afis

 

le bulletin de l'    information scientifique

de l’ association nantes atlantique pour l’ information scientifique (anais – afis)

PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE                                                                              N° 13 – MARS 2005

 

sommaire

 

l’éditorial

 

L’état des dieux … et de leurs représentants …

 

les sciences et techniques

 

Naissance, vie et mort d'une bactérie

 

Congelée 32 000 ans, une bactérie « revient à la vie »

 

Les bactéries optimisent leur virulence par la variation

 

Pour l’apéritif : les fondements de la gastronomie moléculaire

 

La recherche sur les cellules souches embryonnaires autorisée au Brésil

 

Implantation de neurones humains dans le cerveau de souris

 

Vers une cartographie des relations entre la santé, les gènes et le mode de vie

 

Struggle for life chez les coccinelles

 

La Robocup : coupe du monde de football des robots en équipe

 

Consulter son médecin généraliste à distance pour 4 $ la minute ?

 

Cellules souches embryonnaires, nouvelle méthode de culture

 

Pourquoi sommes-nous altruistes ?

 

Les cellules souches embryonnaires exclues de la recherche européenne ?

 

les croyances et pseudosciences

 

Astrologie et pouvoir : un tandem gagnant ?

 

Médecine et croyances en Afrique

 

Carte mondiale des religions

 

De nos cerveaux à nos croyances

 

Le paysage évolutionnaire de la religion

 

La malédiction de Carlisle ...

 

Secret défense … Tchernobyl, le tsunami et les bombes quantiques …

 

un dossier

 

 

Homo floresiensis, troisième espèce humaine

 

souvenirs, souvenirs, …

 

La physique de Marie Curie racontée par Hélène Langevin-Joliot

 


 

L’état des dieux … et de leurs représentants …

 

« États des dieux » … tel est le titre du dernier numéro du trimestriel THEMA du CNRS …

 

Bien sûr il nous est pratiquement impossible (même ici, c’est un comble …) de passer à côté de la nouvelle … le chef en exercice de l’église catholique est décédé. Première succession papale de la génération des nouvelles technologies de l’information et du développement fantastique des technologies de transport … la ferveur médiatisée sera au rendez vous … comme le disait, sans qu’on l’y pousse, le cardinal Poupard, la ferveur n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau est l’ampleur de l’effet loupe …

 

Le cardinal Poupard … cheville ouvrière de la « Commission d’étude du Cas Galilée » que le pape défunt avait instituée en 1981 … vient d’ailleurs de présenter, ce 11 mars, la deuxième étape du projet du Vatican de dialogue entre Science et Religion (http://www.catholique.org/news-67641.php).

 

Pourtant, la chose est entendue … les croyances, et notamment religieuses, sont un champ d’études pour les scientifiques, et vous lirez avec intérêt les propos de Pascal Boyer, ainsi que les notes de lecture de notre ami le Pr. Georges Jobert à propos de « Et l’homme créa les dieux » et à propos du paysage évolutionnaire de la religion. D’un autre côté nous aborderons, lors de la conférence qui sera organisée au Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes le 11 octobre prochain, dans le cadre de la semaine de la Science, les intrusions spiritualistes dans les sciences.

 

Mais la religion, par ses églises, ne se contente pas d’intrusions spiritualistes et interfère de façon bien concrète avec la politique scientifique et la politique tout court ... Bien sûr, en ce qui concerne l’église catholique, la pression religieuse sur les sciences du vivant, en particulier pour tout ce qui concerne la recherche sur les embryons, ne s’arrêtera pas avec la succession qui se prépare ; tous les commentateurs le disent : le consensus entre les cardinaux catholiques est large en la matière. Sous couvert de visions religieuses, baptisées « humanistes » pour l’occasion, le lobbying du Vatican va continuer, et notamment en Europe, point d’ancrage institutionnel de l’église catholique, et ce d’autant plus que le traité en gestation envisage de prêter une oreille attentive garantie constitutionnellement à ses « contributions spécifiques » (Art . I.52 §3). On lira avec intérêt la résolution adoptée en catimini au parlement européen visant à exclure du septième programme-cadre de recherche européen les recherches portant sur les cellules souches embryonnaires …

 

Il ne faudrait néanmoins pas être exclusivement centré sur ce qui se passe de notre côté de l’atlantique et ce que nous apprend, en ce 5 avril 2005, l’agence québécoise Science Presse, sous la plume électronique de Pascal Lapointe (http://www.sciencepresse.qc.ca/manchettes.html) n’est guère plus réjouissant :

 

·          Reculant sous la pression des créationnistes, une douzaine de cinémas Imax situés aux Etats-Unis ont renoncé à présenter des films tels que Cosmic Voyage, Galapagos ou Volcanoes of the Deep Sea. Interrogé par le New York Times le 19 mars, un directeur du Musée de la science et de l'histoire de Fort Worth (Texas) a justifié la décision de son établissement par des protestations de spectateurs hostiles à la théorie de l'évolution « présentée comme un fait » …

 

·          31% des profs de science s'auto-censurent, souligne le columnist du New York Times, dans son édition du 29 mars 2005, plutôt que d’entrer en conflit avec des parents qui croient dur comme fer au récit de la Genèse, ils évitent de parler d'évolution dans les cours de biologie!

 

·          Le Washington Post souligne à la Une de son éditon du 28 mars 2005 qu'un nombre croissant de pharmaciens refusent de servir des patients –surtout des patientes– dont la prescription contient une pilule du lendemain ou une pilule anticonceptionnelle.

 

Restons cool, laissons passer ce tsunami médiatique et expliquons inlassablement qu’il n’y a pas d’autre méthode que la méthode scientifique pour appréhender le réel avec un minimum de fiabilité, que l’homo sapiens n’a pas de meilleur outil que sa raison pour poser avec pertinence et résoudre avec succès les problèmes qui se posent à lui, et que les hypothèses surnaturelles, avec celles et ceux qui en assurent la promotion, ne sont d’aucun secours ni pour améliorer notre compréhension du monde ni pour fonder ou guider nos comportements individuels et collectifs …

 

Michel NAUD, coordinateur de l’association Nantes Atlantique pour l’information scientifique


les sciences et techniques

 

Naissance, vie et mort d'une bactérie

Source : Inserm, le 13/03/2005 à 08h16

 

Eric Stewart de l'Inserm, unité 571 « Génétique Moléculaire Evolutive et Médicale » a réalisé dans PLoS Biology * une publication sur le vieillissement des bactéries E. Coli .

 

Le vieillissement est défini comme un accroissement de la mortalité et une diminution de la probabilité d'avoir des descendants avec l'âge. Il est observé dans quasiment tous les organismes vivants. Facile à mettre en évidence dans les organismes macroscopiques, le processus est moins aisé à observer dans les organismes unicellulaires.

 

L'équipe du laboratoire de Génétique Moléculaire Evolutive et Médicale de l’INSERM a, par la mise en place d’outils techniques et logiciel adaptés,  enregistré dans le temps (sur une durée de 6 heures) les divisions cellulaires bactériennes d’une bactérie à division symétrique (la E. coli). Au total pas moins de 35 000 cellules « Nous avons observé une mortalité cellulaire soit brutale, éclatement de membrane par exemple, soit progressive et transmissible, menant à une mort clonale (les 8 arrière petite filles d'une même cellule peuvent mourir en même temps), soit associée à l'âge du « vieux pôle »»

En effet, les bactéries porteuses d'un vieux pôle qui provient d'une division cellulaire antérieure voient leur vitesse de croissance diminuer au fil des générations. Plus le pôle est âgé, moins la cellule croît vite et donc moins elle se divise. Elle vieillit, au sens universel du terme.

Ces observations sur l'organisme modèle de la biologie moléculaire permettent à l'équipe d'envisager désormais d'en décortiquer les mécanismes moléculaires. On peut aussi espérer qu'au-delà de la compréhension de ces mécanismes du vieillissement et de la mort chez E. Coli, ces travaux apportent des progrès conceptuels et technologiques qui pourront être utilisés pour accélérer l'étude et la prévention du vieillissement d'autres organismes, dont l'homo sapiens.

