anais
le bulletin de
l' information scientifique
de l’ association
nantes atlantique
pour l’ information scientifique
(anais – afis)
PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE
N° 20 – FEVRIER 2006 – MARS 2006
sommaire
l’éditorial
falsification scientifique en Corée
heurs
et malheurs du clonage humain
Quelques réflexions
autour de l’affaire de falsification scientifique en Corée
une conférence d’Anne Fagot-Largeault (professeur au Collège de France)
pseudo-clonage
thérapeutique
Ils ont démasqué le
Docteur Hwang
un article de Michel de Pracontal (Nouvel Observateur n° 249 du 12
janvier 2006)
.
diffusion des savoirs de l’Ecole Normale
Supérieure
du programme génétique au darwinisme cellulaire
une conférence de
Jean-Jacques Kupiec (Inserm)
La classification en sciences naturelles à l’école et ses
enjeux
une conférence de
Guillaume Lecointre (MNHN)
Ni dieu, ni maître dans l’évolution
une conférence de André Langaney (MNHN - univ. Genève)
du côté du CNRS
Préhistoire - Baby-boom au Néolithique
Évolution - Un faux pouce mais de
vraies fonctions
Les bébés de 5 mois comptent déjà avec leurs doigts
Un facteur génétique de sensibilité à la tuberculose
Troubles respiratoires du syndrome de Rett :
pistes de soin
Retraite napoléonienne de Russie : la biologie réécrit
l'histoire
Une thérapie génique innovante des pathologies
oculaires
Le mécanisme de déclenchement de la polykystose rénale
L'effet « coupe-faim » des protéines
Des différences structurelles entre les chromosomes
sexuels
Nouvelle énigme autour du virus géant Mimivirus
du côté de l’INSERM
trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent
Introduction au dossier (Michel Naud)
Trouble des conduites chez
l'enfant et l'adolescent (INSERM)
Communiqué en réponse
du 23 février 2006 (INSERM)
L’Inserm, les troubles des conduites
et l’intelligentsia (mutaliste)
POUR le progrès
scientifique et technique CONTRE les marchands de
fausses sciences
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44860 Saint Aignan de Grand Lieu,
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du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm
coordinateur :
Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr
l’éditorial
Depuis
notre dernier numéro éclatait une lame de fond : le directeur de France Soir
était limogé pour avoir publié les caricatures de Mahomet et quelques autres.
Une importante mobilisation s’est réalisée pour dire :
nous
nous y associons bien volontiers et nous en remettons une couche :
La
vérité cachée de la théorie du Big Bang : « Hmm … ça pourrait être
drôle. »
Nous
pourrions d’ailleurs ajouter que la liberté de parole ne se limite pas au droit
de critiquer ou se moquer des religions, des croyances pseudo-scientifiques
et de leurs représentants. Dans une contribution au quotidien Le Monde en date
du 23 février 2006 une brochette de scientifiques spiritualistes entraînés par
Jean Staune (ou tout au moins l’entourant) revendiquaient
ce qu’ils ont appelé une « Science sans a priori » en essayant de se
démarquer des mouvances protestantes créationnistes ou de l’Intelligent Design.
Nous ne manquerons pas de revenir sur leurs tentatives désespérées – en critiquant
et se moquant au besoin autant qu’il nous plaira - mais nous avons pensé qu’il
était plus important de consacrer ce numéro à la science en mouvement, d’autant
plus que les sujets de controverses ne manquent pas, plutôt qu’à la théologie
et à ses promoteurs, même intelligemment masqués.
Nous
avons ainsi attribué la place centrale de notre numéro à la bulle de la falsification scientifique qui a éclaté
en Corée. Nous essayons d’instruire
dans notre bulletin avec les informations qui nous sont parvenues. Nous ne
saurions trop vous encourager à visionner la conférence qui a été donnée par
Anne Fagot-Largeault, membre de l’Académie des
Sciences et professeure au Collège de France : vous pourrez le faire à
partir du site de diffusion des savoirs de l’école normale supérieure en
suivant les liens que nous vous donnons dans le bulletin.
Cette
falsification n’est bien évidemment pas la première pas plus qu’elle ne sera la
dernière ; elle prend néanmoins un relief particulier car c’est la plus
récente, d’une ampleur certaine, que les recherches en question flattent
l’imagination, incarnent beaucoup d’espoir de malades, en même temps qu’elles
génèrent beaucoup de fantasmes voire de controverses idéologiques. La leçon
principale que nous en tirons, qui pourrait paraître paradoxale à certains, est
que cette falsification met surtout en lumière … la supériorité systémique de
la méthode scientifique, en particulier dans le champ des sciences naturelles
en raison de la place centrale qu’y tient la méthode expérimentale : cette
falsification (dont on finira bien par démêler les tenants et aboutissants au
delà de quelques conclusions de la presse probablement trop hâtives) ne
pouvait pas passer au travers des mailles d’une science expérimentale mise
en réseau à une échelle planétaire … et elle fut même démontée en un temps
record grâce à une mobilisation exemplaire de la collectivité scientifique
coréenne et internationale.
Nous
avons également décidé de donner une place significative dans ce bulletin à la
polémique qui se développe à la suite du rapport
de l’INSERM sur les troubles de
conduites. Il est clair que la volonté de l’INSERM de soumettre, depuis
quelques années, les champs de la santé mentale et de ses traitements à
évaluation à soulevé des passions qui ne sont pas prêtes de retomber. Par delà
notre suspicion, que nous ne cachons pas, sur les affirmations des initiateurs
de l’appel en réponse à l’INSERM, suspicions qui ne peuvent être que renforcées
par les amalgames réalisés de façon évidente par les pétitionnaires, nous avons
décidé de donner les moyens à chacun et chacune de se forger sa propre idée en
pouvant accéder aux textes bruts, tant de l’INSERM que de ses détracteurs.
Vous
découvrirez le reste dans le bulletin mais une question me hante … J
Etes-vous à jour de votre cotisation annuelle ?
Association Française pour l’Information Scientifique
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vous savez ce qu’il vous reste à faire …
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site internet national : http://www.pseudo-sciences.org
L’assemblée
générale nationale aura lieu le samedi 20 Mai à Paris et notre assemblée
générale locale aura lieu le 3 Mai à Nantes. Nos adhérents recevront une
convocation nominative par message électronique ou par courrier.
A bientôt,
Michel Naud, coordinateur de l’association.
falsification scientifique en Corée
______________________________
Heurs et malheurs du clonage humain
Quelques réflexions
autour de l’affaire de falsification scientifique en Corée
une conférence du mardi 31 janvier
2006 (diffusion des savoirs de
l’Ecole Normale Supérieure)
Anne Fagot-Largeault est professeur au Collège de France, titulaire de la
chaire Philosophie des sciences biologiques et médicales et médecin spécialiste
attaché à l’hôpital Henri Mondor, Créteil.
biographie : http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922472951.htm
quelques
cours : http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922461194.htm
voir et/ou entendre la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=656
Informateurs :
Hee-Jin Han (Corée) Maître
de conférences associé, Collège de France
Alta Charo (USA)
professeur de droit et d’éthique médicale à University of Wisconsin, Madison
Jean-Paul Renard (France) ingénieur agronome, docteur
ès dciences et responsable de l'unité de biologie du
développement et biotechnologie de l'Inra, membre du Comité National
Consultatif d'Ethique pour les Sciences de
Quelques notes de Michel Naud sur la conférence
Cette
affaire compte plusieurs couches : la première, révélée en novembre 2005,
est relative à « l’exploitation » des donneuses d’ovocytes ; la seconde,
révélée en décembre 2005 est relative à la fabrication des données ; la
troisième, qui se développe depuis janvier 2006 est relative aux faiblesses du
système des referees ; et enfin, the last but not the
least, l’émergence progressive des dessous de cette affaire.
La première couche du millefeuille
…
Trois
articles de Woo-Suk Hwang avaient
attiré l’attention des biologistes. Vétérinaire, Hwang
est spécialiste du clonage par la technique du transfert de noyau : il
sait faire ; lui et son équipe sont des spécialistes reconnus.
Deux de
ces publications ont été réalisées dans Science, la troisième est réalisée dans
Nature. Disons tout de suite que celle réalisée dans Nature, relative au
clonage du chien Snoopy, n’est pas concernée par
cette affaire de falsification : devant les mésaventures de son collègue
et néanmoins concurrent Science, Nature diligentait rapidement une enquête lui
permettant de se rassurer sur la validité de « son » article ;
de façon officielle, postérieurement à
la conférence d’Anne Foargot-Largeault, la réussite
du clonage de Snoopy a été confirmée.
La
première des deux publications dans Science compte 15 signataires, la seconde
25 signataires.
Alors que
le 19 octobre 2005 Woo-Suk Hyang
est quasiment sacré « roi du clonage », peut-être même
« nobélisable », dès le 12 novembre 2005, Gerald P Schatten, biologiste à l’université de Pittsburgh, et
dernier co-signataire de la dernière publication, annonce qu’il coupe ses liens
avec Hwang.
La
contribution de Schatten à cette publication n’est
néanmoins que purement « littéraire ». Il semblerait que Schatten s’est proposé plus qu’on ne lui a demandé de
mettre en forme la publication dans un format acceptable pour Science, exercice
qui n’est pas toujours des plus faciles pour des coréens. Il recevait les
données par e-mail et les mettait donc en forme pour publication. Ainsi, le 12
novembre 2005 Gerald Schatten affirme avoir découvert
ce qu’il considère comme des manquements à l’éthique qu’il n’accepte pas.
Lesquels ? les donneuses d’ovocytes seraient
payées, et, pire à ses yeux, des collaboratrices de l’équipe de Hwang figureraient dans les donneuses. C’est ce qu’annonce
publiquement une chaîne de télévision coréenne le 22 novembre 2005.
Ces faits
étaient pourtant connus de longue date. D’une part, dans Nature, en mai 2004, Jan-Min Koo, une biologiste de
l’équipe de Hwang déclarait qu’elle avait donné des
ovocytes, ainsi qu’une autre jeune femme du labo, et disait sa fierté de
contribuer à cette aventure, notamment par patriotisme. D’autre part, il
n’était pas interdit à l’époque en Corée de payer les donneuses d’ovocytes (cela
a été interdit en Janvier 2005) ; le tarif était de 1400 USD par don
(alors que dans le même temps, les tarifs aux USA étaient entre 3000 et 5000
USD, même si il convient de rappeler que les niveaux de vie ne sont pas
comparables). L’article de Nature n’avait pas remué les foules. Et d’ailleurs,
en novembre 2005, en réponse à Schatten, un juriste
états-unien expliquait, dans la plus pure tradition du libéralisme américain,
que ce n’était pas bien grave, que chacun pouvait bien faire ce qu’il voulait
de son corps et qu’il n’y avait rien de moralement répréhensible à ce que les
donneuses soient payées pour ce don.
Plus
délicat semblait le fait que Hwang, dans un premier
temps, devant la pression médiatique, a tenté de cacher ces aspects et a
menti ; il s’en est même excusé ensuite devant la télévision. Pour une
philosophe américaine (Laurie Zoloth), le fait qu’un
scientifique mente, même sur un point annexe, discrédite la science.
Sur cette
dimension éthique, la seule soulevée à l’époque, il est remarquable que nulle
part sur la planète des voix ne se soient élevées contre le fait que Hwang ait réussi ce qu’on croyait être cette première en
clonage humain. Il convient quand même de se rappeler, qu’en France, par la loi
de bioéthique, le clonage est totalement interdit : le clonage
reproductif, taxé de « crime contre l’espèce humaine », est passible
de 30 ans de prison, alors que le clonage à visée thérapeutique est passible de
7 ans de prison.
Le fait
qu’à ce stade le seul reproche qui émerge réellement est celui du
« mensonge » traduit que les opinions publiques basculent
progressivement dans un sens très favorable au clonage, en particulier, à visée
thérapeutique, en étant tirées par les associations de malades. Progressivement
les objections tombent. Et même en matière reproductive. Ainsi, par exemple, un
DEA a été soutenu à Paris I défendant la thèse d’une solution élégante et
acceptable pour la procréation d’un couple stérile refusant pour une raison,
par exemple religieuse, le don de sperme d’un donneur, de procéder à un clonage
par transfert de noyau d’une cellule du candidat à la paternité dans un ovocyte
de la candidate à la maternité. La loi française considère cela comme un
« crime contre l’espèce humaine » …
L’affaire de la falsification
scientifique proprement dite …
Le 1er
décembre 2005, sur la chaîne NBC Coréenne le producteur jette un doute sur
l’authenticité des données des articles publiés par Hwang.
Le 10 décembre le directeur de la clinique MizMedi
révèle que sur les onze lignées de la publication neuf sont fausses (on sait
maintenant que ce sont toutes les onze). Le 13 décembre Schatten
demande qu’on retire son nom parmi les co-signataires. Le 29 décembre 2005 on
finit par apprendre que les données ont été entièrement fabriquées
On commence
à comprendre comment cela a pu se passer.
Hwang,
qui est vétérinaire, et son équipe sont spécialistes du clonage par transfert
de noyau. Ils sont maîtres d’œuvre des quatre premières étapes du
processus : de la première cellule dans laquelle on transfère un noyau
jusqu’à la multiplication cellulaire qui aboutit au stade blastocyte.
Les ovocytes lui étaient fournies, on a vu comment, et
ces étapes constituent sa spécialité.
Les
étapes suivantes étaient réalisées par une clinique spécialisée en procréation
médicalement assistée, la clinique MizMedi associée
au laboratoire de Hwang pour ce projet. C’est la
clinique MizMedi qui était en charge de la dérivation des lignées cellulaires puis de
leur différentiation dans différentes voies pour qu’on les utilise dans des fins thérapeutiques. C’est donc là que les lignées qui se
sont révélées n’avoir jamais existé auraient du être produites. C’est là que
les photos, qui se sont révélées être des photos de lignées cellulaires
résultant de procréation médicalement assistées, ont été réalisées.
Curieusement
on constatera que les deux chercheurs de l’équipe de la clinique de procréation
médicalement assistée mis en cause par Hwang comme
étant les « truqueurs » sont employés … par l’équipe de l’Université de
Pittsburgh dirigée par Gerald Schatten …
Anne Fagot-Largeault dit avoir un doute, qui n’est à ce stade
qu’un doute, mais qui est suffisamment consistant pour qu’elle en face état,
sur le rôle exact joué par le biologiste états-unien Gerald Schatten
dans toute cette affaire …
De même,
Jean-Paul Renard, qui connaît le professeur Hwang ne
l’accable pas et dit qu’on ne sait encore pas tout … et c’est un autre étage de
cette affaire de falsification, qui pourrait s’avérer le plus important, qui
s’ouvre :
1) Il
existe des preuves indépendantes (équipe de Newcastle, UK, et autres travaux de
l’équipe Hwang) que les étapes du clonage humain
jusqu’au stade blastocyte sont possibles.
2) Quant
aux étapes prétendument réalisées à la clinique MizMedi
(dérivation des lignées cellulaires puis différentiation) on n’a pas encore de
preuves qu’elles soient possibles : « on
ne sait pas très bien ce qu’ils ont fait du côté de la clinique »
3) Si Hwang Woo Suk avait reçu beaucoup
d’argent du gouvernement coréen qui soutenait ses recherches, il est maintenant
établi également que l’hôpital MizMedi avait aussi de
puissants intérêts financiers dans l’affaire : la clinique a bénéficié de
subventions de 1,3 Millions d’USD … des USA … et de plus la clinique a déclaré
elle-même que les cellules souches se vendent 6000 dollars la pièce en même
temps qu’elle se déclare prête à en fabriquer 2000/an …
La conclusion d’Anne Fargot-Largeault
On ne
sait pas ce qu’il y a au fond du fond de cette affaire
Il semble
impossible que la fraude soit la fraude d’une personne
A sa
lecture de l’article en 2005 elle s’était fait la réflexion que c’était d’une
telle perfection …
mais
cette perfection s’est révélée être celle de la rédaction de Monsieur Gerald Schatten …
____________________________________
pseudo-clonage
thérapeutique
ils ont démasqué le Docteur Hwang
un article du nouvel observateur n° 249
du 12 janvier 2006
Comment des douzaines de jeunes
chercheurs coréens et une chaîne de télévision se sont alliés pour démontrer ce
que les experts de l'illustre revue « Science » n'avaient pas su voir : l'idole
de la biologie coréenne avait menti sur toute la ligne
Le 19 mai 2005, la revue « Science »
publie sur son site web un scoop retentissant : un article du Coréen Woo-suk Hwang décrivant la
création de onze lignées de cellules souches humaines par clonage. «Révolution
scientifique» pour le Français Marc Peschanski, c'est
une «percée que l'on n'attendait pas avant des dizaines d'années » selon Gerald
Schatten, de l'Université de Pittsburgh. Le même Schatten n'a pas fini de se mordre les doigts :
coauteur de l'article de Hwang, il a engagé sa
crédibilité sur ce qui se révèle la fraude scientifique de la décennie !
En découvrant le papier de Hwang sur leur base de données, le 15 mars 2005, les
éditeurs de « Science » pensaient bien tenir un article «potentiellement
explosif » - même s'ils ne s'attendaient pas à ce qu'il le soit autant... Ils
le publieront en moins de deux mois, délai bien plus court que la moyenne. Il
faut dire que l'article fait une quasi-réalité de ce que beaucoup considèrent
comme le dernier Graal de la biomédecine : le clonage thérapeutique, dans
lequel des cellules souches issues d'un embryon cloné se transforment à volonté
en un tissu particulier de l'organisme, afin de réparer les dégâts produits par
une lésion ou une maladie. L'équipe de Hwang est à
deux pas de ce miracle médical : elle a cloné des embryons à partir de
neuf patients atteints d'une maladie héréditaire ou d'une lésion de la moelle
épinière et a obtenu onze lignées de cellules souches, chacune spécifique d'un
patient !
Le 29 décembre, c'est le grand bond en
arrière : une commission d'enquête de l'Université nationale de Séoul
annonce qu'il n'y a «aucune preuve que Woo-suk Hwang et son équipe aient produit une seule des cellules
souches spécifiques décrites dans l'article de 2005». Les cellules souches ne
viennent pas du clonage, mais d'embryons obtenus par de classiques fécondations
in vitro à l'hôpital MizMedi de Séoul ! Le chercheur
coréen n'a cloné... que les photos destinées à prouver que ses lignées avaient
les mêmes gènes que ses patients !
Si la chute de Hwang
stupéfie la communauté scientifique mondiale, elle rend justice, selon « Science
», «à des douzaines de jeunes scientifiques coréens anonymes qui, sans se
connaître, ont travaillé ensemble et avec les médias pour démasquer une énorme
fraude scientifique» (1). Comme « Science » le reconnaît avec fair-play, dans
cette affaire hors du commun, les procédures normales de contrôle de la
publication scientifique ont échoué (voir encadré). Si la vérité a éclaté,
c'est grâce à l'association inédite de chercheurs choqués par des méthodes
illicites, d'internet et d'une équipe de télévision.
Tout commence avec un mail parvenu le 1er
juin 2005 sur la boîte aux lettres électronique de « PD Notebook », une
émission de télévision spécialisée dans les enquêtes d'actualité et diffusée
par la chaîne coréenne MBC (Munhwa Broadcasting Corp.). L'auteur du
message se dit préoccupé par des irrégularités dans
les travaux de Hwang et invite les producteurs à le
contacter. Quelques jours plus tard, le correspondant anonyme est interviewé
par un journaliste de « PD Notebook », Hak-soo Han.
Il affirme avoir travaillé chez Hwang jusqu'à la
parution de son premier article notoire, publié dans « Science » en mars 2004
et qui décrit la première lignée de cellules souches issues d'un clonage
d'embryon humain (cet article a fait moins de bruit que celui de 2005 parce que
Hwang n'a pas prouvé rigoureusement qu'il s'agissait
d'un véritable clonage, et parce que le taux de succès de l'expérience était
très faible).
D'après l'informateur de Han, une
partie des ovules utilisés ont été fournis par de jeunes chercheuses de
l'équipe de Hwang, moyennant finances et sous
diverses pressions. L'informateur fournit les noms, les références des dons et
un e-mail d'une chercheuse concernée. Il met aussi en doute la validité
scientifique de la publication de 2005, sans donner de preuve d'une fraude.
Etonné, Han décide de pousser l'enquête
plus loin. L'équipe de « PD Notebook »se lie à deux autres chercheurs ayant
travaillé chez Hwang ainsi qu'à des consultants
extérieurs. Prétendant réaliser un documentaire sur les biotechnologies coréennes,
les journalistes interviewent les coauteurs du papier de 2005. Surprise : la
plupart d'entre eux n'ont jamais vu les fameuses cellules souches ! Puis, en
octobre, « PD Notebook » obtient la preuve qu'au moins une des lignées
prétendument clonées de Hwang provient en fait d'un
embryon produit au centre de fécondation in vitro de l'hôpital MizMedi, lequel collabore avec Hwang
! Han décide alors de piéger Sun-jong Kim, co-auteur de l'article de 2005, qui a quitté
Le 11 novembre 2005, alors que « PD
Notebook »n'a rien diffusé de ses découvertes sulfureuses, Gerald Schatten annonce qu'il met fin à sa collaboration avec Hwang. Raison avancée : les conditions peu éthiques
dans lesquelles ont été récoltés les ovules utilisés par Hwang.
Le 22 novembre, MBC diffuse un reportage relatant que de jeunes chercheuses de
l'équipe de Hwang ont été payées pour fournir leurs
ovules. L'intéressé le reconnaît lors d'une conférence de presse deux jours
plus tard, prétendant qu'il a menti pour protéger la vie privée de ses
chercheuses...
Malgré l'aveu de Hwang,
« PD Notebook » est voué aux gémonies par le public coréen, qui n'admet pas que
l'on attaque son idole. Lorsque Kim et un autre
chercheur de Pittsburgh déclarent sur une autre chaîne de télévision qu'ils ont
été piégés, « PD Notebook » se trouve en fâcheuse posture. Les sponsors
retirent leurs publicités, le site web et le standard de la chaîne sont
submergés de messages d'injures. MBC s'excuse pour ses méthodes peu
déontologiques et suspend son programme, renonçant à diffuser la deuxième
partie qui devait traiter de la fraude.
Etant donné l'immense popularité de Hwang, l'histoire aurait pu en rester là. Elle rebondit sur
un autre site web, celui du Bric (Biological Research Information Center), qui
fournit des informations destinées aux jeunes chercheurs en biologie. Des
messages anonymes font état d'images dupliquées dans l'article de Hwang. Bientôt, plus de 200 courriers pointent les photos «
clonées ». «Duplication accidentelle», prétend Hwang.
Le 12 décembre, l'université de Séoul lance une enquête. Le 15, alors que
l'opinion coréenne commence à basculer, MBC diffuse un reportage de « PD
Notebook » dans lequel Kim - le visage caché - admet
avoir manipulé les photos à la demande de Hwang.
Début janvier, alors que MBC a rétabli son émission d'investigation, « PD
Notebook » révèle que l'équipe de Hwang avait récolté
plus de 1 600 ovules et non pas 427 comme il était indiqué dans « Science » !
Une vraie pêche miraculeuse. Le miracle scientifique, lui, n'était pas au
rendez-vous.
(1) « Science », 6 janvier 2006, pp. 22-25.
Michel de Pracontal,
né à Cannes en 1954, Michel de Pracontal est journaliste scientifique au Nouvel
Observateur depuis 1970.
Bibliographie (extraits) :
Diffusion des savoirs
de l’Ecole Normale Supérieure
Dans Qu’est-ce
que la vie ? Schrödinger a tracé une séparation très nette entre la physique
et la biologie. Alors qu’en physique un principe d’ordre à partir du
désordre opère, la biologie dépendrait d’un principe d’ordre à partir de
l’ordre. Alors qu’en physique l’ordre au niveau macroscopique est produit
par un comportement probabiliste des molécules au niveau microscopique, en
biologie, les protéines échapperaient au hasard brownien grâce à l’information
génétique. Cette vision, à la base de la théorie du programme génétique, a
profondément influencé la biologie moléculaire. Cependant, les données récentes
démontrant l’importance des phénomènes aléatoires dans les interactions
moléculaires et dans l’expression des gènes contredisent le principe d’ordre
par l’ordre de Schrödinger. Une théorie alternative peut être proposée dans
laquelle l’ordre biologique provient d’une extension de
Bertrand
Laforge., Guez, D.,
Jean-Jacques Kupiec (Inserm)
Centre Cavaillés de l’Ecole normale supérieure
Ecouter et ou visualiser la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1092
La classification en sciences naturelles à l’école et ses
enjeux
Depuis un demi
siècle, la classification des êtres vivants a subi une véritable révolution à
la fois dans sa philosophie et dans ses méthodes. Dans sa philosophie, car
comme elle parvient désormais à identifier les parentés évolutives des êtres
vivants, le cahier des charges fixé par Darwin en 1859 peut être rempli,
ce qui permet de tourner le dos à des philosophies antérieures qui
restaient inscrites dans nos classifications. Dans ses méthodes, avec
l’introduction dans les années 1950 de la systématique phylogénétique par Willi Hennig et ses applications
informatisées dès les années 1970. Dans les dernières décennies la systématique
phylogénétique a bénéficié, en outre, des outils de la biologie moléculaire et
de la bioinformatique permettant, notamment, de comparer les séquences des
macromolécules, ADN et ARN.
Pourtant, la classification phylogénétique est restée longtemps méconnue dans l’enseignement, non seulement à l’école primaire, au collège et au lycée, mais souvent aussi dans l’enseignement supérieur, ce qui n‚a pas été sans conséquences sur la compréhension du vivant. En effet, tout en intégrant la notion d’évolution dans les programmes scolaires, on a continué à utiliser la classification établie par Linné au dix-huitième siècle dans un contexte scientifique où les espèces étaient des créatures et où l’évolution du vivant était encore inconnue. Cet état de fait a contribué à ancrer dans les esprits nombre d’idées fausses, en particulier sur l’évolution du vivant, que l’on retrouve notamment dans des manuels scolaires.
Guillaume Lecointre (MNHN)
Professeur au Muséum national d’histoire naturelle et directeur de l’école
doctorale du MNHN
Ecouter et ou visualiser la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=744
Ni dieu, ni maître dans l’évolution
La théorie de
l’évolution a mis, en Europe, quatre siècles à émerger comme représentation scientifique
de l’histoire de la vie, malgré les persécutions religieuses et l’opposition
des fondamentalismes monothéistes. Dans cette histoire, il convient de
restituer à chacun sa contribution, souvent obscurcie par les censures et les
stratégies de communication scientifique des auteurs.
Les terrains de
bataille ont beaucoup changé et varient encore du fondamentalisme le plus borné
jusqu’au prétendu "intelligent design". Dans cette affaire, les torts
des scientifiques sont souvent de chercher, eux aussi, à répondre à des
questions hors du champ de la science, d’accepter un terrain de lutte
idéologique qui n’est pas le leur, d’employer les méthodes approximatives et
émotionnelles de leurs adversaires, souvent avec moins de talent. Ceci quand
ils ne cherchent pas l’argument de l’autorité d’illustres "maîtres"
du passé ou contemporains, à qui l’on prête sans cesse des découvertes ou des
problématiques qui ne furent pas les leurs.
La recherche de "dieu(x)" par des méthodes scientifiques a commencé bien avant l’établissement de la théorie actuelle de l’évolution et les errements teilhardiens. Des variantes récentes ont clamé son succès par suite de l’observation des chromosomes des anthropomorphes, de conjectures mathématiques sur la probabilité de l’oeil, sur les fossiles, les phylogénies moléculaires ou le sphénoïde des primates. Les plus aberrants des "chercheurs" concernés n’hésitent pas à nous prédire un futur lointain que même nos lointains descendants auront du mal à mettre à l’épreuve ! Les dieux et leurs variantes sont décidément des hypothèses trop complexes, non réfutables et non conformes au statut moderne de la science.
André Langaney (MNHN - univ. Genève)
Professeur au Muséum national d’histoire naturelle et à l’université de Genève.
Ecouter et ou visualiser la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1112
du côté du CNRS
_______________________________
Préhistoire
- Baby-boom au Néolithique
Les préhistoriens ont toujours pensé sans jamais l'avoir
démontré que lors du passage du Mésolithique au Néolithique, les populations se
sont accrues rapidement. La raison ? La révolution technique et culturelle la
plus profonde qu'aient connue les hommes : chasseurs-cueilleurs nomades depuis
la nuit des temps, ils se sont sédentarisés et ont découvert, entre autres,
l'agriculture et l'élevage 1.
La preuve de cet
accroissement vient d'être apportée par deux anthropologues-démographes,
Jean-Pierre Bocquet-Appel, directeur de recherche au
laboratoire CNRS « Dynamique de l'évolution humaine : individus, populations,
espèces », et Stephan Naji, étudiant en thèse à
l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) 2. Mieux, ils
ont révélé un véritable baby-boom survenu lorsque les hommes sont devenus
sédentaires. Pour cela, ils ont procédé à une étude statistique des ossements
de dizaines de cimetières méso- et néolithiques en
Afrique du Nord, en Europe et en Amérique du Nord 3. Et parmi les squelettes,
ils ont remarqué que la proportion d'enfants et d'adolescents est beaucoup
moins nombreuse dans les cimetières mésolithiques. Elle est d'environ 20 %
avant la sédentarisation et atteint les 30 % quelque 600 ou 800 ans après
l'avènement du Néolithique. « À l'inverse
de ce qu'on pourrait croire, ceci ne veut pas dire que les conditions se sont
dégradées et que la mortalité des jeunes a augmenté. Cette proportion montre
seulement que la base de la pyramide des âges de la population vivante s'est fortement
élargie », décrypte Jean-Pierre Bocquet-Appel.
Le chercheur
révèle aussi que le même scénario s'est déroulé dans les différents foyers
d'apparition du Néolithique. Les hommes se sont d'abord installés à des
endroits riches en ressources – gibier, poissons, végétaux, coquillages –, et
la sédentarisation a stimulé les naissances. Mais l'économie fondée sur la
chasse et la cueillette a vite trouvé ses limites. « Pendant plusieurs générations, ils ont subi une véritable crise
démographique. Ils avaient trop d'enfants, bien plus qu'ils ne pouvaient en
nourrir. La population a tellement souffert qu'elle est tombée parfois sous le
seuil de remplacement des générations, raconte le chercheur. C'est alors que sont apparus l'agriculture
et l'élevage et la possibilité de nourrir beaucoup plus de monde. » Mais
pourquoi la sédentarisation a-t-elle provoqué ce baby-boom ? D'après
Jean-Pierre Bocquet-Appel, lorsque les chasseurs-collecteurs nomades se déplacent, les femmes
portent les enfants, qui sont souvent en contact avec le sein maternel et
peuvent téter à tout moment. Or l'allaitement retarde la reprise du cycle mentruel après la naissance d'un enfant. La fécondité des
femmes nomades est donc plus faible. En revanche, chez les peuples sédentaires,
les femmes posent leurs enfants et les allaitent moins longtemps. Leur
fertilité est bien plus importante et peut atteindre huit à douze enfants en
moyenne. Ceci expliquerait le baby-boom néolithique.
L'étude montre
que le rapport de cause à effet entre la sédentarisation et l'invention de
l'agriculture et de l'élevage est plus subtil que cela : « C'est la crise démographique due au trop grand nombre d'enfants qui a
certainement conduit à l'adoption de ce nouveau moyen de production. Ce dernier
a ensuite intensifié la sédentarisation, laquelle a augmenté encore la
fécondité. Une sorte de processus qui s'est auto-alimenté.
»
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/825.htm
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Évolution -
Un faux pouce mais de vraies fonctions
Contrairement à ce que les paléontologues supposaient, le
fameux sixième doigt, ou faux pouce, des pandas 1 seuls
mammifères connus à ce jour à posséder une telle particularité ne lui
servait pas à l'origine à manipuler de la nourriture, mais à faciliter ses
déplacements. En effet, la découverte par une équipe franco-espagnole d'un
ancêtre du petit panda, ou panda roux 2, appelé Simocyon
batalleri montre que cet animal vieux de neuf
millions d'années possédait, tout comme son descendant herbivore, un sixième
doigt. « Mais en étudiant sa denture, nous sommes arrivés à la conclusion
que cet animal mangeait essentiellement de la viande, et non des végétaux comme
le petit panda actuel, annonce Stéphane Peigné, jeune chercheur au
Laboratoire de géobiologie, biochronologie et
paléontologie humaine
Aujourd'hui, des millions d'années ont passé ; l'environnement et le mode de
vie du petit panda sont très différents de ceux de Simocyon,
au point de rendre obsolète l'utilisation originelle de son sixième doigt. Mais
comme son régime alimentaire s'est aussi modifié, l'évolution a transformé
l'usage premier de ce faux pouce en un usage second et unique, à savoir la
manipulation de bambous et autres feuillages. « Le faux pouce du petit panda
est un merveilleux exemple d'exaptation, ou
réadaptation secondaire, soit une structure dont la fonction ou l'usage actuel
est différent de la fonction originelle », conclut le chercheur. La
véritable origine du sixième doigt du petit panda aurait certainement ravi S.
J. Gould, qui avait choisi cet exemple pour illustrer le principe de
contingence dans l'évolution 4. Comme quoi, dans l'évolution aussi,
on peut donner un petit coup de pouce au hasard !
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/826.htm
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Les bébés de 5 mois
comptent déjà avec leurs doigts
Des
chercheurs du CNRS et des Universités Paris 5 et Pierre Mendès France de
Grenoble (1) viennent de montrer que les bébés âgés de 5 mois sont capables de
différencier par la vue et le toucher des petites quantités d'objets. Ces
résultats prouvent que chez les nourrissons les représentations mentales des
petites quantités sont indépendantes des modalités sensorielles et donc
abstraites. Ils sont disponibles en ligne sur le site de la revue Cognitive Development.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/824.htm
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La génomique contre
les infections nosocomiales
Acinetobacter baumannii est une bactérie opportuniste responsable d'un
nombre croissant d'infections nosocomiales ultra-résistantes
et souvent mortelles. Elle a rapidement acquis la capacité d'accumuler des
gènes de résistance aux antibiotiques, ce qui lui confère aujourd'hui une
résistance quasi-totale. Les derniers travaux sur le génome de cette bactérie
pourront servir à accélérer le diagnostic des infections nosocomiales et à en
affiner le traitement. Ils sont publiés sur Internet dans la revue PloS Genetics de janvier 2006.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/806.htm
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Un facteur
génétique de sensibilité à la tuberculose
Des
équipes de l'Institut Pasteur et du CNRS viennent d'identifier un facteur
génétique dont pourrait dépendre la sensibilité à la tuberculose. Les
chercheurs ont analysé chez une large population les variations du gène
DC-SIGN, impliqué dans les infections à Mycobacterium
tuberculosis. Ils ont montré qu'un variant de ce gène
est surreprésenté chez les individus qui ne développent pas la maladie. Ce
travail publié dans PLoS Medicine
devrait aider à comprendre le rôle de DC-SIGN dans la propagation de la tuberculose
et ouvrir des pistes nouvelles pour développer des stratégies de traitement de
la maladie.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/802.htm
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Troubles
respiratoires du syndrome de Rett : pistes de
soin
Le
syndrome de Rett est une maladie génétique rare qui
s'accompagne de troubles respiratoires graves et récurrents. En travaillant sur
des souris, des chercheurs du CNRS (1) ont identifié la mutation génétique
responsable de ces troubles et la façon dont elle agit. Ces travaux permettent
d'envisager un traitement pharmacologique de la maladie. Ils sont publiés dans The Journal of Neuroscience.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/801.htm
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retraite napoléonienne de Russie : la biologie réécrit l'histoire
Décembre
1812 : ce qui reste des soldats de
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/798.htm
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Une thérapie
génique innovante des pathologies oculaires
Le
vieillissement de la population s'accompagne d'une explosion du nombre de maladies
chroniques inflammatoires ou dégénératives provoquant la cécité. Pour ces
pathologies, la recherche de thérapies représente donc un enjeu de santé
publique. Alors que les injections de protéines thérapeutiques dans le globe
oculaire représentent une voie de traitement prometteuse mais mal tolérée par
le patient et non dénuée de risques, des chercheurs de l'Inserm et du CNRS
viennent de mettre au point une alternative utilisant de faibles champs
électriques pour administrer de l'ADN codant une protéine thérapeutique. Par un
traitement rapide et bien toléré, cette nouvelle méthode permet d'assurer une
production locale et durable de ces protéines médicaments dans l'oeil. Ces
résultats sont publiés dans The Faseb
Journal.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/795.htm
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Le mécanisme de
déclenchement de la polykystose rénale
Des
chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS viennent de mettre en évidence les
mécanismes cellulaires impliqués dans la polykystose
rénale, une maladie génétique très invalidante qui altère le fonctionnement du
rein. Les auteurs ont montré que la dilatation des tubules rénaux à l'origine
de la formation de kystes est liée à une croissance désorganisée des cellules
qui les composent. Ces travaux, publiés dans la revue « Nature Genetics » permettent de mieux comprendre les premières
étapes de cette maladie génétique et constituent une avancée importante pour
mieux cibler la recherche des nouvelles voies thérapeutiques.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/794.htm
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L'effet
« coupe-faim » des protéines
L'effet
« coupe-faim » des protéines, connu chez l'homme et l'animal, est utilisé
depuis longtemps dans les régimes alimentaires et le traitement de l'obésité.
Les mécanismes qu'il met en jeu étaient encore mal compris. Des travaux issus
d'une collaboration entre le CNRS, l'Inserm, l'INRA et l'Université Claude
Bernard - Lyon 1, expliquent son origine : l'ingestion de protéines stimule la
synthèse de glucose par l'intestin et génère ainsi un signal de satiété pour le
cerveau. Ces résultats, publiés dans le numéro de novembre de Cell Metabolism, permettent
d'envisager de futures approches thérapeutiques de l'obésité.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/780.htm
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Des différences
structurelles entre les chromosomes sexuels
Lors
des premières phases du développement de l'embryon, il existe une différence de
structure entre les chromosomes paternels et maternels. C'est ce que des
chercheurs du CNRS(1) viennent de découvrir. Ce
résultat, obtenu chez la mouche mais probablement valable chez les vertébrés et
en particulier chez l'homme, est publié dans la revue Nature du 27 octobre. Il
ouvre des perspectives dans la compréhension des modifications qui touchent les
chromosomes paternels au tout début de l'embryogénèse.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/776.htm
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Nouvelle énigme
autour du virus géant Mimivirus
Les
chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS,
Marseille) participent en 2003 à la découverte, chez une amibe, du plus grand
virus à ADN jamais recensé, Mimivirus. En 2004, ils
analysent son génome et y trouvent des gènes inhabituels chez les virus. Leurs
derniers travaux, publiés le 11 octobre dans les Proceedings
of the national Academy of
Sciences of the USA (PNAS), montrent que Mimivirus a conservé une grande homogénéité au cours de
l'évolution et relancent l'hypothèse selon laquelle il constituerait une
nouvelle branche dans l'arbre du vivant.
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/771.htm
du côté de l’INSERM
trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent
___________________
Introduction au dossier
Peut-être en avez-vous entendu parler mais la polémique qui se
déchaîne dans les milieux des professionnels de l’enfance et de l’adolescence à
propos d’un rapport de l’INSERM paraît un peu surréaliste et n’est pas sans
rappeler celle qui s’était déroulée en 2004 avec pratiquement les mêmes parties
prenantes à propos de l’évaluation des psychothérapies. Nous aurons
certainement l’occasion de revenir sur ce(s) dossier(s) mais nous allons ici en
donner les grandes lignes.
L’INSERM a été sollicitée par un organisme officiel (
L’état des savoirs, tel qu’il apparaît au vu des publications
scientifiques réalisées, et la synthèse qui peut en être tirée, comme en 2004
ne plaît pas à une fraction des professionnels, fraction qui a décidé de le
dire et de prendre à témoin la population en prenant l’initiative d’une
pétition qui à ce jour revendique 150 000 signataires.
Nous allons donc nous contenter (ce qui est déjà un choix de ligne
éditoriale assumé) de reproduire successivement des extraits de documents (avec
les liens pour les versions intégrales) :
-
une brève présentation (origine INSERM)
de l’objet de l’expertise collective et des moyens mis en œuvre pour y répondre
(septembre 2005)
-
un long extrait de la pétition accompagnée
de la liste initiale des pétitionnaires (janvier 2006)
-
un extrait du communiqué en réponse de
l’INSERM (février 2006)
-
une synthèse réalisée par la « mutaliste » - site opposé aux pétitionnaires – (mars
2006)
-
une interview du directeur de l’INSERM
dans Le Monde (mars 2006)
-
une opinion de Philippe JEAMMET dans Le
Monde (mars 2006)
Bien sûr la ligne éditoriale choisie traduit la plus extrême
méfiance au regard de l’appel en réponse à l’expertise collective de l’INSERM,
néanmoins nous avons voulu honnêtement donner les moyens par cet exposé et les
liens à chacun et chacune d’entre vous de se faire une idée personnelle de la
réalité des débats en cours, et en particulier sur l’existence et où
d’intrusions idéologiques dans les sciences ou aux marges de la science.
Le 29 mars 2006,
Michel Naud
______________________________________________________________
Trouble
des conduites chez l'enfant et l'adolescent
Expertise Collective Inserm
trouble des conduites et délinquance
Le
trouble des conduites s’exprime chez l’enfant et l’adolescent par une palette
de comportements très divers qui vont des crises de colère et de désobéissance
répétées de l’enfant difficile aux agressions graves comme le viol, les coups
et blessures et le vol du délinquant. Sa caractéristique majeure est une
atteinte aux droits d’autrui et aux normes sociales. La question se pose donc
de savoir comment se situe le trouble des conduites au sein du phénomène social
qu’est la délinquance. Le concept de délinquance est un concept légal dont les
limites dépendent en grande partie des changements dans les pratiques
policières ou judiciaires. L’approche clinique qui est choisie dans cette
expertise ne traite pas de la délinquance même si le comportement antisocial
qui caractérise le trouble des conduites peut signifier acte de délinquance. La
manière la plus légitime d’opérer une liaison entre le trouble des conduites et
la délinquance est de considérer ce trouble comme un facteur de risque de
délinquance qui peut jouer en complémentarité avec d’autres facteurs.
Cependant, tout adolescent coupable selon la loi d’actes de violence ou de
vandalisme n’est pas nécessairement atteint d’un trouble des conduites.
la demande formulée à l’INSERM
Afin de compléter
l’expertise collective sur les troubles mentaux publiée en 2002,
la méthode de l’INSERM
Pour répondre à la
question posée, l’Inserm a mis en place un groupe
pluridisciplinaire d’experts rassemblant des compétences dans les domaines de
la psychiatrie, psychologie, épidémiologie, sciences cognitives, génétique,
neurobiologie, éthologie pour effectuer une analyse critique des données
internationales des différents champs disciplinaires (plus de 1 000 articles et rapports
scientifiques et médicaux analysés dans cette expertise collective) selon la grille de questions suivantes :
• Au sein de l’entité des troubles du comportement,
comment se définissent le trouble des conduites, le trouble déficit de
l’attention/hyperactivité, le trouble oppositionnel avec provocation ?
• Le trouble des conduites débutant durant
l’enfance et le trouble débutant à l’adolescence sont-ils de nature différente
? Y a-t-il des spécificités selon le sexe ? Quelle est l’évolution vers le
trouble de la personnalité antisociale ?
• Quelle est la prévalence du trouble des conduites
en population générale et dans les populations de jeunes délinquants ? Quelle
est la fréquence des troubles associés ?
• Quelles sont les données disponibles sur les
facteurs de risques périnatals et sur l’impact de l’attachement aux parents ?
• Comment interagissent les susceptibilités
génétiques, le tempérament, la personnalité avec l’environnement familial et
social ? Quel est le lien entre le trouble des conduites et les différents
déficits neurocognitifs identifiés ?
• Quelles sont les trajectoires développementales
des symptômes du trouble des conduites et leurs facteurs de risque ?
• Comment repérer les facteurs de risque et
prévenir le trouble des conduites ? Quels sont les programmes de prévention
validés ?
• Comment traiter le trouble des conduites et les
troubles associés ? Quelles sont les thérapies efficaces ?
• Quelles sont les recherches sur les fondements
neurobiologiques du trouble des conduites permettant de mieux circonscrire ses
mécanismes éthiopathogéniques et susceptibles de
déboucher sur de nouveaux traitements ? Quels sont les apports des modèles
animaux pour comprendre ce trouble ?
groupe d’experts et auteurs
Charles COHEN-SALMON,
Vulnérabilité, adaptation et psychopathologie, CNRS UMR 7593, Centre
hospitalier universitaire Pitié Salpêtrière, Paris, Sylvana COTE, École de psychoéducation, Université de Montréal, Canada, Pierre FOURNERET, Institut des Sciences
Cognitives, UMR5015, CNRS, UCBL1, Bron, Isabelle
GASQUET, Troubles du comportement alimentaire des adolescents, Inserm U669
et Direction de
Ont été
auditionnés : Catherine
BLATIER, Psychologie clinique et pathologique, Université de Grenoble, Michel BORN, Psychologie de la délinquance
et du développement psychosocial, Université de Liège, Belgique, Marie CHOQUET, Troubles du comportement
alimentaire des adolescents, Inserm U669, Maison des Adolescents, Hôpital
Cochin, Paris, Jacques FORTIN,
Service d’épidémiologie et de santé publique, Hôpital Calmette, Lille, Laurent MUCCHIELLI, UMR 2190, Centre de
recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, Guyancourt, Nadine NEULAT-BILLARD, Direction de
l’enseignement scolaire, Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement
supérieur et de la recherche, Paris, Bernard
RIBIOLET, Délégation interministérielle à la ville et au développement
social urbain, Saint-Denis
Coordination
scientifique : Centre d'expertise collective Inserm, Paris, sous
la responsabilité de Jeanne ETIEMBLE
les symptômes du trouble des conduites
Les symptômes du trouble des conduites se classent en quatre catégories :
- Conduites agressives envers des personnes ou des animaux
- Destruction de biens matériels sans agression physique
- Fraudes ou vols
- Violations graves de règles établies
Source : DSM-IV - Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
Liste des critères diagnostiques
(A) du DSM-IV
Conduites agressives
dans lesquelles des personnes ou des animaux sont blessés ou menacés dans leur
intégrité physique (critères 1-7)
1.
Brutalise, menace ou
intimide souvent d’autres personnes
2.
Commence souvent les
bagarres
3.
A utilisé
une arme pouvant blesser sérieusement autrui (par exemple un bâton, une brique,
une bouteille cassée, un couteau, une arme à feu)
4.
A fait preuve de cruauté
physique envers des personnes
5.
A fait preuve de cruauté
physique envers des animaux
6.
A commis un vol en
affrontant la victime (par exemple agression, vol de sac à main, extorsion d’argent,
vol à main armée)
7.
A contraint quelqu’un à
avoir des relations sexuelles
Conduites où des biens
matériels sont endommagés ou détruits, sans agression physique (critères 8-9)
8.
A délibérément mis le feu avec
l’intention de provoquer des dégâts importants
9.
A délibérément détruit le
bien d’autrui (autrement qu’en y mettant le feu)
Fraudes ou vols
(critères 10-12)
10.
A pénétré
par effraction dans une maison, un bâtiment ou une voiture appartenant à autrui
11.
Ment souvent pour obtenir
des biens ou des faveurs ou pour échapper à des obligations (par exemple «
arnaque » les autres)
12.
A volé des objets d’une
certaine valeur sans affronter la victime (par exemple vol à l’étalage sans
destruction ou effraction, contrefaçon)
Violations graves des règles
établies (critères 13-15)
13. Reste
dehors tard la nuit en dépit des interdictions de ses parents, et cela a
commencé avant l’âge de 13 ans
14. A
fugué et passé la nuit dehors au moins à deux reprises alors qu’il vivait avec
ses parents ou en placement familial (ou a fugué une seule fois sans rentrer à
la maison pendant une longue période)
15. Fait
souvent l’école buissonnière, et cela a commencé avant
l’âge de 13 ans
http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble-conduites.html
Pétition émise le 29 janvier
2006 et revendiquant 150 000 signatures le 29 mars
le texte (extraits)
« Les professionnels sont
invités à repérer des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux
et liés au tempérament et à la personnalité. Pour exemple sont évoqués à propos
de jeunes enfants « des traits de caractère tels que la froideur affective,
la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion «
d'héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Le rapport
insiste sur le dépistage à 36 mois des signes suivants : « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité,
indice de moralité bas », etc. Faudra-t-il aller dénicher à la crèche les
voleurs de cubes ou les babilleurs mythomanes ?
Devant ces symptômes, les enfants dépistés seraient soumis à une batterie de
tests élaborés sur la base des théories de neuropsychologie comportementaliste
qui permettent de repérer toute déviance à une norme établie selon les critères
de la littérature scientifique anglo-saxonne. Avec une telle approche
déterministe et suivant un implacable principe de linéarité, le moindre geste,
les premières bêtises d’enfant risquent d’être interprétés comme l’expression
d’une personnalité pathologique qu’il conviendrait de neutraliser au plus vite
par une série de mesures associant rééducation et psychothérapie. A partir de
six ans, l’administration de médicaments, psychostimulants
et thymorégulateurs devrait permettre de venir à bout
des plus récalcitrants. L’application de ces recommandations
n’engendrera-t-elle pas un formatage des comportements des enfants,
n’induira-t-elle pas une forme de toxicomanie infantile, sans parler de
l’encombrement des structures de soin chargées de traiter toutes les sociopathies ? L’expertise de l’INSERM, en médicalisant à
l’extrême des phénomènes d’ordre éducatif, psychologique et social, entretient
la confusion entre malaise social et souffrance psychique, voire maladie
héréditaire.
En stigmatisant comme pathologique toute manifestation vive d’opposition
inhérente au développement psychique de l’enfant, en isolant les symptômes de
leur signification dans le parcours de chacun, en les considérant comme
facteurs prédictifs de délinquance, l’abord du développement singulier de
l’être humain est nié et la pensée soignante robotisée.
Au contraire, plutôt que de tenter le dressage ou le rabotage des
comportements, il convient de reconnaître la souffrance psychique de certains
enfants à travers leur subjectivité naissante et de leur permettre de
bénéficier d’une palette thérapeutique la plus variée.
Pour autant, tous les enfants n’en relèvent pas et les réponses aux problèmes
de comportement se situent bien souvent dans le domaine éducatif, pédagogique
ou social. »
les premiers signataires
Christine Bellas-Cabane (pédiatre, présidente du syndicat
national des médecins de PMI), François Bourdillon (président de la
société française de santé publique), Marie-Laure Cadart
(médecin, anthropologue, syndicat national des médecins de PMI), Michèle
Clément (secrétaire générale du syndicat national des psychologues), Yvonne
Coinçon (pédopsychiatre, association des
psychiatres de secteur infanto-juvénile), Jean-François
Cottes (psychologue clinicien, psychanalyste, InterCoPsychos,
Institut de Jeunes Sourds de Clermont-Ferrand), Boris Cyrulnik
(neuropsychiatre et éthologue), Pierre Delion
(chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Lille), Danièle Delouvin (psychologue, présidente d’A.NA.PSY.p.e.
– association nationale des psychologues pour la petite enfance), Michel Dugnat (pédopsychiatre, unité parents-bébés
hôpital de Montfavet), Marie-Thérèse Fritz
(pédiatre, syndicat national des médecins de PMI), Sylviane Giampino (psychanalyste, psychologue petite enfance,
fondatrice d’A.NA.PSY.p.e.), Bernard Golse (chef de service de pédopsychiatrie
lire (et signer) cet appel http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/
_______________________________________
Réponse de l’INSERM le 23 février 2006 (extrait)
Eviter la confusion entre trouble des conduites et délinquance
L’expertise
collective « Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent »
publiée en septembre
L'apport
majeur de cette expertise est de montrer que, alors qu'il s’exprime sous forme
de manifestations qui ont des conséquences au plan social et dont la réalité ne
saurait être niée, le trouble des conduites est aussi l'expression de
difficultés psychiques importantes des enfants ou adolescents concernés et de
leur famille. L'expertise collective montre également que des actions peuvent
être initiées pour prévenir de façon efficace l’évolution défavorable du
trouble. L'objectif n'étant pas de psychiatriser la turbulence de l’enfant ou
la désobéissance de l’adolescent, qui relèvent du développement psychique
normal, mais d'éviter que certaines conduites excessives n'évoluent à
l'adolescence vers un trouble relevant de la
psychiatrie.
23 février 2006
http://www.inserm.fr/fr/presse/CP_institutionnels/2006/att00003872/PointTroubledesconduites.pdf
__________________________________________
L’Inserm,
les troubles des conduites et l’intelligentsia
un message de la « mutaliste » du 12 Mars 2006 - (extrait)
En septembre 2005, l’INSERM publie un
volumineux rapport d’expertise sur le trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent.
Six mois après, la polémique fait toujours rage en
France et une pétition (signée par 100.000 personnes selon ses initiateurs)
s’insurge contre l’idée de mettre des « zéro de conduite pour les enfants de
trois ans ». Revenons-en aux faits, c’est-à-dire à ce que dit le rapport de
l’Inserm. Quand des scientifiques font l’effort de synthétiser plus de 1000
références internationales sur un sujet donné, cela vaut la peine de les
écouter. Les points essentiels du rapport sont donc les suivants :
• Le trouble des conduites (désormais TDC) se manifeste par
un comportement de violation des droits d’autrui (agression, fraudes, vols,
destruction de bien, violation des règles), ayant un retentissement
significatif sur la vie sociale, scolaire ou professionnelle, sans que le sujet
soit diagnostiqué par ailleurs comme personnalité antisociale.
• Les garçons sont deux fois plus touchés que les filles. Sa
prévalence s’établit entre 5 et 9% chez les garçons de 15 ans, âge où elle
diminue chez les filles.
• Le TDC est souvent diagnostiqué avec deux autres troubles
dont il partage l’étiologie : le trouble oppositionnel avec provocation (TOP)
et le trouble de l’attention / hyperactivité (TDAH). La coexistence avec le
trouble dépressif est également rapportée.
• La précocité du TDC en détermine deux sous-types : avant
ou après 10 ans. Les TDC apparaissant avant 10 ans sont ceux qui ont
l’évolution la moins favorable à l’adolescence et à l’âge adulte, avec la plus
forte probabilité de développer un comportement délinquant. Parmi les TDC
précoces, ceux qui se manifestent par des conduites agressives ont le plus
médiocre diagnostic.
• Le TDC présente une héritabilité de 50 %, moindre que
celle des TDAH (70%) et des TOP (55-60%).
• Certains traits de personnalité et de caractère forment
une vulnérabilité supplémentaire. On notera : humeur négative, faible
persévérance, faible adaptabilité, froideur émotionnelle, forte distractabilité, retrait social, moindre empathie,
dépendance à la récompense, recherche de nouveauté, évitement de la douleur.
• Des conditions périnatales défavorables contribuent aussi
la genèse des TDC. Parmi celles-ci : toxicomanie de la mère (tabac, cannabis,
cocaïne, alcool) ou du père (alcool surtout), maternité précoce de la mère
(moins de 18 ans), prématurité et faible poids à la naissance, traumatisme
crânien à l’accouchement, état dépressif de la mère.
• Parmi les conditions défavorables de développement, on
relève : instabilité conjugale, cadre trop permissif (ou trop strict dans une
moindre mesure), frère et sœur présentant le trouble, exposition à la violence
(jeux, télévision), faible niveau socio-éducatif, pauvreté.
• Les sujets souffrant de TDC présentent des troubles
neurocognitifs. Les deux principaux sont un déficit des habiletés verbales et
un déficit du système inhibitif exécutive de l’action. Ces troubles sont
sous-tendus par des déficits neuro-anatomiques et
neurochimiques.
• Les formes les plus graves de TDC peuvent être diagnostiquées
dès l’âge de 18 mois. L’Inserm préconise en conséquence d’utiliser les examens
systématiques de la petite enfance pour identifier le trouble, ainsi que le
suivi de l’enfant dans les étapes de sa vie sociale et scolaire.
[Rapportant les propos de] Gérard Wajcman (« psychanalyste,
écrivain, historien d’art » et sans doute aussi coupeur de neurones en quatre),
paru dans Le Monde (3 mars 2996)
« Avec la médicalisation généralisée, le rapport de l'Inserm
instille une criminalisation généralisée de la société. Tous coupables -
futurs, potentiels ou qui s'ignorent : il importe donc que ce savoir expert ne
soit pas su d'eux, c'est-à-dire de nous tous. Alors qu'il concerne et vise le
public, dans sa conception même, ce rapport est secret. […]Ce qui était
jadis un attribut divin, l'omnivoyance, le pouvoir de
tout voir sans être vu, est aujourd'hui un attribut du pouvoir séculier, via la
science et la technique. Nous sommes entrés dans un temps d'illimitation du
regard du maître. C'est le temps de l'instauration d'un homme sans ombre, d'un
sujet transparent corps et âme, dès sa naissance, voire avant si possible.
L'intime, qui se définissait comme un territoire secret, clos aux regards, est
aujourd'hui fouillé, sondé, expertisé sous toutes ses coutures. Le rapport de
l'Inserm entre entièrement dans ce grand dispositif intrusif de mise sous
contrôle de l'intime. C'est pourquoi je tiens qu'il importe de le faire voir,
d'exposer ce regard aux regards. »
[Les « mutants », qui revendiquent d’être connus « pour souffrir de trouble des conduites depuis
l’origine de la vie, et s’isolant en conséquence du reste des primates »
commentent] :
De manière symptomatique, le propos du rapport de l’Inserm a
été ignoré ou déformé par ses critiques. Aucun n’a avancé d’étude scientifique
contredisant les descriptions du trouble, de ses symptômes et de son étiologie.
Tous se sont appliqués à faire dire au rapport ce qu’il ne disait pas (que la
base biologique est seule responsable des TDC, que le TDC aboutit toujours à la
délinquance, qu’il fallait prescrire des médicaments en première intention, que
les médecins ont plus d’importance que le milieu social ou familial, que les
politiques sécuritaires de la droite sont des modèles du genre, que les
psychanalystes devraient être poursuivis pour abus de confiance, que les
sociologues devraient être enfermés pour abus de bien social, etc.) »
LE
MONDE | 20.03.06 | 14h46 • Mis à jour le 20.03.06 | 14h46
Propos recueillis par Cécile Prieur
Article
paru dans l'édition du 21.03.06
Comment réagissez-vous à la pétition "Pas de zéro de conduite pour
l'enfant de trois ans", qui s'oppose aux conclusions d'une expertise
collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm) sur le trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent ?
Nous respectons profondément les personnes
signataires de la pétition. Quand plus de 100 000 personnes signent une
pétition, c'est qu'il y a une vraie question. Cependant, il y a un amalgame
entre l'expertise collective et d'autres problèmes : il y a d'abord les craintes
qui s'expriment d'un point de vue politique sur la base d'un rapport
parlementaire réalisé bien avant l'expertise collective.
De ce point de vue, je suis choqué par les accusations de récupération
politique, que je trouve déplacées ; il y a aussi les tensions très fortes qui
existent, dans le domaine de la santé mentale, entre approche cognitivo-comportementale et approche psychanalytique, avec
des désaccords de vue profonds sur le psychisme humain ; et il y a la peur que
suscite la maladie mentale. Enfin, cette profession s'interroge sur son
devenir. L'expertise collective n'a pas créé ces tensions, elle les a révélées.
Le concept même de "trouble des conduites" est discuté par les
pédopsychiatres ainsi que le lien fait par l'expertise entre ce trouble,
dépisté à l'enfance, et la délinquance à l'adolescence. Cette expertise
était-elle légitime ?
Oui, elle l'est. Le trouble des conduites est
un syndrome identifié par les classifications internationales de santé mentale,
ce que nul ne conteste. Par ailleurs, cette expertise n'est pas faite à
l'initiative de l'Inserm, elle a été réalisée à la demande d'un acteur social,
en l'occurrence
Enfin, l'expertise collective est le fruit d'une analyse de la littérature
internationale, faite par un groupe pluridisciplinaire d'experts indépendants
et reconnus. Leurs conclusions ne prétendent pas représenter un état définitif
de la science sur un sujet, mais offrent une contribution à un débat de société,
avec une perspective scientifique et médicale.
Au-delà de cette expertise, le fait nouveau, c'est que l'Inserm a décidé,
depuis trois ans, d'étendre le champ de ses expertises collectives au domaine
de la santé mentale. Cela s'associe à une démarche très forte de notre
organisme visant à renforcer la recherche en psychiatrie, en France, dans une
période de développement majeur des neurosciences. C'est dans ce cadre que
s'inscrit le rôle de l'Inserm qui est de contribuer à des débats de société en
se basant sur l'analyse de faits scientifiques.
Beaucoup de signataires de la pétition déplorent de ne pas avoir été
consultés lors de l'expertise collective. Ils soupçonnent l'Inserm de favoriser
l'approche cognitivo-comportementale et font
référence à une précédente expertise collective, déjà contestée, sur
l'évaluation des psychothérapies.
Cette vision est inexacte. Je soutiens
totalement les experts qui ont été choisis pour ces expertises, dont les
conclusions ne reflètent pas une volonté de surreprésentation des thérapies cognitivo-comportementales sur les thérapies analytiques.
En revanche, ce qui est exact, c'est que lorsque vous procédez à l'analyse de
la littérature scientifique internationale, la littérature sur les thérapies cognitivo-comportementales est beaucoup plus abondante que
celle portant sur les thérapies analytiques.
Donc, il y a un biais...
Je ne crois pas. Mais cela explique le
sentiment qu'ont eu les tenants de l'orientation analytique d'avoir été moins
pris en compte dans l'expertise collective. Il n'y avait pas, il n'y a pas, et
il n'y aura pas de parti pris de l'Inserm. A titre personnel, je suis convaincu
de la nécessité des deux approches. Sans doute doit-on aujourd'hui, sur ces
sujets sensibles de société, réfléchir aux moyens de mieux prendre en compte
les différents avis avant la désignation des experts.
A l'avenir, comment comptez-vous procéder ?
Sur les expertises collectives qui posent des
questions de société majeures, nous mettrons en place une procédure
particulière. Nous réunirons l'ensemble des partenaires concernés, de toutes
orientations, et nous leur demanderons de nous faire des propositions sur des
noms d'experts et sur les conditions de réalisation de l'expertise collective.
Ensuite, celle-ci se déroulera selon les mêmes principes qu'aujourd'hui. Puis,
nous réunirons à nouveau ces partenaires avant de rendre publiques les
conclusions de ces travaux.
Cette procédure s'appliquera à l'expertise sur le trouble des conduites. Nous
allons réunir les personnes qui souhaitent débattre - signataires de la
pétition, associations de patients et professionnels qui nous soutiennent -
pour discuter, ensemble, des conclusions de l'expertise et des actions de
recherche à mener.
Faut-il avoir une approche spécifique en matière de santé mentale, ou ce
domaine doit-il relever des mêmes protocoles que la médecine somatique ?
C'est en soi un débat. Il n'est pas interdit de
tenter d'appliquer à la santé mentale des méthodes qui ont fait leur preuve
dans d'autres domaines de recherche, en se basant sur l'analyse de la
littérature scientifique. Doit-on conduire ces expertises, et, surtout, le
suivi de ces expertises, de la même manière que les autres ? C'est aussi
l'objet d'un débat. Mais à partir du moment où il y a souffrance des patients
et des familles, il ne me paraît pas illégitime de demander à une profession de
réfléchir à la question de son efficacité. Cela ne veut pas dire qu'il faut
voir les choses de façon rigide et que les modalités de l'évaluation doivent
être les mêmes pour tous. Mais le débat sur les méthodes d'évaluation doit
avoir lieu.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-752643,0.html
LE MONDE | 22.03.06 |
14h05 • Mis à jour le 22.03.06 | 14h06
Article
paru dans l'édition du 23.03.06
L’Inserm a publié à la demande de
Il en ressort que des travaux épidémiologiques de qualité
et convergents montrent la grande stabilité de ces troubles pendant l'enfance
et l'adolescence et le risque de marginalisation grave à l'adolescence avec
désocialisation, échec des apprentissages, violences à l'égard d'eux-mêmes et
des autres. C'est bien de cela qu'il s'agit et rien que de cela : si on laisse
s'installer certains comportements pendant l'enfance, on prend un risque
important que l'enfant ne puisse se nourrir de ce dont il a besoin pour se
développer (apprentissages, sociabilité, confiance et estime de soi...). Or ces
comportements à risque sont repérables entre 3 et 5 ans. Repérer quelques
signes, du fait de leur intensité et de leur durée et voir s'ils sont de façon
significative prédictibles de difficultés ultérieures, c'est comme cela, et
seulement comme cela, qu'une prévention autre qu'individuelle peut être
envisagée. Bien sûr, derrière les signes repérés, il y a des individus avec
leur famille et leur environnement social. C'est le temps de l'évaluation
individuelle préconisée par l'expertise.
Le rapport rappelle qu'on ne connaît pas les causes de ces
troubles du comportement, mais qu'il existe des facteurs de risque multiples :
familiaux, sociaux, mais aussi génétiques. Il n'est pas question d'hérédité de
type mendélien. Il n'y a pas de gène de la délinquance, de la violence, pas
plus que de tout trouble du comportement. Par contre, oui, il existe une
héritabilité, c'est-à-dire des facteurs appartenant à plusieurs gènes qui,
combinés entre eux, vont influencer en particulier l'expression de nos émotions
et leur intensité sur un mode plutôt qu'un autre. On ne choisit pas ses
émotions. Elles surgissent du plus profond de notre cerveau biologique sans
rien nous demander. Plus elles sont intenses plus elles risquent d'être
contraignantes, c'est-à-dire difficiles à contrôler. C'est surtout le cas des
émotions négatives, de rage, de peur, de colère... On devient alors dépendant
de l'environnement qui les suscite.
Il s'agit bien d'un vrai problème de santé publique :
parce que ces comportements augmentent de fréquence ces dernières années en raison
de facteurs multiples et dont les conséquences cumulées font que l'absence
croissante à la fois de limites et d'attention spécifique de la part des
adultes équivaut à abandonner ces enfants à la violence de leurs réactions
émotionnelles, dont ils deviennent prisonniers. Ce sera d'autant plus vrai que
ces enfants seront émotionnellement plus vulnérables. Le comprendre n'est pas
les stigmatiser mais, au contraire, les aider ainsi que leur famille à réaliser
que ce n'est pas nécessairement de leur faute s'ils sont ainsi et ont du mal à
changer. Mais ils peuvent décider avec l'aide des parents de chercher des
moyens pour retrouver plus de choix, c'est-à-dire plus de liberté dans leur
façon de réagir. Aux adultes de les aider à trouver ces moyens.
Dans un entretien (Le Monde du 23 septembre 2005),
le professeur Pierre Delion apportait des critiques
et des ouvertures complémentaires de nature à équilibrer ce qui pouvait
apparaître, dans ce rapport, comme une annonce à la fois brutale et lapidaire
pour des non-initiés. Mais, à partir de là, le débat s'est mal engagé et a
déclenché des réflexes d'opposition passionnels idéologiques dont témoigne une
pétition signée par de nombreux professionnels de l'enfance.
Le contenu de cette pétition est attristant quand on connaît
la gravité du problème qui concerne ces enfants et leur famille. On y cherche
de façon qu'il faut bien appeler populiste et démagogue à alarmer les parents :
on veut transformer les écoles en casernes, supprimer toute opposition, toute
manifestation jugée agressive, quitte à droguer les enfants avec des
médicaments. J'exagère ? Malheureusement non. Je cite un extrait de la pétition
: "Avec une telle approche déterministe (...) à partir de 6 ans,
l'administration de médicaments psychostimulants et thymorégulateurs devrait permettre de venir à bout des plus
récalcitrants." Et, pour faire bonne mesure, on appelle à la rescousse
deux leviers habituels de la manipulation populiste, la dérision : "Faudra-t-il
aller dénicher à la crèche les voleurs de cubes ou les babilleurs
mythomanes ?" ; et l'amalgame politique où, sous prétexte de
l'existence de plusieurs rapports "rendus publics au sujet de la
prévention de la délinquance", il s'agirait ni plus ni moins pour
l'Inserm de servir "de "caution scientifique" à la tentative
d'instrumentalisation des pratiques de soins dans le champ pédopsychiatrique
à des fins de sécurité et d'ordre public". Serait-on à court de vrais
arguments pour ne recourir qu'à des procédés aussi intellectuellement
malhonnêtes, qui n'ont plus rien à voir avec le contenu du rapport ?
C'est qu'il s'agit d'un conflit avant tout idéologique qui
conforte le statu quo et le conservatisme profond de notre société face aux
inévitables changements. Conflit qui opposerait d'un côté ceux que certains
dénomment "les professionnels de la psyché" et de l'autre "la
psychiatrie biologique", et auquel viendraient s'ajouter maintenant
les enjeux de la prochaine élection présidentielle de 2007 !
Personne ne peut se targuer d'avoir la recette contre
l'enfermement d'un enfant dans ses conduites destructrices. Mais il appartient
aux adultes responsables de ne pas le laisser s'enfermer dans son comportement.
Toute approche nouvelle efficace est une chance. Elle permet, bien utilisée,
d'élargir notre palette d'outils et d'accroître pour l'intéressé ses chances de
regagner en liberté. Ce débat en termes de combat n'a pas lieu d'être. Il est
aussi stérile que désolant. Il se fait au détriment de l'intérêt de l'enfant,
en principe point commun essentiel des protagonistes. Il contribue ainsi posé à
dramatiser la situation et à inquiéter les parents au lieu de favoriser une
indispensable alliance avec les professionnels. Quitte, pour la famille et
l'enfant, à juger après essai ce qui semble le mieux convenir.
Ce rapport de l'Inserm pourrait être une chance. A nous
professionnels de la saisir. Il peut permettre de développer un véritable
travail de prévention et de prendre conscience de l'ampleur des besoins. Une
chance, oui, de sortir ces enfants de la véritable situation d'abandon où on
les laisse. Car on est devant un problème de massification des besoins auquel
l'approche purement individuelle qui prévaut actuellement ne peut répondre et
qui ne peut concerner qu'une minorité, souvent privilégiée du fait de
l'attention dont elle bénéficie. On ne peut continuer ainsi si on veut toucher
la masse des enfants qui en ont le plus besoin.
Au lieu, une fois de plus, de dépenser nos énergies en
nous apostrophant pour défendre nos territoires et notre confort de pensée,
acceptons de travailler ensemble en faisant confiance à tous les acteurs de
terrain pour nous éviter de tomber dans des dérives toujours possibles ici ou
là, mais qui nous menacent moins que le laisser-faire d'aujourd'hui. Celui-ci
laisse bien seuls des parents et des enseignants bien placés pour savoir que ce
n'est pas le conformisme social et l'obéissance qui menacent le plus nos
écoles.
Philippe Jeammet est chef de service de psychiatrie de
l'adolescent et du jeune adulte à l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-753429,0.html