnes les plus vulnérables (principe
de prévention et principe de vulnérabilité)
-
Si l’analyse des
données scientifiques devait conclure à l’existence d’un doute sérieux sur la
possibilité d’effets graves et irréversibles, il serait nécessaire de prendre
des dispositions visant à réduire ce risque potentiel, même si les faits
scientifiques n’étaient pas parfaitement établis (principe de précaution)
-
Dans certaines
situations, alors même qu’il n’existe aucun argument scientifique justifiant
des préoccupations sanitaires, il est un fait que certaines personnes se
sentent menacées dans leur santé ; lorsque ce phénomène affecte un nombre
important de personnes, cela devient une véritable question de santé publique à
laquelle il importe de répondre par des mesures adaptées, notamment en
manifestant une écoute des souffrances et des craintes et en y apportant des
réponses dans la mesure du possible (principe d’attention)
stations de base (dites « antennes relais ») :
les attendus principaux
Le rapport du groupe d’experts de 2001 concluait à l’absence d’effets
sanitaires qui seraient dus aux ondes émises par des stations de base. Les
données scientifiques les plus récentes ne remettent pas en cause cette
conclusion. Plusieurs arguments étayent cette affirmation :
-
la puissance des
rayonnements reçus des stations de base, au-delà de quelques mètres des
antennes relais, est sensiblement plus faible que la puissance de ceux reçus
des émetteurs de radio et de télévision, qui sont dans des gammes de fréquences
proches. (…). Or, en l’état actuel des connaissances scientifiques, aucun effet
sanitaire n’a été démontré en lien avec les rayonnements liés aux émissions de
la radio et de la télévision auxquels nous sommes exposés en continu depuis des
décennies, et qui ont pourtant un plus grand pouvoir de pénétration dans les
tissus biologiques que les ondes de téléphonie mobile.
-
De plus,
contrairement à de qui est parfois affirmé, les mesures effectuées confirment
que les stations de base de téléphonie mobile n’émettent aucun autre champ
électromagnétique que celui pour lesquels elles sont conçues. (…)
-
Aucun mécanisme
connu d’apporte d’explication scientifique crédible à des effets biologiques à
des niveaux de puissance aussi faibles
-
Les symptômes
rapportés à proximité des stations de base sont, le plus souvent, des symptômes
fréquemment déclarés en médecine générale, que ce soit avec ou sans station de
base ; ces symptômes sont d’autant plus fréquemment ressentis et déclarés
que les personnes sont préoccupées et anxieuses, que ce soit du fait de leur
état psychique individuel ou du fait de leur environnement social.
stations de base (dites « antennes relais ») : l’avis de l’AFSSE
L’AFSSE constate que l’analyse globale des données scientifiques
actuelles sur l’exposition aux ondes des stations relais ne révèle aucun
risque pour la santé lié aux stations de base de la téléphonie mobile.
Dans cette perspective, les recommandations relèvent du principe
d’attention
à propos du principe de précaution
extrait du texte adopté par l’académie des sciences le 18 mars
2003
Une large part de l’opinion publique se déclare favorable au principe
de précaution qui semble répondre aux craintes que suscitent d’éventuels effets
néfastes des nouvelles techniques. Cependant ce consensus sur un mot n’est
qu’apparent et cache en fait des positions diverses, car sa définition est très
controversée. Son application, du fait de ses difficultés d’interprétations et
des dérives existantes, peut-être un frein au progrès et s’opposer à l’intérêt
général. Certaines décisions de justice ont été fondées sur le principe de
précaution compris comme l’interdiction d’agir si la moindre possibilité d’une
conséquence négative de l’action peut être crainte. Une acception aussi extrême
d’un principe considéré comme fondamental pourrait conduire à des décisions
aussi absurdes que de renoncer à toute mesure pouvant avoir un effet négatif.
Il est en fait impératif de peser les risques d’une technique par rapport à ses
avantages.
Le souci de protéger le cadre de vie de l’homme peut légitiment
conduire à veiller à ce que celui qui propose une décision ait fait au
préalable une analyse approfondie de toutes les implications, avantages et
inconvénients de celle-ci, en faisant appel à toutes les connaissances
scientifiques et techniques du moment. Une telle règle peut-être comprise comme
le principe de précaution. Malheureusement, ce vocable peut être comprise tout
autrement.
L’académie des sciences recommande que le principe de précaution ne
soit pas inscrit dans des textes à valeur constitutionnelle ou dans une loi
organique car il pourrait induire des effets pervers, susceptibles d’avoir des
conséquences désastreuses sur les progrès futurs de notre bien-être, de notre
santé, de notre environnement.
Il convient en revanche de chercher, dès maintenant, à anticiper le
plus largement possible les risques, ceux qui sont bien identifiés comme ceux
qui ne le sont qu’imparfaitement. Parallèlement, doivent être mis sur pied des
dispositifs de vigilance et de veille permettant le recueil, l’analyse et la
prise en compte de signaux d’alerte.
TOUS CES TEXTES ET RAPPORTS SONT TELECHARGEABLES SUR
INTERNET SUR LES SITES DE L’AFSSE OU DE L’ACADEMIE DES SCIENCES
LES ALLEGEMENTS DE TEXTES, LES TITRES ET LES CARACTERES
GRAS SONT DE LA RESPONSABILITE DES REDACTEURS DE CE DOSSIER
terminaux (les téléphones mobiles) : les attendus principaux
Les travaux épidémiologiques
et, surtout, les travaux expérimentaux récents sur les effets de l’exposition
aux ondes émises par les antennes des téléphones (« les terminaux »),
ne permettent pas de conclure à leur caractère nocif, en l’état actuel
des connaissances. Mais la vigilance doit être maintenue et ce sujet
nécessite la poursuite de travaux scientifiques.