 

Source Futura Sciences http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5596.php

 

* PLoS Biology est une revue scientifique "peer-reviewed" et "open access", autrement dit dont les articles publiés ont été évalués par un comité de lecture – sécurité minimale pour diminuer la probabilité d’y trouver des inepties – et dont le contenu est gratuit et libre d'accès sur Internet – mais en anglais, langue internationale des disciplines biologiques et médicales -.

 

Congelée 32 000 ans, une bactérie « revient à la vie »

 

Une équipe de chercheurs de la NASA a découvert une bactérie dans la glace de l’Alaska, revenue à la vie après 32 000 années d’attente. Cet organisme supportant des conditions environnementales extrêmes intéresse les astrobiologistes, dans leur quête de la vie dans l’univers

 

Source : Céline Sivault - Futura-Sciences, le 13/03/2005 à 16h48

 

Revenues à la vie une fois la glace fondue, elles se sont développées sur des sucres et des protéines en l’absence d’oxygène. Ce micro-organisme aurait été emprisonné dans la glace il y a environ trente millénaires, à la fin du pléistocène, période qui s’étend de 1,8 millions d’années jusqu’à 11 000 ans, ce qui lui a valu d’être nommé Carnobacterium pleistocenium

 

En étudiant ces extrêmophiles, les chercheurs pourraient être plus à même d’identifier les formes de vie éventuellement présentes dans l’univers. « Les astrobiologistes se demandent si la vie est strictement d'origine terrestre, ou si c’est une vérité biologique impérative, indéniable et universelle. Cette possibilité est au centre de notre désir d’explorer l’univers » dit Hoover. Il poursuit « l’existence de micro-organismes dans de tels environnements hostiles nous suggèrent – mais ne nous confirme pas – que nous pourrions un jour découvrir des formes de vie semblables dans les glaciers de Mars ou dans la croûte de glace et les océans d’Europa, la lune de Jupiter ».

 

Cette bactérie pourrait également permettre des avancées dans le domaine médical. Les enzymes et les protéines qui lui permettent de revenir à la vie après une longue période de dormance pourraient permettre de mettre au point des méthodes de conservation, pendant de très longues périodes, de cellules, de tissus, et même de formes de vie complexes cryogénisés.

 

Source Futura Sciences http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5711.php

 

 

 

Les bactéries optimisent leur virulence par la variation

Source : Inserm, le 23/03/2005 à 08h35

 

Des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm (Unité de Pathogénie Microbienne Moléculaire – Unité Inserm 389) associés à une équipe de l’Imperial College de Londres viennent d'expliquer pourquoi les bactéries Shigella flexneri, responsables de dysenteries mortelles, comportent plusieurs variants (sérotypes), optimisant ainsi leur virulence. (publication dans Science)


Cette découverte, est essentielle dans le contexte de la recherche vaccinale : pour être efficace, un vaccin doit en effet protéger contre les différents sérotypes de la bactérie. La shigellose est la plus meurtrière des maladies diarrhéiques : elle tue chaque année entre 600 000 et un million de personnes dans le monde, essentiellement des enfants de moins de 5 ans.


Pour lutter efficacement contre cette maladie et développer des armes thérapeutiques ou vaccinales, il est indispensable de comprendre quels sont les mécanismes utilisés par la bactérie pour franchir la barrière intestinale et envahir les cellules. Ce sont ces stratégies que viennent de décrypter les chercheurs.


Cette équipe avait récemment montré que la bactérie envahissait les cellules intestinales grâce à l'utilisation d'une seringue moléculaire (l’appareil de sécrétion de type III) dont l'aiguille, telle une épée, est capable de transpercer la paroi des cellules, permettant à la seringue d’injecter les protéines responsables des effets pathogènes. On savait d'autre part, que Shigella se protégeait du système immunitaire de l’homme par un "bouclier", sorte de manteau moléculaire constitué de longues chaînes de sucres qui enveloppe la bactérie (le lipopolysaccharide ou LPS).


Le paradoxe de ce système est que le LPS qui sert de bouclier recouvre partiellement la seringue, diminuant ainsi les capacités d’invasion de la bactérie. Philippe Sansonetti avec deux équipes collaboratrices à l’Institut Pasteur (Plate Forme de Microscopie Electronique et Unité de résonance Magnétique des biomolécules) et Christophe Tang de l’Imperial College de Londres viennent de découvrir la stratégie ingénieuse utilisée par la bactérie Shigella pour contrer ce paradoxe et assurer sa survie pour envahir l'organisme.


Les chercheurs ont montré comment la bactérie était capable de transformer son bouclier pour favoriser l’action de la seringue. Les bactéries ont la capacité de modifier, par une simple activité enzymatique, les molécules protectrices (LPS) pour les raccourcir. Ce changement diminue l’épaisseur du bouclier bactérien sans altérer son efficacité et permet l’émergence de la seringue moléculaire, ce qui facilite son action.


En dévoilant cette stratégie, les chercheurs ont surtout découvert qu’elle pouvait être à l’origine des différents sérotypes de Shigella : toutes modifient leur bouclier de façon légèrement différente, ce qui conduit à des « signatures moléculaires » particulières. Dans un contexte où la recherche vaccinale vise à protéger contre les différents sérotypes de Shigella pathogènes, la compréhension de ce phénomène est fondamentale.

 

Source Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5809.php

 

 

Pour l’apéritif : les fondements de la gastronomie moléculaire

 

Hervé This est physico-chimiste INRA au Laboratoire de chimie des interactions moléculaires du Collège de France. Avec le physicien Nicholas Kurti (1908-1998), il a créé, en 1988, le concept de gastronomie moléculaire, discipline scientifique qui étudie les transformations culinaires.

 

CNRS-THEMA : Vous comparez la science à l'exploration du monde. N'exagérez-vous pas le trait quand vous qualifiez la gastronomie de discipline scientifique ?

Hervé This. Pas du tout ! La science cherche à comprendre pourquoi le ciel est bleu ou comment les montagnes ont pu surgir de terre : elle explore notre monde.  Dans chaque cas, le scientifique met en œuvre la méthode expérimentale, ensemble de mesures du phénomène, établissement d'un modèle ou d'une théorie, recherche de conséquences testables expérimentalement… Une méthodologie scientifique peut très bien s'appliquer aux transformations culinaires. Et nous l'avons nommée « gastronomie moléculaire ».

 

Un dossier du CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/thema/353.htm

 

 

 

 

La recherche sur les cellules-souches embryonnaires autorisée au Brésil

 

Une loi de biosécurité a été adoptée pour réglementer ce type de recherche de même que la culture et commercialisation des produits transgéniques.

 

La généticienne Mayana Zatz, coordonnatrice du Centre d’étude du génome humain à São Paulo, considère l’autorisation d’utiliser les embryons en recherche contre les maladies une grande victoire pour le Brésil.

 

Le Brésil est cependant loin encore de la Grande-Bretagne qui, en 2001, a été la première nation à permettre le clonage thérapeutique

 

La Conférence nationale des évêques du Brésil condamne la décision, qu'elle voit comme un geste " antiéthique sans précédent dans l’histoire de l’humanité ".

 

Une brève de l’ Agence Science-Presse du 10 mars 2005

 

Implantation de neurones humains dans le cerveau de souris

 

Source : S&T Presse, le 07/03/2005 à 08h15

 

A Stanford (Californie), l'équipe d'Irving Weissman vient de recevoir l'aval du comité d'éthique de l'université pour l'implantation de neurones humains dans le cerveau de souris dans le but de mieux comprendre certaines maladies (Alzheimer, schizophrénie, etc.).

 

Source Futura Sciences http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5637.php

 

Vers une cartographie des relations entre la santé, les gènes et le mode de vie

 

Source : CORDIS Nouvelles, le 07/03/2005 à 16h07

 

Des chercheurs du Karolinska Institutet, en Suède, préparent une initiative internationale visant à cartographier les relations entre la santé, les gènes et le mode de vie dans le cadre de ce qu'ils considèrent comme l'un des "projets médicaux les plus complets depuis le séquençage du génome humain."

Des discussions sont déjà engagées avec d'éminents scientifiques américains, britanniques, singapouriens et norvégiens à propos de l'initiative, qui s'intitule "LifeGene". L'objectif consisterait à associer les progrès récents des biotechnologies à des informations sur le mode de vie des populations afin de constituer une "banque de connaissances" en mesure de fournir aux chercheurs, aux pouvoirs publics et aux responsables politiques des données sur les causes de maladies et sur leur prévention.

