afis

 

le bulletin de l'    information scientifique

de l’ association nantes atlantique pour l’ information scientifique (anais – afis)

PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE                                                                              N° 15 –  JUIN  2005

 

sommaire

 

l’éditorial

 

Environnement, Bioéthique : restaurer l’intégrité scientifique dans l’élaboration des décisions politiques, c’est nécessaire et c’est possible ! 

 

les sciences et techniques

 

USA : recherche sur les cellules souches embryonnaires

un vote favorable de la chambre des représentants pour un financement fédéral

 

Cancer et dysfonctionnements mentaux

 

Une « potion magique » pour donner la confiance ?

 

Génétique et orientation sexuelle

les femelles drosophiles ne draguent pas … sauf si …

 

Neurosciences – 6 juin 2005 - lancement de la mission Blue Brain

objectif : simuler le cerveau humain avec l’aide d’un superordinateur

 

Chaud devant …

de l’influence de l’acide désoxyribonucléique sur l’orgasme féminin,

et de l’influence de la pornographie sur la fertilité masculine.

 

Une grossesse réussie après greffe de tissu ovarien

 

Un espoir pour le développement durable : l’énergie lithoélectrique

 

Déclaration commune des présidents des académies des sciences

des pays du G8+3 pour une réponse mondiale aux changements climatiques

 

10 000 ans et 1200 gènes : Homo fabrique le maïs à partir de la téosinte

 

Découvertes entomologiques rares sur une île perdue du Pacifique

 

Contribution de la génétique à l’histoire du peuplement humain de Madagascar

 

Une étude génétique internationale afin de retracer les migrations humaines

 

Cellules souches et maladie de Parkinson : nouveau pas franchi par le CNRS

 

 

les croyances et pseudosciences

 

Créationnisme : pas qu’aux States

 

Sanal EDAMARUKU,  président de Rationalist International

interviewé par la BBC à propos du nouveau pape des catholiques

 

Kerywan, 16 mois, mort de faim au nom de croyances antimédicales
un article de François Koch dans l’Express

DA VINCI CODE, théologiquement dangereux, ne sera pas tourné à Westminster

 

Jésus de Nazareth serait mort du syndrome de la classe économique

 

Jusqu’où ira le délit de blasphème ?

 

Intelligent design : LATOUR dénonce le fondamentalisme … scientifique

 

La lithoélectricité tombe à l'eau et rejoint les poissons.

 « D’un point de vue religieux, ce que nous avons fait est très correct. »

 

Ce que nous avons fait est un « processus normal de révision »

manipulation de rapports scientifiques sur le climat dans l’équipe Bush

 

 

souvenirs, souvenirs

 

 

Les faux Prophètes, 1997, Jean-François Revel

(recension d'Impostures intellectuelles de Alan Sokal et Jean Bricmont)

texte intégral de "les faux prophètes" emprunté sur le site de Patrick Peccatte

 

 

actualités

 

 

16ème congrès mondial de l’International Humanist and Ethical Union

une matinée consacrée à « Science et Séparation de la Religion et de l’Etat »

Mercredi 6 Juillet 2005, de 9h00 à 12h00, Amphithéâtre Champollion, La Sorbonne, Paris

Président : Jean-Claude PECKER

La session sera entièrement en langue anglaise, sans traduction simultanée. Son organisation a été confiée au comité Science de la Libre Pensée et à l’Union Rationaliste. Une procédure spéciale d’inscription a été mise en place. Pour s’inscrire s’adresser par courrier électronique à libre.pensee@wanadoo.fr .

La matinée sera structurée en séquences de 30 mn (20mn d’introduction de chaque thème et 10mn de débat) :

Ian Plimer : Creationism in the New World : consequences in a pluralist secular society

Jean Bricmont : Some remarks on the distinction between Science and pseudo-science

Hélène Langevin-Joliot : Science and free thinking

Mikhail B.H Konashev : Religion and Evolutionary Theory in XXth century and at present

Michel Naud : Heidelberg appeal and others : Science vs. irrational preconceptions

Laurent Dianoux : Some aspects of the science status in muslim countries

Guillaume Lecointre : Science and spiritualism in France

 

intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles dans les Sciences

une conférence de Marc Silberstein et Guillaume Lecointre

Mardi 11 Octobre 2005 de 20h00 à 23h00, Muséum d’Histoire Naturelle, Nantes

organisée dans le cadre de la fête de la science 2005 par l’association Nantes atlantique pour l’information scientifique (ANAIS, un comité de l’AFIS) , la section départementale de l’union rationaliste et le groupe de Nantes de la Libre Pensée.

 

Marc Silberstein est épistémologue (sciences de l’évolution), CNRS-UMS 2553, Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord, administrateur des éditions Syllepse et animateur de la collection "Matériologiques". Guillaume Lecointre est chercheur, Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle, spécialiste de la classification phylogénétique du vivant.

 

Cette manifestation s’adresse à un public qui s'intéresse aux sciences sans pour autant avoir bénéficié d'une formation scientifique approfondie. Son objectif est d’attirer l’attention sur les dérives spiritualistes contemporaines pouvant s’immiscer dans les sciences, particulièrement aux frontières des connaissances. De même, dans les publications « grand public », notamment en biologie, physique ou astrophysique, la vigilance est de rigueur pour le lecteur curieux et exigeant. Il convient donc de bien distinguer la connaissance objective, fondement de la science, d’une démarche spirituelle qui relève de la connaissance subjective, ou encore des impostures intellectuelles qui relèvent du charlatanisme ou de la fraude.

 

 

 

 

 

 

l’éditorial

 

 

Environnement, Bioéthique : Restaurer l’intégrité scientifique dans l’élaboration des décisions politiques, c’est nécessaire et c’est possible ! 

 

Questions environnementales (réchauffement climatique, développement durable, biodiversité, etc.) et questions - au sens large – bioéthiques (cellules souches embryonnaires, clonage humain, organismes génétiquement modifiés, sans oublier tout ce qui touche à la reproduction et à la sexualité, en commençant par le droit à disposer de son corps ou la pandémie du VIH/Sida, ce qui touche à la fin de vie, etc.) sont le terreau privilégié contemporain sur lequel foisonnent les idéologies irrationnelles (et pas que religieuses au sens usuel) et pullulent les données pseudo-scientifiques, quand ce ne sont pas les manipulations pures et simples.

 

Se réclamant de l’héritage des Lumières nous essayons donc bien modestement mais avec détermination d’éclairer devant nous à mesure que les connaissances et les techniques progressent et ouvrent la route, et de chasser les zones d’ombre que les obscurantismes anciens ou contemporains s’efforcent de maintenir ou d’introduire.

 

C’est pour illustrer cette marche en avant que de l’actualité de ce mois j’ai choisi, dans cet édito, de mettre en valeur deux initiatives que vous verrez plus précisément dans la suite du bulletin : celle des présidents des académies des sciences des pays du G8+3 relative au réchauffement climatique, et celle de la chambre des représentants des Etats-Unis qui a mis en échec la fraction la plus rétrograde de l’administration républicaine en matière de financement public fédéral de la recherche sur les cellules sources embryonnaires (n’oublions pas que, nous, les français, sommes assujettis à une loi de bioéthique parmi les plus prohibitionnistes).

 

l’appel des académiciens …

 

Le 7 juin 2005, en adresse aux dirigeants qui se réuniront au prochain sommet du G8 en Juillet, les présidents de onze académies nationales des sciences (Allemagne, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis d’Amérique, France, Inde, Italie, Japon, Royaume Uni et Russie) ont réalisé une déclaration commune pour dire que désormais les changements climatiques sont indubitables, et qu’il devient plus qu’urgent que les dirigeants de la planète délivrent un message clair témoignant de leur reconnaissance de la réalité de ces changements, et de la mise en œuvre de plans d’action nationaux et internationaux s’appuyant sur les données et les moyens disponibles grâce à la science et aux technologies.

 

Depuis le sommet de la terre de Rio (juin 1992) la communauté scientifique internationale s’est exprimée de façon récurrente sur la nécessité de s’attaquer aux dimensions environnementales du développement :

·          par l’appel d’Heidelberg (juin 1992), qui, au-delà, mettait en garde les dirigeants de la planète sur les risques de porter crédit aux idéologies irrationnelles et aux données pseudo-scientifiques qui gravitaient autour des préoccupations environnementales ; cet appel avait été  signé par des milliers de scientifiques éminents et des dizaines de prix nobel.

