anais     

le bulletin de l'  information scientifique

de l’ association nantes atlantique pour l’ information scientifique (anaisafis)

PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE                                                                  N° 19 –  DECEMBRE 2005 – JANVIER 2006

 

sommaire

 

OGM : la menace fantôme

Un mot de (mauvaise) humeur en guise d’éditorial

 

spécial gastronomie

 

 

Les Sciences et la gastronomie

Une introduction à ce dossier par le Chef Bertrand Simon

 

Les fondements de la gastronomie moléculaire

Un physicien au fourneau

Du verre.... au cerveau, la construction du « goût du vin »

La vigne et le vin en dvd

Une nouvelle clémentine pour la Corse

La truffe

La richesse en omégas 3 de la chair de poissons

Les huîtres triploïdes

Fromage

& Déssert

.

des brèves

 

Biotechnologie

Organismes Géniaux Médicalement
Un rapport de l’Afssa dévoile les bienfaits des OGM sur la santé !
Par Caroline Lepage, pour Futura Sciences, le 5 Août 2004

 

Il faut revenir sur la loi de bioéthique

Le clonage thérapeutique défendu par le Professeur Bernard Debré

Sciences et Avenir, Nouvel Observateur, entretien avec Michel de Pracontal

 

Réflexion sur la bioéthique

L'eugénisme de liberté défendu par le Professeur Bernard Debré

Le Quotidien du médecin  Dr Caroline Martineau

 

 

POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences

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ouest management, domaine d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,

site internet du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm

coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr

 

l’éditorial

 

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OGM : la menace fantôme

 

C’était le titre d’une brève de Futura-Sciences, du 9 octobre 2005 et je le fais volontiers mien pour cet éditorial.

 

Généralement la moindre rumeur  de « laboratoire indépendant » ayant décelé un début de « contamination »  de la nature pure et sans tâches par un essai plein champ de semence génétiquement améliorée se propage à une vitesse à faire pâlir un transgène …

 

C’est ce qui s’était passé en 2001 lorsque la rumeur, fondée sur un article que Nature1 avait effectivement accepté, se répandait sur toute la planète … ça y est … c’est fait … on l’avait bien dit … des transgènes se sont disséminés et menacent gravement la biodiversité : quatre épis de maïs collectés à Oaxaca (Mexique) contiennent des transgènes alors que la culture de maïs biotechnologique y est interdite.

 

Mais cet article est rapidement l’objet de critiques sévères sur la méthodologie employée et Nature reconnaît en 2002 que l’article initial aurait du être refusé. Cela, vous ne l’avez pas su. Une étude plus récente2 portant sur 153.000 grains de maïs de 870 épis différents collectés en 2003 et 2004 dans cette même région d'Oaxaca a été réalisée. Aucune trace d'ADN étranger n'a été détectée (limite de détection : 0,005%). Cela non plus, vous ne l’avez pas lu sur les sites d’ « information » sur les OGM. Pourtant c’était, là aussi, dans Nature et dans Science …

 

« Qu'est-il arrivé aux transgènes mis en évidence en 2001 ? » … demandait Futura Sciences mais cela non plus vous ne le saurez jamais … parce que  les échantillons qui ont déclenché l’alerte mondiale … ont été perdus …


No comment …

 

En 2005 le 400 millionième hectare de plantes transgéniques a été planté par un des 8,5 millions d’agriculteurs répartis dans 21 pays qui cultivent des plantes avec des semences génétiquement améliorées, portant la superficie désormais cultivée en plantes biotechnologiques à 90 millions d’hectares …  Il n’a toujours pas été possible d’attribuer ne serait-ce qu’un mal de tête à la consommation des OGM dans le monde … Les destructeurs de parcelles de recherche sur les semences sont relaxés par des tribunaux français au nom du principe de précaution …

 

Michel Naud


 Sources : Futura Sciences 9 octobre 2005 ; Nature 436, 760 (11 août 2005) ; Science 309, 2005, 1000

http://www.futura-sciences.com/news-ogm-menace-fantome_7255.php

1 Nature 416, 602

2 Proc Natl Acad Sci USA, 102, 12338-43

 

Carte des productions biotechnologiques dans le monde en 2005

http://www.isaaa.org/kc/CBTNews/press_release/images/briefs34/Mega%20countries_large.jpg

 

 

spécial gastronomie

 

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Les Sciences et la gastronomie

Une introduction à ce dossier par le Chef Bertrand Simon

 

REALISER C'EST BIEN !

 

REUSSIR C'EST TRES BIEN....

 

MAIS COMPRENDRE POURQUOI C'EST ENCORE MIEUX !

Les sciences peuvent nous aider à mieux cuisiner..

 

mais parfois à cuisiner pire … aussi !!

 

Certes aller de l'avant m'a toujours plu... Battre les sentiers battus et marcher à contre courant j'ai toujours aimé ça. Il y a bien une chose qui m'a permis de rendre la pratique de mon métier plus passionnante encore, c'est bien l'approche de ce que j'appelle de manière "générique" "Les Sciences et les Arts au services de la gastronomie".

Je suis en effet intéressé par ce qui touche à la science, la chimie, la physique et si j'y comprenais quelque chose pourquoi pas la physique quantique au service de la cuisine... mais sans souscrire les yeux fermés à tous les courants.

Je reste avant tout un cuisinier et je n'ai pas les competences ou la logistique pour reproduire en production artisanale les prouesses de l'industrie. C'est ce que l'on voit aujourd'hui avec plus ou moins de bonheur, ou de dépit...

J'ai découvert la science, la chimie au service de la cuisine en 1989 lors d'une conférence de Jean Matricon, suivi par la lecture des ouvrages de Hervé This, père de la "Gastronomie Moléculaire". C'est en gardant un regard pragmatique de praticien et de technicien sur ce qui fait, à mon sens, la , je veux dire "La" cuisine.. celle qui est accessible à tous. Mon intérêt sur la gastronomie moléculaire est sélectif, et à titre personnel.

La science dans la cuisine, ou pour la cuisine revêt bien heureusement d'autres secteurs (dans les universités, les labos des groupes de l'agroalimentaire, les développeurs de produits, les fabricants de matériels, les ingénieurs en ergonomie etc..) ont tous leur rôle à jouer dans cette idée.
Par exemple je m'intéresse de manière distrayante sur les travaux de ces cuisiniers futuristes, véritables transformistes de la cuisine, c'est amusant, et on aime bien reproduire leurs artifices.. mais sans être pleutre ou rétrograde, et sans appartenir à un "contre courant" ou "anti", je ne m'inscris dans aucune idéologie, dans aucune croisade stérile ou sectaire, j'envisage la cuisine sous un angle plus cool, zen, en recherchant la saveur plus que le sensationnel.

Je m'inspire des conclusions de Hervé This dans le domaine de ses premiers ouvrages (secrets de la casserole et révélations gastronomiques), mais aussi cuisine et molécules de Jean Matricon, mais aussi des ouvrages de Dominique Behague (et il y en des centaines d'autres , tous passionnés par le même intérêt: l'aliment la cuisine...) pour cultiver et améliorer ma technique.


Je rejette cependant des concepts qui appartiennent à mon sens à un " Génie Créateur touché par la grâce divine" et hélas, le doigt sacré ne m'a pas touché. La passion qui me lie et l'intérêt que je porte en général et pour faire simple "aux sciences au service de la cuisine" va jusqu'à mon degré de compréhension et à mon sens de l'analyse de faisabilité, mais aussi à mon sentiment propre et personnel. Donc pour faire succinct, je suis pratiquant d'une forme moderne de la cuisine, sans être attiré vers une cuisine qui n'en est plus. Je ne rejoins pas l'idée réchauffée qui voudrait que l'on mange en pilule dans trente ans ou un siècle...


La réalité culinaire aujourd'hui est tournée vers justement une cuisine simple, généreuse, techniquement parfaite, et ces leurres entretenus risquent de tracer des boulevards à nombreux incompétents se servant des modes pour
masquer leur incapacité à maîtriser l'art culinaire.


Il ne faudrait pas que l'idée du cuisinier artiste soit la caricature de lui même.
C'est le principe de Peter qui deviendrait alors l'exemplaire et à cela je n'y crois pas.


La cuisine de salon ou la cuisine Mondaine plaît un certain temps, amuse, étonne, mais ce sera toujours le goût primaire qui sera la vedette de ce que je mets dans l'assiette de mes convives...