L'accent, selon les chercheurs suédois, sera mis sur les maladies affectant les personnes âgées, comme le cancer et les maladies cardiaques, et sur les pathologies qui touchent les plus jeunes, notamment les infections, l'asthme, les allergies et l'obésité. En associant des informations biologiques à des données sur les modes de vie, LifeGene permettra de mieux comprendre l'interaction entre l'hérédité, le mode de vie et l'environnement dans le cas des maladies les plus courantes.


Source Futura Sciences http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5672.php

 

Struggle for life chez les coccinelles

 

Source : Jean-Luc Goudet - Futura-Sciences, le 18/03/2005 à 14h06

 

Introduite aux Etats-Unis pour y chasser les insectes nuisibles, une coccinelle asiatique émigre en Grande-Bretagne et s'attaque aux coccinelles locales.

Repérée durant l'été 2004, la joliment nommée Harlequin Ladybird, alias Harmonia axyridis, se multiplie, et croque sans vergogne les coccinelles britanniques qu'elle rencontre sur son chemin.


C'est justement ce penchant carnassier qui avait convaincu des chercheurs américains d'importer ce coléoptère asiatique pour lutter contre les nuisibles des jardins.

Le professeur Michael Majerus, généticien à l'université de Cambridge, vient de déclencher l'alerte. Harlequin Ladybird a été signalée dans tout le sud de l'Angleterre, en particulier à l'est, c'est-à-dire à une portée d'ailes du continent. Quand on a traversé l'Atlantique, la Manche n'est pas un obstacle…

 

Source Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5799.php

 

La Robocup : coupe du monde de football des robots en équipe

 

Source : Internet-Actu, le 16/03/2005 à 16h27

 

Du 13 au 19 juillet 2005 se tiendra à Osaka (Japon) la 9e Robocup, coupe du monde des robots en équipe. Trois tournois opposeront des équipes de robots entre elles : une compétition de football, une autre dans le domaine du sauvetage et la dernière destinée à des équipes d'enfants, à des fins éducatives. La coupe de foot distingue déjà plusieurs "ligues" : robots humanoïdes, robots de petite ou de moyenne taille, robots à quatre pattes et simulations.

L'objectif de la Robocup est ambitieux : "créer d'ici 2050 une équipe entièrement autonome de robots humanoïdes capable de gagner la coupe du monde de football" - celle des humains, s'entend.

Les concepteurs se donnent en tout cas les moyens de réussir. La "Team Osaka", qui a remporté le tournoi "humanoïdes" de football à Lisbonne en 2004, se compose de robots dénommés VisiON, qui ne mesurent certes que 38 cm de haut, mais qui disposent d'une vision à 360° et savent reconnaître et chercher la balle, esquisser des gestes de défense et conduire ensemble le ballon vers le but adverse. Shu Ishiguro, responsable du laboratoire de "robotique intelligente" de l'université d'Osaka, se dit "très confiant" sur la capacité du laboratoire à atteindre l'objectif fixé pour 2050.

 

Source Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5743.php

 

Consulter son médecin généraliste à distance pour 4 $ la minute ?

 

Source : Internet-Actu, le 23/03/2005 à 12h15

 

La consultation médicale à distance vous paraît de la science fiction ? Avec l'aide de webcams (les iSight d'Apple qui permettent des vidéoconférences plein-écran), c'est pourtant ce que propose déjà MyMD, comme le rapporte Wired. Si le service facturé à 4 dollars la minute ne peut supplanter certaines consultations ou les cas d'urgences, il peut s'avérer idéal pour de simples renseignements ou de petits bobos, constate avec confiance son président, Michael Chalkley. Remarquons, souligne encore l'article, que la médecine n'est pas la seule à profiter de la qualité de ces webcams : iSightEd permet à des professeurs et des élèves du monde entier de travailler ensemble sur de nombreux projets.

 

Source Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5742.php

 

Cellules souches embryonnaires, nouvelle méthode de culture

 

Source : S&T Presse, le 25/03/2005 à 10h32

 

Des scientifiques américains ont réussi à établir une nouvelle lignée de cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) sans utiliser de sérum ou de cellules nourricières d'origine animale.


Les lignées actuellement disponibles ont toutes été cultivées au contact de cellules animales faisant courir le risque d'une contamination par des agents pathogènes. En janvier dernier, une équipe de l'Université de Californie de San Diego annonçait ainsi que les lignées de CSEh utilisées dans les recherches américaines soutenues par les fonds fédéraux étaient probablement contaminées par une molécule non-humaine.


Le système décrit par Irina Klimanskaya et Robert Lanza, de la société Advanced Cell Technology, et leurs collègues universitaires n'est sur le principe pas nouveau mais il servait jusqu'à présent à l'entretien de lignées déjà existantes. Cette fois, les chercheurs ont isolé la masse cellulaire de blastocystes dérivés d'embryons congelés puis ont cultivé les cellules prélevées sur des plaques de matrice extracellulaire qui peuvent être facilement stérilisées. Ils ont ainsi obtenu une nouvelle lignée de CSEh qui, après 6 mois, présentait toujours les mêmes capacités de prolifération et de différenciation.


La technique, détaillée dans la revue The Lancet, n'est pas parfaite puisque la matrice extracellulaire contient des protéines et d'autres molécules sécrétées par des cellules animales ; elle minimise toutefois les risques de contamination, notamment par des virus. En réaction, une société privée, GERON Corp., a annoncé avoir mis au point une technique, brevetée en 2004, qui ne requiert aucune source animale.

 

Source Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5819.php

 

Pourquoi sommes-nous altruistes ?

 

un message de la liste de distribution www.lesmutants.net d’après le 'New Scientist'

 

Plusieurs expériences récentes de psychologie expérimentale ont montré que les êtres humains semblent capables d'un "altruisme véritable", c'est-à-dire d'un altruisme qui n'est pas dicté par la seule perspective d'une réciprocité à venir (donnant-donnant : je suis altruiste à la condition que tu le sois en retour) et qui n'est pas limité aux proches (sélection de parentèle : je suis altruiste envers mes proches car ils partagent mes gènes).

 

Cet  "altruisme vrai" pose un vieux problème à la théorie de l'évolution : se sacrifier pour un individu non apparenté sans espoir de retour pour soi ou les siens est a priori le meilleur moyen de voir ses gènes disparaître du pool génique. Or, si les altruistes véritables sont systématiquement désavantagés de la sorte, ils devraient avoir disparu au profit des altruistes réciproques (ou des égoïstes).

 

Plusieurs hypothèses sont avancées pour répondre à ce dilemme.

 

Pour certains, comme R. Trivers ou J. Tooby, l'évolution n'a pas encore fini son travail : l'altruisme vrai est bel et bien une maladaptation appelée à disparaître sur le long  terme. L'altruisme avait un sens (adaptatif) dans les petits groupes du Paléolithique ; mais dans les grandes sociétés de masse, ces instincts altruistes auraient perdu leur adaptativité et se seraient fourvoyés en quelque sorte dans leurs cibles. Un peu comme le désir sexuel : se masturber devant un film pornographique est un comportement maladaptatif car l'évolution ne nous avait pas programmés pour "désirer" des images pixellisées.

 

Pour d'autres (H. Gintis, R. Boyd), l'altruisme vrai est une adaptation, propre à l'espèce humaine. Elle tient à la nature ultrasociale de l'homme et à l'existence conséquente d'une sélection de groupe (et non d'une simple sélection au niveau de l'individu ou du gène, comme le veut l'approche évolutionniste dominante). Un altruiste vrai aurait toute chance de disparaître s'il est simplement confronté à un égoïste. Mais les sociétés humaines produisent des règles, des normes, des évaluations qui favorisent les altruistes et pénalisent les égoïstes : cela crée une sorte de milieu artificiel adaptatif plus favorable aux altruistes qu'aux égoïstes.

 

Dans l'impossibilité d'observer les  comportements de nos ancêtres, on en est réduit aux hypothèses et conjectures, plus ou moins confortées par des études de terrain (sur les dernières tribus de chasseurs-cueilleurs, supposées proches de nos ancêtres, ou sur les primates).

