le bulletin de l' information scientifique du comité Nantes Atlantique de l'association française
pour l'information scientifique |
PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE
N° 11
– DECEMBRE 2004
l’éditorial :
la révolution des cellules souches
Tel
est le titre du journal du CNRS du mois de décembre de cette année. En effet, enfin, depuis le 30 septembre 2004 la
nouvelle loi sur la bioéthique autorise, à des fins de recherche, l'importation
en France des lignées de cellules souches embryonnaires humaines qui ont été
découvertes en 1998 aux États-Unis. La révision de la loi de 1994 a pris dix
ans, durant lesquels les recherches sur ces cellules humaines étaient
interdites en France. En revanche, des travaux sur les cellules souches que
l'on trouve dans les tissus adultes, dans la moelle osseuse ou le tissu
adipeux, ont pu, elles, se dérouler en toute quiétude (lire en dernière page).
« Jamais les partis
politiques, les parlementaires, le comité national d'éthique, les religions,
les syndicats agricoles ne se sont autant mêlés de questions scientifiques, et
plus particulièrement de ce qui touche au vivant : OGM et embryon en tête. En
effet, que des savants, si responsables soient-ils, puissent manipuler le
vivant et parviennent à réaliser des animaux autrement que par la fécondation
fait peur. Du coup, la recherche est inévitablement montrée du doigt et
l'équité des chercheurs parfois mise en doute. »
souligne
à juste titre Fabrice Impériali dans le journal du CNRS
Le
signataire de cet éditorial fait sien le jugement de Hervé Chneiweiss,
Directeur de recherche CNRS, quand il caractérise que la loi de bioéthique 2004 reste extrêmement prohibitionniste :
« C'est une loi qui donne un avantage disproportionné à la protection
d'embryons conçus in vitro par comparaison à la réalité d'un enfant à naître,
affirme-t-il. La conception déterministe qui veut qu'un œuf fécondé soit déjà
un être humain en puissance est biologiquement fausse. Cela va dans le sens
contraire des connaissances acquises en biologie moderne, c'est-à-dire d'une
pensée évolutionniste, où c'est l'histoire de l'individu qui fait l'individu ».
Ce sont les mêmes paradigmes qui structurent le débat sur le clonage.
La révision des lois de 1994 sur la bioéthique qui a été
définitivement votée à l'été 2004 affirme la volonté du gouvernement de «
respecter l'être humain dès le commencement de la vie et [de] protéger
l'embryon ». À titre exceptionnel cependant, par dérogation et pour une
durée limitée de cinq ans, « des recherches peuvent être autorisées sur
l'embryon et les cellules embryonnaires lorsqu'elles sont susceptibles de
permettre des progrès thérapeutiques majeurs ». Ces recherches sont
limitées aux embryons surnuméraires, conçus in vitro dans le cadre d'une aide
médicale à la procréation. Six mois avant l'issue des cinq ans, c'est l'office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques et la
nouvelle agence de biomédecine qui établiront un rapport d'évaluation et
soumettront à nouveau ces dispositions au parlement.
La loi
ne prévoit aucun quartier pour la création d'embryons pour la recherche et par
extension, le clonage thérapeutique qui «
doivent demeurer sévèrement exclus et fermement sanctionnés »
alors que, sans le même temps, de telles recherches viennent d’être
autorisées au Royaume-Uni et en Espagne. De même, le clonage reproductif est
désormais considéré en France « comme un crime contre l'espèce humaine » et
sera puni de vingt ans de réclusion criminelle.
A
titre de comparaison, au Royaume-uni
où les autorités ont en août dernier autorisé le clonage à des fins
scientifiques, les chercheurs pourront essayer, à partir de cellules prélevées
sur une personne atteinte de la maladie génétique, de cloner cette cellule,
fabriquer des cellules embryonnaires in vitro et en tirer des lignées
inépuisables pour tester des médicaments. De même, vous lirez dans ce
bulletin le point sur les débats à l’échelle de l’ONU.
Nous
avons entre nous des opinions discordantes sur ces questions. Nous en avons
déjà débattu quand nous avions invité Bertrand Jordan au Muséum en 2003 puisque
autant le consensus était atteint sur la question du clonage à fins
thérapeutiques, contre le prohibitionnisme gouvernemental qui perdure, autant
ce consensus n’était plus assuré quant était abordée la dimension reproductive
du clonage. Peu importe puisque nous ne sommes pas une chapelle et que nous
sommes même tout le contraire d’une chapelle. Jean-Claude Pecker et Simone
Veil, dans un appel international qu’ils avaient signé pour contrebalancer le
lobbying – visiblement efficace - de l’ensemble des religions sur ces sujets,
soulignaient que « les questions
morales soulevées par le clonage ne sont ni plus importantes ni plus profondes
que celles auxquelles les êtres humains ont déjà été confrontés à propos de
technologies telles que l’énergie nucléaire, les recombinaisons d’ADN ou le
cryptage des ordinateurs. Elles sont tout simplement nouvelles. » Nous continuerons donc ce débat avec Raison et sérénité.
En
cette fin du mois de décembre, puissiez-vous les uns et les autres fêter le
solstice d’hiver suivant les traditions qui vous agréent et la nouvelle année
qui s’annonce … avec joie … et sobriété …
Michel
NAUD, association nantes atlantique pour l’information scientifique, le 15
décembre 2004
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coordinateur :
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des
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du matin ou du soir ? ….
De
nombreux comportements (vision, olfaction, vigilance, sommeil) présentent un
rythme circadien (24 heures), sous la dépendance d'une « horloge »
située dans le cerveau, synchrone avec l'alternance des jours et des nuits.
Cette horloge intrinsèque prépare l'organisme aux changements environnementaux.
Elle anticipe les transitions jour-nuit et nuit-jour en agissant sur la
sécrétion d'hormones, la température du corps, etc.
Des
expériences réalisées sur les rongeurs ont poussé les spécialistes à formuler
dans les années 70 l'hypothèse de l'existence d'une horloge possédant deux
oscillateurs distincts, un oscillateur matinal, et un oscillateur réglant
l'activité du soir.