-
Pour ce qui
concerne le risque de cancer, on peut retenir que, aux niveaux de
puissance employés dans la téléphonie mobile, les rayonnements n’ont pas
d’effet sur les gènes de nos cellules (ils ne sont pas
« génotoxiques »). Les travaux conduits chez l’animal, avec de
longues durées d’exposition, n’indiquent pas de risque de cancer ; ils ne
montrent ni un effet «initiateur » propre ni un effet
« promoteur » de cancers induits par des agents cancérigènes.
Cependant, bien que l’essentiel des études épidémiologiques déjà publiées tende
à réfuter l’existence d’un risque de cancer du cerveau ou d’autres formes de
cette maladie chez l’homme, le recul disponible ce jour est encore insuffisant
pour exclure cette hypothèse.
-
Pour ce qui
concerne d’autres maladies, les résultats des travaux sont
partagés : d’un côté, des études chez des sujets volontaires ne montrent
pas de lien entre des symptômes ressentis (maux de tête, fatigue, sensation de
chaleur) et l’exposition aux rayonnements des téléphones, y compris chez des
sujets se déclarant « hypersensibles aux champs magnétiques ». D’un
autre côté, des travaux récents chez l’animal, qui appellent confirmation –
voire, pour certaines recherches françaises, qui demandent encore à être
publiées dans des revues scientifiques internationales – suggèrent que ces
rayonnements pourraient modifier la perméabilité de la « barrière »
qui protège le cerveau contre la pénétration passive de substances présentes
dans le sang, pour des niveaux de DAS faibles de 0,2 à 0,75 W/Kg, pendant 2
heures, chez le rat. Si ces résultats venaient à être confirmés par des travaux
conduits de manière indépendante dans les mêmes conditions expérimentales, et
s’ils se révélaient transposables également à l’espèce humaine, cela pourrait
indiquer que des personnes souffrant de migraines seraient susceptibles de voir
leurs douleurs accentuées, en fréquence et/ou intensité. La démonstration d’un
tel effet n’est pas apportée, et d’autres travaux internationaux portant sur le
même sujet, ont abouti à des conclusions inverses (sur une quarantaine d’études
publiées, moins de 10 rapportent un effet sur la barrière hémato-encéphalique)
-
Divers effets
biologiques ou physiologiques associés à l’exposition aux ondes des
téléphones mobiles (modification du profil de l’électro-encéphalogramme,
raccourcissement des délais de réaction à certains tests, etc.) sont bien
avérés, mais ces effets, modérés et transitoires mêmes dans les conditions
d’exposition maximale aux rayonnements émis par les téléphones mobiles, ne
peuvent être considérés comme nocifs dans l’état actuel des connaissances. (…)
-
A ce jour, les
données scientifiques disponibles n’indiquent pas une sensibilité particulière
ni une exposition supérieure des enfants, par rapport aux adultes, aux
rayonnements induits par les téléphones. (…)
-
Les conséquences
psychoaffectives et sociales de l’usage du téléphone mobile durant
l’enfance et l’adolescence semblent très différentes selon l’âge (…).
-
Le risque
d’accident de la circulation lors de l’utilisation d’un téléphone mobile est
par contre un risque parfaitement avéré.
Les études épidémiologiques publiées ainsi que les études expérimentales sur
volontaires démontrent une augmentation du risque d’accident de la circulation,
essentiellement liée à une perte d’attention lors de la conversation
téléphonique. La perte d’attention est identique lorsque le conducteur utilise
un dispositif permettant de libérer ses mains (kit mains-libres) ; un tel
dispositif ne constitue donc en aucun cas un élément de sécurité.
terminaux (les téléphones mobiles) : l’avis de l’AFSSE
L’AFSSE prend en considération la possibilité d’effets sanitaires
insuffisamment compris associés à l’exposition aux champs des téléphones
mobiles. Pour cette raison, elle recommande l’application du principe de
précaution :
a) poursuive la réduction des niveaux d’énergie délivrée
aux utilisateurs de téléphones mobiles lors des appels et informer les
consommateurs des niveaux d’exposition auxquels ils sont soumis afin de leur
permettre une attitude responsable en toute connaissance de cause.
b) Mener une campagne nationale destinée à réduire
l’utilisation du téléphone mobile lors de la conduite automobile, renforcer
encore le Code de la route et faire appel à la responsabilité des constructeurs
afin de disposer d’un dispositif préventif et répressif efficace.
zapping : un dialogue entre l’AFSSE et l’association PRIARTEM
Michèle FV (AFSSE) :
comment expliquez-vous que certaines antennes n’entraînent aucune plainte ?
Janine LC (PRIARTEM) :
Si les gens ne savent pas qu’une antenne est implantée à proximité de leur
domicile, ils ne peuvent pas mettre leurs maux en relation avec celle-ci.
Etienne C (PRIARTEM) :
Je vous rappelle également que les antennes relais font des ravages dans les
élevages
Imprimerie spéciale, Saint Aignan de Grand lieu