 

Quelques remarques critiques et digressions :

-          l'altruisme vrai peut aussi avoir des avantages adaptatifs en termes sexuels (théorie de Zahavi et Miller : celui qui donne en pure perte est aussi celui qui a les moyens de le faire, c'est-à-dire qu'il a a priori une fitness supérieure aux autres ; d'où un prestige social et un statut dominant faciles à traduire en avantage sexuel ; ce que l'on retrouve partiellement en sciences sociales dans les théories de la dépense et de la consommation ostentatoire, chez Veblen ou Bataille par exemple)

-          l'altruisme vrai demande à être plus précisément mesuré ; les simulations de laboratoire créent souvent des circonstances ne correspondant pas à la vie réelle des individus (par exemple à une situation de choix immédiat entre comportements altruiste vrai, altruiste réciproque et altruiste génétique, le tout avec des moyens limités ; en clair, donnerais-je aux enfants du tsunami si en même temps mon fils est malade et si ma voisine a besoin que je lui donne un coup de main ?)

-          on peut élargir la problématique en analysant l'altruisme vrai des humains comme un égoïsme vrai à l'encontre du reste de la vie ; par la grâce de la communication et d'un cerveau souvent rudimentaire dans son empathie, l'humanité est devenue une vaste tribu dont les membres se sentent plus proches génétiquement qu'ils ne sont des autres espèces ; cette tribu s'entraide mutuellement pour continuer à croître et se développer ; mais elle le fait au prix d'une guerre d'exploitation et d'extermination permanente du reste de la Terre.

 

Source New Scientist  “Charity begins at Homo sapiens”

http://www.newscientist.com/channel/being-human/mg18524901.600

 

Les cellules souches embryonnaires exclues de la recherche européenne ?

 

Cela sonne comme un sage conseil d’actualité : même si c’est souvent rébarbatif les résolutions du Parlement européen doivent être lues jusqu’au bout … sans un étrange communiqué de satisfecit de la centrale catholique ayant alerté notre vigilance cette résolution serait probablement passée discrètement.

 

Le parlement était censé s’interroger sur le « commerce projeté d'ovules », interrogation motivée par l’identification d’un trafic insolite et peut-être illicite d’ovules entre des ressortissants roumains et britanniques ; il convenait donc légitimement d’évoquer la nécessité induite de protéger les femmes, réputées plus fragiles au regard des risques de tentatives d’exploitation de leur corps par des organisations criminelles. Une résolution était donc adoptée par 307 voix pour, 199 députés voix contre et 25 abstentions. Elle demande que le don d'ovule - comme les dons d'organes en général - soit strictement réglementé "afin de protéger tant les donneuses que les receveuses et de s'attaquer à toute forme d'exploitation humaine."

 

Pourquoi près de deux cent opposants à une telle motivation ? Pourquoi un témoignage de satisfaction du Vatican ? C’est bien entendu que la résolution ne s’arrête pas là : le Parlement européen demande à la commission, que les projets de recherches sur les embryons et les cellules souches embryonnaires soient exclus du financement du septième programme-cadre de recherches. Le parlement suggère ainsi que les chercheurs des pays qui voudraient bien encore accueillir leurs recherches, aillent, conformément au principe de subsidiarité, se financer auprès de leur gouvernement. Le parlement européen, décidemment très inspiré, déclare ainsi "l'Union devrait se concentrer sur des recherches relatives à d'autres solutions telles que celles portant sur les cellules souches somatiques ou ombilicales, que les Etats membres autorisent tous et qui ont déjà permis le traitement de patients avec succès." ***

 

Vous ne serez finalement pas étonnés que les eurodéputés se félicitent par ailleurs de la déclaration controversée des Nations Unies du 19 février 2005 appelant les pays à interdire toute forme de clonage humain - aussi bien reproductif que thérapeutique.

 

Résolution du parlement :

 http://www2.europarl.eu.int/omk/sipade2?PUBREF=-//EP//TEXT+TA+P6-TA-2005-0074+0+DOC+XML+V0//FR&LEVEL=3&NAV=X

 

Communiqué catholique.org : http://www.catholique.org/news-une-921.php

Communiqué du Vatican : http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=67589

 

Article Futura Sciences  http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news5786.php

 

 

 

*** pour retrouver votre chemin dans l’univers des cellules souches, reportez vous à nos numéros précédents ou tout simplement au dossier très clair du journal du CNRS :

 

CNRS la révolution des cellules souches http://www2.cnrs.fr/presse/journal/1830.htm

 

 

 

les croyances et pseudosciences

 

Astrologie et pouvoir : un tandem gagnant ?

 

« Dites-moi comment je vais et comment va la France ? » : c'est par cette question rituelle que François Mitterrand aurait accueilli son astrologue lors de ses consultations régulières à l'Élysée. Ronald Reagan, Catherine de Médicis, Richard Nixon, Hassan II… nombreux sont les chefs d'État qui, un jour ou l'autre, ont fait appel aux « lumières » d'un astrologue.

 

Des enquêtes socio-psychologiques1 ont révélé que 30 à 40 % des Français accordaient du crédit à l'astrologie. La tentation pragmatique d'user de ce levier en politique est forte, et elle peut inciter le politique à consulter l'astrologue « parce que ses administrés y croient » !

 

Plusieurs motivations du politique sont envisageables :


une foi réelle en la validité de la démarche astrologique : l'astrologie propose une grille de lecture symbolique destinée à aider à se situer dans la réalité complexe qui nous entoure.
la recherche d'un regard extérieur au moment de la prise de décisions : ce cheminement n'est pas différent de celui de l'homme de la rue qui voit en l'astrologie un hasard déguisé ou une « béquille » psychologique.
le désir de sonder les aspirations de ses concitoyens pour les satisfaire au mieux voire les manipuler : l'astrologie remplace ou complète avantageusement le rôle d'allié tenu par la religion jusqu'en 1905. Bien qu'elle ne relève nullement de la religion (aucun dogme révélé ne la sous-tend), l'astrologie répond à un « inéluctable besoin de croire ». Elle favorise par ailleurs la soumission à l'autorité établie.

 

Pour les astrologues, les intérêts potentiels sont multiples :


la proximité du pouvoir, le rôle influent d'une éminence grise : l'astrologue peut justifier ses positions par les configurations astrales. La diversité des écoles et des interprétations divergentes ne constitue plus une menace sérieuse pour la crédibilité de l'astrologue, dont les pronostics prudents (flous) singent la réserve du discours scientifique.
un espoir de prise en compte de leur revendication, sincère ou calculée, d'une reconnaissance académique : celle-ci assoirait la pratique des astrologues, conforterait l'adhésion du public, et ouvrirait la porte aux financements publics et aux postes de « chercheur en astrologie ».
la liberté d'exploitation commerciale : l'astrologie était répréhensible en vertu de la loi du code pénal de 1832… abrogée en 1994. Cette utilisation commerciale débridée profite aux astrologues et à l'État (de l'ordre d'un milliard d'euros d'impôts par an, auxquels s'ajoutent les recettes de l'exploitation directe par la Française des Jeux de loteries du type Astro-Loto).

L'astrologie et le pouvoir apparaissent donc former un tandem gagnant, dont le succès révèle certains malaises de notre société et son appréhension de l'avenir.

 

CNRS Thema http://www2.cnrs.fr/presse/thema/481.htm

 

Philippe Zarka
Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA)
CNRS- Observatoire de Paris-Universités Paris 6 et 7

 

Médecine et croyances en Afrique

 

Diagnostiquer et traiter : telles sont les fonctions princeps de tout médecin. Mais comment cohabitent, en Afrique, croyances religieuses et stratégies thérapeutiques ?

 

La réponse du médecin anthropologue Alain Epelboin, membre de l'Équipe « Éco-anthropologie et ethnobiologie ».

 

En Occident, les professionnels de la santé parviennent grosso modo à dresser une cloison étanche entre l'exercice de leur métier, où l'adhésion au rationalisme scientifique est la règle, et leurs croyances personnelles. Qu'en est-il en Afrique ?