Grâce
à des expériences fondées sur l'étude de constructions génétiques différentes,
François Rouyer (INSERM) et ses collaborateurs concluent aujourd'hui que les
deux périodes d'activité observées chez la mouche drosophile, sont régies chacune
par des groupes de cellules distinctes. En générant des mouches qui possèdent
l'oscillateur du matin ou l'oscillateur du soir, ils ont fait la preuve que
chaque période d'activité est gouvernée par son propre
« oscillateur » circadien. Reste maintenant à comprendre comment ces
oscillateurs perçoivent la lumière et communiquent entre eux et avec le reste
du réseau de neurones impliqués dans le contrôle des rythmes. Ces recherches
devraient apporter des éléments supplémentaires de compréhension des mécanismes
en jeu chez les mammifères. Chez le rongeur, déjà, des expériences
d'electrophysiologie réalisées sur le noyau suprachiasmatique (siège de
l'horloge chez les mammifères) suggèrent l'existence d'une horloge complexe
composée de deux oscillateurs couplés. Comme chez la mouche, il semble donc
qu'un oscillateur du matin et un oscillateur du soir assurent de concert les
fonctions circadiennes du cerveau.
Source : CNRS 14 octobre 2004
du côté de chez spam
LONDRES
(Reuters 9 décembre) - Les internautes qui prient pour être sauvés des messages
publicitaires doivent faire face à un nouveau fléau: le spam religieux.
"Les
enquiquineurs de Dieu utilisent les techniques du XXIe siècle. C'est du spam
religieux et c'est presque toujours chrétien", explique Martin Lee, de la
société de sécurité informatique MessageLabs.
Les
appels à la prière proviennent pour la plupart de personnes anglophones de
naissance situées aux Etats-Unis. Les spammeurs religieux ont des
préoccupations plus spirituelles que mercantiles : "Ce sont des
évangélisateurs à l'ancienne qui veulent répandre la bonne parole",
dit-il.
Le
spam religieux ne représente encore qu'une toute petite fraction - moins de 1%
des millions de messages non sollicités qui inondent chaque jour internet mais
présente une tendance orientée à la hausse. Selon les derniers chiffres publiés
par Email Systems, 48% du spam concerne des offres médicales, 15% de la
pornographie, 11% des jeux de hasard et 9,0% des crédits immobiliers.
Source
: Agence
Reuters, 9 décembre 2004
une
pile à combustible bactérienne
Des chercheurs de l'Université d'Etat de
Pennsylvanie ont testé avec succès une pile à combustible bactérienne grâce à
laquelle ils ont produit, à partir d'eaux usées, un courant de 350 watts par
mètre carré. Certes le courant généré est encore faible, mais la technologie
semble évoluer rapidement
Semblable dans sa conception à la pile à hydrogène (deux
électrodes séparées par une membrane échangeuse de protons), le dispositif de
Bruce Logan et de ses collègues capturent les électrons naturellement libérés
par les bactéries lors de la digestion de matière organique et les convertit en
électricité.
Selon eux, le procédé pourrait un jour être utilisé dans les pays
en voie de développement dans de petites unités de traitement des eaux usées
qui assureraient ainsi leur propre alimentation électrique. L'industrie
agroalimentaire, en particulier les élevages porcins, de même que la NASA, qui
travaille sur un projet similaire pour de futurs longs voyages de l'homme dans l'espace,
pourraient également se montrer intéressées.
Source : Futura-Sciences 22 novembre 2004
nous vivons dans un monde dangereux …
AMSTERDAM
(Reuters) – La visite des églises est peut être bénéfique pour la vie
éternelle, mais certainement pas pour les poumons d’après une étude
scientifique de l'université néerlandaise de Maastricht.
Les
cierges et l'encens dans les églises peuvent être dangereux et potentiellement
cancérigènes, précise ce travail publié cette semaine dans l'European
Respiratory Journal.
"Après
avoir brûlé des bougies pendant une journée, nous avons trouvé vingt fois plus
de particules que lors d'un embouteillage sur une route", a indiqué a
Reuters Theo de Kok, l'auteur de l'étude. "Ce niveau était si
incroyablement élevé que nous avons pensé qu'il fallait en faire un rapport
public".
L'air
de la basilique de Maastricht contenait vingt fois plus de particules PM10 que
la limite autorisée par l'Union
européenne,
après une simulation grandeur nature d'une cérémonie religieuse. Les petites
particules de PM10 peuvent être inhalées et sont par conséquent potentiellement
dangereuses.
Les
scientifiques ont également découvert des niveaux très élevés d'hydrocarbures
aromatiques polycycliques carcinogènes et des types inconnus de radicaux libres
dégagés par la combustion des bougies et des encens. Les atomes de radicaux
libres contribuent au déclenchement et au développement de tumeurs cancéreuses.
Source : agence Reuters
22 novembre 2004
l’homme est un
singe qui court vite
La
capacité de courir vite, et surtout longtemps, aurait été un élément
déterminant de l'évolution des premiers humains. Après la grosseur de la boîte
crânienne, après le fait de se tenir debout, voici un autre élément qui nous
distinguerait des singes: la course à pied. Et mieux encore, la course
d'endurance. Selon deux chercheurs américains, celle-ci aurait commencé il y a
2 millions d'années... et nous continuons de courir le marathon …
Dennis
Bramble, biologiste à l'Université de l'Utah, et Daniel Lieberman, de
l'Université Harvard, dans la dernière édition de la revue Nature,
caractérisent ainsi un corps huamin qui s’est adapté à la course :
des talons plus épais
un crâne mieux équilibré au bout de la colonne vertébrale
un crâne qui, de surcroît, est ainsi irrigué par le sang qu'il
évite la surchauffe
des vertèbres plus larges qui agissent comme absorbeurs de chocs
des ligaments qui ont évolué pour servir de ressorts, également
face aux chocs causés par une course
et bien sûr de plus longues jambes.