·          par le « World Scientist’s Warning to Humanity » (novembre 1992) à l’initiative de l’organisation états-unienne « Union of Concerned Scientists » (UCS), là aussi signé par des milliers de scientifiques éminents et la plupart des prix Nobel, dont l’essentiel était déjà signataire de l’appel d’Heidelberg.

·          par le « Call to Action » de 1997 de la même UCS

·          par la campagne sur le rapport « restaurer l’intégrité scientifique dans l’élaboration des décisions politiques » lancée en février 2004 par la même UCS devant le comportement de l’administration républicaine du Président GW BUSH refusant de prendre en compte les informations scientifiques qui lui sont fournies : « La déformation des connaissances scientifiques à des fins politiques partisanes doit cesser (…) A sa naissance il y a deux siècles, cette république était gouvernée par des hommes qui avaient une compréhension de la science plus profonde que la plupart de leurs successeurs. Les Pères Fondateurs étaient des enfants des Lumières, de l'Age de la Raison. Aujourd'hui, nous sommes gouvernés par des gens qui ne croient pas à l'évolution. Ils ont peu de scrupules à tordre les connaissances scientifiques quand elles ne se conforment pas à leurs objectifs politiques. Ils parlent comme s'ils étaient autorisés à émettre non seulement leurs propres opinions, mais aussi leurs propres faits »  Kurt Gottfried, président de l’Union of Concerned Scientists (UCS), présentant cette déclaration signée par plus de 6000 scientifiques états-uniens dont 48 prix Nobel, 63 médaillés des sciences, et 152 membres des académies nationales des Sciences (chaque état des Etats-unis a son académie nationale des sciences).

 

Cette déclaration des présidents des académies des sciences des pays du G8 auxquels s’ajoutent ceux de la Chine, de l’Inde et du Brésil est un événement de grande portée qui traduit le franchissement d’une nouvelle étape. Rendez-vous d’abord plus loin dans ce bulletin pour en lire le résumé que nous en avons fait puis au mois de Juillet pour voir si le Président BUSH et son administration infléchiront leur position récurrente d’inaction sous prétexte de persistance d’incertitudes. Notons d’ores et déjà que le lobbyiste de l’administration Bush accusé par le New York Times (voir dans ce bulletin) de manipuler des rapports scientifiques à des fins partisanes a été contraint de donner sa démission.

 

… et le vote des représentants.

 

Un deuxième point important mérite d’être salué en ce mois de Juin c’est ce remarquable vote de la Chambre des Représentants aux Etats-Unis qui, à une large majorité, a voté un financement fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Cette majorité n’était pas assez large (il aurait fallu les deux tiers des votants) pour interdire l’usage par le Président BUSH de son droit de veto ; celui-ci a d’ores et déjà menacé de l’usage du veto présidentiel mais, à lire les commentateurs locaux, il est loin d’être sûr, malgré l’appui indéfectible des lobbies catholique (dont on a vu la persistance de l’influence lors du référendum italien) et fondamentalistes protestants, que Georges W Bush arrive à trouver la force politique au sein même du parti républicain pour l’exercer. Mais ce sujet mérite mieux que quelques lignes en fin d’un éditorial et nous reviendrons sur ces questions, notamment à l’issue du congrès mondial de l’International Humanist and Ethical Union à Paris dans quelques jours.

 

* * *

Vous n’êtes probablement ni président d’académie des sciences ni élu de la chambre des représentants, moi non plus, mais tout comme moi vous pouvez contribuer à diffuser l’information scientifique, à promouvoir l’usage des méthodes de la science et l’utilisation de l’esprit critique, à dénoncer les mensonges et les impostures. Nous pouvons le faire ensemble :

 

 

POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences

rejoignez l’  association française pour l’information scientifique  AFIS

adhérer : OUI, je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique

adhésion annuelle : 15,00 euros

abonnement à la revue Science et pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )

adhésion annuelle + abonnement à la revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros

siège :14, rue de l’école polytechnique, 75005 Paris, site internet national : http://www.pseudo-sciences.org

 

anais association nantes atlantique pour l’information scientifique

comité régional de l’ouest atlantique (de bordeaux à la bretagne) de l’AFIS ; adresser toute correspondance à :

ouest management, domaine d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,

site internet du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm

coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr

 

Michel NAUD, coordinateur de l’association Nantes Atlantique pour l’information scientifique

 

 

les sciences et techniques

 

USA : recherche sur les cellules souches embryonnaires

un vote favorable de la chambre des représentants pour un financement fédéral

 

Un vote de la chambre des représentants US demande, par 238 voix contre 194, une augmentation du budget public de la recherche pour financer la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Cette majorité est néanmoins trop courte pour contrecarrer la mise en œuvre éventuelle du droit de veto par le président G.W. BUSH. Ce dernier a indiqué qu’il ferait usage de son droit si le Sénat confirmait ce vote de la Chambre des Représentants ; ce serait ainsi la première fois qu’il ferait usage de ce droit.

 

On notera qu’un certain nombre de conservateurs républicains, généralement sensibles aux arguments du lobby PRO VIE (constitué de catholiques et de fondamentalistes protestants), ont néanmoins émis un vote favorable. On se rappellera qu’il n’est question ici que du financement fédéral et qu’il n’y a aucune loi s’opposant à la poursuite d’une telle recherche sur le territoire des Etats-Unis, ainsi qu’elle se développe en un certain nombre d’Etats comme la Californie.

 

BBC NEWS http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/2/hi/americas/4576407.stm

 

Cancer et dysfonctionnements mentaux

 

D’après une équipe de University of Southern California qui a publié ses travaux dans le  Journal of National Cancer Institute les patients ayant survécu, après traitement, à un cancer sont plus exposés que les autres à des risques de dysfonctionnements mentaux.

 

Comme usuellement pour ce genre d’études, cette corrélation a été établie en examinant des jumeaux et en interrogeant le caractère significatif des écarts constatés. Dans cette étude 702 patients ayant survécu à un cancer après traitement ont été comparés à leurs jumeaux qui n’avaient pas développé de cancer. Ainsi, par exemple, souligne le Professeur Lesley Fallowfield, du Cancer Research UK, en commentant cette étude, 15 % des survivants présentent des symptômes de démence contre 9 % dans la population des jumeaux sains.

 

Corrélation n’est pas causalité. Des hypothèses ont été émises et, notamment, les effets secondaires possibles sur le long terme de traitements lourds comme les chimiothérapies ont été évoqués. Néanmoins rien ne permet d’envisager que de telles hypothèses seraient fondées, ne serait-ce par exemple que parce que les facteurs de risque augmentant la probabilité de développement de cancer (tabac, alcool, etc.) pourraient très bien se révéler être également des facteurs de risque augmentant la probabilité de développer des dysfonctionnement mentaux.

 

Cette étude ne doit donc en rien inciter un malade atteint d’un cancer à refuser le traitement qu’on lui propose.

 

BBC NEWS http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/2/hi/health/medical_notes/4596029.stm

 

Une « potion magique » pour donner la confiance ?

 

Depuis le temps que nos politiciens, pour tonifier la croissance ou gagner leurs referendums, s’arrachent les cheveux pour « redonner la confiance » aux citoyens (consommateurs et électeurs), les plus manipulateurs d’entre eux pourraient être tentés d’utiliser la potion qu’ont testée, ainsi que nous l’apprend la revue Nature, des chercheurs de l’université de Zurich sous la direction du Dr. Ernest FEHR.

 

Le secret du breuvage se logerait dans une petite protéine du nom d’ocytocine, composée de 9 acides aminés et produite dans la région du cerveau appelée hypothalamus. (http://www.dictionnaire-biologie.com/biologie/definition_101.html.

 

Cette molécule, connue depuis près d’un siècle, est régulièrement associée à la reproduction (attirance sexuelle, fidélité, comportement maternel, etc.), à un rôle régulateur des rapports sociaux, voire à la gestion du stress par le biais notamment des massages. (http://www.expasy.org/prolune/instantanes/2004/12/loxytocine.shtml )

 

Les chercheurs suisses ont testé le rapport de cette molécule avec un comportement confiant, en créant un jeu test,avec des ressorts de motivation financiers (on l’aurait presque deviné J ) entre des investisseurs et des gestionnaires de fonds.

 

Le groupe test était constitué de 58 volontaires, une moitié jouant le rôle d’investisseur, et l’autre moitié celui de gestionnaire de fonds. Ces volontaires ont tous inhalés un spray nasal, à base d’ocytocine pour une moitié de chaque catégorie, et de placebo pour l’autre moitié. Bref, un test classique.

 

Confrontés aux mêmes scénarios de jeux 45 % des investisseurs « dopés à l’ocytocine » ont témoigné d’une confiance maximale envers leur gestionnaire de fonds (contre 21 % des investisseurs ayant inhalé un placebo). Aucune différence comportementale significative n’a été décelée parmi la population des gestionnaires de fond suivant une inhalation de la molécule ou du placebo. Par ailleurs, aucune différence comportementale significative (soit aucun effet de l’ocytocine) n’a été décelée au sein des investisseurs lorsqu’ils ont joué « avec un ordinateur » plutôt qu’avec un gestionnaire de fonds personne physique.

 

Ainsi cette expérience suggère que la molécule favorise les interactions sociales positives plus qu’elle n’incite à prendre davantage de risques.

 

C’est pourquoi, dans le même journal, le Dr Antonio Damasio du Département de  Neurologie de University of Iowa College of Medicine, évoque les craintes que d’aucuns pourraient développer de voir nos politiciens épandre généreusement un spray à base d’ocytocine sur les foules afin de les convaincre de se rallier à leurs choix …

 

BBC NEWS http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/2/hi/health/4599299.stm

 

Génétique et orientation sexuelle

les femelles drosophiles ne draguent pas … sauf si …

 

 

Cover ImageCe sujet est éminemment controversé au sein de notre espèce et les travaux récents de l’institut de biotechnologie moléculaire de l’académie autrichienne des Sciences, publiés dans Cell et popularisés par Nature, vont probablement relancer les polémiques, même s’ils ne concernent que la charmante mouche drosophile.

 

En effet, la manipulation d’un seul gène, le gène fruitless (fru), entraîne un changement radical et spectaculaire du comportement sexuel des mouches drosophiles.

 

Usuellement, le mâle drosophile fait une cour démonstrative à la femelle ; celle-ci y répond favorablement, le plus souvent, sauf copulation récente ; la femelle, elle, ne courtise jamais les mâles (ça ne se fait pas chez les drosophiles :-) ).

 

Implantez chez la femelle drosophile la version masculine du gène fruitless (fru) et vous verrez la femelle se mettre à courtiser les autres femelles (ou les mâles modifiés génétiquement pour émettre des phéromones féminines).

 

 

Implantez chez le mâle drosophile la version féminine du gène fruitless (fru) ; il cessera alors de courtiser quiconque et adoptera un comportement sexuel passif.

 

Ces modifications génétiques ne s’accompagnent d’aucune modification de la morphologie des mouches mais semblent avoir un impact sur leur système nerveux.

 

Les chercheurs, Ebru Demir et Barry J. Dickson, ne savent pas encore répondre à la question de savoir comment ce gène peut exercer une telle influence sur le comportement sexuel.

 

CELL http://www.cell.com/content/article/abstract?uid=PIIS0092867405004071

 

news at nature.com - the best in science journalism http://www.nature.com/news/2005/050531/full/050531-9.html

 

neurosciences – 6 juin 2005 - lancement de la mission Blue Brain

objectif : simuler le cerveau humain avec l’aide d’un superordinateur

 

La société IBM (Yorktown Heights, NY) et l’école Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL, Lausanne, Confédération Helvétique) ont signé le 6 juin 2005 un accord de partenariat afin, dans un premier temps, de réussir à simuler avec un superordinateur la brique élémentaire du cerveau humain.

 

La Faculté des Sciences de la Vie  de l’EPFL s'articule autour de deux grandes thématiques, une dédiée aux neurosciences (neurosciences cognitives, simulation de réseaux neuronaux et étude des maladies neurodégénératives), la deuxième s'intéressant à la biologie du développement (génomique comparative, cellules souches, etc.). Son Institut des Neurosciences (Brain and Mind Institute), dirigé par le Professeur Henry Markram a pour objet la génomique des fonctions cérébrales complexes.

Le projet est donc d’adosser la plus grande base de données mondiale de neurones, réunie à l’institut des neurosciences BMI, à la plus grande puissance d’ordinateur existant à ce jour (le Blue Gene d’IBM, capable de 22800 milliards d’opérations par seconde, soit 22,8 teraflops).

 

Il s’agit ainsi de commencer par la réalisation de simulations des unités de bases du réseau du néocortex puis de construire des colonnes néocorticales et de faire fonctionner tout ça sur ce superordinateur. Le néocortex est la  portion du cortex qui constitue de loin la plus grande portion du cortex chez les primates (explorer le site francophone consacré au cerveau de la faculté canadienne McGill); il est considéré comme le centre des fonctions cognitives du cerveau. Chaque unité de base compte de 10 à 70 000 neurones.  Il s’agira ensuite de dupliquer des milliers de dois ces unités de base pour simuler un réseau néocortical complet. Le projet devrait se dérouler sur plus d’une dizaine d’années

 

Sources :

http://www.newscientist.com/article.ns?id=dn7470

http://actualites.epfl.ch/index.php?module=Presseinfo&func=view_com&id=261

des photos : http://domino.research.ibm.com/comm/pr.nsf/pages/rsc.bluegene_cognitive.html

http://www.lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_05/i_05_cr/i_05_cr_her/i_05_cr_her.html

Faculté des Sciences de la Vie de l’école Polytechnique Fédérale de Lausanne http://sv.epfl.ch/

Institut des Neurosciences de l’EPFL : http://bmi.epfl.ch/ 

 

Chaud devant …

de l’influence de l’acide désoxyribonucléique sur l’orgasme féminin,

et de l’influence de la pornographie sur la fertilité masculine.

 

Les éditions du 8 juin 2005 de Nature et du New Scientist plongent au cœur de la sexualité humaine puisqu’elles mettent en lumière d’une part la forte influence génétique sur la capacité féminine à atteindre l’orgasme et d’autre part le rôle positif que pourrait jouer la pornographie hétérosexuelle sur la fertilité masculine.

 

de l’influence de l’acide désoxyribonucléique sur l’orgasme féminin …

 

Selon une étude publiée dans Biology Letters portant sur 4000 femmes âgées de 19 à 83 ans, dont 700 paires de vraies jumelles (ADN identique), hétérosexuelles ou homosexuelles (3% de femmes homo ou bisexuelles), au moins un tiers, et jusqu’à 45 % des différences entre femmes dans leur capacité à atteindre l’orgasme durant une relation sexuelle ou par masturbation pourrait être expliqué par les gènes. (voir détails, en anglais, dans les liens sur les articles du New Scientist et de Nature).

 

Ces résultats intéressent les scientifiques à double titre.

 

Tout d’abord sur le plan de la connaissance ; en effet autant l’atteinte de l’orgasme masculin est indispensable pour la reproduction, celui de l’orgasme féminin n’est pas nécessaire. Or il existe néanmoins chez la femme comme chez des femelles de quelques autres primates ; une question récurrente est de savoir quel pourrait être l’avantage adaptatif éventuel de cet orgasme ; des psychologues, et notamment des psychologues évolutionnistes ont avancé des hypothèses diverses ; cette étude pourrait apporter des arguments de poids à la théorie développée par Elisabeth Lloyd de l’ Indiana University à Bloomington IN (USA) selon laquelle l’orgasme féminin existant chez quelques primates dont notre espèce serait un écho accidentel de l’orgasme masculin, un peu comme les mamelons des mâles sont des échos inutiles des mamelles des femelles.

 

Ensuite, accident ou pas, c’est quand même sympa, et, alors que des molécules, comme le Viagra de Pfizer, ont pu être développées pour venir au secours des difficultés érectiles masculines, il n’existe pas encore d’assistance moléculaire aux dysfonctionnements d’ordre sexuel féminins. La poursuite de cette voie génétique pourrait en donner des clés. A quand l’orgasme génétiquement modifié (OGM) ? :-)

 

de l’influence de la pornographie sur la fertilité masculine …

 

Que cela sonne bien ou mal à des oreilles chastes, il semble désormais établi que le sperme de mâles humains regardant des photos démonstratives de deux hommes nus avec une femme nue est de meilleure qualité que celui de mâles regardant des photos ou seules des femmes figurent.

 

Leigh Simmons et Sarah Kilgallon, de University of Western Australia, Perth (Australie) ont mis cette influence en évidence au détour d’une étude réalisée (pour un autre objectif) sur 52 hommes hétérosexuels. Le laboratoire a mis à disposition de ces volontaires un jeu de photos explicites mettant en œuvre deux hommes et une femme, pour les unes, et mettant en œuvre trois femmes, pour les autres ; il leur a été demandé de fournir un échantillon de sperme à l’issue de leur examen studieux. Il n’a pas été décelé de différence significative sur le nombre de spermatozoïdes entre les deux populations, par contre les chercheurs ont mis en évidence que le facteur image expliquait à lui seul 90 % des différences de mobilité constatées des spermatozoïdes, ce qui est un facteur clef de la fertilité.