Alain Epelboin. Globalement, dans des contextes où la vie est précaire, où la maladie et la mort frappent sans relâche les soignants et les soignés, la frontière entre ces catégories est beaucoup plus « molle », le mélange du non visible bactériologique et du non visible surnaturel monnaie courante. Un exemple : au Sénégal, de nombreux médecins hommes refusent de choisir la gynécologie parce que le système de pensée sorcellaire africain dit que regarder de ses yeux le sexe d'une femme est générateur de folie. Les fluides corporels d'une parturiente et l'être inaccompli - mi-humain mi-esprit - qui sort de son ventre sont considérés comme potentiellement dangereux, porteurs de miasmes du monde non visible susceptibles de contaminer les vivants. Ces systèmes de représentation du monde ont baigné l'enfance des soignants comme des soignés et imprègnent leur univers au quotidien. Les professionnels doivent constamment jongler avec deux ordres de pensée, sous peine de s'exposer à des accidents et des malheurs de toutes sortes.

 

S'agissant des thérapeutes d'inspiration autochtone, des « guérisseurs traditionnels », la question ne se pose même pas…


A. E. Effectivement. Leur fonction dépasse de très loin la simple prescription phytothérapeutique. Ils ont pour rôle de dire et de rétablir la norme sociale et religieuse. Prenez les marabouts mourides, les fameux « marabouts de l'arachide », une des grandes confréries du Sénégal dont le fondateur, Cheick Ahmadou Bamba, opposant au pouvoir colonial, est considéré comme un saint descendant du Prophète. Depuis que le pays est indépendant, aucun gouvernement n'a pu « fonctionner » sans l'appui de cette confrérie religieuse au rôle économique prépondérant, à tout le moins sans son consentement tacite. Bon nombre sont des devins guérisseurs et leur emprise sur l'ensemble du corps social, dans tous les secteurs de la vie, de la sexualité aux affaires professionnelles, est immense. Et rend de fait caduque toute séparation entre « l'Église et l'État ». En Afrique centrale francophone, l'église catholique et à présent, de plus en plus, des églises d'obédience protestante sont en situation de remplir ces fonctions.

 

Quel rôle jouent les systèmes religieux dans la prise en charge du sida ?


A. E. À Dakar, des « tradipraticiens » viennent offrir leurs services au Centre de traitement ambulatoire des malades infectés par le virus VIH. Certains d'entre eux, sans connaître la spécificité du sida, se contentent de proposer les traitements traditionnels des maladies sexuellement transmissibles biomédicales et autochtones. D'autres affirment pouvoir soigner la maladie grâce à une alliance privilégiée avec des esprits, à l'aide des plantes ad hoc. Une autre catégorie comprend des guérisseurs d'inspiration islamique qui déclarent avoir reçu, à l'occasion d'un rêve, une révélation leur permettant de traiter les sidéens. Ailleurs, en Afrique, des pasteurs autoproclamés d'églises d'inspiration protestante assurent qu'il suffit de croire en Jésus et de rejeter Satan pour retrouver la santé. Trop souvent, la promesse de guérison passe par la soumission du malade à l'emprise d'un individu ou d'une secte, et par la remise de ses biens, de sa personne aux maîtres d'une organisation religieuse.

 

http://www2.cnrs.fr/presse/thema/465.htm

 

Alain Epelboin
Équipe « Éco-anthropologie et ethnobiologie »
CNRS-MNHN-Université Paris 7

 

Carte mondiale des religions

 

Carte extraite de l'Atlas des Religions. Croyances, pratiques et territoires.

Brigitte Dumortier (avec la participation de Madeleine Rouvillois, préface de Jean Baubérot, cartographie de Cécile Marin). Éditions Autrement, Collection Atlas/Monde, 2002

 

Cliquer sur le lien (dossier CNRS Thema) : Carte mondiale des religions

 

De nos cerveaux à nos croyances

 

Pourquoi croit-on ?

D'où viennent nos croyances ?

Pourquoi invoque-t-on des dieux et des esprits dans les situations difficiles ?

 

Le point de vue de Pascal Boyer, anthropologue au CNRS,

détaché à l'Université Washington à Saint-Louis (États-Unis).

 

Par tradition, on attribue généralement l'origine des religions à la peur du malheur et de la mort. En effet, la mortalité pose des questions auxquelles la religion semble répondre. Mais une explication des croyances et des comportements religieux est à rechercher dans la façon dont fonctionne l'esprit des hommes. Des découvertes récentes en psychologie, anthropologie et neurosciences penchent pour une « machinerie mentale » activée par l'acquisition et la représentation de concepts religieux. L'élaboration de nos concepts religieux repose sur des systèmes mentaux qui ne sont pas religieux mais qui s'apparentent à nos besoins d'échanger avec d'autres et de collecter des informations sur le monde.

 

L'une des caractéristiques de la cognition humaine est d'imaginer des agents surnaturels comme des dieux, des esprits ou des ancêtres. Ces agents ne sont pas présents physiquement mais les êtres humains imaginent des interactions spirituelles avec eux. Ces agents anthropomorphiques sont dotés d'un intellect et d'une volonté, mais ils sont particuliers car on leur impute un accès illimité aux informations pertinentes, surtout en ce qui concerne la portée morale des actions.

Les agents surnaturels sont souvent conçus comme des partenaires, ce qui peut s'expliquer par l'hypertrophie de « l'intelligence sociale » chez les êtres humains, elle-même due au fait que les êtres humains dépendent les uns des autres pour survivre. Les événements comme la mort ou les malheurs répétitifs font sens une fois pensés dans le cadre de ces relations sociales.

 

Les êtres humains ont des intuitions morales qui semblent dues au passé évolutif. Impliquer les agents surnaturels permet d'expliquer ces intuitions qui n'ont pas de contenu conceptuel cohérent.

 

http://www2.cnrs.fr/presse/thema/454.htm

 

Pascal Boyer
Laboratoire « Dynamique du langage »
CNRS-Université Lyon 2

 

Pascal Boyer est par ailleurs l’auteur du livre « Et l'homme créa les dieux »

publié aux éditions  Gallimard, Folio Essais, 2003, 526 p., 9,50 euros

une note de lecture du Pr. Georges Jobert : 

http://perso.wanadoo.fr/union.rationaliste44/Cadres%20Livres/homme%20crea%20les%20dieux.htm

 

 

Le paysage évolutionnaire de la religion

 

In Gods We Trust,

The Evolutionary Landscape of Religion

 

Scott ATRAN, Oxford University Press, 2002, 348 p., 37,35 euros.

une note de lecture du Professeur Georges Jobert

 

L'auteur est chercheur à l'Institut Jean Nicod (CNRS) et professeur adjoint d'anthropologie[i] et de psychologie à l'université de Michigan. Il préparait la dernière version de cet ouvrage, quand est parue l'édition anglaise de celui de P.Boyer (Religion explained/Et l'homme créa les dieux) présenté dans le N°569 des CR. Leurs titres montrent que les sujets se recouvrent, et leurs conclusions générales s'accordent sur ce qui est l'essentiel pour un rationaliste : les religions, qui sont présentes dans toutes les civilisations, sont en quelque sorte des produits aberrants du fonctionnement mental normal[ii].

 

Il ne saurait être question dans cette courte note de lecture d'insister sur les divergences de leurs points de vue, ce qui nécessiterait une discussion détaillée. On peut dire, en simplifiant, que P.Boyer a construit son argumentation en réintégrant les croyances religieuses dans l'ensemble des croyances rencontrées chez les humains, puis en cherchant à comprendre ce qui les rend si universelles.

 

S.Atran critique cette approche à qui il reproche de ne pas tenir assez compte des particularités des croyances religieuses par rapport aux autres. D'après lui, une théorie satisfaisante des religions ne pourra être construite qu'en tenant compte des éléments dont la réunion les caractérisent :

-          des croyances en des êtres surnaturels, en général inaccessibles aux sens, disposant de moyens également surnaturels ;

-          des manifestations associées à ces croyances et impliquant un coût pour la personne ou la société (offrandes, sacrifices…)

-          la croyance de la maîtrise, par les êtres surnaturels, des facteurs agissant sur les personnes, avant et après la mort ;

-          des rites spécifiques.