S'ils
n'avaient pas appris à courir, les humains auraient certes appris à marcher,
mais ils auraient conservé des jambes plus courtes et une posture plus arquée,
plus proche de leurs cousins singes. Ceux qui, parmi les embranchements des
australopithèques et autres Homo erectus ayant conduit jusqu'à nous, n'ont pas
développé cette capacité à courir sur de longues distances, seraient disparus
au fil des âges.
Aujourd'hui
encore, bien que les humains soient battus au sprint par de nombreux animaux,
ils demeurent remarquablement résistants pour des courses de longue durée.
Davantage que la plupart des mammifères à l'exception des chiens, des hyènes et
des chevaux. Les humains sont de véritables "machines à courir",
selon la définition du Dr Bramble. Un avantage déterminant, dans la savane
africaine, où il fallait peut-être parcourir de grandes distances pour épuiser
un animal ou trouver une carcasse abandonnée par les prédateurs.
Source : Agence Science
presse 27 novembre2004
quand la sélection naturelle devient secret défense …
(Agence
Science-Presse) – La métaphore de la « course aux armements » dans l’évolution des espèces a été popularisée,
en France, par le livre « l’horloger aveugle » de Richard DAWKINS. C’est
ce cette façon qu’ont été imagés les processus cumulatifs conduisant à la
sélection de prédateurs toujours mieux « armés » pour la chasse en
même temps que de proies toujours mieux « armées » pour échapper à
leurs chasseurs.
Cette
métaphore a été utilisée de nombreuses fois pour évoquer ce qu’il est convenu
d’appeler « l’explosion du Cambrien », période survenue il y a
quelques 540 millions d’années durant laquelle, en quelques millions d’années,
les mutations et la sélection naturelle auraient connus une accélération dans
les processus de diversification et complexification des organismes vivants. La
sélection cumulative au profit des organismes développant et améliorant leur
vision (l’émergence progressive de l’œil), est l’un des exemples préférés des
biologistes de l’évolution.
Ainsi
que le révèle le Guardian du 18 novembre, c’est ce que le Pentagone a découvert
semble-t-il récemment en lisant le récent ouvrage du biologiste britannique Andrew
PARKER intitulé « The Blink of an Eye ». Comment la compréhension de
la « course aux armements » de l’évolution des espèces aidera-t-elle
le Pentagone dans ses missions ? C’est l’objet du projet de recherches que
le Pentagone a confié à PARKER et une équipe formée d'analystes de la défense,
d'informaticiens, de tacticiens, de statisticiens ; leur ambition est de
développer un logiciel intitulé « Cambrian Program », censé appliquer
des algorithmes génétiques à des données du monde actuel et passé pour en tirer
des prévisions sur les menaces futures et demander en conséquence des fonds
pour les étudier et y répondre. On n’a semble-t-il pas fini de trouver des
armes de destruction massives …
Source : Agence
Science Presse, 22 Novembre 2004 The Guardiian 18 novembre 2004
l’homme descend du singe mais pas le président des Etats
Unis
NEW
YORK (Reuters 13 décembre) - Une galerie new-yorkaise a dû fermer son
exposition ce week-end après l'émotion provoquée par un tableau représentant le
visage du président George W. Bush constitué des dizaines de motifs de têtes de
singe.
L'oeuvre,
intitulée "Bush Monkeys", était proposée à la vente 3.500 dollars sur
le catalogue de la galerie Chelsea Market. Plus de 2.000 personnes s'étaient
pressées pour la soirée de vernissage jeudi. C'est à la demande d'un
administrateur de la galerie, qui est tombé, scandalisé, en arrêt devant le
portrait, que la décision de fermer a été prise.
L'auteur
du tableau, Chris Savido, un artiste de 23 ans, s'est félicité du choc provoqué
dans le public par son oeuvre, tout en qualifiant la décision de fermer la
galerie d'"acte de censure flagrant". Il compte désormais proposer
aux enchères son tableau et offrir le produit de la vente à une ONG de défense
de la liberté d'expression. "C'est beaucoup plus que de l'art, se
lamente-t-il. Il s'agit tout bonnement d'un droit fondamental de tout citoyen
américain, c'est la liberté d'expression qui est ici en jeu".
Source : agence Reuters
13 décembre 2004
ADN et lutte
anti-braconnage
Un nouveau test
ADN permettrait de connaître la provenance de l'ivoire, avec une précision de
500 à 1000 km et ce pour distinguer les cargaisons légales et illégales. La
technique a été développée par une équipe menée par Samuel Wasser, de
l'Université de Washington à Seattle.
Source : lesmutants.net / New Scientist 28 septembre 2004 Proceedings of the National Academy of Sciences
POUR le progrès
scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences
cannabis et grossesse
extra-utérine
La consommation
régulière de cannabis pourrait augmenter le risque de grossesse extra-utérine :
c'est la conclusion d'une étude menée sur des souris par Sudhansu K. Dey du
centre médical de l'Université de Vanderbilt (Tennessee). En effet, chez
les femelles enceintes dont le gène du premier récepteur cannabinoïde (CB1) a
été désactivé, comme chez les femelles enceintes et normales qui voient ce même
récepteur régulièrement stimulé par la consommation de THC, l'embryon reste
bloqué dans l'oviducte et n'atteint pas l'utérus. Les chercheurs tendent à
penser que de telles répercussions peuvent aussi intervenir chez les femelles
humaines fertiles et qui consomment régulièrement du cannabis (13,5% aux
États-Unis selon une étude de 2002).
Source : lesmutants.net / Vanderbilt
University Medical Center 27 septembre 2004
à l’ONU, le clonage échappe à un traité
(Agence
Science-Presse) - Les Etats-Unis ont baissé les bras: il n'y aura pas de traité
international interdisant toute forme de clonage. Pas cette fois du moins. Les
diplomates des Nations unies ont manifestement abandonné la rédaction d'un
traité contraignant dont le but était de proscrire le clonage reproductif
humain, aucun compromis n'ayant pu être trouvé sur la question vivement
controversée de l'autorisation ou non du clonage thérapeutique à des fins de
recherche.
Dans
le cadre du à l'assemblée générale des Nations Unies, les 191 nations ont
accepté l'idée d'une déclaration qui ne rejetterait que le clonage reproductif,
autrement dit, le clonage d'individus. Le groupe d'une soixantaine de pays
menés par Washington n'a pas réussi à imposer sa vision d'un interdit total,
qui inclurait aussi le clonage de cellules humaines à des fins de recherche
médicale (ou clonage thérapeutique). Les États membres ont convenu de se baser
sur un projet de déclaration proposé par l'Italie comme point de départ pour de
nouvelles discussions qui seront lancées en février. "Il n'y a pas de
consensus sur le texte italien", a expliqué M. Pecsteen. "Il y a un
consensus sur l'utilisation de ce texte en tant que base (pour de prochaines
discussions)." Dans le texte proposé par l'Italie, les pays sont appelés à
"interdire toute tentative de créer des vies humaines par le biais du
clonage et toute recherche visant à atteindre cet objectif". Mais la
Belgique, qui rejette une interdiction du clonage humain à des fins
thérapeutiques, s'oppose au terme "vie humaine" car il pourrait être
mal interprété et donc prohiber toute forme de clonage.
Le
président Bush lui-même avait appelé à un tel interdit lorsqu'il s'était
adressé à l'assemblée générale en août. Une position aussi radicale est rejetée
non seulement par l'essentiel de la communauté scientifique, mais aussi par des
pays comme la Grande-Bretagne ou la Belgique, pour qui les recherches entourant
le clonage de cellules sont aussi des recherches visant à développer de
nouveaux traitements contre le Parkinson, l'Alzheimer, la paralysie des membres
ou même le diabète.
Les
négociations autour de cette question traînaient depuis plus d'un an au comité
juridique de l'ONU. A présent, ces discussions sont suspendues pour trois ans,
ce qui signifie qu'il faudra trois ans avant que l'Assemblée générale ne vote à
nouveau sur le clonage, si jamais elle doit à nouveau voter.
Source : Agence Science
Presse 30 novembre 2004 Futura Sciences 9 décembre 2004
réchauffement planétaire, la troposphère aussi
En mai
de cette année, sur la base d’une nouvelle interprétation de données de
températures, Qiang Fu, de l’Université de Washington, déclara qu’il est
désormais certain que la basse atmosphère se réchauffe aussi rapidement que la
surface terrestre. Cette annonce a suscité une controverse. Une autre étude
dirigée par le même chercheur, sur la base cette fois-ci d’autres séries de
données, valide l’interprétation. Elle sera publiée le 15 décembre dans le
Journal of Climate.
Les scientifiques croyaient que le
réchauffement de la troposphère, la couche allant de la surface à environ 12
kilomètres d’altitude, était moindre que celui de la surface. Qiang Fu et son
équipe, avait déterminé lors de leur première étude, que les mesures
satellitaires relatives à la troposphère n’étaient pas fiables parce qu’un
cinquième du signal venait d’une couche plus haute de l’atmosphère : la
stratosphère, laquelle, durant les dernières décennies, avait connu un
refroidissement plusieurs fois plus rapide que le réchauffement de la
troposphère. L’équipe avait mis au point une méthode permettant d’éliminer le
signal stratosphérique des données satellites et obtint des résultats en
concordance étroite avec les données du réchauffement à la surface. La méthode,
selon les critiques, entraînait une surcompensation de l’effet de
refroidissement produit par la stratosphère et donc une surestimation de
l’importance du réchauffement de la troposphère.
Dans la nouvelle étude, l’équipe est partie de
mesures directes de températures de la stratosphère. L’application d’une
nouvelle méthode, dans le but de d’éliminer la contamination stratosphérique,
leur a permis d’obtenir des résultats en accord avec ceux publiés en mai dans
la revue Nature.
Les recherches indiquent un réchauffement de
la troposphère d’environ deux dixièmes de degré Celsius par décennie, similaire
au réchauffement de la surface. Ces résultats sont importants car, durant des
années, le décalage entre données satellites et données du réchauffement à la
surface a alimenté le débat au sujet de la réalité du changement climatique.
Source : Futura
Sciences 9 décembre 2004
lève-toi et marche …
RIO DE JANEIRO
(Reuters 19 novembre) – Le docteur Hans Fernando Dohmann, coordinateur
de la recherche du Pro-Cardiac Hospital de Rio de Janeiro a annoncé qu’une patiente de 54 ans, hémiplégique et aphasique depuis
une attaque cérébrale a retrouvé l'usage de ses jambes et de la
parole dix-sept jours après l'injection sanguine de cellules souches
provenant de sa propre moelle osseuse.
Source : lesmutants.net et
Agence Reuters 19 novembre 2004 – ATTENTION : Source ne provenant pas
d’une publication scientifique
rejoignez l’association française pour l’information
scientifique AFIS
lève-toi et marche … encore plus fort …
Durant
une conférence de presse dans l’hôtel Shilla de Séoul, le professeur Song
Chang-hu de l’université de Chosum, le professeur Kang Kyung-sun de
l’université nationale de Séoul et le docteur Han Hoon de la Seoul Cord Blood
Bank (SCB) ont annoncé avoir injecté des cellules souches en provenance de
cordons ombilicaux, le 12 octobre 2004, dans la moelle osseuse d’une patiente
de 37 ans handicapée depuis 1985 à la suite d’un accident qui avait endommagé
sa colonne vertébrale. Condamnée au lit et à la chaise roulante depuis 19 ans,
trois semaines après l’injection, ses fonctions nerveuses et motrices
montraient des améliorations 15 jours après l’injection, alors que les pieds
répondaient à stimulation au bout de 25 jours ; le professeur Song a même
déclaré aux journalistes que «juste trois semaines après, elle a pu commencer à
marcher avec l’aide d’un walker ».
Même
si cette annonce, comme la précédente, ne s’est pas réalisée par les canaux des
publications scientifiques, la course contre la montre est bel et bien engagée
en médecine régénérative, et si il se révélait que par ces effets d’annonce ces
médecins prenaient un peu encore, pour prendre date, leurs désirs pour des
réalités, il ne fait guère de doute que les techniques sont désormais très
proches d’aboutir.
Source : lesmutants.net et
le Korea Times
nos ancêtres les poissons
Tetraodon nigroviridis est un petit
poisson d'Asie du sud-est bien connu des aquariophiles, qui présente la
particularité de posséder le plus petit génome connu parmi les vertébrés. Bien
que le génome humain soit huit fois plus grand, les gènes de l'homme et de
Tetraodon partagent de grandes similarités de séquences.
Les similarités de séquences sont un
outil pour les biologistes, qui savent que les motifs conservés au cours de
l'évolution correspondent généralement à des gènes. Ainsi, en comparant la
séquence de deux organismes animaux très éloignés, ils peuvent reconnaître les
séquences correspondant à des gènes au milieu de l'énorme masse d'information
“non signalisée” que représente la séquence d'un génome de plusieurs millions
de paires de bases.
Les premiers résultats du séquençage de
Tetraodon, commencé en 1997, avaient permis, dès l'année 2000, aux chercheurs
du Genoscope d'estimer le nombre de gènes humains à 30 000 gènes, alors que la
plupart des estimations de l'époque avoisinaient voire dépassaient
100 000. Ce résultat a été depuis amplement confirmé par les analyses du
génome humain.
Le séquençage publié dans Nature le 21
octobre 2004 couvre environ 90% du génome de Tetraodon. Pour la première fois
chez un poisson, la plupart des gènes identifiés par séquençage ont été
identifiés et localisés sur les 21 chromosomes de Tetraodon. Les chercheurs ont
caractérisé des gènes que l'on pensait absents chez les poissons. Ils ont
également pu identifier 900 nouveaux gènes non encore identifiés chez l'homme
grâce à la comparaison avec le génome de Tetraodon.
Le positionnement des gènes sur les
chromosomes de Tetraodon a permis, pour la première fois, de comparer
l'organisation chromosomique des génomes de mammifères et de poissons, deux
lignées dont le dernier ancêtre commun vivait à l'ère Paléozoïque, il y a
environ 450 millions d'années. Le génome de l'ancêtre commun à l'homme et aux
poissons était ainsi probablement constitué de seulement 12 chromosomes.
Source : CNRS 21 octobre 2004
ancêtre mythique ou
biologique ? … une réponse ethno-génétique
Les sociétés traditionnelles sont souvent organisées en groupes de
filiation, tels que le lignage, le clan, ou la tribu. D'après la tradition orale, les membres d'un même groupe de
filiation descendent d'un ancêtre commun en ligne paternelle (patrilinéaire) ou
en ligne maternelle (matrilinéaire).
Ces groupes
de parenté correspondent-ils à des entités biologiques, ou sont-ils des groupes
socialement construits ? Dans l'hypothèse d'une concordance entre groupe
social et groupe biologique, deux individus appartenant au même groupe social
devraient plus se ressembler génétiquement que deux individus pris au hasard
dans la population.
Pour répondre
à cette question, des chercheurs
français (CNRS - Université Paris 7 - Institut Pasteur – Muséum national
d'histoire naturelle) associés à des chercheurs de l'Ouzbékistan et des
Etats-Unis, ont analysé l'apparentement génétique d'individus se
déclarant du même groupe de filiation selon trois niveaux de regroupement
(lignage, clan et tribu), dans 5 populations d'Asie Centrale, où les
regroupements sont patrilinéaires. L'apparentement de ces populations a été
mesuré par une analyse des variations de la séquence d'ADN (polymorphisme) du
chromosome Y, qui est transmis de père en fils. Les chercheurs ont constaté que
les individus appartenant à un même lignage se ressemblent plus génétiquement
que des individus pris au hasard dans la population. Les mêmes résultats ont
été trouvés pour les individus d'un même clan. En revanche, les individus
appartenant à une même tribu ne se ressemblent pas plus génétiquement que des
individus pris au hasard dans la population globale. Ces résultats démontrent
que les lignages et les clans correspondent à des entités génétiques composées
d'individus apparentés, alors que les tribus résultent d'un regroupement de
clans d'origine diverses s'inventant un ancêtre
mythique. L'étude d'autres sociétés traditionnelles est cependant
nécessaire pour déterminer si les résultats obtenus en Asie Centrale peuvent
être extrapolés à d'autres populations humaines.
Cette étude,
en rassemblant des chercheurs dont l'expertise s'exerce dans
l'ethno-linguistique, l'anthropologie biologique, la génétique des populations
humaines et la biologie moléculaire, est un bel exemple de coopération
interdisciplinaire entre les Sciences humaines et sociales et les Sciences de
la vie. Les approches différentes et complémentaires de ces disciplines ont
permis aux chercheurs d'identifier l'importance relative des aspects
biologiques et culturels dans l'organisation des sociétés traditionnelles. Ces
travaux, qui posent les fondements de l'ethno-génétique,
montrent comment l'ethnologie peut profiter de la finesse des outils génétiques
pour atteindre à un nouveau niveau de compréhension de l'organisation des
sociétés traditionnelles.
Source :
CNRS 21 octobre 2004
SIDA : nouvelles perspectives pour le développement
d'un vaccin ?
Vingt ans après l'identification du
virus de l'immunodéficience humaine (VIH), la pandémie du SIDA constitue
toujours l'un des défis majeurs de santé publique à l'échelle mondiale.
L'équipe d'Ara Hovanessian
(CNRS-Institut Pasteur) en collaboration avec l'équipe de Sylviane Muller
(CNRS) a obtenu avec succès des anticorps fabriqués chez le lapin capables de
bloquer in vitro l'infection de lymphocytes T humains par différentes souches
du virus du SIDA, le VIH-1. C'est la première fois que des anticorps dirigés
contre une protéine d'enveloppe du VIH-1 présentent une réactivité avec
différents isolats de virus testés. Ces résultats, publiés dans la revue
Immunity du 16 novembre 2004, ouvrent des perspectives intéressantes pour le
développement d'un vaccin contre le SIDA.
Source : CNRS 17 novembre 2004
des candidats pour un Ig
NOBEL 2005 ?
« L'agrégation
des poils dépend d'un équilibre entre les forces capillaires et l'élasticité
des poils. Les premières, exercées par le liquide emprisonné entre les poils,
tendent à les coller entre eux. Plus ils sont longs et flexibles, plus ils
peuvent se déformer pour se coller. » précise le communiqué du CNRS ;
grâce à leurs études, les chercheurs « ont
généralisé aux paquets la loi qui prédit le collage de deux poils et ils ont
déterminé la statistique de répartition des poils par paquets »
Source : CNRS 9 décembre 2004
séquence complète du plus grand
virus à ADN connu
En mars 2003, deux équipes de chercheurs
Marseillais publiaient la découverte du plus grand virus à ADN jamais
identifié, appelé Mimivirus pour « mimicking microbe ». Ce virus,
identifié à partir d'amibes infectant les eaux de tours de climatisation d'un
hôpital anglais, atteignait la taille
d'une petite bactérie, avec son diamètre de 400 nanomètres par particule
virale.
Les chercheurs publient à présent
l'analyse détaillée de la séquence du génome de ce virus. Le mimivirus est
également géant du point de vue de la taille de son génome, d'environ 1,2
millions de bases (Mb), soit 2 fois plus que le virus qui détenait le record de
taille avant lui, un bactériophage (0,67 Mb). Il est également beaucoup plus
grand que le génome d'une vingtaine d'organismes unicellulaires (archaebactéries
et eubactéries). Les chercheurs ont identifié environ 1200 gènes potentiels
dont 298 auxquels ils ont pu attribuer une fonction.
L'analyse du génome du Mimivirus indique
la présence d'une trentaine de gènes habituellement présents chez les organismes
cellulaires et absents des virus. Parmi ceux-ci, on trouve plusieurs gènes de
la synthèse des protéines, une propriété tout à fait inhabituelle pour les
virus, qui utilisent normalement la machinerie de l'hôte qu'ils infectent pour
synthétiser leurs propres protéines. On trouve également des protéines de
réparation de l'ADN, d'aide au repliement des protéines et des enzymes du
métabolisme, jamais identifiées auparavant chez aucun virus.
Comme le mentionnent les auteurs,
« par la taille des particules virales, par la taille de son génome
et par la présence de protéines considérées comme propres aux organismes
cellulaires, les Mimivirus bousculent notre définition de ce qu'est un virus et
brouillent les frontières entre virus et bactéries parasites ». Cependant,
même si ces virus présentent quelques caractéristiques cellulaires, ils
possèdent encore plusieurs des critères propres aux virus, en particulier
l'absence de métabolisme énergétique et un mode de multiplication
intracellulaire typiquement viral, ici dans les amibes.
L'analyse des gènes de Mimivirus suggère
l'existence d'un quatrième domaine dans l'arbre de la Vie, distinct des trois
domaines connus : bactéries, archaebactéries et eucaryotes (uni et
pluricellulaires). Cette nouvelle classification indique que certains virus à
ADN auraient pu être déjà présents il y a plus de trois milliard d'années,
avant même l'apparition des premiers organismes eucaryotes. Selon cette
hypothèse, les virus à ADN seraient le résultat de l'évolution par perte de
gènes (réductive) d'un organisme cellulaire ancestral aujourd'hui disparu. Une
origine très ancienne des virus à ADN est également compatible avec des
hypothèses déjà proposées selon lesquelles ils auraient pu jouer un rôle
central dans l'émergence même du domaine Eucaryote.
Source : CNRS 15 octobre 2004
GM et DaimlerChrysler
s’allient dans l’hybridation
Alliance
de géants dans les moteurs hybrides. L’américain General Motors, numéro 1
mondial, et le germano-américain DaimlerChrysler, numéro 3, viennent de signer
une lettre d’intention ouvrant la voie à une coopération sur les motorisations
hybrides (association, dans un même véhicule, d’un moteur électrique et d’un
moteur essence). Un accord formel sera signé au début de 2005.
Ces moteurs équiperont des modèles des
marques américaines de GM (Chevrolet, Cadillac, Buick), de Chrysler (Jeep,
Dodge) et de Mercedes.
Les deux partenaires, qui coopèrent déjà
dans les piles à combustible avec le canadien Balard, veulent rattraper leur
retard par rapport à Toyota. Le japonais, numéro deux mondial, fait un tabac
aux Etats-Unis avec la seconde génération de la Prius, son véhicule hybride
dont la première mouture avait été lancée en 2000. Un des premiers du genre
avec la Honda Insight, au succès commercial plus mitigé
Source : L’Usine Nouvelle 14 décembre 2004
*
rejoignez l’association française pour l’information
scientifique AFIS
ITER toujours otage de l’aventure irakienne des
états-uniens
Dernière d'une série de réunions visant
à atteindre un compromis sur le choix du site qui accueillera le réacteur
expérimental thermonucléaire international (ITER), la réunion du 9 novembre
2004 s'est clôturée sans qu'un accord ait pu être atteint.
Le
réacteur à fusion est le deuxième plus grand projet de recherche international
après la station spatiale internationale. Sa mission de l'ITER consistera à
prouver la viabilité scientifique et technologique de l'utilisation de
l'énergie de fusion à des fins pacifiques. Pour ce faire, l'ITER fera la preuve
d'une multiplication énergétique modérée, démontrera qu'il fait appel à des
technologies essentielles utilisant l'énergie de fusion dans un système
intégrant la physique et la technologie appropriées, et testera les éléments
clés qui permettent d'utiliser la fusion comme source d'énergie pratique.
Le projet est en route depuis 15 ans,
mais il y a maintenant un an qu'il est dans l'impasse. Deux sites
"finalistes" avaient alors été retenus par le consortium
international: l'un, dans le Sud de la France, à Cadarache, l'autre, dans le
Nord du Japon, à Rokkasho. Le site français est appuyé par l'Europe, la Chine
et la Russie; le site japonais, par les États-Unis et la Corée du Sud. De façon
évidente pour les observateurs extérieurs, cette impasse est due à
l’intransigeance états-unienne du fait des positions tenues en Europe, et ne
France en particulier au regard de leur aventure Irakienne.