Pour terminer.. un de mes visiteurs, très aimable, m'a un jour demandé où il pouvait trouver un kit de "gastronomie moléculaire", juste pour commencer....

 

Bertrand Simon

 

Le 3 janvier 2006

 http://www.chefsimon.com/ 

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Les fondements de la gastronomie moléculaire

Hervé This est physico-chimiste INRA au Laboratoire de chimie des interactions moléculaires du Collège de France. Avec le physicien Nicholas Kurti (1908-1998), il a créé, en 1988, le concept de gastronomie moléculaire, discipline scientifique qui étudie les transformations culinaires. Il nous laisse entrevoir notre alimentation de demain.

 

Vous comparez la science à l'exploration du monde. N'exagérez-vous pas le trait quand vous qualifiez la gastronomie de discipline scientifique ?
Hervé This. Pas du tout ! La science cherche à comprendre pourquoi le ciel est bleu ou comment les montagnes ont pu surgir de terre : elle explore notre monde.  Dans chaque cas, le scientifique met en œuvre la méthode expérimentale, ensemble de mesures du phénomène, établissement d'un modèle ou d'une théorie, recherche de conséquences testables expérimentalement… Une méthodologie scientifique peut très bien s'appliquer aux transformations culinaires. Et nous l'avons nommée « gastronomie moléculaire ».

 

La gastronomie moléculaire relève-t-elle de la science ou de la technologie ?
H. T. La science des aliments existe depuis longtemps. Que des physiciens et des chimistes se soient intéressés à la cuisine ne nous dit pas si la gastronomie moléculaire est une science ou une technologie. Pour répondre à la question, il faut examiner la terminologie. La technologie concerne l'objet technique et son perfectionnement. La science s'intéresse au monde, sans référence à la production technique, qu'elle se fasse à l'échelle artisanale ou industrielle. Avec la gastronomie moléculaire, nous sommes clairement dans le dernier cas, pas dans la technologie.

Albert Einstein a-t-il revêtu lui aussi son tablier de cuisine ?
H. T. Indirectement oui, puisqu'il s'est intéressé aux systèmes dispersés et que tous les aliments sont des « systèmes dispersés », dont les prototypes sont l'émulsion, le gel, la mousse, la mousse solide, la suspension, la suspension solide… Albert Einstein a mis au point une méthode de calcul de la viscosité des suspensions. En cuisine, le gel, c'est le blanc d'œuf que l'on cuit, l'aspic ou la confiture. L'émulsion, c'est la mayonnaise, le beurre blanc. La suspension, c'est la crème anglaise, la sauce béarnaise. La mousse, c'est le blanc en neige… Généralement,  les systèmes sont bien plus complexes. Des grains d'amidons dispersés dans le fluide intracellulaire (l'eau) et des cellules dispersées dans le solide : on appelle cela une pomme de terre, mais ce n'est pas satisfaisant physiquement. Il faut un autre langage… ou un formalisme.

 

Comment passe-t-on du fourneau à la paillasse et à une conceptualisation des faits ?
H. T. Ouvrez un livre de cuisine à la rubrique « compote de poires ». La recette prescrit de cuire des poires avec du sucre et de l'eau : c'est la « définition ». La recette indique d'ajouter du jus de citron pour conserver les poires bien blanches ; c'est une « précision ». La gastronomie moléculaire cherche à comprendre les phénomènes décrits par les définitions et explore les « précisions ». Ce qui n'empêche pas que, par ses applications technologiques, la gastronomie moléculaire peut contribuer à l'avancement de l'art culinaire en proposant des systèmes nouveaux, capables de satisfaire les multiples récepteurs gustatifs.

 

  http://www2.cnrs.fr/presse/thema/353.htm

 

 

 les objectifs du groupe INRA de gastronomie moléculaire 

(1) le recensement et l'exploration physico-chimiques des dictons culinaires

(2) la modélisation des pratiques culinaires en vue de perfectionnements

(3) l'introduction d'outils, méthodes et ingrédients nouveaux en cuisine domestique ou de restaurant

(4) l'invention de plats nouveaux fondés sur les analyses des mets classiques

(5) la présentation des sciences au public, fondée sur l'analyse des gestes culinaires

 

Une conférence d’Hervé This à l’université de tous les savoirs

http://www.canal-u.education.fr/canalu/chainev2/utls/programme/63/vHtml/0/canalu/affiche/

 

des livres d’Hervé This :

Les secrets de la casserole, Éditions Belin, Paris 1993

Révélations gastronomiques, Éditions Belin, Paris 1995

La casserole des enfants, Éditions Belin

Traité élémentaire de cuisine, Éditions Belin, Paris 2002

Casserole éprouvette, Éditions Belin, Paris 2002

avec Pierre Gagnaire, La cuisine c'est de l'amour, de l'art et de la technique, Paris Février 2006

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Un physicien au fourneau

On s'imagine souvent que notre monde quotidien est trop simpliste pour que les physiciens y prêtent attention. Trop préoccupés sans doute par d'autres sphères et univers plus savants et plus complexes. Il n'en est rien ! En témoigne la physique de la matière, qui cherche toujours à percer les mystères de la matière quotidienne. Démonstration culinaire de Pablo Jensen, chargé de recherche au Laboratoire de physique de la matière condensée et nanostructures (LPMCN), qui a mis son nez dans la farine…

 

À quoi ressemble un physicien au fourneau ?
Pablo Jensen. Prenez un exemple simple : pour faire un roux, il faut ajouter un peu de farine à du gras au fond d'une casserole. Un jeu d'enfant, direz-vous ! Pas du tout ! Verser de la farine dans une casserole, c'est s'exposer à une catastrophe culinaire : si le bocal n'est pas assez penché, rien n'en sort, et si nous le basculons plus franchement, une avalanche de farine en tombe brusquement, ensevelissant notre malheureux bout de gras et nous condamnant à de hasardeuses opérations de récupération.

 

Alors, solides ou liquides ?
P. J. Là est l'ambiguïté. Les matériaux granulaires1 à base de farine, de sable ou de petits cailloux cumulent certaines caractéristiques des liquides et des solides : ils sont relativement faciles à fractionner, à transvaser d'un récipient à un autre, mais peuvent aussi tenir en place, sans couler spontanément. Un récipient contenant des grains se vide lorsqu'on le penche, mais il le fait par à coups. Des observations ont montré que seuls les grains qui se trouvent à la surface du tas coulent comme un liquide, tandis qu'à l'intérieur les grains restent prisonniers de leurs voisins, comme dans un solide.

 

Comment la physique interprète-t-elle ce comportement « hybride » ?
P. J. Le phénomène peut s'expliquer par la formation aléatoire de véritables voûtes, constituées par quelques grains, qui peuvent soutenir l'ensemble des grains situés au-dessus d'elles, les empêchant d'atteindre leur position la plus stable2 vis-à-vis de la gravité. Un tas de farine est un mélange de parties « solides » (les grains qui supportent les forces et qui sont rigidement fixés) et « liquides » (les grains qui sont entre les parties solides et peuvent glisser facilement). La possibilité pour le système de se bloquer dans un grand nombre de configurations différentes de celle correspondant à l'équilibre « optimal » est un véritable cauchemar pour le physicien. Je montre dans mon livre que les substances quotidiennes, souvent désordonnées, posent d'énormes problèmes à notre discipline. Du coup, les « tours de main » restent parfois les meilleurs guides…



1/ Notre cuisine en est remplie (riz, sucre, sel, farine, céréales, café), notre habitat aussi (graviers, sable), sans parler des industries chimiques et pharmaceutiques (pilules, granulés pour plastiques).

2/ Une technique utilisée par les marchands de café peut nous aider à comprendre ce qui se passe. Après avoir rempli le sac à ras bord, on tapote dessus pour « tasser » le café, ce qui casse certaines voûtes, permettant aux grains de descendre pour trouver de meilleurs emplacements. Ceci diminue le volume du sachet et permet de le fermer.

 

 http://www2.cnrs.fr/presse/thema/339.htm

 

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Du verre.... au cerveau, la construction du « goût du vin »

à consommer avec modération

 

Le goût ou l'odeur du vin, ou de n'importe quel produit, n'existent pas en eux-mêmes mais ne résultent que de l'interaction de certaines molécules présentes dans le vin avec nos récepteurs sensoriels, gustatifs ou olfactifs. Cette constatation a pour conséquence que le goût et l'odeur perçus sont fonction de notre équipement personnel en récepteurs sensoriels. Cet équipement, génétiquement déterminé, varie d'une personne à l'autre. Son activation engendrera donc des signaux différents suivant les individus, y compris les dégustateurs les plus avertis.