 

Son ouvrage, après une introduction qui présente l'existence des religions comme une sorte d'énigme du point de vue de l'évolution humaine, comprend quatre parties.

 

Dans la première, " Sources évolutionnaires", S.Atran montre comment a pu se développer, chez les humains, les notions d'agent et de dieu, et plus généralement de surnaturel. Un détecteur d'agissement [iii] a probablement été mis en place par sélection naturelle, pour rendre compte de divers processus complexes, lorsqu'un danger potentiel est perçu ou lorsqu'est insuffisante l'information disponible pour les interpréter correctement. Dans le passé lointain[iv] de l'humanité, il a permis un traitement rapide et économique de situations où étaient présents – ou supposés présents – des êtres vivants qui pouvaient être des prédateurs, des protecteurs ou des proies ; et c'est ce qui a permis sa sélection naturelle. Les humains ont manipulé, en la généralisant, cette capacité universelle pour s'effrayer ou se rassurer, ou agir de la sorte sur leurs semblables. Les êtres surnaturels, et les pouvoirs qui leur sont attribués, dérivent  également des images présentes dans les rêves, où sont violées très fréquemment les lois reconnues, dans la vie courante, pour les propriétés et les comportements des vivants, des objets et des phénomènes.

 

L'auteur ne partage pas l'idée courante que les divinités bienveillantes ont leur origine dans les relations de l'enfant avec ses parents. Quant aux malfaisantes, elles dérivent sans doute des cas où l'homme s'est trouvé en situation de proie.

 

Dans la seconde partie, "Engagements absurdes", S.Atran présente les résultats de diverses expériences qui montrent que des croyances sont parfois plus facilement mémorisées lorsqu'elles sont contre-intuitives. Quoique les croyants restent en général capables de distinguer entre des opinions fausses et des opinions fondées, ils sont prêts à accepter des mondes logiquement impossibles, surtout si ceux-ci apaisent leurs anxiétés existentielles. Les idéologies "séculières" (rationalisme, marxisme…) sont, de ce point de vue, fort désavantagées. L'auteur s'intéresse aussi au coût de l'engagement religieux (sacrifices, offrandes) ; il montre que plus ce coût est élevé, plus grand est son effet d'entraînement chez ceux qui l'observent. Effet positif, parfois, si les "valeurs" sociétales sont mises en avant, négatif s'il conduit à la formation de groupes qui cherchent à imposer leur croyance à d'autres groupes.

 

Dans la troisième partie, " Passions rituelles", c'est toute la panoplie des rituels qui est examinée. Ceux-ci comportent fréquemment mouvements rythmés[v], formules scandées, chants, qui synchronisent des états affectifs dans les membres du groupe. Par le spectacle sensoriel composite (mouvements, sons, lumières, odeurs [vi]) qu'ils offrent aux fidèles,  les rituels religieux coordonnent effectivement les pensées et les corps des acteurs. Ainsi s'effectue une "communion" qui établit le consensus comme sacré, et transcendant toute raison et tout doute. Un chapitre particulièrement intéressant décrit les nouveaux résultats sur les relations possibles entre neuropsychologie, neurophysiologie et états mentaux à caractère religieux.

 

Dans la quatrième partie," Théories "aveugles au mental", l'auteur critique diverses théories – sociobiologie et sélection de groupe[vii], mémétique[viii] - qui d'après lui ne tiendraient pas assez compte des caractères particuliers des croyances religieuses. Si celles-ci peuvent être aisément acquises, elles sont aussi beaucoup plus difficiles à rejeter, en partie à cause même du fonctionnement mental, mais aussi à cause de l'environnement contraignant dont les clergés correspondants savent les entourer.

 

S.Atran introduit, pour illustrer son propos, la notion de paysage évolutionnaire de la religion : les différentes composantes du mental, présentes chez tous les humains[ix] (facultés affectives, sociales et cognitives), constituent une sorte de relief. L'expérience humaine, placée dans ce paysage, converge en général vers un petit nombre d'attracteurs et les diverses expressions religieuses ne sont pas déterminées mais guidées, par les vallées de ce paysage.

 

Sa conclusion est la même que celle de P.Boyer, et aussi pessimiste : les religions ne sont pas près de disparaître. La mienne ne changera pas non plus : Ceci ne doit pas nous empêcher de continuer à lutter pour que la raison l'emporte finalement. Un élément essentiel dans ce combat est le développement de l'esprit critique chez les jeunes[x], dans une société comme la nôtre gavée d'information.

 

On a pu écrire dans les Cahiers Rationalistes[xi] que les rationa­listes ne pouvaient faire l’économie de la question : qu’est-ce qu’une religion? On trouvera dans cet ouvrage[xii]  des éléments de réponse.

 

Georges Jobert

 


[i] Comme la plupart des auteurs de sa spécialité, il présente, dans son ouvrage, une masse de données qui n'en facilitent pas la lecture. On pourra trouver en ligne sur le site de l'Institut Jean Nicod, www.institutnicod.org,  deux articles qui en présentent, mieux que je ne pourrai le faire dans cette courte note, les points les plus importants

[ii] Une section du chapitre 7 est cependant consacrée à la question des anomalies du fonctionnement mental et leur éventuel rapport avec les croyances religieuses.

[iii] si l'on peut introduire ce singulier néologique pour traduire "agency"

[iv] A notre époque il peut se déclencher dans des situations complètement différentes, et produire des émotions ou des excitations sans rapport avec la nature physique du stimulus (par exemple, sur un écran de télévision, des images de guerre ou à caractère sexuel) ; et cette capacité est évidemment encore manipulable ou contrôlable.

[v] balancement du corps, hochements de la tête des croyants juifs, rapides rotations des soufis, flagellations des chiites, … toutes actions dont l'effet physiologique est avéré. S'y démontre aussi le passage de l'affect émotion à l'affect sentiment (au sens de Damasio, emotion/feeling).

[vi] Vitraux des cathédrales, odeur d'encens…

[vii] L'auteur analyse en détail et critique l'application de cette dernière à la société juive.

[viii] qui considère cultures et religions comme des coalitions de mèmes "cherchant" à maximiser leur valeur adaptative  ("fitness") sans égards pour celle de leurs hôtes humains.

[ix] mais dont l'origine peut remonter plus ou moins loin dans le passé des espèces dont l'évolution nous a construits. Par exemple les émotions primaires, comme la peur, la surprise, dateraient au moins de l'émergence des reptiles. Des schémas comme la détection de prédateurs, la recherche d'un protecteur, la réciprocité de services, seraient plus récents. Parmi les facultés cognitives, certaines, comme celles qui relèvent de la "folk mechanics" (qui traite en particulier des limites et des mouvements des objets ; peut-on traduire " mécanique pop" ?), remonteraient à l'apparition des batraciens ; la "psychologie pop" (compréhension des interactions entre individus et de leur comportement orienté vers un but) serait apparue avec les singes supérieurs. Mais, semble-t-il,  seuls les humains sont doués de la capacité de métareprésenter.

[x] En particulier en agissant,  comme le fait la Commission Enseignement de l'AFIS, pour faire connaître la zététique aux élèves, étudiants et futurs enseignants

[xi] article de G.Bruit dans le N°561

[xii] comme dans celui de P.Boyer. Il permettra aussi d'apprécier à leur juste valeur les recommandations d'un de nos dirigeants qui veut donner à la religion une place centrale en France, et qui considère le phénomène religieux comme un facteur d'équilibre, d’intégration, de rassemblement et de dialogue (sic).

 

La malédiction de Carlisle ...

 

LONDRES (Reuters) - C'est l'histoire d'une ancienne malédiction qui refait surface, ou en tout cas ce que vous diront les habitants de Carlisle.

 

Depuis l'installation en 2001, dans l'un des musées de la ville, d'un granit sur lequel est gravée une malédiction du XVIe siècle, le malheur s'est abattu sur Carlisle.

 

Le chef-lieu du Cumbria, un paisible comté du nord de l'Angleterre limitrophe du sud de l'Ecosse, situé aux confins du Lake District, est traversé d'est en ouest par le mur d'Hadrien.

 

Des troupeaux entiers ont péri de la vache folle, la ville a connu des crues dévastatrices, des usines ont fermé leurs portes, un petit garçon a été tué dans une boulangerie et le club de foot a été relégué en division inférieure.