Réunis les
25 et 26 novembre à Cambridge (UK) lors du Conseil Compétitivité de l'UE les
ministres européens ont accepté la possibilité qu'il faille, d'ici juin,
entamer la construction du réacteur expérimental sans l'ensemble de ses
partenaires internationaux, si cela devient la seule façon de sortir de
l'impasse.
Source : Futura-Sciences et Agense Science Presse 6 décembre
2004
les créationnistes, encore et toujours …
(Agence Science-Presse, 1 décembre 2004)
- Encore une. Cette fois, c'est de Pennsylvanie que parvient la dernière
attaque anti-scientifique destinée aux écoles américaines. La commission
scolaire de Dover, dans le centre de l'Etat, a approuvé la semaine dernière une
recommandation par laquelle sera enseignée une version déguisée du
créationnisme.
Appelée "design intelligent"
(intelligent design), cette théorie est devenue depuis quelques décennies le
détour utilisé par les créationnistes pour tenter de faire entrer leur croyance
dans les écoles américaines, puisque celles-ci, en vertu de la constitution,
doivent se tenir loin de tout enseignement religieux. Jusqu'à maintenant, les
créationnistes y sont rarement parvenus. Cette percée en Pennsylvanie serait
une première.
Ils y sont rarement parvenus, mais même
si le design intelligent n'est pas officiellement enseigné, nombre d'écoles
américaines escamotent tout enseignement de l'évolution des espèces, afin
d'éviter toute controverse avec le noyau dur des parents les plus
conservateurs. Résultat: nombre de citoyens du pays le plus riche du monde
peuvent arriver à l'université sans jamais avoir entendu parler de l'évolution
des espèces, de Darwin, de l'âge de la Terre, ou du Big Bang.
Selon le Centre national pour
l'enseignement des sciences, le conseil scolaire de Dover aurait approuvé ce
changement de politique après un débat amorcé il y a un an par un membre du
conseil qui était alors offusqué qu'un texte de biologie distribué dans les
écoles fasse mention de Darwin. Le vote favorable au créationnisme a entraîné
la démission de deux membres du conseil, rapporte le New York Times.
Casey Brown, l'une des démissionnaires,
qui siégeait au conseil depuis 10 ans, a déclaré que ceux qui, comme elle,
s'opposaient à l'ordre du jour des défenseurs du créationnisme étaient accusés
de "manque de courage, manque de patriotisme et manque de foi".
La prochaine percée des créationnistes
pourrait venir du Wisconsin, où le conseil scolaire de Grantsburg maintient sa
décision de "permettre aux nombreuses théories de la création" d'être
enseignées. En d'autres termes: enseignez la Bible et Darwin sur un pied
d'égalité.
"Ce n'est pas amusant",
commente la chroniqueure Linda Valdez, du quotidien Arizona Republic. "Je
crois en un créateur de l'univers. Mais c'est de la foi, pas de la science. Je
n'ai pas besoin de preuves empiriques pour le promouvoir, et ce n'est pas ce
que j'attends des cours de science qui sont donnés à mon enfant." C'est aux
parents qu'il revient d'enseigner à leurs enfants ce que sont leurs croyances
ou leurs traditions –qu'elles soient fondamentalistes chrétiennes, juives,
musulmanes ou navajos. "Ce ne sont pas les affaires du gouvernement."
Source : Agense Science Presse 1 décembre 2004
la recherche
française sur les cellules souches embryonnaires
Les
cellules souches embryonnaires, contrairement aux autres cellules souches que
l'on trouve dans les tissus humains adultes (moelle osseuse, intestin, foie…)
sont les seules cellules à être pluripotentes. Autrement dit, elles sont non
seulement capables de se multiplier indéfiniment pour donner de grandes
quantités de cellules non spécialisées qui restent ainsi pluripotentes, mais
elles ont aussi la faculté de se différencier pour procurer tous les tissus qui
apparaissent au cours du développement humain. Il existe en effet plusieurs
sortes de cellules souches. Au sommet de la hiérarchie, les cellules souches
dites totipotentes ne s'expriment que in vivo, dans le ventre de la mère. Elles
s'y différencient et s'y organisent selon des axes de symétrie qui permettent
le développement complexe et ordonné d'un être humain. Ce sont les seules qui
peuvent donner un être vivant sain. Viennent ensuite les cellules souches
embryonnaires humaines pluripotentes, mentionnées ci-dessus, qui peuvent se
cultiver in vitro, et perdent alors leur programme de développement in vivo.
Enfin, au bout de la chaîne, on trouve les cellules souches adultes,
multipotentes et finalement unipotentes car ne pouvant donner qu'un seul type
de cellules différenciées, celles du foie ou des poumons par exemple.
Avant la première loi de bioéthique de
1994, la France possédait une recherche remarquable dans ce domaine qui a du
s’arrêter du jour au lendemain. Les chercheurs vont donc pouvoir de nouveau
travailler à rattraper le retard accumulé face à des pays comme les États-Unis,
l'Angleterre, Israël ou la Corée.
Source CNRS décembre 1994
organe par organe : point
d’actualité sur la thérapie cellulaire
Depuis peu, on sait que des cellules
souches sont présentes au sein de presque tous les tissus adultes. Elles sont
donc capables in vivo de remplacer les cellules défaillantes ou mourantes et de
régénérer partiellement les organes où elles se trouvent. De là à les intégrer
à la thérapie cellulaire, qui consiste à injecter des cellules humaines pour
permettre de réparer des tissus lésés, de restaurer certaines fonctions
déficientes voire d'assurer la régénération des organes, il n'y a qu'un pas…
que les chercheurs espèrent bien franchir un jour. Une foule de domaines
thérapeutiques sont candidats : hématologie, dermatologie, rhumatologie,
cancérologie, ophtalmologie, maladies neurodégénératives, cardiologie.
Sang -
squelette
La moelle osseuse a été le premier tissu
à « révéler » des cellules souches. Vouées à fournir continuellement des
globules rouges, globules blancs et plaquettes, ces cellules ont été greffées
chez l'homme dès la fin des années 50… Encore aujourd'hui, cette greffe permet
de traiter des maladies auto-immunes, des déficits immunitaires, des leucémies
mais aussi des cancers « solides ». Afin d'éviter les risques de rejet, on
pratique, autant que faire se peut, une autogreffe. Elles servent à « relancer
» la production des cellules sanguines – l'hématopoïèse. Les cellules
hématopoïétiques peuvent être combinées dans la greffe avec d'autres cellules,
cachées elles aussi dans la moelle osseuse, les cellules souches
mésenchymateuses, facilitant une reprise plus rapide de la production des
cellules sanguines. Autre perspective avec le sang du cordon ombilical pour
éviter les ponctions lombaires. On y trouve des cellules souches immatures et
plus accessibles. Mais leur utilisation thérapeutique se heurte encore à des
difficultés (lire l’annonce coréenne restant à confirmer).
La peau
En plein essor, l'ingénierie tissulaire
vise à rendre les substituts cutanés de plus en plus « vrais ». Ils permettent
déjà de greffer les grands brûlés. Face aux agressions extérieures en tout
genre – UV, agents chimiques, bactériens, viraux…–, la peau se régénère dans sa
totalité toutes les trois semaines. À la source de ce mouvement perpétuel, il y
a les cellules kératinocytes de l'épiderme. Fabriquées dans la couche la plus
profonde, elles se multiplient et migrent peu à peu vers la surface cutanée
pour remplacer leurs aînés. Depuis une vingtaine d'années, on les cultive
couramment en vue de greffer les grands brûlés. Il suffit de prélever quelques
cm2 de peau saine chez le patient avant de les ensemencer sur une couche nourricière
de fibroblastes, cellules du derme. Quelques semaines suffisent à obtenir une
grande surface d'épiderme autologue. L'une des pistes fort prometteuses : un
ensemble dermo-épidermique de culture.
Le
cerveau
Ici un dogme a volé en éclats : celui
qui voulait que notre stock de neurones soit définitif dès la naissance.
D'abord identifiées chez le rat, des cellules souches neurales ont été
découvertes dans le cerveau humain adulte, au niveau du bulbe olfactif et de
l'hippocampe. De quoi entrevoir des possibilités thérapeutiques pour les
pathologies neurogénératives, maladie de Parkinson, Alzheimer et Chorée de
Huntington en tête. Aussi minuscule soit-il, le bulbe olfactif de l’être humain
accueille donc lui aussi des cellules souches capables de se diviser et de
produire des neurosphères (précurseurs des cellules nerveuses). « Leur fonction demeure assez obscure pour
l'instant. On essaie de savoir si elles peuvent être utilisées ». Affaire à
suivre.
Les
muscles
Le principe des thérapies cellulaire et
génique pour soigner les myopathies est d'utiliser des cellules souches d'un
donneur exprimant le bon gène (mais induisant une réaction de rejet si le
patient n'est pas sous traitement immunodépresseur) ou celles du patient,
corrigées génétiquement in vitro avant d'être réinjectées. Ces cellules souches
baptisées « satellites » sont stockées à la périphérie des fibres musculaires:
« Elles reconstituent in vivo le muscle pendant la croissance, mais aussi chez
l'adulte, lorsque les fibres musculaires sont déchirées. Associées intimement
aux fibres, elles prolifèrent, puis fusionnent avec celles-ci ». Encore faut-il
valider leur label « souche » et mesurer leur efficacité. Essais en cours chez
des souris. Les réponses à toutes les questions qui se posent permettront
peut-être, d'ici 5 à 10 ans, une thérapie cellulaire.
Le cœur
Des essais cliniques de thérapie
cellulaire sont en cours pour traiter l'insuffisance cardiaque post-infarctus.
Objectif : « réanimer » les zones fibreuses – altérées par l'infarctus – du
myocarde en leur administrant des cellules souches contractiles. Le débat fait
rage sur le choix de ces dernières. Les uns optent pour les cellules souches de
la moelle osseuse qui, dans certaines
conditions, seraient capables de produire des cardiomyocytes (cellules du
cœur). Les autres, à l'instar de Philippe Ménasché, chirurgien cardiovasculaire
à l'Hôpital européen Georges Pompidou, privilégient les cellules satellites des
muscles. Quelques semaines avant l'intervention, ces cellules sont prélevées
sur un muscle de la jambe du patient et multipliées en culture. Le chirurgien
les injecte alors en plusieurs points du myocarde. « Concernant l'efficacité de
cette thérapie cellulaire, la plupart des études sont très positives, précise
le spécialiste. Depuis peu, une autre piste se dessine : des cellules souches
siègeraient au cœur même du myocarde.
Le foie
En cas de lésion, ses hépatocytes – des
cellules souches unipotentes – lui offrent une étonnante capacité de
régénération. Aussi « l'idée de la thérapie cellulaire est tout à fait fondée
pour pallier le manque d'organe », confirme Hélène Gilgenkrantz, chercheuse
Inserm. Mais les rares essais cliniques de greffe d'hépatocytes isolés ont déçu
: in situ, ceux-là peinent à proliférer. « Chez les rongeurs, on a essayé de
donner un avantage de survie aux cellules transplantées en leur ajoutant un
gène qui vise retarder la mort cellulaire ou apoptose10. Deux mois après la
greffe, plus de 30 % des cellules du foie sont issues du donneur ». Au-delà de
ces résultats encourageants, ces chercheurs lorgnent sur des cellules de la
moelle osseuse qui – des récents travaux le montrent – se différencieraient en
hépatocytes. Sans compter l'arrivée des cellules souches universelles « MAPC »
qui participeraient à la régénération du foie après leur injection par voie
intraveineuse chez un animal immunodéficient. Mais l'intégration des MAPC – à
l'existence controversée – à une thérapie cellulaire n'est cependant pas pour
demain.
Source CNRS décembre 2004