 

Des chercheurs de l'INRA, en collaboration avec la Faculté d'œnologie de Bordeaux, ont réalisé des études mettant en évidence la force des représentations dans la dégustation des vins.

 

Qu'importe le flacon... ?


Puisque le goût et l'odeur d'un vin sont en partie construits à partir d'éléments extérieurs au vin lui-même (émotions, contexte...), on peut en conclure que le même vin n'aura pas le même goût et la même odeur si ces éléments sont différents.

 

C'est ce qu'ont montré les chercheurs de l'INRA en proposant à un groupe de 57 étudiants en œnologie la dégustation d'un même vin sous deux conditionnements différents. Ici, seul le contexte changeait et les dégustateurs, bien entendu, n'en savaient rien.

 
Le même vin a donc été proposé dans une bouteille d'un grand cru classé, vin prestigieux et connu de tous les dégustateurs puis, quinze jours plus tard, dans une bouteille étiquetée sous l'appellation " vin de table ". Sur les 57 étudiants, six ont deviné la supercherie. Parmi les 51 restant, 50 ont noté plus sévèrement le " vin de table " (moyennes 8/20) que le " grand cru " (moyenne 13.2/20).

 

Le comportement des dégustateurs vis-à-vis des deux vins apparaît très différent dans leurs commentaires. Alors que le " petit  vin " est jugé sans retenue, le " grand vin " est traité avec égards et systématiquement excusé. Devant certains défauts, plusieurs dégustateurs vont même jusqu'à remettre en doute leurs capacités à déguster un si grand  vin.

 

 

Du verre.... au cerveau, la construction de la perception du vin

 

Le message résultant de l'activation de nos récepteurs sensoriels n'est que la première étape (étape sensorielle) de notre perception olfacto-gustative du vin. Ce message, biologiquement codé, est ensuite totalement reconstruit par notre cerveau (étape cognitive). Des informations telles que celles provenant de nos autres sens (vue, ouïe, toucher), du contexte (ambiance), de notre mémoire (situations vécues, référence à un vin mémorisé) ou d'autres processus (plaisir, aversion, niveau d'émotion, état de veille du cerveau) sont alors intégrées au signal sensoriel initial et vont le modifier considérablement. Ce signal atteint alors les zones de notre cerveau correspondant à un niveau de perception consciente. L'étape cognitive a donc pour effet de rassembler un certain nombre d'éléments (sensoriels et non sensoriels) et de leur donner un sens, celui que nous percevons.

 

Dans leur grande majorité, les dégustateurs ont signalé la présence de bois dans le grand cru et ont décrit le type de boisé qu'ils y ont perçu. Le vin utilisé pour l'expérience n'avait pourtant jamais été mis en contact avec le bois. Aucun dégustateur n'a signalé la présence d'un caractère boisé dans le vin de table. Cette illusion de la présence du caractère boisé dans le grand cru résulte typiquement d'une construction cognitive. Le dégustateur étant persuadé de la présence de bois dans le vin qu'il goûte, crée une représentation de ce vin contenant le goût de boisé. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est vraisemblable que dans le contexte ainsi créé, tous les dégustateurs ayant accepté l'idée qu'ils goûtaient un grand cru ont effectivement perçu un goût de boisé.


On observe le même phénomène quand au cours d'une dégustation, un des participant signale, par exemple, la présence d'un arôme de cassis dans le vin. Généralement, cet arôme devient très rapidement apparent pour l'ensemble des dégustateurs. On pourrait penser qu'à la différence du goût de boisé, l'arôme de cassis en question est effectivement présent dans le vin. Comme on va le voir, rien n'est moins sûr.

 

La couleur influence le commentaire olfactif

Plus étonnant et peut-être plus inquiétant quant à nos capacités olfactives, les chercheurs de l'INRA ont récemment mis en évidence l'existence d'une illusion perceptive dans ce domaine. En traitant par l'analyse lexicale les commentaires de dégustation de professionnels du vin, ils ont constaté que les auteurs de ces commentaires utilisaient des mots différents pour décrire les odeurs des vins blancs et des vins rouges. Ce résultat est d'autant plus surprenant que quand on demande à des sujets de distinguer un vin blanc d'un vin rouge sans l'aide de la vue, l'expérience étant réalisée en utilisant des verres noirs, on observe qu'ils se trompent en moyenne trois fois sur dix. En regardant d'un peu plus près les mots utilisés pour décrire les odeurs des vins blancs et des vins rouges, les chercheurs ont réalisé que les descripteurs d'odeurs avaient, pour chaque vin, la couleur du vin. Les odeurs des vins rouges étaient représentées par des objets rouges (fruit rouge, cassis, framboise, cerise, etc.) et celles des vins blancs par des objets clairs (miel, abricot, pomme, banane, etc.).

 

Un vin a-t-il réellement l'odeur d'objets de même couleur que ce vin ou bien les sujets, croyant parler de l'odeur du vin, traitent-ils en réalité de sa couleur ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont réuni 54 étudiants en œnologie pour une dégustation comparative entre un vin blanc et un vin rouge. En fait, un vin apparemment rouge puisqu'il s'agissait du vin blanc artificiellement coloré en rouge avec des anthocyanes (colorants naturels du vin rouge). Les étudiants avaient donc pour tâche de décrire, sans le savoir, le même vin, à la couleur près. Les résultats montrent que les descripteurs olfactifs choisis par les dégustateurs pour un vin ont effectivement la couleur de ce vin. Il suffit donc de modifier la couleur d'un vin pour en modifier la perception des arômes. Le vin blanc qui sentait le beurre et l'ananas sent maintenant la fraise et la mûre uniquement parce qu'il est devenu rouge !

 

Rédacteur : 

Service Presse INRA, Unité mixte de recherche "Sciences pour l'œnologie" INRA-ENSA-M-Université Montpellier I, départements "Microbiologie et chaîne alimentaire" et "Caractérisation et élaboration des produits issus de l'agriculture", centre INRA de Montpellier.

 

 

 http://w3.inra.fr/presse/le_gout_du_vin_dans_nos_tetes

 

 http://www.futura-sciences.com/news-gout-vin-nos-tetes_7285.php

 

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Un DVD sur la vigne et le vin

 

La vigne et le vin... des recherches


Ce film présente les principales activités de recherche conduites à l'Inra pour la filière viti-vinicole :


la caractérisation des cépages et des terroirs

la physiologie et la santé de la vigne,

la qualité du vin...


Réalisation : Gérard Paillard

Conseillers scientifiques : Guy Albagnac, Jean-Louis Escudier, Pascale Scheromm

Durée : 25 mn - Format 16/9 compatible 4/3 - Version française

Ce film a remporté le prix du Grand Public au festival Agri Cinéma 2005

 

Du bourgeon au raisin


Ce film expose les différentes étapes de la croissance d'une grappe de raisin au cours de ses deux années d'existence. La technique utilisée a été celle de l'image fixe, travaillée comme une animation ce qui permet de présenter en quelques minutes l'ensemble des événements.

Réalisation : Jean-Louis Porreye / Clotilde Verriès

Assistante de réalisation et photographies : Françoise Dordor

Coproduction : Agro.Montpellier / Inra

Durée : 4 min 27 s - Format 4/3 - Versions : français - anglais – allemand

Ce film a remporté le prix du meilleur film destiné aux professionnels et le prix du meilleur film de l'innovation " Revue des Oenologues " au festival Oenovidéo 2005.

 

image_vp1.jpg

Ces deux films ont été réalisés pour la

" Cité de la vigne et du vin " à Gruissan.

 

La vigne et le vin

Format 16/9 et 4/3 - Pal -
Toutes zones
2004 - durée : 29 min 27 s
Réf. VDVD003 - 12 euros

 

Pour tout renseignement sur ce DVD, audiovis@paris.inra.fr


DVD vendu par INRA Editions

 

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Une nouvelle clémentine pour la Corse

 

Depuis plus de 40 ans, les chercheurs de l'INRA(1) de Corse réalisent un important travail de sélection de clémentiniers, indemnes de maladies connues et adaptées aux conditions de la Corse. Ces clémentiniers issus des recherches de l'INRA, en collaboration avec le CIRAD, constituent aujourd'hui l'ensemble du verger de production de la Clémentine de Corse. Une nouvelle clémentine, la SRA 535, a été sélectionnée en 2004 et sera plantée dès cette année par certains producteurs corses. Elle est le résultat de 20 années de recherches. Les premiers fruits issus de cette sélection seront commercialisés d'ici 5 ans environ.