 

Un conseiller municipal, Jim Tootle, a demandé que la pierre, façonnée par l'artiste Andy Altman, soit détruite ou déplacée. Altman a refusé.

 

Secret défense … Tchernobyl, le tsunami et les bombes quantiques …

 

Source : message électronique de PLN

 

J'avais un fou dans le train à coté de moi, qui me disait que la mafia et l'armée contrôlaient l'Etat, que le  mouvement perpétuel existe mais qu'on le cache pour mieux contrôler le peuple (on enseigne volontairement des choses fausses à l'école pour mieux le contrôler). Il y a des sources d'énergie qui produisent deux fois plus d'énergie qu'elles en consomment, d'où du mouvement perpétuel (deux bobines à 90° d'où phase et amplitudes s'additionnent). Il y a même des bombes quantiques, dont les effets se propagent le long des failles sismiques. Il me dit alors que l'explosion de Tchernobyl est due  à une attaque des Etats Unis par la Russie avec une telle bombe. Avec une bombe quantique, la propagation se réalise le long des plaques tectoniques et des failles sismiques pour mieux détruire. Les russes voulaient attaquer une faille sismique aux US pour faire une énorme destruction. Ils ont alors lancé l'attaque par une station à 30km de Tchernobyl, station expérimentale secrète. Les USA ayant été mis au courant, on lancé un bombardement, et on détruit la station. Ainsi, il n'y avait plus de contrôle de la bombe quantique, et l'onde est revenue sur la station, détruisant Tchernobyl au passage (sic !) .Je lui demande (difficile de ne pas rigoler) si la France a cette bombe. Il me dit que seuls 5 pays l'ont, et qu'un 5ème la prépare (USA, Russie, Japon, Chine, et je sais plus qui). Il pense que la France la prépare, car les secousses sismiques qu'il y a au sud de la France ne sont pas naturelles, et sont probablement dues à des tests de cette bombe au sud de la France (il parait que sur le site, il y a les enregistrements des sismographes, et qu'ils sont pas naturels). Il me dit alors que c'est la même chose pour le tsunami en Asie , que les enregistrements des sismographes ne sont pas normaux, et que le tsunami est du à un déclenchement de bombe quantique par la Chine ou le Japon.
Voila. Je sens que je vais bien rigoler en lisant le site qu’il m’a indiqué …

(top secret, attention! http://www.quanthomme.org )

 

un dossier

 

Homo floresiensis, troisième espèce humaine

 

une note de synthèse établie et diffusée par la MutaListe

 

Source : Liste de diffusion des Mutants www.lesmutants.net  

 

Les chercheurs ont découvert en Indonésie l’existence d’une espèce humaine inconnue jusqu’alors, Homo floresiensis, qui semble avoir disparu voici 12.000 ans, après avoir cohabité avec Homo sapiens. Cette espèce naine au cerveau équivalent à celui d’un chimpanzé, probable descendante directe de l’Homo erectus, maîtrisait pourtant la taille des outils, le feu, probablement la chasse.

 

Que signifie cette découverte ? L’espèce humaine est un concept devant se décliner au pluriel : jadis, trois formes humaines ont existé en même temps (Homo neandertalensis, Homo floresiensis, Homo sapiens). Demain, des dizaines d’autres émergeront.

 

Identifiés en septembre 2003, les restes fossiles de la nouvelle espèce humaine ont été révélés au monde dans l’édition du 28 octobre 2004 de la prestigieuse revue scientifique internationale Nature. L’équipe responsable de cette trouvaille, dirigée par Peter Brown (Université de Nouvelle-Angleterre, Armidale, Australie), est aussi composée de Richard Roberts (Université de Wollongong, Australie) et Thomas Sutikna (Centre Indonésien d’Archéologie, Djakarta).

 

La découverte a eu lieu en Asie, terre qui avait donné jadis les spécimens les plus caractéristiques d’Homo erectus (l’Homme de Pékin et l’Homme de Java). La caverne de Liang Bua, à 25 km au nord de Ruteng, sur la côte occidentale de l’île de Florès. Cette dernière, d’une superficie totale de 14.000 km2, est située dans l’archipel indonésien de la Sonde, à 1.500 km de Djakarta, non loin de Java, entre les grandes îles de Sumbawa et Timor.

 

Les terres émergées de cette région sont issues de l’activité volcanique. Ces innombrables îlots et archipels sont habités de plusieurs groupes ethniques qui ont chacun développé leur langage et leurs traditions. L’insularité favorise le développement de tels particularismes. Et ce qui est vrai à l’époque actuelle le fut aussi, semble-t-il, à l’époque préhistorique, en l’occurrence tout au long du Paléolithique.

 

L’humidité extrême des îles indonésiennes et la nature du sol font que les os préhistoriques n’ont pas été retrouvés minéralisés, comme c’est habituellement le cas pour les squelettes anciens : ils avaient plutôt la consistance du papier mâché. Ce qui laisse espérer une extraction d’ADN à des fins d’analyse moléculaire.

 

La caverne de Liang Bua avait déjà donné des restes récents, du Néolithique. Mais à l’automne dernier, l’équipe de Peter Brown a commencé à trouver dans une couche sédimentaire nouvelle des restes fossiles qui ne ressemblaient à rien de connu jusqu’alors. Au total, ce sont les vestiges de 6 ou 7 individus qui ont été ainsi retirés de la caverne. Le squelette principal, appelé LB1, comporte notamment le crâne et les éléments post-crâniens d’un individu adulte, apparemment de sexe féminin. Ce crâne, souligne Peter Brown, est une “ mosaïque de traits primitifs, uniques, que l’on ne rencontre chez aucun autre Hominidé ”. Et pourtant, il s’agit bien d’un humain, au sens où la paléo-anthropologie entend habituellement le terme : “ ses proportions dentaires et faciales, son anatomie post-crânienne cohérente avec la bipédie obligatoire de type humain et l’appareil masticateur similaire, par sa taille et sa fonction, à celui des humains modernes plaident tous pour son assignation au genre Homo ”, remarque encore le chercheur australien.

 

Qui plus est, à côté des squelettes, l’équipe a trouvé des restes d’animaux (notamment poissons, chauve-souris et rongeurs), des traces de feu et des outils taillés tous caractéristiques d’une activité humaine. Un homme, donc. Mais ô combien étrange !

 

Le premier trait caractéristique d’Homo floresiensis est sa taille : environ 1 mètre de haut. Elle est donc plus petite que les plus petits humains actuels, les Pygmées, dont la taille oscille entre 1,30 et 1,40 m. Homo floresiensis se rapproche plutôt des Australopithèques, espèces pré-humaines dont la plus célèbre représentante est l’Africaine Lucy. “ Nous pensions que le crâne et la mandibule appartenaient à un enfant ”, remarque ainsi le responsable de la fouille, Thomas Sutikna. “ Mais après une semaine de travail méticuleux et difficile, nous avons mis à jour les dents, constaté qu’elles étaient déjà usées et que les molaires étaient bien sorties, signes que l’individu devait être âgé d’une vingtaine d’années ”.

 

Comment s’explique la taille d’Homo floresiensis ? Homo floresiensis serait le premier exemple humain d’un phénomène par ailleurs connu, l’évolution adaptative insulaire. Dans les îles en effet, le volume des ressources est par définition limité, et plus rare que dans des zones ouvertes. Cela favorise les individus de taille restreinte (moins de besoins énergétiques) et de gestation courte (plus de temps pour acquérir des ressources).

 

Ainsi, on connaît des cas de nanisme insulaire chez des espèces aussi diverses que le mammouth, le cerf, la chèvre, les éléphants. Des restes de stégodons, un éléphant nain aujourd’hui disparu, ont d’ailleurs été retrouvés dans la caverne de Liang Bua. Inversement, l’évolution insulaire peut dans certains cas favoriser le gigantisme. C’est notamment le cas pour les rongeurs, s’ils sont privés de prédateurs et protégés par l’insularité.