 

Ceci n’est a priori en rien une surprise; l'impact positif sur la qualité du sperme de la mise en compétition des mâles (car ce sont de tels mécanismes que déclencheraient la confrontation à des photos de pornographie mixte) a pu être constaté chez d’autres espèces animales (par des essais en situation que des raisons éthiques évidentes rendent plus difficilement envisageables chez l’être humain). Néanmoins ces résultats ne peuvent être considérés comme acquis sur un échantillonnage aussi réduit, et, par delà, leur validation, il n’est pas certain que toutes les candidates à la maternité soient prêtes à ajouter cette pratique à la mise en condition de leur compagnon ...

 

Sources (en anglais) :

 

orgasme féminin et génétique

 

New Scientist : http://www.newscientist.com/article.ns?id=dn7481

Nature : http://www.nature.com/news/2005/050606/full/050606-4.html

Elisabeth Lloyd : http://www.indiana.edu/~animal/speakers/lloyd.html

 

pornographie hétérosexuelle et fertilité masculine

 

news at nature.com - the best in science journalismhttp://www.nature.com/news/2005/050606/full/050606-5.html

 

Une grossesse réussie après greffe de tissu ovarien

 

Une première pour le St Luke’s Hospital de St Louis (Missouri, USA) : Anna Grace (photo disponible sur le site en lien) est le premier bébé né après transplantation de tissu ovarien d’une personne à une autre.

 

Sa maman, Stéphanie, était devenue stérile (ménopause précoce) dès l’âge de 14 ans alors que sa soeur jumelle monozygote (« vraie jumelle »), Mélanie, ne l’était pas et était mère de trois enfants.

 

La transplantation de tissu ovarien a été effectuée à l’hôpital St Luke de St Louis en Avril 2004 et Stéphanie, qui était infertile jusque là, connût dès lors ses premiers cycles. Mélanie avait déjà procédé à un don d’ovaires à sa soeur mais cela n’avait pas marché, alors que le don et la greffe de tissu ovarien a permis le succès du projet de maternité de Stéphanie.

 

Sources (en anglais) :

BBC NEWS http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/2/hi/health/4078314.stm

 

news at nature.com - the best in science journalism http://www.nature.com/news/2005/050606/full/050606-7.html

 

Un espoir pour le développement durable : l’énergie lithoélectrique

 

 

 

En arasant les montagnes, on aplanirait les difficultés énergétiques de la planète... du moins là où le relief s’y prête, et en oubliant les contingences matérielles !

Extrait : De quoi notre avenir énergétique sera-t-il fait ? De centrales nucléaires ? De centrales solaires ? De barrages hydroélectriques ? D’éoliennes ? Quoi qu’il en soit, il est grand temps de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables. À problème de taille, idée nouvelle : le physicien américain David Jones a proposé il y a quelques années une révolution énergétique s’inspirant des mécanismes à l'œuvre dans l'hydroélectricité. Mais il ne s’agit pas d’eau, ni de vin ! Selon D. Jones, notre futur réside dans l'énergie potentielle de gravitation des montagnes.

 

Pour la Science : http://www.pourlascience.com/index.php?ids=fHbBfZgoslprxfMwqWQF&Menu=Pls&Action=3&idn3=4449

 

Déclaration commune des présidents des académies des sciences

des pays du G8+3 pour une réponse mondiale aux changements climatiques

 

 

Ci après un résumé en français (sous ma responsabilité [MN]) de la déclaration des présidents des académies. Le texte intégral (en anglais) peut être trouvé à http://nationalacademies.org/onpi/06072005.pdf

 

Il y aura toujours des incertitudes dans la compréhension d’un système aussi complexe que le climat de la planète. Cependant la réalité d’un réchauffement global significatif ne fait désormais plus aucun doute. Cette évidence provient tant de mesures directes de température de l’atmosphère et de l’eau des océans que de la constatation de phénomènes aussi variés que l’élévation globale moyenne du niveau des océans, le recul des glaciers, et les changements constatés chez de nombreux systèmes physiques et biologiques. Il est probable que la plus grande partie du réchauffement des récentes décennies peut être imputé aux activités humaines. Ce réchauffement a déjà conduit à des changements dans le climat de la terre.

 

L’existence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est nécessaire pour la vie terrestre – en leur absence la température serait inférieure de 30 degrés centigrades à celle qu’elle est aujourd’hui. Mais les activités humaines génèrent désormais des concentrations de gaz à effet de serre bien supérieures à celles existant à l’aire préindustrielle.

 

La compréhension scientifique du changement climatique est désormais suffisamment claire pour justifier que les nations mettent en œuvre des actions rapides. Il est vital que toutes les nations identifient les étapes à la fois efficaces et acceptables sur le plan des coûts qu’elles peuvent prendre maintenant pour contribuer à une réduction substantielle et pérenne des émissions nettes globales de gaz à effet de serre.

 

La plupart des composantes du système climatique répondent lentement aux modifications des concentrations des gaz à effet de serre. Même si les émissions de gaz à éffet de serre étaient stabilisées immédiatement, le climat continuerait à évoluer en réponse à l’augmentation des émissions des dernières décennies. Des modifications climatiques sont en tout état de cause déjà inévitables et les Nations doivent s’y préparer.

 

Les changements climatiques projetés auront des effets à la fois favorables et défavorables à une échelle régionale, par exemple sur les ressources en eau, l’agriculture, les écosystèmes naturels et la santé humaine.

 

Plus les changements seront rapides et amples, plus il est probable que les effets nuisibles domineront.

 

Les présidents des académies nationales des sciences signataires invitent toutes les nations à prendre des mesures rapides pour réduire les causes des changements climatiques et s’adapter aux impacts de ces changements, et à s’assurer que ces conclusions soient parties prenantes de toutes les stratégies nationales et internationales appropriées. Rappelant la disponibilité des académies nationales des sciences en appui des gouvernements pour aider à développer et mettre en place les réponses nationales et internationales au défi que représentent ces changements climatiques, les présidents des académies nationales des sciences signataires demandent aux dirigeants qui seront présents au sommet du G8 de Juillet d’acter que les menaces sur le climat et ses impacts sont désormais claires et en augmentation, et d’engager un plan d’action mobilisant l’ensemble des ressources scientifiques et technologiques.

 

10 000 ans et 1200 gènes : Homo fabrique le maïs à partir de la téosinte

 

Avant de pouvoir arriver aux possibilités d’amélioration génétique des semences, l’homme n’a guère eu d’autre moyen pour obtenir le maïs moderne (comme les autres végétaux de notre consommation alimentaire) qu’une sélection aussi patiente qu’impitoyable tout au long de plus de dix mille ans ; c’est ce qui a donné la plante que nous connaissons aujourd’hui.

 

L’ancêtre sauvage du maïs est connu ; il s’agit de la plante fourragère portant le nom de téosinte.

 

Si l’effet de ces millénaires de domestication est visible à l’œil nu (taille des épis, faible égrenage, coque des graines moins épaisses, etc.), à l’ère génétique la question immédiate qui se pose est : « en termes de gènes, qu’est-ce qui sépare le végétal obtenu par sélection de son ancêtre sauvage » ?

 

En comparant des « marqueurs » génétiques entre les plants « sauvages » et les plants « domestiqués », les chercheurs de l’Université de Californie à Irvine ont pu voir une réduction significative (de moitié) de la diversité de ces marqueurs, traduisant dans l’histoire de ce végétal le goulot d’étranglement génétique que la sélection artificielle a opéré. De l’ordre de 1 200 gènes (seulement, mais déjà) sont impliqués dans cette domestication sur un total de 59 000 gènes que compte le génome du maïs.

 

 

Source : France-science futura sciences http://www.futura-sciences.com/news-poignee-genes_6531.php

 

Découvertes entomologiques rares sur une île perdue du Pacifique

 

Vanikoro est une petite île de 190 km2 située au Nord des îles Vanuatu, dans le Pacifique. C’est là qu’Henri-Pierre Aberlenc, entomologiste au Cirad, a découvert parmi de nombreux insectes, la larve encore inconnue d’un coléoptère ainsi que plusieurs nouvelles espèces d’insectes, dans le cadre d’une opération d’envergure destinée à éclairer le destin final de Lapérouse à la fin du XVIIIe siècle. …

 

lire la suite et voir de magnifiques photos d’insectes sur

http://www.futura-sciences.com/news-decouvertes-entomologiques-rares-ile-perdue-pacifique_6500.php

 

Contribution de la génétique à l’histoire du peuplement humain de Madagascar

un article du site futura sciences (source CIRS)

 

La moitié des lignées génétiques des habitants de Madagascar viendrait d’individus en provenance de Bornéo, situé à plus de 7.000 kilomètres, alors que l’autre moitié viendrait d’individus originaires d’Afrique de l’Est. L’île de Madagascar se situe à 400 kilomètres de l’Afrique et 6.400 kilomètres de l’Indonésie. En raison de son isolement, la plupart des mammifères qui y vivent, la moitié des oiseaux et la plupart des plantes, n’existent nulle part ailleurs sur la planète. Une nouvelle étude, publiée dans l’American Journal of Human Genetics, montre que les habitants humains de Madagascar présentent aussi des spécificités.


"Pour la première fois, il a été possible de déterminer, sur la base des lignées génétiques de la population malgache, ses origines géographiques probables, avec un haut degré de confiance," indique le Dr Matthew Hurles, du Wellcome Trust Sanger Institute. Cette population s’avère être un mélange à 50/50 de deux groupes ancestraux. "Il est important de réaliser que ces lignées se sont mélangées durant des siècles depuis le peuplement de l’île," ajoute-t-il. Les indices archéologiques montrent que ce peuplement est récent : il remonte à 1.500 ans.


Afin de mener leurs travaux, l’équipe de chercheurs, appartenant aux universités de Cambridge, Oxford et Leicester, s’est basée sur deux types de marqueurs d’ADN : les chromosomes Y, hérités seulement par les hommes, et l’ADN mitochondrial, hérité seulement par les femmes. Ils ont ainsi étudié le degré de similarité génétique entre les malgaches et les diverses populations de l’océan Indien. La série de chromosomes Y non africains trouvés chez les Malgaches était beaucoup plus proche de la série des individus de Bornéo que de n’importe quelle autre population. "De manière similaire, il s’est avéré, par le biais de l’ADN mitochondrial, que les centres de gravité des origines étaient les îles de l’Asie du Sud-Est ou l’Afrique sub-saharienne", explique le Dr Peter Foster, de l’Institut McDonald pour la recherche archéologique (Université de Cambridge).


"La langue malgache suggérait déjà des connexions indonésiennes, la langue la plus proche étant la langue Maanyan, parlée au sud de Bornéo," indique Hurles. L’étude génétique va dans le sens de cet argument linguistique. En outre, la structure de la population de Madagascar constitue un aperçu fascinant de l’histoire humaine, en termes de mouvement et de mélange, et un témoignage des capacités remarquables des populations anciennes à entreprendre de longues migrations à travers l’océan. Les substantiels déplacements qui eurent lieu à partir de l’Asie du Sud-Est lors d’une période allant de moins 2.000 à moins 1.500 ans par rapport à aujourd’hui, tels que suggérés par l’étude, constituent une illustration des migrations à partir de cette région en direction du Pacifique, de la Micronésie et de la Polynésie, 1.000 ans plus tôt.

 

http://www.futura-sciences.com/news-particularites-genetiques-habitants-madagascar_6513.php

 

Une étude génétique internationale afin de retracer les migrations humaines

un article du site futura sciences (source France-science)

 

La National Geographic Society (NGS), IBM et la Waitt Family Foundation ont décidé de lancer une étude génétique internationale afin de retracer les flux migratoires humains au cours du peuplement de la planète.


Le programme, baptisé Genographic, a un budget de 40 millions de dollars sur cinq ans, la Waitt Family Foundation jouant un rôle clef dans le financement. Il regroupera, sous la direction de Spencer Wells de la NGS, des généticiens des populations d'Afrique du Sud, d'Australie, du Brésil, de Chine, des Etats-Unis, de France, d'Inde, du Liban, de Russie et du Royaume-Uni.

Dix centres de recherche seront installés dans le monde pour effectuer les analyses génétiques de 100000 échantillons d'ADN collectés auprès des populations indigènes et de volontaires. Le public pourra volontairement participer au projet à travers l'achat d'un kit de prélèvements (les bénéfices éventuels serviront alors à des recherches additionnelles et des projets pédagogiques) ; les informations récoltées seront traitées et intégrées de façon totalement anonyme dans une base de données et les résultats mis à la disposition de tous.

 
Grâce aux marqueurs génétiques identifiés, les responsables de Genographic espèrent reconstituer les liens de parenté de l'homme moderne et peut-être mettre en évidence de nouvelles routes migratoires.


La société IBM quant à elle fournira l'infrastructure et l'expertise informatique nécessaire à ce type d'étude. Ses chercheurs du Computational Biology Center mettront notamment à disposition des outils logiciels de traitement et de tri de l'information. L'initiative ne recueille cependant pas l'adhésion de tous les généticiens, certains regrettant par exemple l'absence de cellules immortalisées qui auraient pu servir pour des études ultérieures. Il faut noter que le programme s'interdit toute connotation de recherche médicale, pour laquelle aucun des protagonistes n'a de qualification.

http://www.futura-sciences.com/news-migrations-humaines-sous-oeil-genetique_6152.php

 

cellules souches et maladie de Parkinson : nouveau pas franchi par le CNRS

Les travaux d'une équipe de l'Institut Pasteur, associée au CNRS, publiés le 13 juin 2005 dans Nature Neuroscience, ouvrent des perspectives importantes pour le développement de thérapies cellulaires de réparation du cerveau. Ces chercheurs ont en effet réussi à provoquer chez la souris la transformation de cellules souches neuronales du cerveau adulte en neurones capables de sécréter la dopamine, molécule qui fait défaut dans la maladie de Parkinson.

 

La maladie de Parkinson est due à la dégénérescence des neurones produisant la dopamine dans le cerveau. Cette maladie extrêmement invalidante affecte près de 4 millions de personnes dans le monde et son incidence croît dans les pays industrialisés avec l'amélioration de l'espérance de vie. Récemment, la découverte de l'existence de cellules souches dans le cerveau adulte a soulevé de nouveaux espoirs dans le développement de thérapies cellulaires. L'équipe de Pierre-Marie Lledo à l'Institut Pasteur (Unité "Perception et Mémoire", CNRS URA 2182) avait ainsi démontré que le cerveau adulte fabrique des neurones capables d'y établir de nouvelles connexions et que l'on pouvait guider ces neo-neurones vers des régions précises du cerveau . Pour appliquer ces découvertes au traitement de lésions ou de maladies du cerveau, il restait encore à s'assurer que les neo-neurones ainsi recrutés produiront bien la molécule réparatrice nécessaire comme la dopamine pour le traitement de la maladie de Parkinson.

 

Les chercheurs de l'équipe du Dr. Pierre-Marie Lledo, en collaboration avec l'équipe du Dr. Magdalena Götz de l'Université de Munich, en Allemagne, viennent de montrer chez la souris qu'ils pouvaient provoquer la différenciation de cellules souches neuronales en neurones dopaminergiques. Ils ont réussi à orienter la maturation de la totalité des néo-neurones d'une zone très précise du cerveau en neurones sécrétant la dopamine, en y déclenchant l'expression d'une molécule particulière, le facteur de transcription PAX6. Leurs expériences ont été suivies dans le bulbe olfactif qui est un des rares tissus cérébraux où l'on observe chez l'adulte le recrutement de nouveaux neurones.

 

« Nos travaux pourraient contribuer à élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques permettant de choisir le destin cellulaire des neurones nouvellement formés puis de les détourner depuis leur zone germinative vers les régions à réparer.», commente le Dr. P.-M. Lledo.

 

Ces résultats ouvrent des perspectives considérables pour le traitement de maladies neurodégénératives alliant une approche de thérapie génique (en orientant le devenir de cellules souches), avec celle d'une thérapie cellulaire (en conduisant ces cellules vers une région du cerveau déterminée). Les chercheurs vont désormais tester sur des modèles animaux de la maladie de Parkinson la faisabilité de telles thérapies.

 

 http://www2.cnrs.fr/presse/communique/700.htm

 

 

 

les croyances et pseudosciences

 

Créationnisme : pas qu’aux States

 

La ministre de l’Education néerlandaise Maria van der Hoeven a suscité la polémique, le samedi 21 mai, alors que l’AFIS était en assemblée générale (mais nous ne l’avons su que le lundi grâce à l’AFP) en affirmant souhaiter un débat sur l’évolution des espèces décrite par Charles Darwin et les théories de la création et de «l’intelligence supérieure » (traduction de l’expression «intelligent design »).

 

La ministre chrétienne-démocrate affirme que «nous devons reconnaître que la théorie de l’évolution n’est pas complète et que nous découvrons encore de nouvelles choses », dans un entretien publié par le quotidien national Volkskrant (centre-gauche).

 

Elle indique vouloir organiser un débat à l’automne entre les défenseurs de l’évolution, qui est généralement enseignée dans les écoles néerlandaises, et les partisans du créationnisme et de «l’intelligence supérieure ».

 

Pour les tenants de cette théorie basée sur des fondements religieux et non scientifiques, la sélection naturelle décrite par Darwin ne peut suffire à expliquer la perfection du code génétique ni l’équilibre naturel de la vie sur Terre. Ils évoquent alors une «force intelligente supérieure » comme étant à l’origine de la création.

 

Les déclarations de la ministre de l’Education ont suscité de très vives critiques, même si Mme van der Hoeven a précisé qu’elle ne veut pas introduire la théorie d’une intelligence supérieure dans l’enseignement.

 

Le professeur néerlandais de génétique Ronald Plaskerk a regretté que la ministre n’ait pas la capacité de séparer ses convictions religieuses et l’Etat.

 

«Avec ces déclarations, la ministre nous ramène en arrière », a affirmé à l’agence de presse néerlandaise ANP la députée centriste Ursie Lambrechts dont le parti appartient à la coalition gouvernementale. «Il y a six ans nous nous sommes mis d’accord pour que la théorie de l’évolution soit enseignée dans toutes les écoles, la ministre donne aujourd’hui l’impression que la théorie de l’intelligence supérieure est tout aussi crédible », a-t-elle regretté.

 

La semaine précédente, les déclarations du recteur d’une école protestante de Groningen (nord) interdisant à ses professeurs de prendre position en faveur de la théorie de l’évolution avaient déjà fait des remous aux Pays-Bas

 

Source AFP reprise par :

 

http://www.topchretien.com/topinfo/affiche_info_v2.php?Id=8928

http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-05-23/2005-05-23-634809

 

 

Sanal EDAMARUKU,  président de Rationalist International

interviewé par la BBC à propos du nouveau pape des catholiques

 

"Nous n'attendons aucun changement. Le Pape a été le conseiller et l'exécuteur doctrinal de son prédécesseur pendant 23 ans sur 26. Il continuera à être une plaie pour l'humanité avec ses conceptions inhumaines sur la sexualité, le contrôle des naissances, l'avortement et l'euthanasie. Il continuera à essayer de saboter l'esprit critique pendant des générations, et de démolir leur amour-propre et leur libre arbitre. Il combattra pour la soumission et l'irrationnel et contre la propagation triomphante du rationalisme. C'est sa mission. Il est le pape. Nous ferons de notre mieux pour accélérer son échec." (21 avril 2005)

 

Extrait de Rationalist International Bulletin # 143.

L'abonnement est gratuit en envoyant un mail vide à l'adresse suivante indiquant SUBSCRIBE dans le sujet.

Rationalist International Bulletin (Français): Rationaliste-subscribe@yahoogroups.com 
 

 

Kerywan, 16 mois, mort de faim au nom de croyances antimédicales
un article de François Koch dans l’Express

Au nom de croyances antimédicales, des parents ont laissé mourir leur fils de 16 mois et demi. Procès à Quimper

Le 12 novembre 2000, à 21 h 32, Pascale et Ronan Boucher appellent le centre de secours de Moëlan-sur-Mer (Finistère). Leur fils, Kerywan, 16 mois et demi, souffre de grosses difficultés respiratoires. L'enfant décède une heure plus tard. Il a le poids d'un bébé de 4 mois. L'autopsie révèle que la mort est due à une «infection aiguë secondaire à une malnutrition chronique particulièrement sévère». Incarcérés pendant huit mois, les parents sont mis en examen pour «privation de soins ou d'aliments suivie de mort d'un mineur par ascendant», et les trois médecins homéopathes qu'ils avaient consultés pour «non-assistance à personne en péril». Tous les cinq comparaissent devant la cour d'assises de Quimper du 30 mai au 3 juin. Aucun n'a accepté de répondre à L'Express.


Une «pata-médecine charlatanesque»

 

Cet événement ne serait qu'un sordide fait divers si l'instruction judiciaire du juge Richard Foltzer n'avait mis en évidence le rôle d' «une idéologie aux implications médicales», la kinésiologie, dont les époux Boucher étaient des apprentis gourous locaux. Les kinésiologues soutiennent que des tests et des exercices musculaires résolvent une multitude de problèmes de santé. Une «pata-médecine charlatanesque» dénoncée, dès 1998, par le psychiatre Jean-Marie Abgrall et, aujourd'hui encore, par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. «Je démontrerai la dangerosité de la kinésiologie», annonce Me Jean-Michel Pesenti, avocat de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu, partie civile.

 

Le procès de Quimper décryptera en tout cas une sorte d'autisme sectaire familial. Issus de milieux cultivés, Pascale et Ronan Boucher, 47 et 45 ans, ont suivi des études scientifiques, l'une en licence de physique-chimie, l'autre dans une école d'ingénieurs électroniciens. Malgré ce bagage, ils ont développé une méfiance hostile à l'égard de la médecine classique et tous deux sont devenus kinésiologues. Ils ont même affiné leur pratique en empruntant des théories à un célèbre gourou allemand, Ryke Geerd Hamer, condamné en France à trois ans de prison ferme après la mort d'une patiente. Ronan Boucher s'est en outre spécialisé dans les troubles psychologiques des juments provoqués par des saillies violentes! Quant à leur école de kinésiologie, elle propose même, en 2000, une formation de trois jours à… la nutrition.

 

Alors que la courbe de poids de Kerywan est dramatiquement plate, les Boucher consultent trois médecins, seulement des homéopathes - dont une retraitée, par fax. Pendant ses sept derniers mois, l'enfant n'est ausculté que deux fois. Pour leur défense, les parents plaident que c'était aux trois médecins de prescrire des examens ou une hospitalisation. Mais les trois praticiens étaient persuadés, disent-ils, que Kerywan était suivi par d'autres médecins, ce que laissaient entendre les époux Boucher. Le 12 août 2000, le Dr Jean-Michel Rosenstein voit arriver un «enfant du Sahel» et il croit que les parents ne viennent chercher que des soins palliatifs. Après coup, il assure au juge d'instruction avoir été «embobiné». Le procès d'assises de Quimper devrait montrer en quoi des croyances antimédicales associées aux fautes professionnelles de médecins peuvent produire un cocktail criminel.

 

http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/sectes/dossier.asp?ida=433289

 

DA VINCI CODE, théologiquement dangereux, ne sera pas tourné à Westminster

 

LONDRES (Reuters) - Les responsables de l'abbaye de Westminster n'ont pas autorisé les producteurs de l'adaptation cinématographique du best-seller "Da Vinci Code" à tourner des scènes dans leur cathédrale, jugeant le roman de Dan Brown :

 

"Le 'Da Vinci Code' est théologiquement dangereux et nous ne pouvons recommander ou approuver les suggestions religieuses et historiques contestables contenues dans le livre, pas plus que ses vues sur le christianisme et le Nouveau Testament", déclare l'Abbaye dans un communiqué.

 

"Il serait donc inopportun de filmer des scènes tirées du livre ici."

 

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=oddNews&localeKey=fr_FR&storyID=8654076

 

Jésus de Nazareth serait mort du syndrome de la classe économique

 

JERUSALEM (Reuters) - Selon un chercheur israélien, le professeur Benjamin Brenner, Jésus aurait succombé à une embolie pulmonaire, quelques heures après avoir été crucifié, et non à une hémorragie générale comme on le croyait jusqu'à présent.

 

Sa mort brutale est vraisemblablement due à un caillot sanguin qui a atteint ses poumons, un cas de figure qui résulte de l'immobilisation, de traumatismes multiples et de la déshydratation, estime le chercheur du centre médical Rambam de Haïfa.

 

"Cela correspond bien avec l'état de Jésus et c'est selon toute probabilité la cause majeure des morts par crucifixion", écrit-il dans le Journal de la thrombose et de l'hémostase, sur la foi de texte religieux et médicaux.

En 1986, le Journal de l'Association médicale américaine avait déjà supputé que Jésus avait souffert d'un caillot sanguin, mais conclu que sa mort résultait de la perte de son sang.

 

Rappelant que la recherche sur la coagulation sanguine avait fait des progrès remarquables depuis 20 ans, Brenner rapproche le cas de Jésus de celui d'un passager d'avion long-courrier.

 

Les passagers tenus à l'immobilité durant une longue période ont de fortes chances de développer des thromboses - une pathologie connue sous le nom de "syndrome de la classe économique".

 

D'autant, souligne-t-il, que Jésus est originaire de Nazareth, en Galilée, une terre où la thrombophilie - une prédisposition à développer des caillots sanguins - est commune.

 

Jusqu’où ira le délit de blasphème ?

 

Mon June 6, 2005 10:47 AM CEST

 

NEW DELHI (Reuters) - Les responsables du temple hindou de Thrissur, dans le Kerala, ont infligé une amende de 2.000 roupies (45 dollars) aux parents d'un bébé qui s'était soulagé sur sa maman alors qu'elle priait dans le sanctuaire, rapport le Times of India.

 

Estimant que les lieux avaient été profanés, les prêtres avaient organisé une séance spéciale de prières pour purifier le temple.

 

Mais, saisies par le père, les autorités, arguant qu'un nouveau-né n'était pas censé maîtriser sa vessie, ont contraint le temple à rembourser le montant de l'amende, acquittée par des fidèles compatissants en lieu et place du mécanicien désargenté.

 

« Intelligent design » : LATOUR dénonce le fondamentalisme … scientifique

 

Interrogé sur France-Culture, sur les procès engagés dans plusieurs États américains à propos de l’enseignement à l’école, contre le darwinisme, de la thèse de l’« intelligent design » (c’est-à-dire de la création divine), Latour affirme qu’il s’agit d’un « débat entre deux fondamentalismes, le fondamentalisme religieux et le fondamentalisme scientifique » et il ajoute qu’on en serait pas là si on n’avait pas opposé de « manière sotte », « le matérialisme et la religion ou la superstition ». Latour est un des penseurs écoutés chez les Verts et dans certaines fractions de la "deuxième gauche". Source : Denis Collin (http://brightsfrance.free.fr/denis.collin.htm ) , 10 juin 2005

 

Bruno Latour avait été déjà brocardé par nos amis Jean Bricmont et Alan Sokal dans Impostures intellectuelles. Dans notre rubrique Souvenirs souvenirs, nous reproduirons pour l’occasion  l’intégralité de la tribune que Jean-François Revel avait confiée au magazine Le Point lors de la sortie de ce livre en 1997 ; en lecture apéritive dégustons-en cette citation :

 

"Bruno Latour nous apprend, pour sa part, que le pauvre Einstein ne s’est pas compris lui-même. Heureusement, Latour vint pour révéler que " la théorie de la relativité est sociale de part en part ". Autrement dit, elles n’est pas scientifique. C’est une représentation sociale, un peu comme la chanson d’Elton John en l’honneur de Diana. Dans sa bonté, Latour rend à Einstein le service posthume de lui apporter la lumière. " Avons-nous appris quelque chose à Einstein ? " se demande-t-il en toute modestie. Oui, car " sans la position de l’énonciateur... l’argument technique d’Einstein lui-même est incompréhensible ". Qu’il le soit pour Latour paraît certain."

 

Bien sûr, Bruno Latour a bien (et doit avoir) le droit, tout comme nous, de penser, tout comme de dire et enseigner ce qu’il veut à qui veut bien l’entendre ; mais il est néanmoins légitime de nous interroger sur la signification politique d’un choix réalisé et confirmé par le ministère de l’industrie, toutes tendances gouvernementales confondues, qui considère de facto que les idées défendues par Bruno Latour sont les plus appropriées pour la formation des futurs ingénieurs de l'école des mines de Paris ... et donc en particulier de tous les futurs X-Mines, censés devenir l’élite de l’élite de notre politique industrielle, puisque c’est à lui qu’y est confié l’enseignement de la sociologie de l'innovation ... http://www.ensmp.fr/Fr/Recherche/Domaine/ScEcoSoc/CSI/CSI-infosGenerales.html 

 

La lithoélectricité tombe à l'eau et rejoint les poissons.

Jean-Michel Courty et Edouard Kierlik (Pour le Science) tiennent à rassurer  les lecteurs suite à la brève relative à l’énergie lithoélectrique : « Fruit de l'imagination débordante du professeur David Jones, la lithoélectricité est une fantaisie premièravrilesque qui n'a ni présent ni avenir. Nous tenons toutefois à préciser que tous les phénomènes évoqués existent réellement, que les chiffres avancés sont exacts et qu'aucune erreur de calcul n'est venue se glisser dans notre article. Dans l'esprit des nombreuses chroniques Daedalus de David Jones, nous avons cherché pour cet article du mois d'avril à pousser des lois physiques bien établies jusqu'à la frontière entre l'absurde et la vraisemblance. »

Pour la Science : http://www.pourlascience.com/index.php?ids=fHbBfZgoslprxfMwqWQF&Menu=Actus&Action=1&idn1= 

 

On lira un autre poisson d’avril de Pour la science à l’adresse internet :

Pour la Science : http://www.pourlascience.com/index.php?ids=fHbBfZgoslprxfMwqWQF&Menu=Pls&Action=3&idn3=4466  

Nous conseillons aux amoureux de l’album de la comtesse et de l’humour potache de suivre les liens pour lire le texte intégral puis les solutions pudiques – autrement dit ce même texte dans lequel les syllabes à inverser pour les contrepèteries ont été mises en caractère gras-.

 

« D’un point de vue religieux, ce que nous avons fait est très correct. »

 

AFP 16.06.05 | Une jeune religieuse roumaine est décédée jeudi au monastère orthodoxe "Sainte-Trinité" de Tanacu (nord-est), après avoir été crucifiée le 13 juin par un prêtre et quatre autres soeurs qui l’accusait d’être possédée par le diable, a indiqué la police de Vaslui.

 

Agée de 23 ans, Maricica Cornici a été retrouvée morte, enchaînée et baillonnée sur une croix, par le service d’ambulance qui avait été alerté par d’autres religieuses.

 

Selon une porte-parole de la police du département de Vaslui, Mihaela Straub, "la victime avait été dans un premier temps séquestrée dans une annexe du monastère, les pieds et les mains liés, sans eau ni nourriture pendant plusieurs jours". "Le pope et les quatre soeurs ont affirmé avoir voulu exorciser cette jeune religieuse, qui, selon eux, était possédée", a-t-elle ajouté.

 

"Elle était malade et possédée. Nous avons célébré des messes pour la désenvoûter. Donc, d’un point de vue religieux, ce que nous avons fait est très correct", a pour sa part affirmé à l’agence Mediafax le Supérieur du monastère de Tanacu, Mgr Daniel.

 

Contacté par l’AFP, un porte-parole du Patriarcat orthodoxe à Bucarest, Bogdan Teleanu, a estimé qu’il ne pouvait pas juger cet acte, car "je ne sais pas ce que cette fille a fait".

 

no comment …

 

Ce que nous avons fait est un « processus normal de révision »

manipulation de rapports scientifiques sur le climat dans l’équipe Bush

 

(Agence Science-Presse les 16 juin et 20 juin 2005 )

 

Philip Cooney était, à la Maison-Blanche, le responsable du Conseil de la qualité environnementale, dont la tâche est de rédiger et de promouvoir les positions du président et de ses ministres sur les questions environnementales. Auparavant, il était avocat lobbyiste pour l'industrie pétrolière.

 

Le New York Times a dévoilé dans son édition du 9 juin, sur la base de documents officiels,  que M. Cooney, avec sa formation d'avocat et sans aucune expérience en science, avait, à des dizaines de reprises en 2002 et 2003, retiré ou "ajusté" des résumés de recherches sur le climat, résumés pourtant déjà approuvés par des scientifiques du gouvernement.

 

Les "corrections" visaient à atténuer les liens entre le réchauffement et les émissions polluantes.

 

A titre d'exemple, les adjectifs "significatives et fondamentales" ont été ajoutés au mot "incertitudes". Une façon de faire croire au lecteur combien les incertitudes en climatologie sont plus "fondamentales" qu'on ne le prétend.

 

La Maison-Blanche a nié les accusations et affirme que les changements, puisqu'il y en a, font partie du "processus normal de révision inter-agences". En dépit des dénégations de la Maison-Blanche, Philip Cooney a annoncé sa démission le 11 juin. La Maison-Blanche a nié que cette démission soit liée aux révélations sur les "réécritures".

 

http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/cap1306053.html

http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/cap2006051.html

 

souvenirs, souvenirs

 

Les faux Prophètes, 1997, Jean-François Revel

(recension d'impostures intellectuelles de Alan Sokal et Jean Bricmont)

texte intégral de "les faux prophètes" emprunté sur le site de Patrick Peccatte

 

Le Point , 11 octobre 1997, pp. 120-121.

 

Les faux prophètes

 

Sciences humaines - Deux physiciens, Alan Sokal et Jean Bricmont, dénoncent l’arrogance, le jargon, le flou de la pensée des philosophes à la mode. " Impostures intellectuelles " est une attaque sans merci.

 

L’affaire, ou plutôt, l’explosion Sokal, depuis ses débuts, il y a dix-huit mois, a débordé le cercle des intellectuels pour atteindre celui du public qui les lit, ou les admire sans les lire. Elle restera devant la postérité comme un exemple d’évaluation expérimentale de la validité d’une culture ou d’une école.

 

Rappelons les faits - et le forfait. Alan Sokal, professeur de physique à l’université de New York, avait fini par se lasser de voir les mathématiques et la physique invoquées abusivement, sans pertinence ni compétence, par de faux prophètes en sciences humaines. Il était par ailleurs agacé par leur jargon, souvent vide de tout sens - mais c’est là un travers bien antérieur à notre époque. Pour soumettre à une épreuve les philosophes à la mode, il compose alors une parodie dans le style de leurs élucubrations, multipliant les exploitations erronées de notions mathématiques ou physiques et les imbécillités volontaires dans l’extrapolation de ces notions aux sciences sociales. Il truffe son canular de citations authentiques, sélectionnées pour leur absurdité et tirées des auteurs mêmes qu’il moque. Ces derniers sont pour la plupart français, hélas ! Sokal couronne son pastiche d’un titre ronflant, " Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique ", énoncé dépourvu de sens, mais non de bouffonnerie.

 

Puis il adresse son article à l’une des revues les plus prestigieuses dans les milieux universitaires américains, Social Text. Surprise : les directeurs de la revue et son comité " scientifique " ne s’aperçoivent pas de la supercherie. Ils publient avec empressement leur propre mise en boîte. Mieux : aucun des lecteurs de Social Text, à savoir le gratin des maîtres penseurs de l’Ancien et du Nouveau monde, ne flaire non plus l’horrible piège. Des semaines passent. L’expérience ayant réussi au-delà de toute attente, Sokal révèle, en mai 1996, qu’il s’agissait d’une sottise intentionnelle à fins démonstratives.

Aujourd’hui, dans " Impostures intellectuelles ", livre écrit en collaboration avec Jean Bricmont, un physicien belge, Sokal tire les enseignements de l’accablant succès de sa ruse. Bricmont et Sokal développent et précisent leurs critiques des auteurs " postmodernes " ou classés comme tels.

 

Par exemple, Jacques Lacan - l’ancêtre fondateur - recourt sans arrêt à des notions mathématiques qu’il ne comprend pas lui-même. Ecrivant : " Dans cet espace de jouissance, prendre quelque chose de borné, fermé, c’est un bien, et en parler c’est une topologie ". Lacan trace une phrase qui ne veut rien dire d’un point de vue mathématique et a fortiori moins que rien comme application des mathématiques à la psychologie. Il ne justifie par aucun raisonnement ses analogies entre topologie et psychanalyse. De plus, ses énoncés mathématiques sont par eux-mêmes dénués de sens.

 

Bruno Latour nous apprend, pour sa part, que le pauvre Einstein ne s’est pas compris lui-même. Heureusement, Latour vint pour révéler que " la théorie de la relativité est sociale de part en part ". Autrement dit, elles n’est pas scientifique. C’est une représentation sociale, un peu comme la chanson d’Elton John en l’honneur de Diana. Dans sa bonté, Latour rend à Einstein le service posthume de lui apporter la lumière. " Avons-nous appris quelque chose à Einstein ? " se demande-t-il en toute modestie. Oui, car " sans la position de l’énonciateur... l’argument technique d’Einstein lui-même est incompréhensible ". Qu’il le soit pour Latour paraît certain.

 

Deleuze et Guattari s’empêtrent pour leur part dans des distinctions entre équations linéaires et non linéaires qu’ils confondent, d’ailleurs, les unes avec les autres et dont ils font une application aux sciences humaines forcément des plus oiseuses. Lors de la guerre du Golfe, Baudrillard nous dévoile de son côté que " l’espace de la guerre est devenu définitivement non euclidien ". Comme les géométries non euclidiennes se construisent dans un espace purement conceptuel et différend de celui de notre perception, on aimerait savoir en quoi le Moyen-Orient se distingue géométriquement des autres parties du monde. Par un point donné, peut-on y mener une infinité de parallèles à une droite donnée ?

 

Sokal et Bricmont se demandent également comment Paul Virilio, tout en cherchant à épater le lecteur à l’aide de références scientifiques, peut confondre vitesse et accélération, deux notions soigneusement distinguées au début de chaque cours de physique élémentaire. Ils diagnostiquent chez Virilio un " mélange de confusions monumentales et de fantaisies déclinantes ", preuves à l’appui. Et ils s’étonnent donc que Le Monde écrive en 1984 : " Avec une érudition étonnante, qui mêle les distances-espaces et les distances-temps, ce chercheur [Virilio] ouvre un important champ de questions philosophiques, qu’il appelle la dromocratie (du grec dromos, vitesse). " Encore nos deux physiciens ne se sont-ils pas aperçus que, par dessus le marché, dromos, en grec, ne signifie pas du tout vitesse, mais course, ou encore lieu dans lequel se déroule une course. C’est tachos qui signifie vitesse.

 

Dresser le sottisier de la French theory, comme on nomme aux Etats-Unis cette forme de pensée, ou, pour mieux dire, cet ensemble de procédés, n’aurait été qu’un passe-temps satirique fort amusant, mais limité. Nos deux physiciens vont plus loin. Certes, arriver à refiler un faux à des faussaires, c’est déjà un peu venger l’art authentique. Mais il est préférable de rappeler ensuite avec énergie ce qu’est celui-ci.

 

Car toute l’arrogance postmoderne consiste à expliquer en termes sociologiques le contenu des théories scientifiques. Il n’y aurait pas de différences entre les croyances vraies et les croyances fausses. Selon l’un des postmodernes cités, par exemple, la rotation du Soleil autour de la Terre a été longtemps " considérée comme un fait ". Lequel a été remplacé " par un autre fait " : la rotation copernicienne de la Terre autour du Soleil. Les deux faits sont vrais - ou faux, comme on voudra. Donc un fait " considéré " comme vrai et un fait vrai se valent.

 

" Toute connaissance, écrit un autre des auteurs analysés dans ce livre, est produite par des sujets dans un contexte historique... La science manifeste certains choix, certaines exclusions dues notamment au sexe des savants. "

 

Voilà ce que décrète Luce Irigaray dans son piquant essai " Le sujet de la science est-il sexué ? ". La vérification expérimentale des lois dépend du sexe de l’expérimentateur.

En somme, tout se passe comme si, à la suite de l’échec de la philosophie, les philosophes voulaient montrer que la science aussi a échoué ; qu’il n’y a pas de différence entre le démontrable et l’indémontrable ; que tout énoncé résulte de conditions à la fois subjectives et sociales ; qu’il n’y a pas de vérité, mais seulement des opinions. Naturellement, les postmodernes se gardent bien d’attribuer ce relativisme à leurs propres théories. Ils nous les assènent avec une morgue dogmatique où le seul argument devient l’argument d’autorité, baptisé " audace ".

 

C’est pourquoi ils ont contre-attaqué en usant d’armes étrangères à l’intelligence, consistant surtout à traiter Sokal de réactionnaire " poujadiste ", et - cela ne saurait tarder - de sympathisant du Front national et de " révisionniste ". Pitoyables égarements ! Il est vrai, lorsqu’on a érigé la tricherie en système et qu’on est pris la main de la sac, comment riposter, sinon en changeant de terrain avec la plus constante mauvaise foi ? L’honnêteté intellectuelle serait un suicide. De plus, ce sont les postmodernes qui sont réactionnaires. Car s’il n’y a aucune différence entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, toutes les idées, tous les comportements deviennent légitimes, y compris le racisme et le totalitarisme. L’enracinement dans son identité définit la seule vérité et la morale ? C’est retomber dans les conceptions nazies. C’est tourner le dos à toutes les conquêtes de la vraie gauche depuis trois siècles.

 

Car, concluent Sokal et Bricmont, souvenons-nous qu’il y a bien longtemps il était un pays où des penseurs et des philosophes étaient inspirés par les sciences, pensaient et écrivaient clairement, cherchaient à comprendre le monde naturel et social, s’efforçaient de répandre ces connaissances parmi leurs concitoyens et mettaient en question les iniquités de l’ordre social. Cette époque était celle des Lumières et ce pays était la France ".

 

Jean-François Revel
de l’Académie Française

© Le Point, 1997.

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