 

La clémentine est un fruit sans pépins. Il n'y a donc pas de graine à planter. Par conséquent, le seul moyen d'obtenir un clémentinier est la greffe d'un rameau sur un porte-greffe. Tous les clémentiniers communs sont donc issus, par greffages successifs, de l'arbre originel du père Clément. Ils sont, a priori, génétiquement identiques. Le greffage étant du clonage, on parle donc de " clones ". Néanmoins, des mutations naturelles apparaissent spontanément chez certains clémentiniers. Ces mutations sont souvent sélectionnées, ce qui explique la diversité des clémentiniers communs existant aujourd'hui. On parle alors de " clones différents ".

 

Plus de 40 ans de sélection

En 1959, les premiers clémentiniers communs, en provenance des vergers corses et d'Afrique du Nord sont plantés à la Station de Recherches agronomiques INRA-CIRAD de Corse (San Giuliano). En 1968, deux premiers clémentiniers sont sélectionnés (SRA 63 et SRA 64), suivis de quatre autres en 1982 (SRA 92, 85, 88 et 89). Ils constituent aujourd'hui l'ensemble des clémentiniers communs produisant la Clémentine de Corse.

En 1989, un nouvel essai est mis en place comprenant 11 clones de clémentiniers. L'objectif est alors la sélection d'une meilleure clémentine en terme de productivité (rendement, calibre) et de qualité des fruits (couleur de la peau, jus, sucre, acidité). Les arbres sont plantés dans les mêmes conditions et leur comportement  agronomique est observé. Les fruits de chaque arbre sont récoltés chaque année pendant près de 15 ans. Les différents paramètres sont étudiés : rendement, calibre, coloration, qualité des fruits... Le meilleur clémentinier de l'essai a été sélectionné en 2004 : le SRA 535. Il a été présenté cette année aux producteurs corses.


D'où vient la clémentine ?

Née à Misserghin près d'Oran en Algérie il y a une centaine d'années, la clémentine est issue d'un croisement naturel entre la mandarine commune et une orange douce. C'est ce qu'ont démontré les chercheurs de l'INRA de Corse en 2002, grâce à l'étude de ses chromosomes. Jusque-là, la clémentine était en effet considérée comme un croisement entre la mandarine commune et une orange amère (bigarade). Le père Clément (Vincent Rodier, 1829-1904), chef des pépinières de l'orphelinat de Misserghin (Algérie), a découvert un arbre différent dans une plantation de mandariniers de semis (non greffés). Cet arbre, planté parmi d'autres dans la cour de l'orphelinat, fut oublié jusqu'à ce que des enfants se régalent de ses fruits arrivant à maturité bien avant la mandarine commune. Le père Clément goûta lui aussi ces fruits et on donna son nom à ce nouveau fruit : la " clémentine ". En 1902, le professeur Trabut, de la société horticole d'Alger, publia dans la revue horticole française le premier article décrivant la clémentine. Le tout premier clémentinier commun introduit en Corse fut planté en 1925 par M. Don Philippe Semidei à Figaretto, sur la plaine orientale de l'île.

 

http://www.inra.fr/presse/une_nouvelle_clementine_pour_la_corse

 

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La truffe

 

Les principaux problèmes de la trufficulture sont l'irrégularité et la diminution de la production d'année en année. Les chercheurs de l'INRA(1), qui ont mis au point la méthode pour " semer " les truffes, développent des truffières expérimentales pour mieux maîtriser la culture de ce noble champignon. Ils ont également collaboré à la mise au point d'un test permettant de distinguer sans ambiguïté les espèces de truffe.

La truffe est la fructification d'un champignon vivant en symbiose avec un arbre (chêne, noisetier, mais aussi charme, tilleul, saule...). Les filaments sous-terrains du champignon s'insinuent entre les cellules des racines, formant une structure mixte appelée mycorhize. Le champignon est nécessaire à la nourriture minérale de l'arbre tandis que l'arbre fournit au champignon des sucres issus de la photosynthèse. La truffe est connue depuis l'antiquité. Au 18ème siècle, on l'obtient en semant des glands d'arbres truffiers. Mais ce n'est que dans les années 1970 que l'INRA met au point les techniques d'inoculation de l'arbre par le champignon. De jeunes arbres sont repiqués dans des conteneurs contenant de l'inoculum (spores de truffe) et remplis d'un substrat artificiel fertilisé compatible avec la mycorhization et le développement de l'arbre. Ce savoir-faire a fait l'objet de licences avec deux pépiniéristes, la société Agri-Truffe et les pépinières Robin. Les quelques quinze autres pépiniéristes fournissant des plants truffiers ont reproduit le procédé. Aujourd'hui, 80% de la production de truffe noire du Périgord provient de la trufficulture.

 

Capricieuse truffe...

Malgré les progrès techniques, un des principaux problèmes de la trufficulture est l'irrégularité de la production. Pour maîtriser cette production de truffe, il faut disposer de truffières expérimentales où l'on peut contrôler chaque partenaire : la souche de truffe mais aussi l'arbre producteur. Les chercheurs de l'INRA s'efforcent d'obtenir des plants truffiers homogènes en reproduisant les meilleurs producteurs par multiplication végétative. Les premières truffes issues de plants de noisetiers et de chênes obtenus par cette méthode commencent à apparaître sur les parcelles expérimentales. On pourra ainsi voir si ces plants sont plus performants que les plants issus de semis de glands " tout venant ".

 

... de plus en plus rare

Malgré la plantation annuelle en France de quelques 300 000 arbres truffiers, soit 1000 à 1200 hectares, la production de truffe a tendance à diminuer. Elle est passée de plus de 1000 tonnes à la fin du 19ème siècle à moins de 100 tonnes actuellement. La sécheresse et les fortes chaleurs des dernières années ont été particulièrement défavorables. Mais d'autres facteurs peuvent intervenir, comme la qualité des sols ou la compétition entre champignons mycorhiziens. Les espèces de truffe nobles mises en culture, telles la truffe noire dite du Périgord (Tuber melanosporum) ou la truffe de Bourgogne (T. uncinatum) peuvent être remplacées par des espèces à fort pouvoir colonisateur comme la brumale (T. brumale) ou  éventuellement la truffe de Chine (T. indicum). Ces compétitions souterraines sont d'autant plus dommageables que ces dernières espèces ont un intérêt gastronomique moindre et que ce n'est qu'au bout de 4 à 5 ans de culture, quand les premières truffes apparaissent, que le trufficulteur constate les mélanges ou les substitutions d'espèces.

Or, on sait peu de choses des interactions entre ces champignons. De même, on ne connaît pas les gènes nécessaires à la reconnaissance entre les partenaires et à l'établissement de la symbiose. C'est pourquoi les chercheurs de l'INRA ont formé un consortium avec des universités italiennes et belges pour séquencer et étudier le génome de la truffe. Une souche de T. melanosporum issue de la collection de l'INRA de Clermont-Ferrand a été choisie pour le séquençage, qui débutera en 2006 au Génoscope - Centre National de Séquençage - d'Evry.

 

 http://www.inra.fr/presse/la_truffe_de_plus_en_plus_rare_et_chere_gare_aux_fraudes

 

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La richesse en omégas 3 de la chair de poissons

 

Actuellement, plus de 30% des poissons (et la presque totalité des saumons et des truites) consommés dans le monde proviennent de l'élevage. Outre la fiabilité des approvisionnements, la traçabilité et la fraîcheur, l'un des atouts de l'élevage piscicole est la possibilité de moduler la composition et la qualité de la chair des poissons. Les chercheurs de l'INRA(1) étudient le lien entre alimentation des poissons (la truite en particulier) et qualité nutritionnelle de leur chair. Leurs travaux concernent notamment les acides gras longs polyinsaturés de la série n-3, les "omégas 3", dont la chair de poissons est particulièrement riche et qui lui confère des atouts bénéfiques pour la santé humaine.

 

Les acides gras dans la chair des poissons

Les lipides, dont  les acides gras sont les principaux constituants, sont présents dans les muscles des poissons sous deux formes :

- des  phospholipides : composants majeurs des membranes cellulaires, ils représentent moins de 1% du poids du muscle.  Ils sont riches en acides gras longs polyinsaturés (AGPI) de la série n-3, les omégas 3, qui participent à maintenir la fluidité membranaire à basse température.

- des lipides de réserve : ils sont constitués essentiellement par des triglycérides eux aussi caractérisés par une proportion élevée d'acides gras longs polyinsaturés omégas 3.

La teneur en omégas 3 de la chair de poisson varie entre 15 et 36% alors que pour la viande, ce taux varie entre 1% et 4%.

 

Les chercheurs de l'INRA ont montré que les régimes à forte teneur en lipides conduisent à une augmentation des lipides corporels chez pratiquement toutes les espèces de poissons. Ce sont les triglycérides de réserve qui sont responsables de la quasi-totalité de l'accroissement observé, la teneur en phospholipides restant stable.

L'engraissement s'accompagne donc d'une augmentation de la quantité d'omégas 3 dans la chair lorsque les poissons sont nourris avec des aliments à base d'huile de poisson.

 

Réduire l'utilisation des huiles de poisson

La richesse en omégas 3, qui distingue le poisson des autres produits carnés, est sous la dépendance quasi exclusive de l'alimentation : chaîne alimentaire aquatique en milieu naturel, aliments à base d'huile de poisson en élevage. Il semble qu'aucun autre facteur (génotype, âge, conditions d'élevage...) n'affecte la composition en acides gras de la chair des poissons, à l'exception de la température (l'efficacité de rétention des omégas 3 est accrue à basse température).
Le problème est que l'essor de l'aquaculture (+10% par an), qui utilise de plus en plus d'aliments composés riches en lipides (60% de l'huile de poisson produite), fait augmenter fortement la demande en huile de poisson. En parallèle, la stagnation des captures de pêche limite la disponibilité de cette matière première. En 2010, selon la FAO, la demande en huile de poisson sera supérieure à la quantité d'huile disponible. L'aquaculture est confrontée aujourd'hui au double défi de réduire l'emploi de matières premières issues de la pêche pour l'alimentation des poissons d'élevage et de conserver à la chair de poisson la valeur santé que lui confère sa richesse en omégas 3. C'est un enjeu important en terme de santé publique car les effets bénéfiques de ces composés sont bien démontrés tant dans la prévention des maladies cardiovasculaires que pour le développement cérébral.

 

 Moduler la composition en acides gras de la chair de poisson par l'alimentation

Les recherches se sont donc intensifiées, au cours des cinq dernières années, pour évaluer les conséquences du remplacement partiel ou total de l'huile de poisson par des huiles d'origine végétale. Les chercheurs de l'INRA ont montré que l'apport d'omégas 3 via l'huile de poisson n'est pas indispensable à la croissance des poissons, dès lors que les besoins en omégas 3 sont couverts par les acides gras contenus dans la farine de poisson. Dans ces conditions, la substitution, dans l'aliment, de l'huile de poisson par des huiles végétales n'affecte pas non plus la quantité de lipides déposés dans le muscle.

En revanche, la composition en acides gras de la chair des poissons reflète celle de l'aliment. Elle est donc fortement modifiée par la nature des sources lipidiques du régime alimentaire. Le remplacement de l'huile de poisson par des huiles végétales induit ainsi une diminution des teneurs en acides gras omégas 3 caractéristiques de l'huile de poisson (EPA et DHA). Il est relativement aisé de restaurer des teneurs élevées en EPA et DHA, en nourrissant les poissons, quelques mois avant l'abattage, avec un aliment à base d'huile de poisson après un cycle d'élevage avec des aliments contenant des huiles végétales. Cette stratégie permet de limiter l'utilisation des ressources marines pour l'élevage, tout en préservant la richesse en omégas 3 de la chair des poissons.

Des travaux sont encore nécessaires pour trouver les substituts les plus efficaces pour optimiser la composition en acides gras. Il reste aussi à définir précisément la durée optimale de la phase " d'alimentation de finition " nécessaire pour obtenir la composition en acides gras souhaitée sans " gaspiller " d'huile de poisson.

La composition particulière de sa chair fait du poisson un aliment unique parmi les produits d'origine animale. Les produits de l'élevage souffrent parfois d'une image négative en comparaison des produits de la pêche. Pourtant, il est dès à présent possible de contrôler de façon efficace la composition des poissons par les pratiques d'élevage pour optimiser la teneur en composés bénéfiques pour la santé humaine.

 

http://www.inra.fr/presse/la_richesse_en_omegas_3_de_la_chair_de_poissons

 

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Les huîtres triploïdes

 

Les progrès dans la connaissance en biologie et génétique permettent d' « améliorer les espèces » : meilleure résistance aux maladies, meilleure qualité, croissance plus rapide, réponse à la demande des consommateurs, etc.

 

Pour « améliorer les espèces », les scientifiques utilisent trois techniques différentes : la sélection par croisement des individus les plus performants, la polyploïdisation (utilisée pour la production de ces huîtres) et la transgénèse (organismes génétiquement modifiés).

 

La mise en oeuvre du programme « triploïdie de l'huître» à l'IFREMER a permis de répondre favorablement à deux attentes convergentes : l’une des consommateurs (la plupart des consommateurs n’apprécient pas – à tort selon mon propre goût – les « huîtres laiteuses » caractéristiques de la maturité sexuelle des huîtres dans les « mois sans r ») et l’autre des producteurs intéressés par un raccourcissement de la durée d’élevage des huîtres.

 

Il est donc plus que temps d’expliquer ce que signifient ces noms barbares quand on les rencontre pour la première fois.

 

Le génome de base de l’huître compte 10 chromosomes et une huître courante compte donc deux génomes de base, soit 20 chromosomes. Elle est ainsi dite « diploïde ». Les huîtres femelles diploïdes se croisent avec les mâles diploïdes et font des bébés diploïdes …

 

La diploïdie est le cas le plus fréquent rencontré pour la reproduction sexuée mais il existe aussi des végétaux et des animaux « polyploïdes » (comportant plus de deux génomes) comme le blé qui est « hexaploïde »(6n) ou la pomme de terre qui est « tétraploïde » (4n) ; la clémentine sans pépin, stérile, elle, est « triploïde » (3n). Une huître triploïde, elle aussi, est (le plus souvent) stérile.

 

« Il arrive quelquefois qu'à la faveur d'un doublement de chromosomes, il se produise des gamètes portant les deux génomes des espèces parentes (...). Que deux de ces gamètes hybrides et diploïdes s'unissent, il en résultera un individu tétraploïde (...), qui, portant en double chaque génome, se montrera parfaitement fertile et produira régulièrement des gamètes fonctionnels (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 54). »


 « Chez les animaux, on a cité quelques cas de triploïdie et de tétraploïdie chez la drosophile, chez la grenouille; mais la polyploïdie y est beaucoup plus rare que dans le règne végétal (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 53). »

 

La polyploïdisation consiste maîtriser l’augmentation du nombre de jeux de chromosomes transmis par les parents à leurs descendants. C’est ainsi que pendant l’été 1997 le laboratoire IFREMER de LA TREMBLADE (Charente Maritime) a produit des huîtres creuses tétraploïdes. Au lieu de contenir deux génomes de base, l’huître tétraploïde en compte quatre soit quarante chromosomes. Quand les femelles tétraploïdes rencontrent des mâles tétraploïdes ils font des bébés tétraploïdes. Quand on les mange c’est pareil. Jusque là ce n’a pas un intérêt majeur.

 

Mais, quand un mâle tétraploïde rencontre une femelle diploïde … ils fontt des bébés triploïdes (trente chromosomes). C’est toujours pareil quand on les mange mais les huîtres triploïdes sont, elles, (presque toujours) stériles … et donc elles sont – pour le consommateur qui les mange - pareilles « toute l’année », dans les mois « sans r » comme dans les mois « en r ».

 

Si vous laissiez des populations composées d’huîtres diploïdes et tétraploïdes croître et multiplier hors de tout contrôle nous savons qu’au bout de quelques générations, il n’y aurait plus que des huîtres tétraploïdes. Par contre en maîtrisant la fertilisation des femelles diploïdes par des mâles tétraploïdes (dans des écloseries) on obtient des huîtres triploïdes (presque toutes) stériles qui sont alors remises en milieu naturel pour leur croissance en maîtrisant le risque de dissémination des tétraploïdes.

 

Cette technique d’obtention des huîtres stériles a ainsi permis de proposer une alternative à la voie chimique utilisée jusque là pour bloquer la méiose (en obtenant la triploïdie  par la rencontre d’un gamète haploïde 1n – après méiose- avec un gamète diploïde 2n – car la méiose en a été bloquée chimiquement-), technique qui est au point mais dont la maîtrise des impacts sanitaires et environnementaux est plus délicate.

 

Cerise sur le gâteau pour les ostréiculteurs, alors que l'huître courante (« diploïde », est-ce bien encore la peine de vous le dire …) doit consacrer environ 2/3 de son énergie à la reproduction et utilise à cette fin ses réserves en sucre (glycogène et glucose), l’huître triploïde utilise cette énergie à d'autres fonctions et notamment à sa croissance. C’est ainsi qu’à Marennes-Oléron  les huîtres triploïdes présentent en moyenne un poids de 15% supérieur à celui de leurs cousines diploïdes à l’âge de deux ans et de 40 % à l'âge de trois ans. Elles peuvent être ainsi commercialisées plus rapidement.

 

 1  2  3

 

1.      huître diploïde telle qu’on la voit dans les mois « sans r » (« laiteuse » ou « grasse »)

2.      huître triploïde telle qu’on la voit pendant toute l’année

3.      poids relatif des huîtres triploïdes par rapport aux diploïdes suivant les bassins d’ostréiculture

 

 Article rédigé à partir des dossiers de l’IFREMER

http://www.ifremer.fr/aquaculture/fr/fiches/huitres_triploides.htm

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FROMAGE

Le procédé de fabrication des pâtes fromagères consiste à concentrer les matières nutritives (protéines, lipides et minéraux) et à évacuer une partie de l'eau contenue dans le lait de départ, de façon à faciliter la conservation des produits et à décliner des goûts et des textures adaptées aux exigences du consommateur. Ce processus met en jeu des phénomènes physico-chimiques extrêmement complexes et dépendant de nombreux paramètres dont la composition chimique du lait de départ et la température. Explications de Bertrand Nongaillard, enseignant-chercheur à l'Institut d'électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (IEMN).

 

Dans le cas des fromages, la difficulté essentielle réside dans le fait que les propriétés du produit sont en grande partie fixées lors d'un processus de fabrication qui dure au plus une vingtaine d'heures et que le produit n'est commercialisé qu'au bout de plusieurs mois d'affinage1. Il est alors essentiel de disposer d'outils d'évaluation non destructive des propriétés des fromages à la fois en cours de fabrication (pilotage), en cours d'affinage (conduite) et en fin d'affinage (gradage2).

 

La composition du lait, variable dans le temps, représente une cause importante de la dispersion des propriétés du produit final. Une étape technologique clé réside dans la phase d'égouttage et de pressage où un processus de cohésion s'établit entre les grains de caillé conditionnant en partie les propriétés élastiques du produit final. Lors de cette phase, deux cinétiques d'égouttage peuvent être analysées : l'égouttage des grains et l'évacuation du liquide inter-grains. La quantification de ces cinétiques constitue un enjeu fondamental de la maîtrise du procédé de fabrication.
 
Des capteurs acoustiques basses fréquences ont permis d'estimer ces cinétiques à partir de l'analyse de l'amplitude et de la vitesse de propagation d'ondes mécaniques basses fréquences qui interagissent de façon non destructive avec le milieu. En effet, les ondes acoustiques donnent accès à l'humidité et aux propriétés rhéologiques de la matière, de manière non destructive.

La conduite optimale de la phase d'affinage, sur une durée qui peut varier de 1 à 18 mois, conditionne en partie les qualités organoleptiques du produit. Les contrôles qualité réalisés doivent permettre de déceler au plus tôt les non conformités des produits, si possible sans en altérer ni l'aspect ni la valeur économique. Ce contrôle appelé gradage s'appuie à la fois sur une analyse du comportement vibratoire (essentiellement pour les fromages à pâtes pressées cuites comme l'emmental) et sur l'analyse de prélèvements réalisés par carottage. Des capteurs acoustiques ont pu, associés à un système expert, aider les opérateurs à réaliser ce diagnostic de façon non destructive. Reste à développer un dispositif d'évaluation précoce de la qualité de façon à réaliser au plus vite le tri des produits. Un indicateur de classement de produits a été élaboré en combinant plusieurs informations tirées d'une investigation acoustique.

 

Cette méthode non destructive évite d'interrompre les processus de fabrication et donne des informations relatives à la qualité du produit au cours des étapes de sa fabrication. Sur d'autres produits alimentaires, tels que la pâte à pain en cours de fermentation, il est alors possible de différencier des cinétiques d'évolution de pâtes réalisées avec des protocoles ou des ingrédients différents. La sensibilité des méthodes utilisées ouvre des perspectives nouvelles dans leurs applications à l'industrie agroalimentaire.



1/ Les réarrangements mécaniques du produit, le relâchement des contraintes subies à la fabrication, la perte d'humidité et le développement de micro-organismes constituent les phénomènes importants de la phase appelée affinage dans le procédé de fabrication.

2/ Le gradage permet d'effectuer un tri des produits en fonction de leur qualité et définit leur valeur économique, a posteriori.

 

 http://www2.cnrs.fr/presse/thema/369.htm

 

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& DESSERT

 

Le chocolat Chantilly (1995)

 

La formation d’une mousse de chocolat.

 

Un principe très simple :

Chacun connaît la crème Chantilly, que l’on confectionne en battant de la crème dans un récipient refroidi. Le fouet introduit progressivement des bulles d’air, ce qui forme une mousse. Pourrait-on reproduire ce principe de la crème Chantilly avec une autre matière grasse que celle du lait? Le chocolat contenant du beurre de cacao, pourrait-on réaliser un " Chocolat Chantilly ", par exemple?

Pour y parvenir, examinons ce qu'est la crème. Elle est confectionnnée à partir du lait, lequel est de l'eau où sont dissous diverses molécules (comme le sucre nommé lactose, par exemple) et où sont dispersées des gouttelettes de matière grasse. Comme la graisse ne fait pas bon ménage avec l'eau, ces gouttelettes sont recouvertes d'agrégats d'une protéine, la caséine, et de phosphate de calcium.

 

Quand on laisse reposer du lait, les gouttelettes de matière grasse ainsi recouvertes, moins dense que l'eau, montent lentement en surface et forment la crème, qui reste constituée de gouttelettes de matière grasse dispersées dans l'eau. Ce système physique est nommé une émulsion

 

D’abord une émulsion :

Autrement dit, pour confectionner un "Chocolat Chantilly", nous devons d'abord réaliser une émulsion de chocolat. Or j'ai précisément proposé une "béarnaise au chocolat" qui est une telle émulsion. L'idée est la suivante : la mayonnaise est une émulsion froide : on disperse des gouttelettes d'huile dans de l'eau apportée par le vinaigre et le jaune d'oeuf, en utilisant les molécules du jaune d'oeuf pour enrober les gouttelettes. De même, une béarnaise est une émulsion chaude : on disperse des gouttelettes de beurre fondu, qui fait huile, dans l'eau apportée par du vinaigre, les molécules du jaune d'oeuf servant encore de "tensioactif", qui enrobe la matière grasse.

 

Aussi on fera de la béarnaise au chocolat de la façon suivante : on prendra de l'eau (aromatisée, c'est meilleur : pensez à du jus d'orange, une infusion de menthe, du rhum, bref n'importe quel liquide qui contienne de l'eau) et ajoutez y du chocolat que vous faites fondre en fouettant, comme pour une béarnaise (le chocolat contient des lécithines, qui sont tensioactives).

La recette, à ce stade : dans une casserole, vous mettez 20 centilitres d'un liquide parfumé (puissamment, c'est meilleur), , vous ajoutez 225 à 250 grammes de chocolat en fouettant.

 

Puis la mousse :

Ayant cette béarnaise au chocolat, passons au Chocolat Chantilly. Il faut refroidir la béarnaise en la fouettant, comme on ferait avec de la crème : le fouet introduira des bulles d'air, qui seront stabilisées par les molécules tensioactives et par la cristallisation de la matière grasse autour des bulles d'air.

 

Vous remplissez un cul de poule avec des glacons, et vous y mettez votre casserole contenant la béarnaise chaude. Puis on fouette pendant que la sauce refroidit. D’abord le fouet introduit de grosses bulles d’air, puis, progressivement, la sauce épaissit et, quand la température de cristallisation du chocolat est atteinte, le volume de la sauce augmente d’un coup (la sauce " foisonne "), tandis que sa couleur passe du marron foncée au marron clair. Ce changement de couleur est le signe de la présence de bulles d’air introduites par le fouet . L’introduction des bulles d’air modifie également la texture : le liquide forme des houppes derrière les branches du fouet, tout comme dans une crème Chantilly.

 

Naturellement nous ne résisterons pas au plaisir de déguster immédiatement ce Chocolat Chantilly, mais nous pouvons aussi le laisser attendre au réfrigérateur. Alors, la gélatine qui a servi à confection l’émulsion fait gélifier la sauce, qui garde longtemps une souplesse plaisante. Bon appétit!

 

La recette en trois temps trois mouvements :

 

1. Dans une petite casserole, mettez 20 cl d’un liquide parfumé (jus de groseilles, liqueur de cassis, eau, jus d’orange, infusion de menthe, café serré...), 225 à 250 grammes de chocolat (n’importe quel chocolat en tablette fait l’affaire, mais, comme les chocolats diffèrent beaucoup selon les marques, fiez vous à la consistance : la sauce doit être un peu liquide, mais pas trop).

 

2. Chauffez doucement.

 

3. Quand tout le chocolat est fondu, retirez la casserole du feu et refroidissez la en la placant " le cul dans la glace " (prenez une casserole plus grande, où vous disposez un lit de glaçons, et posez la petite casserole sur ce lit de glace). Simultanément, fouettez à l’aide d’un batteur électrique, en cherchant bien à introduire de l’air (inclinez le batteur afin que les pales ne soient pas verticales).

 

Au début, quelques grosses bulles d’air apparaissent en surface (attention aux projections, inévitables), mais elles ne tiennent pas bien. Puis, quand la préparation aura suffisamment refroidi, vous verrez la préparation gonfler et blanchir légèrement ; augmentez la vitesse de battage pendant quelques secondes.

 

Ca y est, c’est fait. Sortez la casserole de la glace et servez. Bon appétit.

 

Questions subsidiaires :

 

Que faire si la préparation de base était trop liquide et si la mousse ne tient pas bien? Refondez la, ajoutez un peu de chocolat et recommencez.

Que faire si la préparation finale est trop dense? Refondez la en ajoutant un peu de liquide.

Que faire si vous avez fouetté trop longtemps et que le chocolat Chantilly a " grainé " ? Il suffit de la refondre sur le feu, puis de la battre à nouveau sur glace.

 

 http://www.college-de-france.fr/chaires/chaire10/page_herve/Chocochanti.htm

 

des brèves

 

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Organismes Géniaux Médicalement

Un rapport de l’Afssa dévoile les bienfaits des OGM sur la santé !
Par Caroline Lepage, pour Futura Sciences, le 5 Août 2004

 

Organismes Géniaux Médicalement ? C’est peut-être ainsi que l’on pourrait rebaptiser les Organismes Génétiquement Modifiés qui souffrent pourtant d’une bien piètre image en Europe. En publiant leur étude intitulée « OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé », les experts de l’Afssa redorent le blason des plantes transgéniques ...


Mais la tâche reste colossale ! Comment convaincre les français que les Monsanto, Novartis, Pioneer et autre Bayer CropSciences, mastodontes de l’industrie agroalimentaire régnant en maîtres sur le marché des OGM, n’ont pas pour ambition de jouer aux apprentis sorciers avec la Nature dans le seul et unique but de faire toujours plus de bénéfices ?


Comment les persuader que ces nouvelles biotechnologies, qui ne peuvent plus faire marche arrière, doivent désormais trouver leur place ailleurs que dans les seuls intérêts des multinationales? D’autant qu’il faut aussi convaincre les agriculteurs du monde entier qui redoutent une contamination de leurs cultures traditionnelles par les plantes transgéniques, l’apparition d’une certaine résistance des mauvaises herbes ou des insectes ... Ne serait-ce justement pas là que les OGM pourraient tirer leur épingle du jeu et se montrer utiles pour la société ? Une idée toute récente qui prouve que les organismes génétiquement modifiés doivent être considérés en terme de risques possibles mais aussi de bénéfices pour la société.


Un travail aux antipodes de la mouvance actuelle


INRA, ENSAM, INSERM, ENITA, CIRAD, etc. Que de grands noms d’écoles et organismes français pour signer un rapport publié par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa) qui frappe comme un coup de tonnerre le petit monde controversé des OGM ! « Le consommateur, qui voit dans les OGM un risque possible pour sa santé, ou pour l’environnement, n’y trouve pas son compte. Il ne voit décidément pas ce que ces OGM lui apportent actuellement ! » constatent les scientifiques qui l’ont rédigé.


Sans doute par crainte de l’inconnu et du fait d’une certaine désinformation, les OGM n’ont effectivement pas bonne presse. Au fait, un OGM, qu’est-ce que c’est ? Une plante, une bactérie ou même un animal dans lequel on a inséré un ou plusieurs gènes qui lui confèrent de nouvelles propriétés. Cette technique est appelée transgénèse.


OGM de première génération


L’un des premiers objectifs visé par les grandes firmes agroalimentaires avec le développement des OGM dits de ‘première génération’ était bien sûr d’ordre financier. Ainsi, sont apparus, dans les années 1980, le maïs Bt et le coton Bt qui bénéficiaient de l’introduction d’un gène issu de la bactérie Bacillus Thuringiensis. Celui-ci entraîne la production de toxines, inoffensives pour les animaux et les êtres humains, qui assurent une bonne résistance aux végétaux contre les insectes ravageurs. Le gène Bt est aujourd’hui abondamment utilisé dans les cultures aux Etats-Unis, au Canada, en Argentine ou en Chine. Exit donc l’utilisation d’énormes quantités d’insecticides nocifs pour l’environnement et la santé !


Maïs et coton Bt sont deux cas étudiés par les experts de l’Afssa, spécialisés en biotechnologie. Leur conclusion à ce sujet est des plus optimistes « tout en se gardant de généralisations hâtives » précisent-ils. Les plantes OGM résistantes aux attaques d’insectes auraient deux effets bénéfiques pour la santé : d’une part, elles diminuent l’exposition du consommateur et de l’agriculteur aux insecticides, mais en plus, elles se montrent plus fortes face aux mycotoxines (substances produites par les moisissures) potentiellement dangereuses pour l’homme.


Autre exemple, celui de la betterave sucrière. Sept herbicides sont nécessaires pour la cultiver ! Avec la betterave OGM, tolérante au glyphosate, seul ce dernier, moins dangereux pour l’agriculteur mais davantage pour l’environnement, reste indispensable. D’où, selon le rapport, le fait que « l’introduction de variétés tolérantes à un herbicide particulier serait susceptible de privilégier l’utilisation d’herbicides moins dangereux pour la santé que ne le sont ceux utilisés dans la culture de variétés conventionnelles ».


Du riz doré aux OGM vaccins


Par la suite, puisqu’il fallait convaincre le quidam, « les producteurs d’OGM ont fait valoir que d’autres plantes transgéniques, dites de ‘deuxième génération’, pourraient être conçues non pas dans un seul but économique, mais également dans celui d’apporter des bénéfices pour la santé des consommateurs, dans les pays industrialisés comme dans les pays en voie de développement » rappellent les experts de l’Afssa.


Ainsi sont nés des stars médiatiques tel que le riz doré, une variété enrichie en vitamine A : une nouvelle façon de pallier aux carences largement présentes dans les pays les plus pauvres ? Il est trop tôt pour le dire mais le rapport n’hésite pas à dire que « les travaux sur le riz doré montrent que la conception et l’élaboration de plantes transgéniques à des fins nutritionnelles, notamment au bénéfice des pays en voie de développement, n’est pas une utopie ! »


A l’heure actuelle, aucun problème de santé, lié aux OGM, d’ordre toxique ou allergique n’a pu être démontré. Ce qui explique qu’il reste difficile d’évaluer les risques alimentaires mais « les bénéfices, contrairement aux dangers, sont identifiés » insiste l’Afssa. Ainsi, pourrons-nous profiter, demain, d’huile fabriquée à partir d’oléagineux OGM enrichis en acide gras Oméga 3, de vaccins issus de plantes transgéniques (la banane contre la gastro-entérite, la tomate contre l’hépatite B), etc. Les OGM ont aussi du bon !

 

 http://www.futura-sciences.com/news-maj-rapport-afssa-devoile-bienfaits-ogm-sante_4086.php

 

Caroline Lepage  http://spaces.msn.com/carolepageJST/

(visitez le site de Caroline Lepage, il est très bien fait et passionnant)

 

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Il faut revenir sur la loi de bioéthique

Le clonage thérapeutique défendu par le Professeur Bernard Debré

Sciences et Avenir, Nouvel Observateur, entretien avec Michel de Pracontal


En interdisant la recherche sur l'embryon, la France se prive d'un « miracle médical », estime le professeur Bernard Debré. Extraits d’une interview du Nouvel Observateur

 

Le Nouvel Observateur. - Le clonage thérapeutique, que vous décrivez comme un « miracle médical annoncé », est criminalisé par la loi française...

Bernard Debré . - C'est aussi stupide que l'était l'opposition au vaccin au début du XXe siècle ! Il ne s'agit en aucun cas de cloner un être humain sur le modèle de Dolly. Le clonage thérapeutique consiste à cultiver des cellules souches que l'on oriente volontairement vers un organe défini - muscle, coeur, pancréas, système nerveux... Le but est de pouvoir transplanter chez un malade, dans l'organe à réparer, ces cellules souches qui ont les mêmes gènes que le patient et ne seront donc pas rejetées. Fin 2004, j'ai assisté, au Technion de Haïfa, en Israël, à la transformation de cellules d'embryons indifférenciées qui se mettent à battre seules et ne demandent plus qu'à être injectées dans le coeur d'un malade pour remplacer ses cellules défaillantes ! Ça marchera dans cinq ans. Le clonage thérapeutique va se généraliser dans la décennie à venir.

Le Nouvel Observateur. - La France, en interdisant toute forme de clonage, n'est-elle pas en train de prendre un retard irrémédiable ?
Bernard Debré - Nous sommes un pays très conservateur et, pour des raisons religieuses qui ne devraient pas entrer en ligne de compte, nous avons bloqué notre système. Nous avons interdit la recherche sur l'embryon, alors que cette recherche est nécessaire pour maîtriser l'autoreproduction des cellules souches et le clonage thérapeutique, qui peut à terme soigner des millions de personnes. Rien que les maladies de Parkinson et d'Alzheimer, deux cibles prometteuses du clonage thérapeutique, touchent en France respectivement 100 000 et 435 000 personnes. Nous nous privons d'un miracle médical au nom du respect de l'embryon, et dans le même temps des dizaines de milliers d'embryons surnuméraires créés pour les fécondations in vitro et congelés sont détruits dans la plus parfaite indifférence ! C'est d'autant plus absurde que la loi Caillavet permet d'utiliser le coeur ou les reins d'un homme de 30 ans accidenté de la route, en coma dépassé et considéré en état de mort clinique. Mais on n'a pas le droit de toucher à un amas cellulaire de 8 jours, promis à la destruction et qui pourrait lui aussi contribuer à sauver des vies !

 

Le Nouvel Observateur. - Faut-il donc revenir sur la loi de bioéthique ?
Bernard Debré - Bien sûr. Si on ne le fait pas, les gens iront se faire soigner dans d'autres pays. Une commission parlementaire doit se pencher sur cette loi de manière imminente. Je pense que la situation va s'ouvrir en France d'ici à deux ans, dès qu'on sera sorti de la période électorale...

 

 Le professeur Bernard Debré, ancien ministre, député, est chef de service à l'hôpital Cochin. Il vient de publier « la Revanche du serpent ou la fin de l'Homo sapiens », Le Cherche Midi, 178 p., 10 euros.

 

 http://www.nouvelobs.com/articles/p2144/a289609.html

 

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Réflexion sur la bioéthique

L'eugénisme de liberté défendu par le Professeur Bernard Debré

Le Quotidien du médecin  Dr Caroline Martineau

 

 

SANS mâcher ses mots et sans détour, Bernard Debré nous expose la réalité : clonages reproductif et thérapeutique marchent main dans la main et seront très bientôt, s'ils ne le sont pas déjà, à portée d'éprouvette. Plutôt que nous voiler la face et gloser sans fin sur ce qu'il est légitime ou illégitime d'empêcher, tenons compte de cet état de fait et sachons voir que « la médecine génétique de demain n'est pas plus éloignée de l'humanisme traditionnel que la médecine issue de Claude Bernard », pourvu qu'elle respecte l'homme et son choix. L'auteur, qui plaide pour l'utilisation du clonage à visée thérapeutique, n'hésite pas à prononcer les mots qui fâchent pour étayer et faire comprendre son propos. Eugénisme, par exemple : si « l'eugénisme d'Etat est de triste mémoire, l'eugénisme personnel, de liberté » n'a rien de scandaleux, explique-t-il. L'eugénisme totalitaire obéit à une logique d'exclusion tandis que l'eugénisme d'évitement (obtenir par manipulation génétique un enfant indemne d'une affection par exemple) est d'essence strictement individuelle et n'est rien d'autre que « l'extension en amont de la médecine d'autrefois ».


Nous y sommes déjà lorsque des diagnostics préimplantatoires sont proposés dans le cadre du dépistage de certaines maladies génétiques, nous dit-il, ou lorsque nous pratiquons des amniocentèses pour permettre aux futurs parents de décider de l'avenir d'une grossesse. Plus nos connaissances évolueront et s'enrichiront, plus la liste des maladies détectables s'allongera. Qui oserait contester la légitimité de ce choix, avoir ou ne pas avoir un enfant atteint d'une affection X ou Y, alors que nous acceptons qu'une femme avorte sans raison médicale. La différence entre eugénisme d'Etat et eugénisme individuel est précisément cette liberté laissée à chacun. Si l'Etat décidait d'empêcher un couple d'avoir un enfant au prétexte qu'il est porteur d'une anomalie génétique, il s'agirait alors d'eugénisme totalitaire. A combattre évidemment.

 

A la recherche de la cellule souche.

Mieux vaut donner un sens aux transgressions scientifiques et médicales qui ne manqueront pas d'arriver dans les années proches que d'en refuser l'augure. Car on ne pourra, par des lois et des règlements, empêcher longtemps la recherche de progresser, particulièrement à l'heure de la mondialisation, explique Bernard Debré. La science n'est pas une morale et rien ne peut dissuader la recherche d'avancer, pour le meilleur ou pour le pire, nous dit-il ; raison de plus pour laisser l'éthique donner un sens aux progrès scientifiques et canaliser les choix et les objectifs. Le clonage thérapeutique sera le progrès médical majeur du XXIe siècle « un acquis aussi essentiel que la conquête spatiale ». Nous acceptons le prélèvement d'organes sur des cadavres pour la transplantation, pourquoi ne pas permettre, en l'encadrant, le travail sur des cellules issues d'embryons sans projet parental pour progresser et pouvoir ensuite se passer de leur utilisation. Disposer de cellules souches réglerait le problème des dons d'organes et de la compatibilité, et ouvrirait des possibilités thérapeutiques multiples. Mais nous nageons en pleine contradiction, nous dit Bernard Debré : « Nos sociétés contemporaines oscillent entre la tentation de faire sauter toutes les barrières traditionnelles (hédonisme, communautarismes sexuels...) et celle de faire surgir de nouveaux interdits non fondés sur une morale mais sur la peur que fait naître le refus non assumé de cette morale. »

Nous voici au seuil d'une des plus grandes transgressions, celle du remplacement de la reproduction naturelle par le clonage. Bernard Debré développe les arguments éthiques qui, au nom de la dignité de l'homme, justifient que nous nous y opposions. « Mais rien ne sert de s'opposer à l'irréversible : on n'empêche valablement ce qu'on redoute qu'en proposant mieux. » C'est pourquoi, nous devons favoriser les travaux sur le clonage thérapeutique et non les criminaliser, attitude aussi absurde que la criminalisation des vaccins à leur début. Même si nous devons passer, dans un premier temps, par la recherche sur l'embryon pour maîtriser l'utilisation de nos propres cellules.

 

                                                                                        

 http://www.quotimed.com/journal/index.cfm?fuseaction=viewarticle&DArtIdx=227229