 

Deuxième élément caractéristique de la nouvelle espèce, encore plus surprenant : la taille du cerveau. Celle-ci ne dépasse pas 380 cm3, soit une petite grappe de raisin — l’équivalent d’un citron à la naissance, 15 % de la taille du cerveau d’un bébé humain moderne. Ce trait est celui qui a le plus relevé l’attention des chercheurs : la taille moyenne du cerveau d’un Homo sapiens actuel se situe autour de 1500 cm3, celle d’un homme de Neandertal (Homo neandertalensis) oscillait entre 1200 et 1800 cm3, celle de l’Homo erectus se situait entre 780 et 1200 cm3. Cela signifie que Homo floresiensis a le plus petit cerveau jamais enregistré pour un Hominidé, plus petit même que celui des Australopithèques (entre 380 et 500 cm3), comparable à celui des actuels chimpanzés et bonobos (350-400 cm3).

 

Cette taille très faible du cerveau d’Homo floresiensis, pourtant associée à des vestiges d’outils, à la maîtrise du feu et probablement de la chasse, pose des questions inédites aux chercheurs. Jusqu’alors, les hypothèses dominantes faisaient rimer hominisation et encéphalisation : la progression continue de la taille du cerveau entre Homo habilis et Homo sapiens paraissait corrélée à une progression proportionnelle des facultés cognitives (et de leurs applications pratiques). Or, si l’homme de Florès a un cerveau comparable à celui d’un chimpanzé (en volume), il semble avoir des capacités plus étendues.

 

La troisième surprise est venue de la datation des ossements. On a utilisé pour cela l’image tridimensionnelle à rayon X et la spectrométrie de masse, deux technologies qui rendent par ailleurs peu probable un cas de fraude. Homo floresiensis ressemble à un Homo erectus, espèce qui apparut voici 1,8 million d’années et survécut jusqu’à 200.000 ans BP (before present). Mais la datation des différents vestiges donna des résultats renversants pour les chercheurs : Ebu ou LB1 elle-même vécut voici 18.000 ans seulement. Et son espèce semble présente sur l’île de Florès entre 95.000 - 74.000 ans et 13.000 ans BP. Par comparaison, l’homme de Neandertal, une autre espèce humaine cousine de l’Homo sapiens actuel, a disparu voici 35.000 — 30.000 ans d’Europe. La découverte signifie donc qu’au moins trois espèces humaines ont coexisté dans l’évolution récente. Trois… et peut-être plus.

 

Où se classe l’homme de Florès dans la phylogénie humaine ? Les vestiges dont on dispose soulèvent, là encore, bien des questions. Le fémur et le pelvis suggèrent que Homo floresiensis se tenait debout, mais marchait à la manière des Australopithèques de la savane africaine, voici quatre millions d’années. Le reste des ossements le rapproche de l’Homo erectus, une espèce archaïque de plus grande taille, qui prospéra en Asie durant plusieurs centaines de milliers d’années avant de s’éteindre (d’après les vestiges connus) voici environ 200.000 ans BP. Le nanisme de l’homme de Florès est sans doute dû à une adaptation insulaire (voir encadré). L’hypothèse la plus probable, actuellement retenue, est donc une évolution locale d’Homo erectus qui aurait survécu jusqu’à une date très récente.

 

Comment a disparu l’espèce à laquelle appartenait Ebu ? L’homme moderne (Homo sapiens) aurait colonisé l’île de Florès entre 55.000 et 35.000 BP. Il a donc côtoyé Homo floresiensis. Il est possible que ce voisinage ait été fatal à l’une des espèces, soit par appauvrissement des niches écologiques et donc des ressources, soit par toute autre cause (conflit, épidémie). Mais les chercheurs pensent plutôt que l’homme de Florès a été victime d’une gigantesque éruption volcanique qui a secoué l’île voici environ 12.000 ans. D’autres font volontiers référence à des légendes, nombreuses dans cette région, faisant état de “ petits hommes velus ” qui parlent un langage incompréhensible : orang pendek (Java), orang letjo ou sedapa (Sumatra), batutut (Bornéo). Se pourrait-il que des groupes de l’homme de Florès aient réussi à survivre localement jusqu’à une date récente, en petites hordes, pour donner naissance à ces légendes historiques ? Rien n’est impossible, même si l’on sort ici du domaine de la science.


Liste de diffusion des Mutants www.lesmutants.net  

 

Quelques liens sur l’ Homo floresiensis

 

proposés par notre ami Jean-Amédée Vottero du réseau des brights

 

http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news4705.php

 

http://www.hominides.com/html/ancetres/ancetres-homo-floresiensis.html

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Homo_floresiensis

 

http://www.dinosoria.com/homo_floresiensis.htm

 

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=3583

 

http://tgtg.blogs.com/tgtemps/2004/11/i81homo_floresi.html

 

http://www.evopsy.org/article126.html

 

http://www.ens-lyon.fr/Planet-Terre/Infosciences/Histoire/Evolution/Articles/floresiensis.html

 

 

 

souvenirs, souvenirs, …

 

 

La physique de Marie Curie racontée par Hélène Langevin-Joliot

 

Hélène Langevin-Joliot, petite-fille de Marie Curie, chercheuse émérite au CNRS après une carrière dédiée à la physique nucléaire fondamentale, est présidente de l’Union Rationaliste. Elle aime raconter au public l'histoire de la Physique, la voie contre le cancer ouverte par les Curie, les liens entre femmes et science… Une interview pour le CNRS dans le cadre de l’année internationale de la Physique.

 

Les applications médicales des découvertes de Marie Curie l'ont rendue populaire…

Hélène Langevin-Joliot. Quand Marie et Pierre Curie1 découvrent ensemble l'existence du radium en 1898, les rayons X sont déjà utilisés pour « voir à travers le corps humain ». Henri Becquerel a montré le premier l'émission spontanée de rayonnements invisibles : les « rayons uraniques ». Mais cette radioactivité est trop faible pour être utilisée, moins d'un millionième du radium qui provoque d'intenses brûlures. Dès 1901, Pierre Curie contacte des dermatologues. Marie Curie continue l'analyse précise de ses propriétés. Pour obtenir quelques décigrammes du précieux radium, ce sont des tonnes de minerai d'uranium qu'elle traite chimiquement ! La « curiethérapie »2 consistera à appliquer directement cette source radioactive au contact des cellules cancéreuses de tumeurs externes ou accessibles, pour les détruire.

 

Quel a été le rôle de Marie Curie pendant la première guerre mondiale ?

H. L.-J. Pour les besoins du front, Marie Curie a imaginé des postes mobiles de radiologie nécessaires au diagnostic médical. Sur ces appareils compliqués, la manipulation des rayons X nécessitait des connaissances pointues en mécanique, électricité, anatomie. Marie Curie a elle-même donné des cours théoriques sur les rayons X à des techniciennes et encadré des travaux pratiques à l'Institut du Radium, dès 1914. Certaines élèves étaient infirmières, mais aucune n'avait de formation supérieure. La motivation et la formation par l'expérience expliquent la réussite de ces femmes, performantes en six mois.

 

Marie Curie a très tôt enseigné « autrement » la physique ?


H. L.-J. Elle a introduit en 1900 les travaux pratiques à l'école de Sèvres, où les filles ne bénéficiaient jusque là que de théorie. Puis, en 1907, avec d'autres savants de l'époque, elle a participé à « la coopérative d'enseignement », sorte de système d'échange des savoirs des parents pour leurs enfants. Pour Marie Curie, les écoles françaises dispensaient trop de cours et pas assez de temps pour la science ou les activités de plein air. Or les enfants doivent pouvoir observer et faire par eux-mêmes. Son approche serait aujourd'hui comparable à l'école Freinet ou à « La Main à la pâte ».

 

http://www2.cnrs.fr/presse/thema/407.htm

 

le coin des sympathisants

 

POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences

rejoignez l’  association française pour l’information scientifique  AFIS

adhérer : OUI, je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique

adhésion annuelle : 15,00 euros

abonnement à la revue Science et pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )

adhésion annuelle + abonnement à la revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros

siège :14, rue de l’école polytechnique, 75005 Paris, site internet national : http://www.pseudo-sciences.org

 

anais association nantes atlantique pour l’information scientifique

comité régional de l’ouest atlantique (de bordeaux à la bretagne) de l’AFIS ; adresser toute correspondance à :

ouest management, domaine d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,

site internet du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm

coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr