le bulletin de l' information scientifique
de l’ association nantes
atlantique pour l’ information scientifique
(anais – afis)
PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE
N° 21 – AVRIL – MAI
2006
éclairer la route
devant nous …
Notre
association, ANAIS, acronyme de « Association Nantes Atlantique pour
l’Information Scientifique » fonde son activité sur la déclaration de principes
de l’Association Française pour l’Information Scientifique dont elle forme un
comité local. C’est ainsi que nous entendons notamment dans nos bulletins, tout
comme les médias nationaux de l’association (la revue Science et pseudo-sciences, le site pseudo-sciences.org ) :
-
retenir
dans l'actualité scientifique et technique, un certain nombre de faits pour en
considérer d'abord la signification humaine,
-
diffuser
une information scientifique constituée de nouvelles d'actualité dans toutes
les branches de la recherche, dans un langage accessible à tous,
-
dénoncer
sans réserve les marchands de fausses ou de pseudo-sciences et les charlatans
malfaisants pourvoyeurs de l'irrationnel,
-
défendre
l'esprit scientifique contre la menace d'un nouvel obscurantisme.
Cette tradition
s’inscrit dans le prolongement de celle du rationalisme des Lumières ;
c’est parce que les hommes font leur propre histoire, individuelle et
collective, que nous entendons être ainsi acteurs de ce processus évolutif d’amélioration des conditions
matérielles et morales d’existence, individuelles et collectives, des êtres
humains, auquel nous persistons à attribuer le nom de « progrès » malgré
les chantres du « postmodernisme ».
Bien sûr cette amélioration n’a rien
d’inéluctable ; la décadence et la barbarie peuvent être au
rendez-vous ; nous savons bien, notamment, que si l’accroissement de nos
connaissances et notre maîtrise technologique croissante ouvrent des voies
nouvelles pour des applications pouvant être bénéfiques, ils ouvrent aussi,
dans le même mouvement, la possibilité que ces voies puissent être détournées
vers des œuvres malfaisantes ou au profit de marchands d’illusions.
Faire reculer les craintes non ou mal fondées,
démystifier les croyances, révéler les impostures, prévenir contre les
détournements malfaisants, faire prendre conscience des nouvelles possibilités
qui s’ouvrent pour les êtres humains … en bref « éclairer la route »
devant nous, voilà ce que nous nous efforçons de faire.
Alors qu’attendez-vous pour venir le faire avec
nous ?
Nous avons besoin du soutien de chacune et chacun
d’entre vous.
Michel Naud, coordinateur
POUR le progrès
scientifique et technique CONTRE les marchands de
fausses sciences
rejoignez
l’ association française pour l’information
scientifique AFIS
adhérer : OUI,
je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique
adhésion annuelle : 15,00 euros
abonnement à la revue Science et
pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )
adhésion annuelle + abonnement à la
revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros
siège :14, rue de l’école
polytechnique, 75005 Paris, site
internet national : http://www.pseudo-sciences.org
anais association nantes atlantique pour l’information scientifique
un comité local de
l’AFIS ; adresser toute correspondance à :
ouest management, domaine
d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand
Lieu,
site internet du comité
régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm
coordinateur : Michel
NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr
dossier spécial « nucléaire »
Introduction
Produire
de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine …
Extrait de l’éditorial de Michel Naud du bulletin
de novembre 2003 d’Anais
26 Avril 1986 – il est 1 heure 23
minutes et 44 secondes …
Les causes de l’explosion du réacteur
n°4 de Tchernobyl
Extrait de Jacques Frot (Association des Ecologistes
pour le Nucléaire)
Le nuage de Tchernobyl s’est
miraculeusement arrêté à la frontière …
La désinformation
n’est pas nécessairement celle que vous croyez
Extrait de Pierre
Schmitt (dossier du collectif « Vérité Tchernobyl »)
Rendre
hommage au Professeur Pierre Pellerin ?
Extraits d’un témoignage de Henri Lehn (site
www.ecolo.org)
20 ans
après la catastrophe, l’analyse rationnelle doit l’emporter sur
l’émotion !
L’éditorial du site de l’Union Rationaliste
(www.union-rationaliste.org)
L'héritage de Tchernobyl
le rapport de l’organisation mondiale de
le nucléaire, énergie de demain
L’option
nucléaire
Extrait du dossier
« sécurité énergétique » du CEA
L’énergie électronucléaire au secours
de la planète
Pierre
Bacher dans le courrier des lecteurs du Monde du 8 septembre 2005
Le manifeste
« Sauvons le Climat »
« Nous appelons nos concitoyens et nos
dirigeants à engager une politique volontariste et décidée,
à la fois d'économies d'énergie et de
développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables »
Et après
l’EPR (European Pressurised Reactor) ?
à quoi
ressemblera le réacteur nucléaire de génération IV ? (
Le nucléaire et le
principe de précaution
Citations extraites de la conclusion de
Jean-Pierre Chevènement
Le nucléaire, avenir de
l’écologie ?
Préface
du Pr. James Lovelock au livre de Bruno Comby (www.ecolo.org)
.
Ils se sont exprimés ces jours derniers
Les Verts
« Le lobby
nucléaire continue de nous mentir … »
Noël Mamère dans L’Humanité du 29 avril 2006
Le Parti Communiste
Français
« Les communistes soutiennent le projet
ITER sans réserves »
« Le Parti communiste français soutient la
modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction d’un
réacteur nucléaire EPR. »
Jean-Marc Coppola dans L’Humanité du 29 avril
2006 et communiqué du PCF
Le Parti Socialiste
« L’EPR est un réacteur inutile et
dangereux »
« Le Parti Socialiste tient à réaffirmer son
opposition à ce projet inutile et dangereux»
Communiqué de Julien Dray, porte-parole du PS,
du 14 avril 2006
Le réseau associatif
« Sortir du nucléaire »
« 20 ans après Tchernobyl, la vérité est
toujours étouffée … »
Stéphane Lhomme
dans L’Humanité du 23 avril 2006
Le collectif
« Sauvons le Climat »
quelques brèves en prolongement du n° 20
Collecte de fonds en Corée pour soutenir le Professeur
Hwang
Clonage
humain, où en est-on ?
Mise en examen du professeur Hwang Woo-Suk
Heurs et malheurs du clonage humain
(rappel)
Quelques réflexions autour de l’affaire de falsification scientifique
en Corée
Bienvenue à Gattaca
Diagnostic
génétique préimplantatoire : la science-fiction devient réalité
à inscrire dès maintenant sur vos agendas
mardi
10 octobre 2006 à 20h00
amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle
rue
Voltaire – Nantes (Loire-Atlantique)
conférence suivie d’un débat
l’image
du monde de Newton à nos jours …
conférencier : Arkan Simaan
agrégé de physique, historien des sciences
entrée libre dans la limite
des places disponibles
co-organisation
par
◊ Association
Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS)
◊ la
fédération de Loire Atlantique de
◊ la
section départementale de Loire-Atlantique de l’Union Rationaliste
POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences
rejoignez l’ association française pour l’information scientifique AFIS
adhérer : OUI,
je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique
adhésion annuelle : 15,00 euros
abonnement à la revue Science et
pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )
adhésion annuelle + abonnement à
la revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros
siège :14, rue de l’école
polytechnique, 75005 Paris, site internet national : http://www.pseudo-sciences.org
anais association nantes atlantique pour l’information scientifique
un comité local de l’AFIS ; adresser toute
correspondance à :
ouest management, domaine d’activités Nantes
Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,
site internet du comité régional ouest
atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm
coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse
électronique : afis44@free.fr
Introduction
Produire
de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine …
Extrait de l’éditorial de Michel
Naud du bulletin de novembre 2003 d’Anais
Produire
de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine que
l’on couple avec un alternateur: le vent dans l’hélice de l’éolienne, l’eau qui
s’échappe de la retenue du barrage, etc. Peu de pays ont la chance du canada de
pouvoir s’appuyer sur une « houille blanche » en quantité adaptée aux
besoins énergétiques d’une société développée. Sauf à revenir aux temps
préhistoriques dans les grottes du Larzac
il est indéniable par quiconque à la fois de bonne foi et capable
d’apprécier les ordres de grandeur que la collectivité humaine n’est pas prête
d’avoir une solution de rechange à la production d’électricité d’origine
thermique, à savoir par des procédés consistant à produire de la chaleur pour
produire de la vapeur d’eau qui fera tourner la fameuse turbine. Une centrale
au charbon, au gaz, au fioul, etc. fera chauffer la « marmite »
globalement comme dans la petite chaudière domestique, par un phénomène de
combustion … Une centrale nucléaire diffère
d'une centrale électrique classique par le mode de production de chaleur ;
dans les procédés actuels c’est l’énergie libérée par les réactions de fissions
dans le réacteur qui est utilisée pour produire de la vapeur.
Il
est bien sûr plusieurs ensembles de technologies permettant, de façon plus ou
moins efficace, de façon plus ou moins sûre, d’atteindre ce résultat. Le parc
électronucléaire français actuel est équipé exclusivement de réacteurs à eau
pressurisée (REP). Dans un tel réacteur, l’énergie de fission est transmise à
un circuit d’eau sous pression (155 fois la pression atmosphérique) permettant
ainsi de porter la température de cette eau à plus de 300 ° sans qu’elle arrive
pour autant à ébullition (circuit d’eau dit « primaire »). Cette eau
très chaude est envoyée vers des échangeurs de chaleur qui permettent de
transmettre cette chaleur à un second circuit d’eau (circuit secondaire). L’eau
de ce circuit secondaire, à une pression moindre, entrera en ébullition et se
transformera en vapeur d’eau, vapeur qui entraînera la turbine couplée à un
alternateur. Cette vapeur sera alors refroidie grâce à un troisième circuit,
utilisant, lui, une source froide externe (typiquement un fleuve), et sera
ainsi retransformée en eau.
A
ce jour et à un horizon prévisible, il n’est pas de source de production
d’énergie en quantité adaptée aux besoins de la collectivité humaine qui
réponde mieux aux besoins exprimés d’un développement durable que l’électricité
d’une façon générale, et d’origine électronucléaire en particulier.
A
L’horizon 2050 il n’est pas inenvisageable de domestiquer la fusion
thermonucléaire (celle qui se déroule au cœur des étoiles à commencer par notre
soleil); des programmes de coopération internationale (à échelle planétaire) y
travaillent ; ceci permettrait de réduire encore plus drastiquement la
pollution engendrée par la production d’électricité par voie thermique,
pollution que l’électronucléaire par fission a déjà permis de réduire
considérablement, en nous libérant en plus de la nécessité de gérer les
résidus.
D’ici
là il y a encore du chemin à faire et il nous faudra par exemple renouveler le
parc actuel de réacteurs de l’EDF ; la nouvelle génération de réacteur à
eau pressurisée (programme franco-allemand connu sous le sigle EPR) dont la
mise en place d’un démonstrateur est d’actualité (démonstrateur = jalon
intermédiaire entre le prototype et le réacteur de série) semble devoir
promettre de consolider quelques nouveaux progrès dans tous les domaines sensibles
(coût de production, sûreté nucléaire, maîtrise des déchets).
Texte intégral : http://afis44.free.fr/anais05.htm
26 Avril 1986 – il est 1 heure 23 minutes et 44 secondes …
Les causes de l’explosion
du réacteur n°4 de Tchernobyl
Extrait de
Jacques Frot (Association des Ecologistes pour le Nucléaire)
Version intégrale : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/fr.causes-Tchernobyl.jfrot.doc
Le 26 Avril 1986, vers 1h du
matin, le réacteur N°4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, au cours d’un
essai à bas régime demandé par les autorités centrales de Moscou, était l’objet
d’une excursion de puissance : en quelques secondes celle-ci atteignait de
l’ordre de 100 fois sa valeur nominale ; le fluide caloporteur -de l’eau
légère- ne suffisant plus à évacuer cette énorme quantité de chaleur se
vaporisait en une fraction de seconde conduisant à 1hr 23mn 44s (heure locale)
à une explosion de vapeur. Le réacteur
était détruit. Une radio-activité de l’ordre de 12 exabecquerels (~300 MCi)
allait être libérée à l’atmosphère en une dizaine de jours, contaminant de
façon significative une zone de 150 000 km2 habitée par environ 6 millions de
personnes et entraînant sur une grande partie de l’Europe une augmentation
mesurable de la radioactivité. (…)
le
réacteur n°4 après l’explosion
A. CAUSES DE L’EXPLOSION DU REACTEUR N°4 de TCHERNOBYL
Ce réacteur de 1000 MWe est du
type RBMK à eau légère bouillante modéré au graphite. Outre la fabrication
d’électricité il avait pour objectif la production de plutonium 239 de qualité
militaire, donc peu irradié : dans ce but il était équipé d’un dispositif
de chargement / déchargement du combustible pendant la marche c-à-d sans arrêt
du réacteur.
Les causes de l’explosion sont de
3 types :
A1. Erreurs de conception
A2. Fautes de Management / Erreurs
du personnel d’exploitation
A3. Causes politiques
A1.
Les Erreurs de Conception
A11. Le cœur de
ce type de réacteur est instable en dessous
de 700 MWth (un peu moins de 25% de la puissance nominale). En clair, à faible
puissance, toute tendance à l’emballement est automatiquement et rapidement
amplifiée: le réacteur devient difficilement contrôlable. Ceci est un aspect
extrêmement dangereux, spécifique des réacteurs RBMK et fort heureusement
absent de tous les réacteurs de conception non soviétique, absent également des
REP soviétiques (les VVER). Dans les réacteurs autres que RBMK toute réaction
nucléaire tendant à l’emballement est, par conception du réacteur,
automatiquement ralentie. L’explosion de Tchernobyl s’est produite,
précisément, lors d’un essai à faible puissance c-à-d dans un contexte d’instabilité
de ce réacteur. Les ingénieurs russes connaissaient cette instabilité ;
des experts français et britanniques également : la sonette d’alarme avait
été tirée -en vain- auprès du pouvoir soviétique bien avant l’accident de
Tchernobyl. Imaginez un bus menacé d’une sortie de route en montagne avec un
volant qui ne répond plus !!
A12. L’insertion
complète des barres de contrôle des RBMK est
lente : elle demande une vingtaine de secondes (< 2 secondes sur les
réacteurs du monde entier, autres que RBMK), ce qui est beaucoup trop lent pour
interdire l’emballement de ce cœur lorsqu’il fonctionne dans son domaine
d’instabilité. Il n’existe pas, dans les réacteurs RBMK, de barres d’arrêts
d’urgence à insertion rapide. Imaginez que les freins du bus ne donnent toute
leur puissance que 20 secondes après le « coup de patin » du
chauffeur !!
A13. Les barres de contrôle, faites de carbure de bore, sont
équipées, à leur extrémité, d’un embout de carbone qui, au début de l’insertion
des barres commence par ajouter de la réactivité…au lieu d’en retirer! Comme si
la première réponse au « coup de patin du chauffeur » était un
emballement du moteur du bus à pleine puissance durant quelques
secondes !! Ce phénomène dangereux avait été remarqué dès 1983 (3 ans
avant Tchernobyl) sur un réacteur RBMK de la centrale d’Ignalina.
A14. La fonction
de modérateur - ralentissement des neutrons – est assurée par 600 tonnes de
graphite. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une erreur de conception mais
plutôt d’une faiblesse : le graphite très chaud mis à l’air libre s’enflamme, l’incendie
vaporise les radio-nucléides contenus dans le réacteur : leur dispersion
dans l’atmosphère est donc grandement favorisée. Les réacteurs occidentaux à eau
sous pression et à eau bouillante ne contiennent ni graphite (charbon) ni
substance inflammable.
A15. Les réacteurs RBMK ne sont équipés ni de dispositif
d’épuration des rejets gazeux ni d’enceinte de confinement: une telle
enceinte aurait, dans le pire des cas, au moins considérablement diminué et
ralenti l’évasion de radioactivité dans l’environnement. Ce type d’enceinte
protège les réacteurs du monde entier, y compris les REP dernière génération
(VVER 1000) de l’ex-Union Soviétique et de ses ex-satellites. Le réacteur
accidenté de TMI en était équipé : il n’y eut pas d’évasion significative
de radioactivité. Dépourvu de cette enceinte, le réacteur RBMK est comme un bus
sans carrosserie : celle-ci est une protection évidemment majeure,
indispensable.
En résumé nous avions un bus sans
carrosserie, dont le volant ne répond plus et dont le système de freinage
mettait le véhicule à pleine vitesse pendant quelques secondes avant de le
ralentir efficacement après une vingtaine de secondes…c’est à dire bien après
que le véhicule ait versé dans le ravin ou percuté le mur.
6 erreurs et
fautes humaines ont été identifiées : 2 violations de consignes
permanentes (fonctionnement prolongé à moins de 700 MWth ; moins de 30
barres de commandes insérées dans le cœur) ; 1 non-respect de la
procédure d’essai ; 3 mises hors-circuit volontaires de dispositifs de
sécurité (l’injection de sécurité et, successivement, 2 dispositifs d’arrêt
d’urgence).
A l’évidence
le personnel, insuffisament formé, n’avait pas conscience du caractère
dangereux de ses actions. S’il avait évité une seule de ces 6 erreurs
l’explosion ne se serait pas produite. Il serait trop facile, cependant,
d’imputer aux opérateurs la responsabilité de la catastrophe : ils ont
fait leur métier, riches de la seule formation qui leur avait été donnée ;
celle-ci était insuffisante, incohérente avec le manque de sécurités passives
de l’installation. Leur méconnaissance de la neutronique du cœur RBMK leur
interdisait de comprendre les implications des décisions qu’ils
prenaient : d’autant que le réacteur était en cours d’essai à faible
puissance selon un programme qui comportait d’importantes dérogations aux
règles permanentes d’exploitation.
Quant aux
consignes d’exploitation -que ce soit les consignes permanentes ou les
consignes spécifiques de l’essai à conduire- elles étaient incomplètes et
imprécises.
L’examen
détaillé de ce qui s’est passé durant les quelques heures, les quelques minutes
qui ont précédé l’explosion montre que celle-ci ne pouvait pas ne pas se
produire. Et si l’on considère que la notion d’accident est associée à celles
d’aléas et d’incertitudes -c’est à dire de probabilité- alors l’explosion du
réacteur de Tchernobyl n’est pas un accident. Cette réflexion nous conduit aux
causes politiques
A3. Causes politiques
En pleine
guerre froide -qui menaçait parfois de devenir chaude- la fonction
plutonigène militaire du RBMK prêtait à
la conception, à la construction et à l’exploitation des réacteurs de cette
filière un caractère d’urgence qui n’autorisait pas les « pertes de
temps » qu’auraient impliquées les perfectionnements absolument
nécessaires de la sécurité de ces réacteurs. Les ingénieurs et scientifiques
étaient soumis à un objectif et un seul : produire du plutonium militaire
le plus possible, le plus tôt possible.
Les problèmes
budgétaires agissaient de la même façon : non qu’il fut question de
réduire les dépenses mais tout simplement, avec les fonds disponibles, de
fabriquer le plus rapidement possible une quantité maximum du meilleur 239Pu de
qualité militaire.
C’est ainsi
que le 2 mai 1986 (6 jours après l’explosion) le Ministre de l’Electrification
déclarait à une réunion du Politburo : « Malgré l’accident l’équipe
de construction fait face à ses obligations socialistes et se lancera très
prochainement dans la construction du réacteur N°5 »
La culture du
secret était universelle en URSS. Elle imposait le cloisonnement des
connaissances : personne ne pouvait en détenir la totalité et intégrer
tous les aspects de la sécurité d’exploitation. En matière de nucléaire civil
cette culture soviétique du secret perdurera jusqu’en 1989.
Certains
scientifiques avaient un discours rigoureusement honnête ; d’autres,
également très compétents et connus comme tels mais mûs plus par leur intérêt
personnel que par le souci d’objectivité scientifique, n’avaient pas le courage
de la rigueur et acceptaient du pouvoir politique, voire même encourageaient,
certaines décisions malsaines ou dangereuses. Les luttes d’influence se
substituaient aux débats d’idées scientifiques, techniques et technologiques.
Les défauts
de conception du réacteur n’étaient pas dus à un manque de compétence des
ingénieurs : ils résultaient de la dictature bureaucratique qui présidait
à toutes les décisions dans le système soviétique, y compris dans le domaine de
la sûreté.
Il est clair
que l’explosion du réacteur de Tchernobyl fut rendue possible par les multiples
travers du système soviétique. On peut donc dire que le volet accident de
l’événement Tchernobyl fut d’abord soviétique, avant d’être nucléaire.
Jacques FROT,
Copyright :
Association des Ecologistes Pour
le Nucléaire (AEPN)
55 rue Victor Hugo, F-78800 Houilles, France
Pour l'association « Sauvons le Climat » le
réchauffement climatique est le danger environnemental majeur menaçant l’humanité.
Le récent livre de James Lovelock, un des pères de l’écologie globale,
« The Revenge of Gaia » le souligne excellemment. Y faire face
implique un effort tout particulier dans le domaine de l'énergie : côté usage,
il faut en réduire la consommation, côté
production il faut utiliser au maximum les filières énergétiques non émettrices
de gaz à effet de serre. Parmi celles-ci, le nucléaire a un rôle essentiel à
jouer.
Bien entendu, cette forme d'énergie doit être
développée avec toutes les précautions
qu'elle requiert. Mais elle ne pourra pas l’être dans un climat généralisé de peur et
d'anxiété. Or les campagnes alarmistes auxquelles nous assistons périodiquement
ont précisément pour but de répandre cette peur
et d'aboutir ainsi au rejet du nucléaire, ce qui rendra extrêmement
difficile sinon impossible la division par deux des rejets de gaz carbonique
nécessaire à la stabilisation de la température globale. L’amplification
systématique des conséquences radiologiques de la catastrophe de Tchernobyl
tient une place importante dans ces campagnes idéologiques. Elle risque de
prendre une ampleur toute particulière à l'occasion du vingtième anniversaire
de ce tragique événement. C’est pourquoi
« Sauvons le Climat » lance un appel aux médias pour que soit donnée
à cette occasion une information aussi
complète que possible, ayant le souci de refléter, en toute
transparence, la réalité des faits.
Va-t-on, une nouvelle fois, assister au dialogue de sourds habituel entre, d’une
part, ceux qui voient dans la
catastrophe la justification de leur exigence de sortie du nucléaire, et, par
là, tiennent à en gonfler le plus possible les conséquences et, d’autre part,
ceux qui se réfèrent aux estimations des
organismes officiels internationaux et des médecins spécialistes et
épidémiologistes français ? Il est difficile de nier que, jusqu’à présent,
les médias ont ouvert davantage leurs colonnes et leurs antennes aux premiers.
Saura-t-on saisir l’occasion de présenter
objectivement les arguments présentés de part et d’autre ?
Quelle est l’amplitude de la catastrophe en termes de
décès constatés ? En termes de cancers ? En août 2005 le Forum
Tchernobyl (réunissant l’OMS, l’IAEA, le PNUD, l’OCHA, le PNUD,
D’autres estimations
comme celle citée dans le livre « De Tchernobyl en
Tchernobyls » sont plus importantes, atteignant 20000 cancers pour une
population européenne irradiée par le nuage
de l’ordre de cent millions d’habitants. Le nombre de cancers de toutes
sortes attendus pour une telle
population non irradiée est de l’ordre
de vingt millions. Et, parmi ceux-ci,
ceux provoqués par la radioactivité naturelle seraient de l’ordre d’un demi-million. On voit que l’excès de
cancers éventuellement dû à Tchernobyl serait trop faible pour qu’on puisse un
jour le mettre en évidence. Ceci est d’autant plus vrai que l’on a été
incapable, jusqu’à présent, de démontrer clairement l’existence d’un effet de
la radioactivité naturelle elle-même qui, pourtant, sur une vie, aura délivré
aux européens un dose d’irradiation
plusieurs dizaines de fois plus grande que celle due à Tchernobyl.
Toutes ces estimations sont basées sur une extrapolation linéaire au
domaine des faibles doses étalées dans
le temps (de l’ordre de la radioactivité naturelle) des observations faites sur
les survivants des explosions d’Hiroshima et Nagasaki qui avaient été exposés à
des doses élevées et instantanées, Quelle est la justification de ces
extrapolations, alors que de très nombreux experts, médecins et
épidémiologistes, les mettent en cause et les considèrent comme très
pessimistes ? On doit noter aussi
que, pour pratiquement tous les facteurs cancérigènes autres que les radiations
(tabac, alcool, dioxines, polluants atmosphériques) la relation linéaire entre
doses et effets n’est pas appliquée, les faibles doses étant moins efficaces
que les fortes.
Certains ont cru devoir montrer des images d’enfants
atteints de malformations (hydrocéphalies par exemple) et en attribuer la cause
aux retombées radioactives de Tchernobyl. Sur quels arguments reposent ces
attributions ? Il y a malheureusement dans toute population une certaine
proportion de malformations et le rapport du Forum déjà cité conclut a
l'inexistence de tout excès de malformations dans la région de Tchernobyl. N’en
trouve-t-on pas tout autant dans des régions de l’ancienne URSS qui n’ont
jamais connu le nuage de Tchernobyl ? De plus, comment distinguer les
effets tératogènes des radiations de ceux de l’alcool et de la drogue qui ont
fait des ravages dans la plupart des pays de l’ex URSS ?
Il est parfaitement reconnu que l’état de santé d’une
fraction importante des populations ukrainienne et biélorusse s’est détérioré
depuis la catastrophe. Pour les uns, cette détérioration est, évidemment, due
aux radiations. Pour les autres, en particulier pour le Forum Tchernobyl, elle
est essentiellement due au stress post-traumatique, lui-même en partie
conséquence d’erreurs dans la gestion post-catastrophe. Il faut, de plus,
rappeler que les effets sanitaires de la catastrophe se superposent à une
dégradation générale de la santé publique dans tous les pays de l’ex URSS par
suite de l’effondrement du système de santé et du niveau de vie d’une partie de
la population. Ne serait-il pas utile d’éclairer ce débat en donnant
équitablement la parole aux tenants des deux thèses ?
Concernant notre pays, le grand jeu consiste à démontrer
que le gouvernement ou les experts ont menti pour « sauver » le
nucléaire français. Certes on n’ose plus accuser le Professeur Pellerin d’avoir
prétendu que le « nuage s’était arrêté aux frontières », puisqu’il a
gagné régulièrement tous les procès en diffamation qu’il a intentés. Mais on
laisse entendre que ses services auraient « trafiqué » les cartes de
dépôts de radioactivité (reconnaissant d’ailleurs par-là que, pour eux, la
frontière n’avait pas été infranchissable). Il est clair que les autorités
politiques de l’époque, convaincues que l'éloignement de
L'association
« Sauvons le Climat », moins compétente que d’autres sur le
nucléaire, ne cherche pas, par ce communiqué, à minimiser la catastrophe de
Tchernobyl et ses conséquences. Elle souhaite voir se développer une véritable
et exigeante recherche de la vérité sur les conséquences de cette catastrophe,
au prix, éventuellement, de difficiles remises en question, ainsi qu’un effort de diffusion objective de cette vérité
par les médias.
Le collectif "La vérité sur Tchernobyl", créé
par notre ami André Pellen, diffuse une pétition qui a notre soutien. Nous vous
appelons donc à la soutenir et à la signer. L'adresse pour la soutenir est
apellen@tele2.fr
Manifeste de Sauvons le Climat
http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-manifeste.php
http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-tchernobyl.php
Les thèses
des organisations anti-nucléaires se trouvent sur leur sites, généralement bien
connus
Rapport complet du Forum Tchernobyl (en anglais)
(AIEA), OMS), (PNUD), (FAO), (PNUE), (OCHA) de l’ONU,
(UNSCEAR) et
http://www.who.int/ionizing_radiation/a_e/chernobyl/-EGH%20Master%20file%202005.08.24.pdf
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/
Questions-Réponses OMS
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/index1.html
Description de la catastrophe et de ses conséquences
(Rapport SFEN)
http://www.sfen.org/fr/societe/accidents/sommaire.htm
Pr.A.Aurengo
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/AurengoTchernConseqSanitair.doc
Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl en
France
P.Galle, R.Paulin et J.Coursaget
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Thernobyl-France-03.pdf
Compte rendu détaillé de la communication sur la
catastrophe en France au mois de Mai 1986
Par Pierre Schmitt
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Tchernobyl-Schmitt-04.htm
À propos des effets des radiations sur la santé.
Par Roland Masse
http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/masse.htm
http://www.academie-medecine.fr/upload/base/rapports_228_fichier_lie.rtf
Le collectif "Sauvons le
Climat" est constitué des signataires du manifeste « Sauvons
le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA (Associations des retraités
du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire), le GR21
(Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au 21ème siècle et
____________________________________________________
Le nuage de Tchernobyl s’est
miraculeusement arrêté à la frontière …
La désinformation
n’est pas nécessairement celle que vous croyez
Extrait de Pierre
Schmitt, dossier du collectif
« Vérité Tchernobyl »
Pour la majorité de la population, aujourd’hui encore, cette
histoire à dormir debout aurait été servie aux françaises et aux français par
quelques « responsables » du « lobby nucléaire » qui, au
plus haut de l’Etat auraient tenté par tous les moyens de dissimuler la vérité
… Ces « responsables » ont même été désignés nommément en la personne
du Professeur Pierre Pellerin, qui était en 1986 le Directeur du Service Central de
Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), service dépendant du
Ministère de
Pourtant c’est une rumeur … une rumeur tenace … Justice a, depuis, été rendue à Pierre
Pellerin : pour avoir porté cette accusation de mensonge sur
Antenne 2 en
Le collectif « Vérité Tchernobyl » a consacré un
dossier à cette fable, dossier réalisé par Pierre Schmitt, ancien directeur de
la centrale de Creys-Malville aujourd’hui en retraite. Ce dossier (format word,
29 pages, 147 Ko) peut être demandé directement au collectif à l’adresse de son
porte-parole André Pellen apellen@tele2.fr . Nous en reprenons de larges
extraits de la partie (n°3) consacrée aux procès en diffamation intentés par le
Pr. Pellerin.
Les procès en
diffamation intentés par le P Pellerin
1. Le procès contre les auteurs du livre « Ce nucléaire qu’on nous
cache »
Avant d’aborder le procès intenté à M. Mamère, il convient
de rappeler le procès en diffamation intenté en 1999 par le Pr Pellerin contre
Mme Michèle Rivasi, Présidente de
En décembre 1999, selon Mmes Rivasi et Crié, le Pr
Pellerin aurait « perdu » son procès en diffamation accréditant un
peu plus l’idée qu’elles seules détiennent la vérité, qu’il a bien menti et
dissimulé.
La réalité est notoirement
différente. La plainte en diffamation déposée par le Pr Pellerin a été jugée
irrecevable par la chambre de la presse du tribunal de Paris car ce tribunal a
estimé que le Pr Pellerin avait été visé en qualité de fonctionnaire de l’État
et que son action aurait, de ce fait, du être exercée non devant la chambre de
la presse du tribunal de Paris mais devant un tribunal correctionnel seul
compétent pour juger de ce type d’affaire
Ce procès qualifié de« perdu » a bien évidemment
été présenté comme une victoire par Mme Rivasi et Mme Crié. Cette victoire est
bien maigre voire amère car le tribunal présidé par Mme Martine Ract-Madoux a,
malgré tout mais très clairement, expliqué dans ses attendus que
« l’imputation d’avoir menti était bien diffamatoire vis-à-vis d’un
responsable de la protection de l’environnement contre la radioactivité »
(Référence : dépêche AFP 091228 du 09/12/1999)
2. La condamnation
de Monsieur Noël
Mamère par le tribunal correctionnel de Paris
Le 23 octobre
1999, au cours de l’émission de télévision « Tout le monde en parle »
sur France 2, Noël. Mamère avait traité le P Pellerin de « sinistre
personnage » « qui n’arrêtait pas de nous raconter que
Instruit par ses déboires précédents, le Pr Pellerin
intente une action en diffamation contre M N. Mamère et France 2 et cette
fois-ci devant le tribunal correctionnel de Paris.
Le mercredi
11 octobre 2000 Noël Mamère et France 2 sont condamnés par la dix-septième
chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « diffamation » à
l’encontre de Pierre Pellerin, ancien Directeur du SCPRI. Le tribunal a jugé
qu’il était « incontestablement diffamatoire d’imputer au Pr Pellerin
d’avoir donné sciemment des informations inexactes » et a estimé que
« M. Mamère avait parlé sans prudence, et non sans une certaine
animosité ». Le tribunal souligne que le Pr Pellerin avait bien transmis
périodiquement, et dès l’annonce de l’accident, des communiqués scientifiques
tout en soulignant le caractère inoffensif de l’élévation passagère mesurée de
la radioactivité.
Noël Mamère
et Marc Tessier, Président de France 2 ont été condamnés à
N. Mamère et
France 2 ont immédiatement fait appel de ce jugement.
3. La
condamnation de Monsieur Noël Mamère en appel
Le 3 octobre 2001
L’argumentation de
La cour ajoute, concernant les
propos de M. Mamère, que « le
caractère péremptoire des affirmations et leurs caractéristiques
péjoratives…révèlent chez le prévenu un manque de modération dans les propos qui
lui interdit de bénéficier de l’excuse de la bonne foi »…et de
l’humour sans doute car « Le fait
que les propos de M. Mamère ...aient une tonalité humoristique, ne leur enlève
pas leur caractère diffamatoire et il n’est pas contraire à l’article 10 de
Au lendemain de ce jugement de
Il indiquait son intention de se
pourvoir en cassation et de faire du jugement de la cour d’appel une affaire
politique, ce qui était normal pour le candidat à l’élection présidentielle de
2002 qu’il deviendra quelques temps après
4. La
condamnation de Monsieur Noël Mamère par
Par jugement du 22 octobre 2002,
Finalement une réhabilitation pour
le Professeur Pellerin, après seize années de lynchage médiatique et de lâchage
quasi général de la part du monde politique, hormis quelques rares exceptions.
______________________________________________________________________________
Le communiqué du Service Central de Protection contre les Rayonnements
Ionisants
« Ni la situation
actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque
contre-mesure sanitaire que ce soit »
Le 2 Mai 1986
OBJET : Radioactivité ambiante consécutive à l’accident nucléaire russe de
Tchernobyl. Mise au point à diffuser auprès des médecins et du public.
1) L’élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire
français à la suite de cet accident est très largement inférieure aux limites
recommandées par
2) De toutes façons, la plupart des radioéléments à l’origine de cette faible
radioactivité ont des périodes relativement courtes. En particulier, l’iode
3) La distribution d’iode stable destiné à bloquer le fonctionnement de la
thyroïde n’est ni justifiée, ni opportune, même dans les pays proches de
l’union soviétique et l’union soviétique elle-même, si l’on excepte les abords
immédiats (environ
Conclusion : ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient
dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.
Professeur Pierre Pellerin,
Directeur du SCPRI (Ministère de
____________________________________________
Rendre hommage au Professeur Pierre Pellerin ?
Extraits d’un témoignage de
Henri Lehn
Version intégrale : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Pellerin-Lehn.doc
Le Professeur Pierre Pellerin
était le patron du Service Central de Protection Contre les Rayonnements
Ionisants (SCPRI) en 1986 à l’époque de Tchernobyl ; il fait l’objet
d’attaques médiatiques sauvages depuis cette époque.
Ces attaques prennent différentes
formes :
·
Qualifié de « Sinistre
Personnage » par Noël Mamère lors d’une émission télévisée sur Antenne 2.
·
Objet de la risée populaire en
étant le soi-disant auteur de la locution « le nuage de Tchernobyl s’est
arrêté aux frontières »
·
Attaqué dans le cadre de la
recrudescence des cancers de la thyroïde.
·
Empêché de s’exprimer lors de deux
apparitions télévisées car on lui a opposé deux « écolos » bien rôdés
à la communication.
·
Etc..etc…
Ayant eu à connaître le Professeur
Pierre Pellerin et son action dans la radioprotection alors qu’il était le
patron du SCPRI, (Service Central de Protection contre les Radiations
Ionisantes, service dépendant du Ministère de
En fait dans les années 1970-80
j’étais jeune ingénieur dans une société qui était fournisseur de matériels au
SCPRI, et le Professeur Pierre Pellerin était « mon client ».
C’était un « client » du
modèle pointilleux et « chiant » pour parler directement.
Nous lui fournissions des cellules
blindées au plomb pour pouvoir faire des examens de retombées/pollutions
nucléaires sur des prélèvements. Ces mêmes cellules qui ont servi à mesurer
l’activité de milliers d’échantillons lors de Tchernobyl.
Pour que les mesures ne soient pas
entachées d’erreurs, il était nécessaire que le plomb utilisé pour ces cellules
ne soit pas contaminé par quelques retombées nucléaires que ce soit ; donc
du plomb élaboré avant la révolution industrielle. Il faut savoir que dans le
charbon il y a du Radon : gaz radioactif. Une centrale thermique au charbon est
un émetteur de pollution radioactive incomparablement supérieur à une
centrale nucléaire…
Il a donc fallu utiliser du
« vieux plomb » c'est-à-dire du plomb élaboré avant 1800.
Pour cela nous sommes allés
récupérer les doublures en plomb des « Grandes Eaux » de Versailles.
Nous avons payé des plongeurs pour aller récupérer des lests de galères
coulées !
Idem pour les aciers ; les
aciéristes mettent des traces de cobalt pour diagnostiquer la qualité des
coulées. Il a donc été récupéré des poutrelles métalliques du XIXème siècle,
sans trace de cobalt, suite à une rénovation de
Moyennant quoi les mesures ont été
irréprochables !
Mais le Professeur Pierre Pellerin
s’était illustré auparavant en mettant en évidence le premier au monde, et dès
1955 le fait que la thyroïde capte l’iode en quelques secondes après son
absorption. Fait qui a permis de mettre aux point tous les examens thyroïdiens,
et également de mettre au point la saturation de la thyroïde en cas d’accident
nucléaire tel que Tchernobyl.
Il se préoccupait de son métier
sous tous ses aspects, et il s’est penché sur le problème de la protection des
opérateurs en radiologie qui prenaient de bonnes doses de rayonnement. Il a
proposé des changements de procédures qui sont devenus des normes
internationales.
De même l’utilisation des produits
radioactifs pour effectuer des scintigraphies se retrouvaient dans les égouts
et l’on était capable de repérer avec une gammacaméra tous les points de
pollution nucléaire dans une ville : Les hôpitaux en premier lieu. Il a
mis de l’ordre dans la profession.
On pourrait continuer comme cela
longtemps sur l’action de Pierre Pellerin dans le domaine de la
radioprotection.
Mais pour arriver au problème de
Tchernobyl.
Il faut tout de même savoir que
Pierre Pellerin avait envisagé depuis longtemps un possible accident nucléaire
de première grandeur en URSS. Donc il avait fait installer des filtres espions
sur les avions d’Air France qui desservaient Moscou et Léningrad au départ de
Paris.
C’est comme cela qu’il a été le
premier à être informé de l’accident.
Il a d’ailleurs pu estimer tout de
suite la puissance de l’explosion et une idée de son origine, car suivant les
prélèvements faits il y a des conclusions qui peuvent êtres données
rapidement :
·
s’il y a des isotopes présents qui
sont des « produits d’activation » c'est-à-dire des produits radioactifs
qui ont été créés à la suite d’une irradiation longue dans le temps, le
prélèvement vient d’une centrale nucléaire.
·
S’il n’y a que des produits de
fission c’est une arme atomique qui est à l’origine.
D’autre part la répartition de ces
isotopes donne une idée des puissances mises en jeu.
Alors maintenant qui est l’auteur
de cette plaisanterie « fine » : « Le nuage de Tchernobyl
s’est arrêté à nos frontières » ?
La réponse apparaît simple et
rendons à César… en reprenant les documents de l’époque :
Mais pourquoi cette plaisanterie
douteuse du « nuage s’est arrêté aux frontières » a-t-elle pris une
si grande importance avec la suite « le mensonge » ; le
Professeur Pierre Pellerin a menti aux Français !
Eh bien tout simplement parce que
dans les pays voisins il n’y avait pas d’autorité compétente équivalente et on
a laissé délirer les « Verts » en faisant des recommandations
outrancières aptes à affoler les populations. C’est ainsi que le taux de
naissances en Pologne qui était de l’ordre de 30 000 naissances par mois
est passé rapidement 9 mois après à 7 000 naissances par mois. Les couples
ont contrôlé la natalité de peur de malformations congénitales.
Le nombre d’interruption de
grossesses motivées par cette peur ? Difficile à dire en Europe, le nombre
de
Question : est-ce que les
« Verts » assumeraient la responsabilité des conséquences d’une telle
panique irraisonnée devant les Tribunaux ?
Ne devrait-on pas plutôt remercier
Pierre Pellerin d’avoir raison gardé ?
Il n’a pas été constaté en Europe
de mutation génétique suite à la catastrophe de Tchernobyl.
Mais les médias ne passent que de
petits entrefilets lorsque Pierre Pellerin remporte ses procès en Première
Instance, en Appel et en Cassation. Par contre de larges colonnes sont ouvertes
au premier écologiste donnant son avis très compétent sur les conséquences de
la canicule sur les centrales nucléaires, il oublie de parler des effets de
cette même canicule sur les centrales non-nucléaires, sur le fait que
l’anticyclone ne bougeant pas... pas de vent… pas d’éoliennes... Ce n’est pas
deux poids deux mesures, c’est du matraquage médiatique !
Voici un
exemple d’un tel entrefilet :
(…) Le grand tort de Pierre Pellerin a été d’être « la » personne
compétente à l’époque en France, en Europe et certainement dans le monde sur le
sujet de la radioprotection.
C’est lui qui a défini les normes
adoptées internationalement, il a mis en place les équipements, les procédures,
il a fait les contrôles. Il faisait « tout » ; la loi,
l’enquêteur, l’expert, le juge, l’applicateur. Parce qu’à cette époque, ce
sujet n’intéressait personne.
Mais il n’avait pas été formé à la
sacro-sainte « communication » avec les médias.
Maintenant l’organisation et la
structure ont changé. Pierre Pellerin a bien du être remplacé par 200 personnes
dans différentes administrations.
Est-ce que l’on ne pourrait pas
rendre hommage à Pierre Pellerin?
Henri Lehn,
8 Juillet 2004
Copyright :
Association des Ecologistes Pour
le Nucléaire (AEPN)
55 rue Victor Hugo, F-78800 Houilles, France
20 ans après la catastrophe, l’analyse rationnelle doit l’emporter sur
l’émotion !
L’éditorial du site de
l’Union Rationaliste (www.union-rationaliste.org)
L'Union Rationaliste s'inscrit
dans la tradition d'un humanisme émancipateur appuyé sur le développement des
connaissances et l'utilisation réfléchie des technologies qu'elles rendent
possibles. C'est sur ces bases que nous souhaitons intervenir dans les débats
en cours. Le vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl nous
interpelle donc particulièrement. Pour certains, il est l'occasion de mener
campagne contre toute utilisation de l'énergie nucléaire. Nous pensons que
l'analyse rationnelle doit l'emporter sur l'émotion dans le choix de la
politique énergétique (économies d'énergie et répartition des modes de
production) à discuter par les citoyens.
La catastrophe de Tchernobyl a été
rendue possible par la conjonction d'au moins trois facteurs : la conception du
réacteur impliquant un risque d'instabilité, l'absence d'enceinte de
confinement susceptible d'arrêter ou de réduire considérablement l'échappement
des produits radioactifs dans l'atmosphère, l'absence d'une culture de sûreté
chez l'exploitant. La conception des réacteurs, et leurs règles de
fonctionnement en Europe occidentale et notamment en France excluent une
catastrophe tant soit peu comparable, comme l'accident intervenu aux Etats-Unis
l'a d'ailleurs confirmé. Un certain nombre de mesures complémentaires ont été
adoptées depuis Tchernobyl pour réduire encore la probabilité d'accidents et
leurs conséquences possibles. Les exigences de sureté ont été accrues sur les
nouveaux réacteurs, tels l'EPR.
Il est facile d'imprimer un peu
plus dans les esprits la peur des centrales nucléaires à partir d'informations
peu rigoureuses et d'images sur Tchernobyl. Il est plus difficile, surtout pour
ceux que l'on disqualifie souvent pour leur appartenance supposée au "
lobby nucléaire ", de rectifier un certain nombre d'inexactitudes, pour ne
pas dire de mensonges, répétées d'années en années sur le comportement des
autorités de radioprotection en France (le SCPRI à l'époque), sur la nature et
l'ampleur des conséquences de l'accident en Ukraine, Belarus et Russie mais
aussi au-delà : La " communication " du SCPRI est loin d'avoir été
toujours claire, mais qui sait aujourd'hui que l'arrivée du nuage sur le
territoire français et l'augmentation de la radioactivité ont effectivement été
annoncées au fur et à mesure ? Qui sait que l'augmentation prévisible des morts
par cancer parmi les " liquidateurs " qui sont intervenus sur le site
de Tchenobyl sera très loin heureusement de se traduire par l'hécatombe
généralement annoncée dans les média ?
Le peu d'empressement de la presse
et des média à accueillir des informations contredisant des informations et des
rumeurs propagées depuis 1986 est un fait. On peut arguer qu'il est plus "
rentable " en terme d'audimat de commenter un " scandale " et
d'exposer les drames humains que de présenter une froide comptabilité en terme
de nombre de morts estimés et de dégâts environnementaux et sociaux. Exposer
les programmes mis en œuvre (trop rares) pour redresser la situation sanitaire
et économique des régions touchées, exposer les enseignements tirés de la
catastrophe par améliorer encore la sécurité des centrales nucléaires en
France, c'est déclencher la critique des groupes antinucléaires les plus
radicaux. Ces différents biais ne suffisent cependant pas à expliquer les
incompréhensions persistantes. Comment faire face à des incompréhensions que
l'on rencontre aussi de manière plus ou moins aiguë dans tous les débats de
société relatifs à certaines recherches en développement rapide et à nombres de
technologies ?
Il ne s'agît pas selon nous, pour
les scientifiques d'une communauté rassemblant les compétences nécessaires, de
mieux " communiquer " sur tel ou tel sujet mais plutôt de s'organiser
pour mieux assumer une responsabilité collective : Celle d'établir
contradictoirement des rapports suffisamment crédibles pour que le débat
démocratique puisse se développer sur des bases rationnelles. Un effort
international de ce type est mené avec succès depuis des années sur le
changement climatique. Le processus est ouvert à des scientifiques compétents
proposés par des ONG. La circulation des idées du groupe de travail proprement
dit doit permettre d'expliciter clairement les faits scientifiques considérés
par tous comme raisonnablement établis, de les différencier de ceux qui sont
incertains ou relèvent d'approfondissement des recherches, de renvoyer à
d'autres instances le soin de mener la réflexion sur les points qui ne relèvent
pas du domaine concerné. Au final, il revient aux politiques de prendre leur
décision en intégrant avis scientifiques et débats d'opinion.
Le système des experts et des
contre -experts est un pis-aller, dont un effet pervers est de pousser chacun à
choisir sa vérité en fonction de la confiance qu'il accorde à celui qui
l'énonce. Ce relativisme ne permet pas d'avancer. Il est rare de prendre la
peine de rechercher l'origine des contradictions entre scientifiques -experts :
Ces contradictions peuvent relever de points de vue qui trouvent leur
légitimité dans des logiques différentes. Ainsi, les controverses sur
l'estimation des morts potentiels par cancer induits par la catastrophe (de
4000 à 25000 selon les études sérieuses) prennent largement leur source dans la
manière de considérer l'excès de dose d'irradiation par rapport à celle
délivrée par la radioactivité naturelle. Cette dernière varie d'un point à un
autre et en altitude. Pour les uns, les doses supplémentaires, même
parfaitement négligeables pour un individu particulier, doivent être prises en
compte pour l'ensemble de la population en Europe et en Asie. Pour les autres,
non, si ces doses sont petites devant les variations de doses naturelles, par
exemple d'un département à l'autre.
Un investissement réfléchi d'un
plus grand nombre de scientifiques dans les débats de sociétés est nécessaire
pour intégrer la science à la culture générale et infléchir une situation
dangereuse pour la démocratie.
Le bureau de l'UR, avril 2006.
Union Rationaliste
Hélène Langevin-Joliot, présidente.
_______________________________________
Communiqué Conjoint OMS/IAEA/UNDP
Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident
20 ans après, un rapport d’institutions des Nations Unies
donne des réponses définitives
et propose des moyens de
reconstruire des vies
Jusqu’à
4 000 personnes au total pourraient à terme décéder des suites d'une radio‑exposition
consécutive à l'accident survenu il y a une vingtaine d'années dans la centrale
nucléaire de Tchernobyl : telles sont les conclusions d’une équipe
internationale de plus d'une centaine de scientifiques.
Toutefois,
à la fin du premier semestre de 2005, moins d'une cinquantaine de décès avait
été attribuée directement à cette catastrophe. Pratiquement tous étaient des
membres des équipes de sauvetage qui avaient été exposés à des doses très
élevées : un grand nombre sont morts dans les mois qui ont suivi l'accident,
mais d'autres ont survécu jusqu’en 2004.
Les nouveaux chiffres sont présentés dans un rapport
abrégé qui fait date intitulé ‘Chernobyl’s Legacy: Health, Environmental and
Socio-Economic Impacts’ (L'héritage de Tchernobyl : impacts sanitaires,
environnementaux et socio‑économiques) que vient de publier le Forum
Chernobyl. Basé sur un rapport de 600 pages en trois volumes, qui regroupe les
travaux de centaines de scientifiques, d'économistes et de spécialistes de la
santé, ce rapport abrégé évalue les conséquences sur 20 ans du plus grave
accident nucléaire de l'histoire. Le Forum est composé de huit institutions
spécialisées du système des Nations Unies, à savoir l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des
Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, le Comité scientifique des Nations Unies
pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) et
« Cette compilation des recherches les plus récentes
peut contribuer à résoudre les questions que l'on continuait de se poser sur le
nombre de décès et de maladies réellement imputables à l'accident de Tchernobyl
et sur ses répercussions économiques » déclare le président du Forum
Tchernobyl, Burton Bennett, éminent spécialiste des effets radiologiques. « Les
gouvernements des trois pays les plus touchés se sont rendus compte qu’ils
devaient définir clairement la voie à suivre et qu’ils ne pourraient aller de
l'avant qu'en se basant sur un consensus solide quant aux conséquences
environnementales, sanitaires et économiques et en bénéficiant des conseils
judicieux et de l'appui de la communauté internationale. »
« Il s'agit d'un accident très grave ayant des
répercussions sanitaires majeures, notamment pour les milliers de travailleurs
exposés durant les premiers jours qui ont reçu des doses de rayonnements très
élevées et pour les milliers d'autres atteints d'un cancer de la thyroïde »
poursuit M. Bennett. « Toutefois, d'une manière générale, nous n'avons constaté
aucune incidence négative grave sur la santé du reste de la population des
zones avoisinantes, ni de contamination de grande ampleur qui constituerait
toujours une menace sérieuse pour la santé humaine, à l'exception de quelques
rares zones d’accès restreint ».
Le rapport du Forum est destiné à aider les pays
touchés à comprendre l'ampleur véritable des conséquences de l’accident et à
suggérer aux gouvernements du Bélarus, de
Principales conclusions du rapport
Ce rapport volumineux contient des douzaines de
conclusions majeures :
· Environ un
millier de membres du personnel du réacteur qui
travaillaient sur le site et de membres des équipes d’intervention ont été fortement exposés à des doses de
rayonnements très élevées le premier jour de l'accident ; sur les
plus de 200 000 de travailleurs affectés à ces équipes ou chargés d’assurer le
retour à la normale en 1986 et 1987, 2 200, selon les estimations, pourraient
décéder des suites d’une radio-exposition.
·
On estime à 5
millions le nombre de personnes résidant actuellement dans des zones du
Bélarus, de
·
Quelque 4 000 cas de cancer de la thyroïde, essentiellement chez des enfants et des adolescents au moment de
l'accident, sont imputables à la contamination résultant de l'accident, et au moins neuf enfants en sont morts ; toutefois, à en juger par l'expérience du Bélarus, le taux de survie parmi les patients
atteints de ce type de cancer atteint presque 99 %.
·
La plupart des membres des équipes d’intervention et des habitants des
zones contaminées ont reçu des doses à l’organisme entier relativement faibles,
comparables aux niveaux du fond naturel de rayonnement. Aucune indication ni probabilité
d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni aucune
indication d’une augmentation des malformations congénitales pouvant être
attribuées à une radio-exposition n’a donc pu être établie.
·
La pauvreté, les maladies liées au ‘mode de vie’ qui se généralisent
dans l'ex-Union soviétique, et les troubles mentaux constituent, pour les
populations locales, une menace beaucoup plus grave que l'exposition aux
rayonnements.
·
L’évacuation de
quelque 350 000 personnes hors des zones touchées et leur relogement se sont
avérés être une ‘expérience extrêmement traumatisante’. Bien que 116 000
d’entre elles aient été évacuées de la zone la plus gravement touchée
immédiatement après l’accident, les évacuations ultérieures ont joué un rôle
négligeable dans la réduction des radio-expositions.
· La persistance de mythes et d’idées
fausses sur le risque d'irradiation ont provoqué chez les habitants des zones
touchées un ‘fatalisme paralysant’.
·
Les programmes ambitieux
de réhabilitation et d’avantages sociaux entrepris par l'ex-Union soviétique et
poursuivis par le Bélarus,
·
Les éléments structurels du sarcophage construit pour recouvrir le
réacteur endommagé se dégradent et risquent de s'effondrer en provoquant un
rejet de poussière radioactive ;
·
Il reste encore
à établir un plan global pour le stockage définitif des tonnes de déchets
hautement radioactifs sur le site et aux alentours de la centrale de
Tchernobyl, qui soit conforme aux normes de sûreté en vigueur.
Hormis les maladies et les décès radio-induits, le
rapport déclare que l'impact de Tchernobyl sur la santé mentale est
« le plus grand problème de santé publique que l'accident ait provoqué
» et attribue en partie cet impact psychologique négatif à l’absence
d'informations précises. Les personnes concernées ont une perception négative
de leur état de santé, sont convaincues que leur espérance de vie a été
abrégée, manquent d’initiative et sont dépendantes de l’assistance fournie par
l’État.
« Vingt ans après l'accident de Tchernobyl, les
habitants des zones touchées n'ont toujours pas les informations dont ils ont
besoin pour mener une vie saine et productive qui est tout à fait possible »
explique Louisa Vinton, coordonnatrice pour Tchernobyl au PNUD. « Nous
conseillons aux gouvernements concernés de leur communiquer des informations
précises, non seulement sur les moyens de vivre sans risque dans des régions
faiblement contaminées, mais aussi sur l’adoption de modes de vie sains et la
création de nouveaux moyens de subsistance ». Toutefois, comme le déclare
Michael Repacholi, responsable du programme Rayonnements de l'OMS « au final,
le message du Forum Tchernobyl est rassurant ».
Il explique que sur les 4 000 patients
atteints d’un cancer de la thyroïde, essentiellement des enfants, tous ont
guéri, à l'exception de neuf qui sont décédés. « Ceci mis à part,
l'équipe d’experts internationaux n'a trouvé aucune indication d'une quelconque
augmentation de l’incidence de la leucémie et du cancer chez les habitants
affectés par Tchernobyl ».
Les
experts internationaux ont estimé que les rayonnements pourraient provoquer à
terme jusqu'à 4 000 décès chez les populations les plus exposées après
l'accident de Tchernobyl, à savoir les membres des équipes d’intervention en
1986 et 1987, les personnes évacuées et les résidants de la plupart des zones
contaminées. Ce nombre inclut les décès avérés consécutifs à des cancers et des
leucémies radio‑induits ainsi que des statistiques prévisionnelles
basées sur les estimations des doses de rayonnements reçues par ces
populations. Comme un quart des personnes environ mourront des suites d’un
cancer spontané ne résultant pas de Tchernobyl, il sera difficile d'observer
l'augmentation d'environ 3 % seulement induite par les rayonnements. Toutefois,
dans les cohortes les plus exposées des membres des équipes d’intervention et
des travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale, on a déjà constaté
une augmentation de certains types de cancer (la leucémie par exemple) à
certaines périodes. M. Repacholi a expliqué que les prévisions reposaient sur
une soixantaine d’années d’expérience scientifique des effets de telles doses.
« Les effets sanitaires de l’accident étaient
potentiellement catastrophiques, mais une fois que vous les additionnez en vous
basant sur des conclusions scientifiques dûment validées, en ce qui concerne le
public, ils n’ont pas été aussi forts que ce que l’on pouvait craindre
initialement » conclut M. Repacholi.
L’estimation
relative au nombre de décès à terme qui figure dans le rapport est très
inférieure aux hypothèses antérieures largement reprises par les médias, selon
lesquelles les radio-expositions allaient entraîner la perte de dizaines de
milliers de vies humaines. Cependant, le chiffre de 4 000 n'est pas très
éloigné des estimations faites en 1986 par des scientifiques soviétiques,
selon Mikhail Balonov, spécialiste des rayonnements à l'Agence internationale
de l'énergie atomique, à Vienne, qui travaillait dans l'ex-Union soviétique au
moment de l'accident.
En ce qui concerne les incidences sur l'environnement,
les rapports des scientifiques sont également rassurants, car leurs évaluations
révèlent qu'à
l'exception de la zone fortement contaminée de
Recommandations
Le rapport recommande de concentrer les efforts
d'assistance sur les zones fortement contaminées et de redéfinir les programmes
gouvernementaux pour aider ceux qui sont vraiment dans le besoin. Il est
suggéré de substituer aux programmes qui encouragent une ‘dépendance’ et une
mentalité de ‘victime’ des initiatives qui ouvrent des perspectives,
soutiennent le développement local et redonnent aux gens confiance en l’avenir.
Sur le plan de la santé, le rapport du Forum préconise
de continuer à suivre de près les travailleurs ayant souffert d’un syndrome
d'irradiation aiguë et les autres membres des équipes d’intervention fortement
exposés. Il recommande aussi un contrôle ciblé des enfants traités au
radio-iode pour un cancer de la thyroïde et des travailleurs ayant reçu des
doses élevées pendant les opérations d’assainissement qui sont atteints de
cancers non thyroïdiens. Toutefois, l'efficacité des programmes de contrôle en
cours devrait être évaluée par rapport à leurs coûts, car l'incidence des
cancers de la thyroïde spontanés augmente fortement à mesure que la population
cible vieillit. En outre, l’établissement de registres du cancer très fiables
doit bénéficier d'un appui continu des gouvernements.
En ce qui concerne l'environnement, le rapport
préconise un suivi à long terme des radionucléides du césium et du strontium
pour évaluer l'exposition des êtres humains et la contamination des aliments et
pour analyser l'impact des mesures correctives et des mesures prises pour
réduire la radioactivité. Il faut donner des informations plus complètes au
public sur la présence de substances toujours radioactives dans certains
produits alimentaires et sur les méthodes de préparation des aliments qui
réduisent l’incorporation de radionucléides. Dans certaines régions, des
restrictions à la cueillette de certains produits sauvages sont toujours
nécessaires.
Toujours en ce qui concerne la protection de
l’environnement, le rapport du Forum préconise de mettre en œuvre un programme
de gestion intégrée des déchets provenant du sarcophage, du site de la centrale
de Tchernobyl et de la zone d’exclusion pour que des mesures de gestion
cohérentes puissent être appliquées et que des capacités d’accueil pour tous
les types de déchets radioactifs puissent être créées. Il faut traiter les
problèmes d’entreposage et de stockage définitif des déchets dans toute la zone
d’exclusion de manière globale.
M. Balonov souligne que dans les zones où l’exposition
des êtres humains est faible, aucune mesure corrective n’est nécessaire. « Si
nous ne prévoyons pas d’incidences sur la santé et l’environnement, nous ne
devrions pas gaspiller nos ressources et nos efforts sur des zones faiblement contaminées
qui ne sont pas prioritaires, mais les concentrer sur les vrais problèmes »
ajoute-t-il.
Notant que de larges segments de la population,
particulièrement dans les zones rurales, ne disposent toujours pas
d’informations précises, le rapport insiste en particulier sur la nécessité de
trouver de meilleurs moyens d’informer le public et de surmonter le problème du
manque de crédibilité qui a entravé les initiatives antérieures. Des
informations précises sont disponibles depuis des années, mais soit elles ne
sont pas parvenues aux personnes qui en ont besoin, soit les gens ne les ont
pas crues et acceptées et donc n’en ont pas tenu compte.
Le rapport recommande de cibler les informations sur
des publics précis, notamment les responsables locaux et le personnel de santé,
de définir une stratégie plus large qui encourage des modes de vie sains et de
diffuser des informations sur les moyens de réduire les expositions internes et
externes aux rayonnements et de s’attaquer aux principales causes de maladie et
de mortalité.
Sur le plan socio-économique, il recommande une
nouvelle approche en matière de développement qui aide les personnes à «
prendre en main leur vie et leur environnement pour maîtriser leur avenir ». Il
affirme que les gouvernements doivent rationaliser et recentrer les programmes
relatifs à Tchernobyl en définissant des indemnisations mieux ciblées, en
supprimant celles inutilement accordées aux habitants des zones les moins
contaminées, en améliorant les soins de santé primaires, en favorisant des
techniques sûres de production alimentaire et en encourageant les
investissements et le développement du secteur privé, notamment de petites et
moyennes entreprises.
M. Vinton note que « le plus important est la nécessité
de diffuser des informations précises sur des modes de vie sains et d’établir
des règles plus élaborées pour promouvoir de petites entreprises en milieu
rural. Le vrai danger, c’est la pauvreté. Nous devons prendre des mesures pour
aider les gens à se prendre en charge ».
Réponse à des questions restées longtemps
en suspens
A quel niveau de rayonnement les gens
ont-ils été exposés à la suite de l’accident ?
À l’exception du personnel sur le site du réacteur et
des membres des équipes d’intervention exposés le 26 avril, la plupart des
travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale et ceux qui vivent dans
les zones contaminées ont reçu des doses d’irradiation à l’organisme entier
relativement faibles, comparables aux niveaux du fond naturel de rayonnement et
inférieures aux doses moyennes que reçoivent les gens qui vivent dans certaines
parties du monde où le fond naturel de rayonnement est élevé.
Pour la majorité des cinq millions d’habitants des
zones contaminées, les expositions se situent dans la limite de dose
recommandée pour le public ; toutefois 100 000 personnes environ reçoivent
encore des doses supérieures. L’assainissement de ces zones et l’application de
contre-mesures agricoles se poursuivent. Les niveaux d’exposition vont
continuer à baisser lentement mais la plus grande partie de l’exposition
résultant de l’accident est advenue.
Combien de gens sont morts et combien
devraient mourir à l’avenir ?
Il y aurait au total quelque 4 000 décès, parmi les
membres des équipes d’intervention et les habitants des zones les plus
contaminées, d’ores et déjà imputables à Tchernobyl ou qui devraient se
produire à l’avenir. Ce chiffre comprend la cinquantaine de membres des équipes
d’intervention décédés des suites du syndrome d’irradiation aiguë, neuf enfants
morts d’un cancer de la thyroïde et 3 940 décès en tout dus à un cancer-radio
induit ou à une leucémie parmi les 200 000 membres des équipes d’intervention
entre 1986 et 1987, les 116 000 personnes évacuées et les 270 000 habitants des
zones les plus contaminées (soit environ 600 000 personnes au total). Ce sont
ces trois grandes cohortes qui ont reçu des doses de rayonnement supérieures
parmi toutes les personnes exposées aux rayonnements à la suite de l’accident
de Tchernobyl.
Selon les estimations, 4 000 décès supplémentaires pourraient
survenir pendant la durée de vie des quelque 600 000 personnes en question.
Comme un quart d’entre elles environ mourront des suites d’un cancer spontané
ne résultant pas de l’accident de Tchernobyl, il sera difficile d’observer
l’augmentation d’environ 3 % imputable aux rayonnements. Toutefois, dans les
cohortes les plus exposées des membres des équipes d’intervention et des
travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale, on a constaté une
augmentation de certains types de cancer (la leucémie par exemple).
La confusion qui existe quant à l’impact de l’accident
vient du fait que des milliers d’habitants des zones touchées sont décédés de
mort naturelle. En outre, du fait que la population locale s’attend
généralement à avoir un bilan de santé mauvais et qu’elle a tendance à mettre
tous les problèmes de santé sur le compte de l’exposition aux rayonnements,
elle a supposé que les décès imputables à l’accident de Tchernobyl étaient
beaucoup plus nombreux qu’ils ne le sont réellement.
Quelles maladies se sont déjà déclarées ou
risquent de se déclarer à l’avenir ?
Les habitants qui ont consommé des denrées contaminées
à l’iode radioactif dans les jours qui ont suivi immédiatement l’accident ont
reçu des doses à la thyroïde relativement élevées. Ceci est tout
particulièrement vrai des enfants qui ont bu du lait de vaches qui avaient
mangé de l’herbe contaminée. Le fait que l’iode se concentre dans la thyroïde
explique dans une large mesure l’incidence élevée du cancer de la thyroïde chez
les enfants.
Plusieurs études récentes font état d’une légère
augmentation de l’incidence de la leucémie chez les membres des équipes
d’intervention mais pas chez les enfants ni chez les adultes qui vivaient dans les
zones contaminées. Une faible augmentation des cancers solides et peut-être de
maladies du système circulatoire a été relevée mais doit être évaluée plus en
détail en raison de l’influence indirecte possible de facteurs tels que le
tabac, l’alcool, le stress et un mode de vie malsain.
Y a-t-il ou y aura-t-il des effets
héréditaires ou des effets sur les organes reproducteurs?
En raison des doses relativement faibles reçues par les
habitants des zones contaminées, aucune indication ni probabilité d’une diminution
de la fertilité n’a pu être établie ni chez les hommes ni chez les femmes. Par
ailleurs, les doses étant si faibles, il a été impossible d’établir la preuve
de quelconques effets sur le nombre d’enfants morts-nés, de grossesses non
menées à terme, de complications à l’accouchement ou sur l’état de santé
général des enfants. Il semble que l’augmentation modeste mais régulière des
malformations congénitales signalées tant dans les zones contaminées que dans
les zones non contaminées du Bélarus soit liée à une amélioration de la qualité
des rapports établis sur la question et non aux rayonnements.
Est-ce que le traumatisme d’un relogement
rapide a provoqué des troubles psychologiques ou mentaux persistants ?
Des symptômes de stress, de dépression, d’anxiété et
autres symptômes physiques médicalement inexpliqués, y compris le sentiment
d’être en mauvaise santé, ont été signalés. Le fait que les personnes touchées
aient été désignées comme des ‘victimes’ et non comme des ‘survivants’ les a
conduites à se considérer elles-mêmes comme des êtres sans défense, faibles et
ne maîtrisant pas leur avenir. Cela a suscité chez elles des comportements
timorés et une inquiétude exagérée quant à leur santé soit, au contraire, des
réactions totalement irresponsables se manifestant par la consommation de
champignons, de baies et de gibier provenant des zones toujours classées comme
hautement contaminées, par l’abus d’alcool et de tabac et par le vagabondage
sexuel non protégé.
Quelles ont été les incidences sur l’environnement
?
Les écosystèmes touchés par Tchernobyl ont été
largement étudiés et surveillés ces 20 dernières années. Pendant dix jours
après l’accident, des rejets importants de radionucléides ont eu lieu,
contaminant plus de 200 000 km² en Europe. L’ampleur du dépôt de radioactivité
a varié suivant qu’il pleuvait ou non lors du passage des masses d’air
contaminées.
La plupart des isotopes de strontium et de plutonium
ont été déposés dans un rayon de
Quelle est l’ampleur de la contamination
urbaine ?
Les surfaces à l’air libre, comme les routes, les
espaces verts et les toits, ont été les plus contaminées. Les habitants de
Pripyat, la ville la plus proche de Tchernobyl, ont été rapidement évacués, ce
qui a permis de réduire leur exposition éventuelle à des matières radioactives.
Le vent, la pluie et l’activité humaine ont réduit la contamination de surface
mais ont entraîné une contamination secondaire des systèmes d’égouts et de
boues d’épuration. Le niveau de rayonnement dans l’air au‑dessus des
zones habitées est revenu au niveau du fond naturel mais il est resté plus
élevé au-dessus des sols nus.
Quel a été le degré de contamination des
zones agricoles ?
Les intempéries, la décroissance physique, la migration
des radionucléides dans le sol et les baisses de biodisponibilité ont entraîné
une réduction sensible du transfert des radionucléides aux plantes et aux
animaux. Du fait de son absorption rapide dans le lait à partir de l’herbe et
des fourrages, l’iode radioactif a suscité des préoccupations au début et des
niveaux élevés ont été signalés dans certaines parties de l’ex-Union soviétique
et du sud de l’Europe mais, étant donné la période courte de ce nucléide, les
craintes se sont vite apaisées. À l’heure actuelle et sur le long terme, le
radiocésium, présent dans le lait, la viande et certains végétaux, reste le
plus grand sujet de préoccupation pour l’exposition humaine interne mais, à
l’exception de quelques rares zones, les concentrations se situent en deçà des
niveaux sûrs.
Quelle est l’ampleur de la contamination
forestière ?
Après l’accident, les animaux et la végétation dans les
zones de forêt et de montagne ont absorbé une forte quantité de radiocésium,
les niveaux d’activité restant longtemps élevés dans les champignons, les baies
et le gibier. L’exposition provenant des produits agricoles ayant baissé,
l’impact relatif de l’exposition provenant des produits forestiers a augmenté
et ne diminuera qu’avec la migration dans le sol et la décroissance lente des
matières radioactives. Un transfert élevé de radiocésium du lichen à la viande
de renne et aux humains a été observé dans la région arctique et sub-arctique,
la viande de renne étant fortement contaminée en Finlande, en Norvège, en
Russie et en Suède. Les gouvernements concernés ont imposé des restrictions à
la chasse, notamment en programmant l’ouverture de la saison de chasse à la
période où la chair des animaux est moins contaminée.
Quelle est l’ampleur de la contamination
dans les systèmes aquatiques ?
La contamination des eaux de surface à travers la
plupart de l’Europe a baissé rapidement grâce à la dilution, à la décroissance
physique, et à l’absorption de radionucléides dans les sédiments du fond et
dans les sols des bassins versants. Toutefois, en raison de la bio-accumulation
dans la chaîne alimentaire aquatique, on a trouvé des concentrations élevées de
radiocésium dans des poissons provenant de lacs aussi éloignés que ceux
d’Allemagne et de Scandinavie. Les niveaux comparables de radiostrontium,
élément qui se concentre dans les arêtes et non dans les muscles, n’ont pas été
significatifs pour les humains. Les niveaux dans le poisson et les eaux sont
actuellement bas, sauf dans les zones où se trouvent des lacs ‘fermés’ sans
déversoir. Dans ces lacs, les niveaux de radiocésium contenu dans le poisson
resteront élevés pendant des décennies et les restrictions imposées à la pêche
devraient donc y être maintenues.
Quelles contre-mesures environnementales et
autres mesures correctives ont été prises ?
La contre-mesure agricole la plus efficace prise dès le
début a été de retirer de l’alimentation animale l’herbe des pâturages
contaminés et de surveiller les niveaux de rayonnement dans le lait. Le
traitement des terres pour les cultures fourragères, les fourrages ‘propres’ et
l’emploi de liants de césium (qui empêchent le transfert de radiocésium des
fourrages au lait) ont permis de réduire considérablement la contamination et
de continuer à pratiquer l’agriculture, encore qu’un accroissement de la teneur
en radionucléides des produits végétaux et animaux ait été mesuré depuis le
milieu des années 90, lorsque les problèmes économiques ont obligé à réduire
les traitements. L’utilisation de certaines terres agricoles dans les trois
pays concernés est interdite tant que des mesures correctives n’auront pas été
prises.
Un certain nombre de mesures appliquées aux forêts dans
les pays touchés et en Scandinavie ont permis de réduire l’exposition des êtres
humains, notamment les restrictions imposées à l’accès à certaines zones de
forêts, à la récolte de produits comestibles comme le gibier, les baies et les
champignons et au ramassage public de bois de chauffage, parallèlement aux
nouvelles mesures prises au niveau de la chasse pour éviter la consommation de
viande de gibier lorsque les niveaux saisonniers de radiocésium risquent d’être
élevés. Les faibles niveaux de revenus dans certaines régions poussent la
population locale à ignorer ces règles.
Quels ont été les effets radio-induits sur
les plantes et les animaux ?
On a constaté un accroissement de la mortalité des
conifères, des invertébrés et des mammifères et une perte de la capacité de
reproduction végétale et animale dans les zones à forte exposition sur un rayon
de 20 à
Est-ce que le démantèlement du sarcophage et
la gestion des déchets radioactifs posent de nouveaux problèmes
environnementaux ?
Le sarcophage protecteur a été érigé très vite, ce qui
explique certaines imperfections de la structure elle-même et n’a pas permis de
rassembler toutes les données sur la stabilité de la tranche du réacteur
endommagée. En outre, certains éléments structurels du sarcophage se sont
corrodés en 20 ans. Le principal danger que pourrait présenter le sarcophage
est l’effondrement de ses structures supérieures qui entraînerait un rejet de
poussière radioactive.
Ces structures instables ont été renforcées récemment
et la construction d’une nouvelle enveloppe de confinement sûre destinée à
recouvrir le sarcophage actuel va démarrer bientôt. Cette enveloppe, conçue
pour tenir plus d’un siècle, permettra le démantèlement du sarcophage actuel,
l’enlèvement de la masse de combustible radioactif de la tranche endommagée et,
à terme, le déclassement du réacteur endommagé.
Il reste à définir une stratégie globale pour la
gestion des déchets de haute activité et de longue période qui proviennent
d’anciennes activités de dépollution. Une grande quantité de ces déchets a été
entreposée provisoirement dans des tranchées et des décharges qui ne répondent
pas aux prescriptions en vigueur en matière de sûreté des déchets.
Quel a été le coût économique ?
En raison des politiques appliquées à l’époque de
l’explosion et compte tenu de l’inflation et des bouleversements économiques
qui ont suivi l’éclatement de l’Union soviétique, il n’a pas été possible de
calculer les coûts exacts. Une série d’estimations effectuées dans les années
90 ont chiffré les coûts étalés sur 20 ans à des centaines de milliards de
dollars. Ces coûts couvrent les dégâts directs, les dépenses liées à la remise
en état et à l’atténuation des effets, le relogement des gens, la protection
sociale et les soins de santé de la population touchée, la recherche sur
l’environnement, sur la santé et sur la production d’aliments ‘propres’, la
surveillance radiologique ainsi que les pertes indirectes dues à l’interdiction
de l’utilisation de terres agricoles et de forêts et à la fermeture
d’installations agricoles et industrielles, mais aussi des coûts additionnels
comme l’annulation du programme électronucléaire bélarussien et le surcoût
énergétique occasionné par la perte de production d’électricité en provenance
de Tchernobyl. Les coûts ont lourdement grevé les budgets des trois pays
concernés.
Quelles ont été les principales conséquences
pour l’économie locale ?
L’agriculture a été le secteur le plus durement touché,
La pauvreté est particulièrement aiguë dans les zones
touchées. Les salaires des ouvriers agricoles sont généralement bas et les
emplois en dehors de l’agriculture sont limités. Un grand nombre d’ouvriers
qualifiés et diplômés, surtout des jeunes, ont quitté la région. Qui plus est,
le climat des affaires n’est pas propice à la création d’entreprises et
l’investissement privé est modeste.
Quel impact Tchernobyl et l’après-Tchernobyl
ont-ils eu sur les communautés locales ?
Plus de 350 000 personnes ont été relogées en dehors
des zones les plus contaminées, dont 116 000 immédiatement après l’accident.
Même après avoir eu des indemnisations, un logement gratuit et le choix de leur
nouveau domicile, l’expérience a été traumatisante pour un grand nombre des personnes
évacuées, qui se sont retrouvées sans travail et qui ont le sentiment de ne
plus avoir de place dans la société. Les enquêtes montrent que ceux qui sont
restés ou qui sont retournés chez eux vivaient mieux l’après-Tchernobyl que
ceux qui ont été relogés. Les tensions entre les nouveaux arrivés et la
population d’origine dans les villages de relogement ont aussi contribué à
l’ostracisme ressenti par les premiers. La structure démographique des zones
touchées s’est dégradée car beaucoup d’ouvriers qualifiés, diplômés et ayant
l’esprit d’entreprise, souvent des jeunes, ont quitté la région en laissant
derrière eux une population âgée qui ne possède guère les qualités requises
pour remettre l’économie en route.
Étant donné le vieillissement de la population, il y a
plus de décès que de naissances, ce qui renforce le sentiment que ces zones
sont des endroits dangereux. Même lorsque les salaires y sont élevés, les
écoles, les hôpitaux et les autres services publics de base manquent de
spécialistes qualifiés.
Quelles ont été les incidences sur les
individus ?
D’après le rapport du Forum sur la santé, l’impact de
Tchernobyl sur la santé mentale est le plus grand problème de santé publique
que l’accident ait provoqué à ce jour. Les habitants des zones touchées ont une
perception négative de leur état de santé et de leur situation, exacerbée par
un sens exagéré du risque sanitaire que la radio‑exposition leur fait
courir et par la conviction que leur espérance de vie est réduite. Rien
n’indique que l’anxiété concernant les effets sanitaires des rayonnements est
en train de diminuer, au contraire. L’espérance de vie est en baisse dans toute
L’ex-Union soviétique à cause des maladies cardiovasculaires, des blessures et
des empoisonnements, mais pas à cause des maladies radio‑induites.
Comment les gouvernements ont-ils réagi ?
Les programmes de relogement et de réhabilitation
lancés à l’époque de l’Union soviétique n’ont pas pu être maintenus après 1991
et le financement de projets a diminué, de sorte que de nombreux projets n’ont
pas pu être achevés ou ont dû être abandonnés et qu’un grand nombre des
prestations promises ont manqué de financement. En outre, des indemnisations
ont été allouées à des catégories très larges de ‘victimes de Tchernobyl’,
finissant par couvrir jusqu’à sept millions de personnes qui reçoivent déjà ou
qui peuvent prétendre à recevoir des retraites, des primes spéciales et des
prestations maladie, y compris des vacances gratuites et des indemnités
garanties. Les prestations accordées aux victimes de Tchernobyl privent de
ressources d’autres secteurs des dépenses publiques, mais une réduction de ces
indemnisations ou un ciblage limité aux groupes à haut risque est impopulaire
et pose des problèmes politiques.
Vu la réduction notable des niveaux de rayonnement au
cours des 20 dernières années, les gouvernements doivent revoir la
classification des zones contaminées. De nombreuses zones considérées
auparavant comme zones à risque sont en fait propres à l’habitation et à la
mise en culture. Les classifications actuelles sont beaucoup plus restrictives
que ne le justifient les niveaux de rayonnement démontrés.
Le rapport souligne la nécessité d’affiner les
priorités et de rationaliser les programmes pour atteindre ceux qui sont le
plus dans le besoin, tout en rappelant qu’une réallocation des ressources
risque de susciter une ‘vive résistance de la part de ceux qui en bénéficient
déjà’. Il est suggéré entre autres que le droit à des indemnisations soit
‘racheté’ en échange d’une somme forfaitaire destinée à financer le démarrage
de petites entreprises.
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/
le nucléaire, énergie de demain
L’option nucléaire
Extrait du dossier du CEA :
Sécurité énergétique : place du nucléaire dans le monde, enjeux pour
Les
Quels que soient les scénarios considérés à horizon 2050,
les besoins en énergie vont croître compte tenu de la croissance démographique
et des besoins de développement des pays émergents. Une part importante de
cette augmentation va se faire en Asie – principalement
S’il est manifeste que toutes les sources d’énergie
devront être mises à contribution, un enjeu essentiel est de développer le « bouquet énergétique » optimal en termes de disponibilité et de préservation des
ressources, de coût, d’accès de tous à l’énergie et de maîtrise des impacts
environnementaux.
Les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qui
satisfont actuellement 87 % de la demande en énergie primaire constitueront
encore dans les 50 prochaines années l’essentiel de l’approvisionnement
énergétique mondial. Cette situation soulève des difficultés croissantes
d’accès aux ressources (cf. AIE, World Energy Outlook, 2004), avec les tensions
économiques et géopolitiques qui en résultent, et de production croissante de
gaz à effet de serre, avec leur impact sur le risque de changement climatique.
Ces difficultés sont exacerbées dans le cas des transports (un tiers de
l’énergie primaire consommée) qui sont aujourd’hui dépendants à 95% du pétrole.
Cette situation n’est pas durable sur le très long terme, ni du point de vue de
l’environnement – les conséquences de l’augmentation de la variabilité du
climat et de certains phénomènes extrêmes sont encore inconnues mais seront
d’autant plus importantes que l’augmentation de la température moyenne à la
surface sera forte – ni du point de vue des ressources. Nous allons en quelques
siècles consommer des ressources fossiles qui auront mis des millions d’années
à se constituer.
Les énergies renouvelables constituent une source
d’énergie d’appoint appréciable dont l’utilisation se justifie, en particulier
pour les systèmes décentralisés difficiles à connecter au réseau électrique.
Elles ne sont toutefois pas en mesure d’assurer une production massive en base.
Ainsi le recours à une énergie par définition intermittente comme l’éolien
oblige-t-il pour approvisionner le réseau en base à recourir à des sources
complémentaires généralement d’origine fossile : centrales à cycle combiné à
gaz ou centrales thermiques « classiques » au charbon. Alors que la
substitution partielle du charbon par de l’éolien est vertueuse au Danemark,
qui recourt largement au charbon pour produire de l’électricité, en France, où
80% de la production électrique est d’origine nucléaire, donc non émettrice de
gaz à effet de serre, le recours aux ENR ne représente pas de bénéfice
environnemental de ce point de vue.
Depuis le début des années 2000, la perception du paysage
énergétique a profondément changé :
-
La prévention du changement
climatique est devenue l’enjeu environnemental majeur dans la mesure où ses
effets sont peu réversibles, mondiaux et ses conséquences pour l’espèce humaine
pas totalement connues. Si les stratégies pour lutter contre ce phénomène
varient selon les blocs géopolitiques (mise en oeuvre du protocole de Kyoto et
réflexion sur l’après-Kyoto, partenariat Asie-Pacifique regroupant les pays
fortement utilisateurs de charbon…), toutes les grandes régions du monde se
déclarent liées par l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de
serre.
-
Les prix du pétrole et dans
une moindre mesure du gaz ont été multipliés par trois, de 20 dollars le baril
en 1999 à environ 60 dollars aujourd’hui.
-
La question de la dépendance
énergétique à l’égard de pays ou de zones instables politiquement est redevenue
cruciale, comme l’ont montré les événements au Moyen-Orient et en Russie. Il
devient de plus en plus nécessaire de réserver les hydrocarbures aux usages
dans lesquels ils ne sont pas ou peu substituables, notamment le transport dans
le cas du pétrole et de ses dérivés.
Dans un tel contexte, le nucléaire connaît partout dans le
monde un regain d’intérêt, qui a été bien illustré par la conférence
ministérielle internationale de l’AIEA qui s’est tenue à Paris en mars 2005 et
a réuni ministres, personnalités officielles de haut niveau et experts de 74
Etats et 10 organisations internationales. Cette conférence a débouché sur une
résolution affirmant que l’énergie nucléaire pouvait apporter une contribution
majeure à la satisfaction énergétique d’un grand nombre de pays du fait de
nombreux atouts :
-
quasi-absence d’émissions de
gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique ;
-
compétitivité et stabilité
des coûts de production électrique, dans lesquels le combustible compte pour moins
de 10% et dans lesquels la plupart des « externalités », notamment la gestion
des déchets, sont intégrées ;
-
contribution à la sécurité
des approvisionnements énergétiques en diminuant l’exposition à la volatilité
des prix et aux tensions sur la production des combustibles fossiles ;
-
avec des technologies du
futur, potentiel d’utilisations non électrogènes de la production nucléaire :
production de chaleur pour l’industrie, d’eau potable, d’hydrogène…
http://www.cea.fr/fr/presse/dossiers/DP-CEA-Le-nucleaire-dans-le-monde.pdf
________________________________________________________
L’énergie électronucléaire au
secours de la planète
dans le
courrier des lecteurs du Monde du 8 septembre 2005
Dans le
Monde daté du 30 août, Stéphane Lhomme conteste l'intérêt du nucléaire face à
la crise pétrolière. Cela ne surprend pas de la part du porte-parole du réseau
Sortir du Nucléaire. Les arguments mis en avant laissent cependant pantois.
Le
nucléaire français ne représenterait, selon Stéphane Lhomme, que 17 % de
l'énergie consommée dans notre pays ; c'est exact lorsqu'on considère
que les consommations de 1 kWh de chaleur et de 1 kWh d'électricité sont
strictement équivalentes, ce qui correspond à une des conventions adoptées
internationalement pour comparer des énergies de natures différentes. Mais il
n’y a pas une mais trois conventions "internationales", dont le choix
dépend de l’usage que l’on veut en faire :
Ø
une seconde permet de comparer les énergies primaires -
celles effectivement utilisées pour produire l'électricité ou le carburant
automobile par exemple - ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse aux
émissions de CO2 ou aux quantités de pétrole consommées
Ø
et une troisième permet de comparer les énergies dites
« utiles », par exemple les énergies mécaniques sur les arbres
moteurs de machines thermiques et électriques ; elle est pertinente
lorsqu’on s’intéresse avant tout aux efficacités énergétiques.
Avec ces
deux dernières conventions - également utilisées et reconnues
internationalement -, l'électricité nucléaire française représente bien 40 à 50
% du total de notre énergie, et l'électricité nucléaire mondiale 20 % de
l'électricité.
Consciemment
ou non, je l’ignore, Stéphane Lhomme a bien évidemment choisi la moins
pertinente des trois conventions internationales pour parler de l’électricité
comme moyen de remplacer – partiellement – le pétrole. Suivons en effet un
moment sa logique : l'électricité mondiale, en utilisant la même
convention que lui, représente environ 12 % de l'énergie consommée dans
le monde : une broutille ! Dès lors, pourquoi se fatiguer à la produire par
d'autres moyens que les combustibles fossiles ? Arrêtons tout de suite de
construire des centrales nucléaires et des éoliennes, et ne gaspillons pas nos
ressources à financer des recherches sur le photovoltaïque ou sur la fusion
nucléaire !
En revanche,
lorsqu'on s'intéresse au remplacement du pétrole et à la protection du climat -
et donc au CO2 produit et relâché dans l'atmosphère - force est de s'intéresser
à l'énergie primaire utilisée pour produire l’électricité ; soit, au niveau
mondial, près du 1/3 de l'énergie totale (1). La production mondiale
d'électricité est donc bien responsable d'une fraction notable des rejets de
CO2 (plus de 20%); elle le serait encore plus sans le nucléaire (et
l'hydraulique). Ce n'est pas un hasard si les rejets de CO2 par habitant sont
plus de 1/3 plus faibles en France et en Suède qu'au Danemark et en Allemagne,
c’est bien grâce au nucléaire et à l'hydraulique.
Certes,
l'électricité ne peut pas tout faire, en tout cas tant qu'elle jouera un rôle
marginal dans les transports. Son développement - nucléaire et renouvelable -
se justifie par sa contribution à la maîtrise
de l'effet de serre et - en ce qui concerne le nucléaire - par son
faible coût (n'en déplaise à Stéphane Lhomme). Ce n'est déjà pas si mal ! Mais
il faut aussi travailler d'arrache-pied pour mieux utiliser l'énergie, élargir
les domaines d'utilisation de l'électricité, et développer les énergies de
substitution au pétrole.
Il est
temps que cessent ces petits jeux puérils alors que la planète est en danger.
Il est plus que temps de tout mettre en œuvre pour sauver le climat.
le courrier des lecteurs du
Monde du 8 septembre
Pierre Bacher
Auteur de
"Quelle énergie pour demain ?" (2000)
mention
spéciale du Prix Roberval, Grand prix 2000
Co-auteur
de « L’énergie de demain » (2005)
Membre du
conseil scientifique du collectif « Sauvons le climat »
(1) Les
combustibles fossiles, en majorité le charbon, produisent près de 60 % de
l'électricité (10% en France), le nucléaire et l'hydraulique chacun 20%
(respectivement 75 et 15% en France) et toutes les autres énergies
renouvelables confondues moins de 1%.
Ce texte peut être consulté sur le dossier « les rationalistes
s’expriment »
mais en ligne
sur le site internet national de l’union rationaliste
http://www.union-rationaliste.org/
______________________________________
le manifeste « Sauvons le Climat »
« Nous appelons nos concitoyens
et nos dirigeants à engager une politique volontariste et décidée,
à la fois d'économies
d'énergie et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies
renouvelables »
La concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
de notre planète atteint aujourd'hui un niveau supérieur à tout ce qu'elle a
connu depuis plus d'un demi million d'années. Démarrée au début de l'ère
industrielle, vers les années 1880, cette hausse est essentiellement due à
l'accumulation des émissions croissantes de gaz carbonique et de méthane
résultant de l'activité humaine. Si nous ne faisons rien, cette hausse va se
poursuivre.
En très grande majorité les experts qui observent et
étudient ces phénomènes sont formels : sauf à réduire les émissions, notamment
celles de gaz carbonique, d'un facteur au moins égal à 2, notre globe verra sa
température moyenne augmenter de plusieurs degrés au cours du présent siècle.
Une telle augmentation de température, comparable en ordre de grandeur à celles
qui ont suivi les périodes glaciaires, mais qui se produira de façon beaucoup
plus rapide, aura des conséquences majeures sur le climat. Les conséquences qui
en résulteraient sur notre santé, la végétation et les productions agricoles,
le niveau des mers, les espèces vivantes, etc. sont évidemment plus difficiles
à cerner mais nul ne peut exclure que des évolutions irréversibles
catastrophiques, allant jusqu'à mettre en cause les conditions de vie de
l'espèce humaine, puissent se produire. Qu'attendons nous, face au
réchauffement climatique qui nous menace, pour mettre en oeuvre le principe de
précaution ? Il nous faut limiter les émissions de gaz à effet de serre par
tous les moyens à notre disposition.
Si des économies d'énergie importantes sont possibles
et souhaitables dans les pays développés, il est impossible d'exiger des
efforts similaires de la part des pays en voie de développement. Sauf récession
économique catastrophique la consommation énergétique mondiale va continuer à
croître. Il est donc capital de mettre en oeuvre, chaque fois que cela est
possible, des techniques de production d'énergie ne faisant pas appel aux
combustibles fossiles. De telles techniques existent dans le domaine de la
production d'électricité pour les réseaux centralisés: énergie nucléaire,
hydroélectricité, éolien. Le solaire photovoltaïque est particulièrement bien
adapté aux sites isolés et aux pays dont le réseau de distribution électrique
est peu développé. Le solaire thermique, la géothermie, la biomasse bien gérée,
les pompes à chaleur doivent prendre davantage de place pour le chauffage des
locaux et la production d'eau chaude. Les transports demeureront encore
longtemps les plus tributaires des combustibles fossiles ; il n'en est que plus
important de rechercher d'autres solutions: développement des transports en
commun, véhicules électriques, utilisation de l'hydrogène produit par
électrolyse ou décomposition thermochimique de l'eau.
Face aux grands pays en émergence qui vont, par
nécessité et comme nous l'avons fait au cours des deux siècles passés, fonder
leur développement sur le charbon et le pétrole, et donc (sauf aboutissement,
bien difficile à prévoir, des études en cours sur la séquestration du gaz
carbonique) voir croître leurs rejets de gaz carbonique, les pays développés
doivent démontrer que la limitation des émissions de gaz à effet de serre grâce
aux technologies modernes est possible, sans handicap économique majeur et sans
diminution de qualité de vie.
Il est temps que les Français se convainquent que
l'objet du débat énergétique n'est pas de savoir s'il faut ou non "sortir
du nucléaire", mais plutôt de savoir comment "limiter le plus
possible l’utilisation des combustibles fossiles" qui menace notre climat.
Le nucléaire, maîtrisé comme il l'est dans nos pays, présente des risques
minimes comparés à ceux des gaz à effet de serre et s'il serait irréaliste de
vouloir "sortir des combustibles fossiles" il serait totalement
irresponsable de s'en tenir au statu-quo.
Nous appelons nos concitoyens et nos dirigeants à
engager une politique volontariste et décidée, à la fois d'économies d'énergie
et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables. Une
telle politique est la seule qui puisse raisonnablement garantir à notre
génération et aux générations futures le maintien de conditions climatiques
acceptables et prévisibles.
signer ce
manifeste : http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/signataires-extrait.html
Le collectif "Sauvons le
Climat" est constitué des signataires du manifeste « Sauvons
le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA (Associations des retraités
du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire), le GR21
(Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au 21ème siècle et
________________________________________________
Et après l’EPR (European Pressurised Reactor) ?
à quoi ressemblera le réacteur nucléaire de génération IV ?
http://www.larecherche.fr/data/386/038602701.html
·
Cinquante ans de nucléaire civil : les acquis et les peurs, Pierre
Beroux, Directeur du contrôle des risques à EDF
·
Le nucléaire et la sécurité des approvisionnements énergétiques en
Europe, Jean-Eudes Moncomble, Directeur général de l'Institut français de
l'énergie
·
La question des déchets ultimes : y a-t-il une stratégie
raisonnable ?, Christian Bataille, député, membre de l'Office parlementaire
d'évaluation scientifique et technologique
·
Perspective du nucléaire et minimisation des risques, Bertrand
Barré, Directeur de la communication scientifique à Areva
·
Evolution de l'opinion et des milieux dirigeants en Allemagne,
Daniel Steinvorth, Chercheur à l'Institut d'études de sécurité de l'U.E.O.
·
Le nucléaire est-il une question de société ? Heuristique de la
peur, Dominique Lecourt, Philosophe
·
Conclusions : Jean-Pierre Chevènement
·
Lire en ligne :
http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-et-le-principe-de-precaution_a22.html
Télécharger les actes du colloque
http://www.fondation-res-publica.org/index.php?preaction=joint&id_joint=22815
L'étrange fortune du principe de précaution
« Une maxime de la sagesse populaire avertit les plus timorés
d'entre nous qu'« on n'est jamais trop prudent » ; une autre, dont se prévalent
à l'occasion les plus audacieux avance au contraire : « qui ne risque rien n'a
rien ». Ces deux maximes opposées semblent avoir définitivement délimité le
champ des débats assez pauvres qui, depuis trente ans, prennent pour objet les
implications humaines et sociales des grandes innovations technologiques.
Dès lors que le fameux « principe de précaution » a été inscrit dans
Dernier épisode en date : le bruit qui désigne l'expansion de la téléphonie
mobile comme un danger pour la santé publique. Ce danger proviendrait d'abord
des antennes-relais installées pour couvrir le territoire. Elles exposeraient
les populations alentour à des champs électromagnétiques nocifs générant des
migraines, insomnies et dépressions, voire des crises d'épilepsie. L'usage des
téléphones eux-mêmes provoquerait de son côté des cancers du nerf auditif,
sinon du cerveau. Devant de si graves accusations, alors que plusieurs
milliards d'êtres humains utilisent chaque jour leur téléphone mobile (45
millions en France) et s'en réjouissent, on comprend que les organismes
internationaux et nationaux en charge de la santé publique aient réagi. Dès la
fin des années
C'est en Allemagne, à la fin des années 60 du siècle dernier sous le nom de Vorsorgeprinzip, à propos de problèmes d'environnement que le principe de
précaution est pour la première fois formulé. Son accession à la notoriété
internationale coïncide avec
Le 2 février 1995, la loi Barnier l'inscrit dans le droit français sur la
protection de l'environnement. Elle le présente comme le principe « selon lequel l'absence de certitudes compte tenu des connaissances
scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de
mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages
graves et irréversibles à l'environnement, à un coût économiquement acceptable
».
Le Conseil d'Etat donne en 1998 cette définition très précise, mais non dénuée
d'un extrémisme inattendu d'une institution d'ordinaire si pondérée :
« Ce nouveau concept se définit par
l'obligation pesant sur le décideur public ou privé de s'astreindre à une action
ou de s'y refuser en fonction du risque possible. Dans ce sens, il ne lui
suffit pas de conformer sa conduite à la prise en compte des risques connus. Il
doit, en outre, apporter la preuve, compte tenu de l'état actuel de la science,
de l'absence de risque ».
Les premières formulations, liées aux questions d'environnement, mettent
l'accent sur l'absence de certitudes concernant les risques qu'il faut éviter
de prendre. Il s'agit d'un principe d'action publique qui autorise les pouvoirs
publics à prendre les mesures nécessaires pour faire face à ces risques –
lesquels ne sont point avérés, mais éventuels.
Mais de proche en proche – et très rapidement – le principe de précaution s'est
étendu à des domaines de plus en plus éloignés de l'environnement. C'est sans
doute le cas des OGM qui dans l'opinion publique a fait (à tort) le lien avec
les préoccupations de santé associées au traumatisme du sang contaminé puis à
la menace de la vache folle. Le rapport remis au Premier ministre, le 15
octobre 1999, par Philippe Kourilsky et Geneviève Viney (2) dit : « Le principe de précaution doit s'imposer à tous les décideurs ». Il s'agirait d'un nouveau principe de responsabilité
s'appliquant à « toute personne qui a le
pouvoir de déclencher ou d'arrêter une activité susceptible de présenter un
risque pour autrui ». (…)
L'être humain est un vivant parmi d'autres. En tant que tel, il entretient des
relations d'interaction avec son milieu. Il le transforme inévitablement, et
s'en trouve lui-même transformé. Dire qu'il doit renoncer à transformer le
monde pour l'épargner repose sur un faux dilemme.
Qu'on le veuille ou non, l'homme transforme le monde. La seule question qui
vaille est de savoir dans quelle mesure il maîtrise ou non cette
transformation. Cette maîtrise, l'homme en a acquis progressivement et encore
imparfaitement les moyens, grâce aux progrès des connaissances.
Si par « principe de précaution », on entend une incitation à améliorer cette
maîtrise sur la base d'un développement des recherches nécessaires - dans les
sciences humaines et sociales autant que dans les sciences dures -, j'y
souscris volontiers.
Il incitera à une gestion plus positive des ressources naturelles dont nous
disposons. Et les pays en développement qui subissent de plein fouet les conséquences
de l'insouciance écologique du Nord salueront cette initiative.
Malheureusement, dans notre pays, on donne le plus souvent à ce principe une
tonalité négative, prohibitive : s'abstenir, différer, arrêter…
Il s'inscrit dans le contexte plus général des discours apocalyptiques de
gauche et de droite qui philosophent à bon compte sur les menaces qui
pèseraient sur l'existence même de l'espèce humaine et en tirent des
conclusions immobilistes.
Dominique Lecourt
Ancien Recteur d'Académie, Professeur de philosophie à
l'Université Denis Diderot - Paris 7,
Délégué Général de
Président du Conseil de Surveillance des Presses
Universitaires de France (PUF).
Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont
certains traduits dans de nombreux pays.
Parmi ses derniers livres on peut citer :
" Prométhée, Faust, Frankenstein : Fondements
imaginaires de l'éthique " (réed. Livre de Poche/Biblio Essais, 1998),
" L'Amérique entre
" Contre la peur " (réed. PUF, 1999),
" Dictionnaire d'histoire et philosophie des
sciences " (réed. PUF, 2003) couronné par l'Institut de France,
" Que sais je ? " sur " La philosophie
des sciences " (réed. PUF, 2003) et
" Humain Posthumain : la technique et la vie
" (PUF, 2003).
______________________________
Le
nucléaire et le principe de précaution
Citations extraites de la
conclusion de Jean-Pierre Chevènement
(texte intégral :
http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-et-le-principe-de-precaution-conclusions-de-Jean-Pierre-Chevenement_a118.html
)
« L'ébranlement de la confiance en la science, c'est-à-dire
en l'homme, peut conduire à une profonde régression non seulement culturelle
mais aussi technologique et sociale. »
« Le danger existe dans nos sociétés médiatiques et nos démocraties
post-modernes qu'une interprétation maximaliste du principe de précaution
freine toute innovation et toute prise de risque en résultant. »
« Pour avoir mené ce combat comme ministre de
« La faible diffusion de la culture scientifique et le fait que les
forces politiques que j'évoquais tout à l'heure ont été minées de l'intérieur
m'amènent à m'interroger, peut-être de manière un peu pessimiste : Que
reste-t-il du gaullisme de la grande époque ? Que reste-t-il du parti de Joliot
Curie ? Que reste-t-il du rationalisme de Mendès France ? Que reste-t-il de la
tradition républicaine du socialisme et des élites syndicales animées par la
confiance en la raison humaine de
« Moins que jamais le combat républicain ne se sépare de la lutte
contre l'obscurantisme, fût-il moderne. »
Jean-Pierre Chevènement
__________________________
Le nucléaire, avenir de
l’écologie ?
Préface du
Professeur James LOVELOCK
au livre "Le nucléaire, avenir de l'écologie ?" de Bruno
COMBY
Le Pr James
LOVELOCK est considéré, depuis les années 1960, comme l'un des principaux chefs
de file idéologiques, si ce n'est le plus grand, de l'histoire de l'écologie.
Scientifique indépendant, écrivain, enseignant et Docteur Honoris Causa de
plusieurs universités de réputation mondiale, il est l'inventeur sur le plan
scientifique du détecteur à capture d'électrons utilisé dans les appareils de
spectrométrie, ainsi que des instruments scientifiques ayant permis de détecter
le DDT dans les glaces polaires et de suivre les variations du trou d'ozone.
J'ai passé mon enfance dans la
campagne anglaise, il y a plus de soixante-dix ans, où nous menions une vie
simple, sans téléphone, ni électricité. Les chevaux y étaient encore une source
normale d'énergie, et nous osions à peine imaginer la radio et la télévision.
Ce dont je me rappelle encore parfaitement, c'est combien la superstition était
omniprésente, et à quel point le concept du diable était une réalité de tous
les jours, presque tangible. Les femmes et les hommes qui, dans d'autres
domaines, faisaient preuve d'intelligence, évitaient craintivement les endroits
que l'on disait hantés, et ils auraient supporté bien des désagréments plutôt
que de voyager un vendredi tombant le treizième jour du mois. Leurs peurs
irrationnelles se nourrissaient de leur ignorance et étaient alors fort
courantes.
Je ne peux m'empêcher de penser que
de telles peurs existent toujours aujourd'hui, mais que, maintenant, elles se
manifestent contre les développements de la science.
Ceci est particulièrement le cas
avec les centrales de production nucléaires, qui semblent raviver les craintes
qui dans le passé étaient ressenties à l'évocation de cimetières que l'on
croyait alors infestés de loup-garous et de vampires les nuits de pleine lune.
La peur de l'énergie nucléaire se
comprend par l'association qui en est faite, dans l'esprit des gens, avec
l'horreur de la guerre nucléaire, alors que c'est totalement injustifié; les
centrales nucléaires civiles ne sont pas des bombes. Ce qui, au départ, était
un souci normal de sécurité est devenu une anxiété pathologique dont la
responsabilité incombe largement aux media d'information, à la télévision, à
l'industrie du cinéma, ainsi qu'aux écrivains de science fiction. Tous ont
utilisé la peur de la chose nucléaire comme tremplin idéal pour la vente de
leurs produits. Eux, et ceux des politiciens qui pratiquent la désinformation
en discréditant l'industrie nucléaire en la désignant comme l'ennemi potentiel,
ont tellement réussi dans leur entreprise d'épouvanter le public, qu'il est
désormais impossible, dans un grand nombre de pays, de proposer la construction
d'une nouvelle centrale nucléaire.
Aucune source d'énergie n'est
totalement sûre, même les moulins à vents ne sont pas exempts d'accidents
fatals, et l'excellent livre de Bruno Comby donne une juste mesure des grands
avantages et des faibles risques de l'énergie nucléaire. Je suis de tout cœur
avec lui, et je tiens à insister auprès de vous sur le fait que les dangers qui
résultent de l'utilisation des combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon),
comme notre source d'énergie principale, sont beaucoup plus importants et
qu'ils menacent non seulement les individus, mais la civilisation elle-même. La
plupart des pays industrialisés se comportent comme un fumeur dépendant : nous
avons tellement l'habitude de brûler des combustibles fossiles pour satisfaire
nos besoins, que nous ne voyons même pas ses dangers insidieux qui en résultent
à long terme.
Polluer l'atmosphère avec du
dioxyde de carbone (CO2) et autres gaz à effet de serre, n'a aucune conséquence
immédiate, mais cette pollution continuelle conduit à des changements
climatiques, dont les effets n'apparaissent qu'une fois qu'il est pratiquement
trop tard pour y remédier. Le dioxyde de carbone empoisonne l'environnement de
la même façon que le sel peut le faire pour nous. Un usage modéré n'entraîne
pas de dommages, mais un régime quotidien trop chargé en sel peut provoquer
l'accumulation dans le corps d'une quantité mortelle.
Nous devons faire la distinction
entre ce qui constitue un danger direct pour l'Homme, et ce qui présente un
danger indirect en s'attaquant à notre habitat,
La peste bubonique, au Moyen ge, a
été une cause de dommages directe, a occasionné des angoisses épouvantables, et
a tué 30 % des Européens, mais ce n'était qu'une petite menace pour la
civilisation, sans conséquence aucune pour
Au cours de ce siècle ou du
prochain, nous risquons de voir cela se produire à cause d'une modification du
climat et d'une élévation du niveau de la mer. Si nous persistons à brûler du
combustible fossile à la même cadence que maintenant, ou à une cadence plus
élevée, il est probable que toutes les villes qui se trouvent actuellement au
niveau de la mer seront submergées. Essayez d'imaginer les conséquences
sociales de millions de réfugiés, sans abri, à la recherche d'un morceau de
terre sèche pour pouvoir y vivre. Dans leur détresse, ils se retourneront
peut-être vers le passé en se demandant comment l'humanité a pu être assez
folle pour s'attirer une aussi épouvantable misère en brûlant inconsidérément
les combustibles fossiles. Ils pourront, alors, avec regret, se souvenir qu'ils
auraient pu éviter tous ces malheurs en tirant avantage de l'énergie nucléaire
de manière propre et sûre.
L'énergie
nucléaire, quoique potentiellement dangereuse pour les populations, ne présente
qu'un danger négligeable pour la planète. Les écosystèmes naturels peuvent
supporter des niveaux d'irradiation continuelle qui ne seraient pas tolérés en
milieu urbain. La campagne autour du réacteur accidenté de Tchernobyl a été
évacuée à cause de son haut degré d'irradiation après l'accident, ce qui
rendait la fréquentation de cette zone dangereuse pour les humains, mais cette
zone radioactive abrite maintenant une vie sauvage très riche, beaucoup plus riche
et diversifiée que celle des régions habitées avoisinantes. Nous appelons les
résidus de la production d'énergie nucléaire des " déchets nucléaires
", et nous nous faisons énormément de souci au sujet de leur avenir et de
leur conservation. Je me demande si, au contraire, nous ne ferions pas bien de
les utiliser comme gardiens incorruptibles des plus belles régions naturelles
sur
La peur du nucléaire est si
répandue que les scientifiques eux-mêmes semblent avoir oublié l'histoire de la
radioactivité de notre planète. Il est pratiquement certain qu'une supernova
s'est produite à proximité, à la fois dans le temps et dans l'espace, de l'origine
de notre système solaire.
Une supernova est l'explosion d'une
grande étoile. Les astrophysiciens admettent que ce phénomène peut affecter les
étoiles plus de trois fois plus grosses que le soleil. Lorsqu'une étoile brûle
- par fusion nucléaire - ce qu'elle contient d'hydrogène et d'hélium, les
cendres de ce feu s'accumulent au centre, sous forme d'éléments plus lourds,
comme le silicium et le fer. Lorsque ce noyau d'éléments inertes, incapables de
produire de la chaleur ou de l'énergie et de maintenir la pression auxquels ils
sont soumis, excède de beaucoup la masse de notre soleil, alors les forces de
gravité, en quelques secondes, provoquent son implosion en un objet de moins de
trente kilomètres de diamètre, mais toujours aussi lourd qu'une étoile. Nous
avons là, dans l'agonie d'une étoile, tous les ingrédients pour provoquer à
nouveau une gigantesque explosion nucléaire. Une supernova, à son maximum,
produit des quantités de chaleur, de lumière et de radiations de haute énergie
absolument stupéfiantes, à peu près autant que la totalité des autres étoiles
de la même galaxie.
Mais une explosion n'est jamais
efficace à 100%. Lorsqu'une étoile finit en supernova, les matériaux de
l'explosion nucléaire, qui comprennent de l'uranium et du plutonium, ainsi que
de grandes quantités de fer et d'autres éléments résiduels, s'éparpillent dans
l'espace, comme le fait le nuage de poussières lors d'un essai de bombe à
hydrogène.
Ce qu'il y a peut-être de plus
étrange, à propos de
Il n'y a pas d'autre explication
crédible à la grande quantité d'éléments instables que l'on trouve encore sur
Terre aujourd'hui. N'importe quel compteur Geiger indique que nous habitons sur
les restes d'une gigantesque explosion nucléaire. A l'intérieur même de notre
propre corps, environ un demi-million d'atomes, rendus instables lors de cette
explosion initiale, continuent à désintégrer à chaque minute, relâchant une
infime partie de l'énergie accumulée lors de cette immense explosion initiale
il y a très longtemps.
La vie a ainsi commencé à se
développer sur Terre, il y a environ quatre milliards d'années, dans des
conditions de radioactivité bien plus intenses que celles qui troublent les
esprits de certains écologistes aujourd'hui. De plus, il n'y avait alors ni
oxygène, ni ozone dans l'air, si bien que les intenses rayons ultra-violets non
filtrés émis par le soleil irradiaient la surface de
J'espère qu'il n'est pas trop tard
pour que le monde suive
James LOVELOCK.
Préface du Pr Lovelock
au livre "Le Nucléaire, avenir de
l'écologie ?"
de Bruno Comby aux éditions TNR,
www.ecolo.org et www.comby.org
(©IBC, tous droits réservés)
Bruno Comby
Ils se sont exprimés ces jours derniers
Les Verts
« Le
lobby nucléaire continue de nous mentir … »
Noël Mamère dans L’Humanité du
29 avril 2006
« Le lobby nucléaire a trouvé un nouveau
subterfuge pour maintenir son hégémonie : la fusion ! Et
Alors que l’effet de serre menace notre planète et ceux
qui l’habitent, alors qu’il faudrait s’engager dans une vraie politique de
diversification énergétique,
Alors que nous « célébrons » le vingtième
anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le lobby nucléaire continue de
nous mentir et de minimiser l’impact du passage du nuage sur une partie de
Investir dans cette seule source d’énergie au motif
qu’elle nous permet d’éviter l’effet de serre et qu’elle assure notre
« indépendance » énergétique est folie. (...) Loin de représenter
l’énergie du futur, la fusion thermonucléaire n’est qu’un rêve illusoire qui
créera beaucoup moins d’emplois qu’une politique de diversification
énergétique. Dans une démocratie, on débat des choix techniques qui engagent
l’avenir de toute la société et de nos enfants, on ne le fait pas dans notre
dos. Quand c’est le cas, il faut désobéir. »
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-04-29/2006-04-29-829031
Le Parti
Communiste Français
« Les communistes soutiennent le projet ITER sans réserves »
« Le Parti communiste français
soutient la modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction
d’un réacteur nucléaire EPR. »
Jean-Marc Coppola dans
L’Humanité du 29 avril 2006 et communiqué du PCF
Jean-Marc Coppola
(PCF) : « Les
communistes soutiennent le projet ITER sans réserves »
L’Humanité, 29 avril
2006
« Alors que notre planète compte désormais
plus de 6 milliards d’êtres humains et que plus de la moitié d’entre eux sont
privés d’énergie, c’est une chance pour notre pays d’être au coeur du projet de
recherche ITER, qui permettra peut-être un jour à l’humanité entière de sortir de
l’obscurité. ITER concrétise des années de coopérations internationales en
matières scientifique, technique, industrielle, économique et sociale.
La maîtrise de la fusion thermonucléaire pour produire de
l’énergie ouvre de nouveaux espoirs. Avec cette technique, les risques associés
au nucléaire de fission n’existent pas, les réserves en combustible repoussent
très loin le spectre de l’épuisement des ressources, les émissions de gaz
carbonique avec leurs conséquences sur le dérèglement climatique sont inexistantes.
Ce seul avantage justifie cette aventure même si personne ne peut en garantir
le succès ni préciser les échéances.
Mais sa concrétisation demandera encore beaucoup d’efforts
et de temps. Or, un pétrole durablement cher à cause de son prochain épuisement
et des tensions géopolitiques impose de jouer la complémentarité de toutes les
sources d’énergie si l’on veut prendre en compte tous les besoins
humains : énergies renouvelables, carburants de synthèse, hydrogène et
énergie nucléaire, indispensable en l’état actuel des connaissances et non
productrice de gaz à effet de serre.
Pour autant gardons-nous de tout excès d’optimisme. Ce
projet ne remet pas en cause l’orientation gouvernementale d’une recherche
rabougrie au seul service d’intérêts financiers. Dans ce contexte, les
communistes soutiennent le projet ITER sans réserves, tout autant qu’ils
s’inscrivent dans une politique publique de recherche fondamentale ambitieuse,
clé de voûte du développement technologique pour anticiper l’avenir. »
Le PCF avait déjà pris
position à propos de l’EPR : « Le Parti communiste français soutient la
modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction d’un
réacteur nucléaire EPR. Ce réacteur permettrait de mieux sécuriser la
production nucléaire. L’effort scientifique et technologique est indispensable
pour garantir dans les vingt prochaines années l’indépendance énergétique de
notre pays. Tout retard de modernisation
du parc nucléaire fait courir de graves dangers à la filière : sauvegarder les
compétences humaines, le savoir-faire et l’avance technologique est essentiel
pour l’avenir. Cependant, la décision de construire EPR doit s’accompagner d’un
effort urgent de diversification des ressources énergétiques nationales : de
nouveaux moyens humains, de recherche et financier doivent être débloqués pour
soutenir cet effort. »
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-04-29/2006-04-29-829022
Le Parti Socialiste
« L’EPR est un réacteur inutile et dangereux »
« Le Parti Socialiste tient à
réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux»
Communiqué de Julien Dray,
porte-parole du PS, du 14 avril 2006
De son côté, dans un communiqué du 14 avril 2006, Julien
Dray, porte-parole du PS, a déclaré : « A la veille de la grande
mobilisation qui aura lieu demain à Cherbourg contre l’EPR, le Parti Socialiste
tient à réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux. Il a
fait valoir cette position en 2004 lors de son passage devant le Parlement. Il
la réaffirme aujourd’hui, à l’heure de sa mise en œuvre effective. » . Sur son propre blog le maire PS de Wingles (62) Gérard
Dassonvalle explicite les tenants et aboutissants de ce positionnement :
« Le Parti Socialiste a maintes fois
rappelé que l’EPR (European Pressurized Reactor), est un réacteur inutile et dangereux, sur cette
question il est d’ailleurs d’accord avec José Bové, le leader de la confédération
paysanne. En effet, la construction de ce type de réacteur en France est
inutile puisqu'on n'a pas besoin de grande centrale de puissance (nucléaire ou
non) avant 2025. D'ici là, si l'utilisation de l'énergie nucléaire doit se
perpétuer, des réacteurs plus conformes aux exigences économiques de rendement,
de sûreté et de gestion des déchets auront vu le jour. Ce nouveau réacteur est
dangereux, il est comparable aux derniers réacteurs nucléaires construits en
France, qui ont connu de sérieux problèmes peu après leur mise en
fonctionnement. L’EPR présente des risques d’accidents majeurs : fusion du cœur
(par exemple, par perte du liquide de refroidissement du circuit primaire),
destruction de l’enceinte de confinement (par explosion de l’hydrogène produit
lors de l’accident). »
Cette position des socialistes
français mérite d’être rapprochée de celle de leurs amis espagnols. En effet,
pour la première fois, en Espagne, une centrale nucléaire a définitivement
arrêté sa production le dimanche 30 avril 2006, après 38 ans de fonctionnement,
sur décision politique du gouvernement socialiste dirigé par Luis Rodriguez
Zapatero. Il s'agit du plus ancien des sept réacteurs nucléaires du pays, qui
aurait du cesser sa production dans deux ans, au terme de 40 ans de « bons
et loyaux services ». Cet arrêt est bien entendu et à juste titre – de
leur point de vue - salué comme une « victoire » par les
« écologistes », et l’association « écologiste »
fondamentaliste Greenpeace exige du chef du gouvernement socialiste, José Luis
Rodriguez Zapatero, qu'il annonce un calendrier de fermeture progressive de
toute la filière nucléaire espagnole …
De son côté, lors de la manifestation antinucléaire de
Cherbourg, et faisant référence aux échéances électorales françaises le
néoluddite José Bové de
Le réseau
associatif « Sortir du nucléaire »
« 20 ans après Tchernobyl, la vérité est
toujours étouffée … »
Stéphane Lhomme dans L’Humanité du 23 avril 2006
«
Sur le plan technique, l’EPR est un vieux réacteur (conçu il y a quinze ans !)
qui, s’il est construit, produira des déchets radioactifs pour lesquels aucune
solution acceptable n’existe ; pourra occasionner un accident nucléaire ; ne
résisterait pas à un crash suicide. Or, pour résister aux terroristes, nous
devons réduire notre vulnérabilité et non l’accroître.
Rappelons aussi que toutes les centrales nucléaires ont été construites à grand
renfort de CRS, réprimant les populations locales. Aujourd’hui, rien n’a changé
:
On lit ici ou là que le nucléaire, émettant peu de gaz à effet de serre,
permettrait de lutter contre le réchauffement climatique, de remplacer le
pétrole, de subvenir aux besoins des pays pauvres (en les mettant toutefois sous
tutelle technologique et politique : pas très progressiste !).
Mais ces véritables miracles sont totalement hors de portée de l’atome, lequel
ne couvre que 6 % de l’énergie consommée dans le monde : une part marginale et
sur le déclin. En effet, elle ne sera plus que de 4 % en 2030 d’après l’Agence
internationale pour l’énergie (AIE). À cette date, 250 des 440 réacteurs
actuellement en fonction sur terre auront été fermés car arrivés en fin de vie.
Et, même s’ils se concrétisent, les projets annoncés avec fracas ces temps-ci -
par des « démocrates » nommés Chirac, Blair, Berlusconi, Bush, Hu Jintao,
Poutine ! - ne suffiront même pas à compenser les fermetures de réacteurs.
De toute façon, les réserves d’uranium - le combustible des centrales - seront
épuisées dans quatre-vingts ans, et encore plus tôt si de nouveaux réacteurs
sont construits.
Il
Certes, mais c’est la seule option d’avenir. Il faut un développement à grande
échelle des économies d’énergie - principalement dans les pays riches - et des
énergies renouvelables, partout sur la planète. Cela commence par ne pas
construire le réacteur EPR, réacteur du passé et dépassé. »
Les alternatives au réacteur dernière génération
Les adversaires de l'atome
prônent économies d'énergie et utilisation des renouvelables.
par Laure
NOUALHAT, Libération, lundi 17 avril 2006
Avec 3
milliards d'euros, on peut en faire, des choses. Plutôt que de les investir dans
un réacteur de troisième génération comme l'EPR, les opposants à l'atome
proposent une alternative : l'économie d'énergie et les renouvelables. «Avec
la même somme d'argent, nous montrons qu'on peut produire deux fois plus
d'électricité que l'EPR, prévient Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau
Sortir du nucléaire, qui a commandé une étude à l'Espace info énergie «Les 7
vents du Cotentin», basé dans
Inutile
de produire l'énergie qu'on ne consomme pas, c'est sur ce principe que se base
l'une des principales alternatives antinucléaires : l'économie d'énergie. En
développant la sobriété volontaire dans les comportements individuels ou
collectifs, on sauve du kilowattheure. Sur la seule région Grand Ouest, l'achat
d'ampoules fluocompactes ou d'appareils électroménagers peu gourmands
permettrait d'économiser 5,48 terawattheures (TWh). L'installation de 50 000
poêles à bois générerait 3,5 TWh d'économies et la valorisation du biogaz en
cogénération éviterait de consommer 2,6 TWh. Le bureau propose par ailleurs de
financer des études de potentiel éolien dans plus de 400 communautés de communes
de la région, de former des installateurs pour les équipements solaires. Il
plaide aussi pour la création d'agences locales de l'énergie (ALE), structures
où s'impulsent les politiques locales d'énergie. Ainsi les communes
établiraient leurs diagnostics pour l'éclairage des rues, l'isolation des
bâtiments, etc.
«Les 7
vents du Cotentin» s'est largement inspiré du scénario de l'association
Négawatt, symbole du watt qu'on ne consomme pas. Le scénario tendanciel prévoit
une consommation électrique de 848 TWh en France en 2050. Avec les négawatts,
seuls 430 TWh seraient nécessaires pour combler nos besoins.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=375377
Le
collectif « Sauvons le Climat »
La
réunion de Cherbourg organisée par les antinucléaires a eu le succès escompté
par ses initiateurs. « Sauvons le Climat » ne saurait s’en réjouir
car ce succès n’est pas une bonne nouvelle pour ceux dont la lutte contre le réchauffement climatique est
la priorité. Monsieur Lhomme, habile illusionniste, et « Sortir du Nucléaire »
ont fait une belle démonstration de propagande à laquelle beaucoup ont été
sensibles. Des organisations et partis que l’on croyait sérieux se sont ralliés
à la thèse simpliste : TSN, Tout sauf le Nucléaire ! Ils se sont aussi ralliés à l’étude « magique »
des « 7 vents du Cotentin » qui mérite donc examen.
Dans cette
étude on confond un investissement productif, l’EPR, qui sera non seulement remboursé par
l’électricité vendue mais contribuera aux bénéfices de l’entreprise, avec un ensemble
de subventions, de dépenses de recherche et de créations de postes qui devrait
être financé par l’impôt et ne produira d’effets qu’associé aux investissements
des bénéficiaires. En corrigeant les chiffres de l’étude autant qu’il est
possible (voir Annexe jointe) nous trouvons effectivement un coût total de près de deux fois celui de l’EPR pour une
électricité économisée ou produite d’un peu plus de la moitié de celle que
fournirait l’EPR.
En terme
d’emplois rappelons que les coûts de tout investissement industriel couvrent
essentiellement les frais de main d’œuvre directs et indirects et la
rémunération des actionnaires. A part salariale égale, le nombre d’heures
travaillées par Euro investi ne dépend que de la qualification des salariés.
Bien sûr, si des équipements sont importés comme dans le cas des éoliennes, les
emplois sont, au moins partiellement, situés à l’étranger. Il est exact que les
emplois associés au programme EPR ne seront pas tous concentrés dans une seule
région mais distribués dans toute
Pour
« Sauvons le Climat », les propositions d’économie d’énergie et de
recours aux énergies renouvelables faites dans l’étude des « 7 vents du
Cotentin » ne sont certes pas à rejeter a priori et recouperaient nos
propres propositions si elles permettaient de diminuer l’usage des combustibles fossiles. Las, elles ne visent
qu’à diminuer la consommation d’électricité pour justifier l’abandon du projet
EPR. Elles oublient qu’au rythme actuel, l’augmentation de la consommation
d’électricité pendant la période de construction de l’EPR exigera la mise en
service d’une puissance égale à 5 fois celle de l’EPR, puissance qui sera
essentiellement fournie par des centrales thermiques utilisant du charbon ou du
gaz. Elles oublient surtout que nous avons beaucoup plus besoins d’économies de
combustibles fossiles – de negatep – que d’économies d’électricité – des
negawatt. Au nom du principe TSN les compagnons de route de « Sortir du
Nucléaire » se soucient de l’augmentation consécutive des émissions de gaz
carbonique comme de colin-tampon. On n’entend guère de protestations de la part
des antinucléaires à ce sujet. Certes « Sortir du Nucléaire » est
ici fidèle à sa vocation, mais que dire
de GreenPeace, des Verts, de CAP21 qui se font les parangons de la lutte contre
le réchauffement climatique ? Notons que les uns et les autres ne se soucient pas plus des risques liés aux
combustibles fossiles en matière de santé publique.
Le Parti Socialiste a déclaré que l’EPR était
un projet « dangereux et inutile ». Venant d’un parti qui se veut responsable et appelé à diriger
Indécence
A
Cherbourg, les antinucléaires ont célébré le 20ème anniversaire de la
catastrophe de Tchernobyl. S’ils ont eu lieu, les moments de recueillement en
souvenir des victimes ont été bien discrets puisque les médias n’en ont pas
rendu compte. Là, comme dans de multiples articles de presse ou émissions de
radio et de télévision, la surenchère sur le nombre de victimes fait florès.
Jusqu’où ira-t-on dans cette compétition macabre ? Quand se lassera-t-on
d’instrumentaliser les victimes dans un but purement idéologique ?
Quand cessera-t-on de se réjouir de voir
croître le nombre annoncé des victimes pour mieux s’en servir ? Et quand
cessera-t-on de diaboliser la radioactivité même à très faible dose, semant la
peur et détournant les populations des applications tellement bénéfiques de la
radioactivité dans les domaines médicaux et de l’énergie ? « Sauvons
le Climat » choisit sans état d’âme le camp de ceux qui soignent et ont
soigné les victimes, en particulier les enfants souffrant de cancers de la
thyroïde, le camp de ceux qui cherchent à expliquer et répondre aux questions
légitimes de nos concitoyens, plutôt que
celui de leurs détracteurs haineux et diffamants.
Si l’on ne
saurait minimiser les conséquences sanitaires de Tchernobyl, il est étrange que
ceux là même qui en font le plus grand cas, sont étrangement discrets sur
celles de l’utilisation des combustibles fossiles. Or on estime (http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/Fossiles/Pollution.htm)que,
sur 20 ans (par exemple entre 1970 et 1990), pour la seule région parisienne,
les émissions dues aux transports et au chauffage, ont causé environ dix fois
plus de décès prématurés par affections pulmonaires, cardio-vasculaires ou
cancéreuses que n’a fait et ne fera
Tchernobyl pour le monde entier (notons que, dans les deux cas, l’estimation du
nombre de victimes repose sur des modèles dont les prédictions sont à prendre
avec prudence). Envisage-t-on pour
autant d’interdire la circulation automobile et le chauffage dans la
capitale ? Bien sûr que non. On a choisi, avec sagesse, de diminuer les
émissions des véhicules modernes, d’encourager l’usage des transports en commun
(nucléaires comme dit EDF…), de rendre plus strictes les normes des systèmes de
chauffage ; ainsi la qualité de l’air de Paris s’améliore-t-elle
progressivement. Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne les
risques routiers. C’est la même démarche raisonnable qu’il y a lieu de tenir
après une catastrophe comme celle de Tchernobyl ; cela a été fait par les
ingénieurs et techniciens en ce qui
concerne la sûreté des réacteurs. C’est cette démarche prudente et efficace que
refusent les organisations antinucléaires.
Annexe
Les
subventions et autres incitations accordées aux économies d’énergie et aux
énergies renouvelables sont destinées à les rendre suffisamment compétitives
pour que les acteurs industriels ou individuels décident d’investir avec un taux
de rentabilité comparable à celui des installations conventionnelles. Pour
comparer les voies proposées par « Les 7 vents de la colère » au
projet EPR, il faut donc ajouter aux aides les investissements correspondants.
C’est ce que nous avons tenté de faire ci-après.
Selon le
sommaire de l’étude, qu’on peut trouver
sur le site de « Sortir du Nucléaire », on retient
·
un
financement de 50 Agences Locales de l’Energie à hauteur de 600 Millions
d’Euros sans production d’électricité ni
investissement directs dans les
économies d’énergie. Les actions des ALE visent essentiellement à encourager
des investissements par les collectivités locales et dans le
résidentiel-tertiaire. Le montant de ces investissements n’est pas mentionné.
Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (5,77 TWh/an).
·
Des
incitations pour les industriels à améliorer l’efficacité énergétique de leurs
moteurs pour 140 Millions. Le montant des investissements des industriels n’est
pas mentionné. Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (0,80
TWh/an).
·
624
Millions pour promouvoir l’architecture bio-climatique. Cette somme
représenterait la moitié du surcoût d’investissement lié à cette technologie.
Il s’ensuit que selon les termes mêmes de l’étude le coût réel du programme
serait de 1,3 Milliards d’Euros. L’économie d’électricité est estimée à 0,7
TWh. EPR produirait la même quantité d’électricité pour 0,03 Milliards d’Euros.
L’investissement serait rentabilisé au bout de 40 ans.
·
300
Millions d’Euros pour encourager le remplacement du chauffage électrique par
des poêles à bois. Cette somme permettrait la mise en place d’un système
d’abonnement mais les usagers devront finalement payer l’investissement, non
chiffré mais qui devrait doubler la somme ci-dessus. L’économie d’électricité
est estimée à 3,5 TWh. Ce projet est
assez raisonnable et devrait, selon « Sauvons le Climat », être
plutôt réservé au remplacement des systèmes de chauffage au fioul ou au gaz.
Toutefois, il faudrait faire un bilan écologique complet incluant les émissions
de polluants (dioxines, oxydes d’azote, poussières), l’utilisation des sols et
de la ressource en eau et la
conservation de la biomasse .
·
27
Millions pour permettre des prêts à taux zéros pour des installations de
chauffage solaire. Le montant des investissements n’est pas mentionné. Compte
tenu des taux d’intérêts actuels on peut toutefois l’estimer à 500 Millions.
L’économie est évaluée à 0,47 TWh.
L’investissement pourrait être rentabilisé en 25 ans. Encore une fois,
pour « Sauvons le Climat »,un tel programme pourrait être surtout
intéressant pour remplacer fioul et gaz.
·
759
Millions d’Euros pour encourager la production de bio gaz en prenant en charge
30% de l’investissement. Le total de l’investissement serait alors de 2,53
Milliards d’Euros, pour une production de 2,96 TWh/an, soit 4 fois moins que
l’EPR. Selon SLC la production de biogaz est à encourager pour remplacer le gaz
naturel qui va coûter de plus en plus cher et pour diminuer la pollution des
nappes phréatiques. Cela n’a que peu de choses à voir avec l’EPR.
·
22
Millions d’Euros pour encourager la production éolienne. Compte tenu des tarifs
de rachat et de l’obligation d’achat actuels, l’éolien qui, si le programme de
ses promoteurs est réalisé coûtera entre 17 et 25 Milliards d’Euros aux
consommateurs d’électricité n’a vraiment pas besoin de ces 22 Millions.
·
Enfin, 309
Millions pour encourager
En résumé
un programme se montant réellement à 5,7 Milliards d’Euros pour un total des
économies d’énergie et de la production de 7,5 TWh/an, soit un investissement
près de deux fois plus élevé que celui
de l’EPR (3 Milliards d’Euros) pour une électricité économisée ou produite d’un
peu plus de la moitié de celle fournie par
l’EPR (12 TWh/an).
Le collectif
"Sauvons le Climat" est constitué des signataires du
manifeste « Sauvons le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA
(Associations des retraités du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour
le Nucléaire), le GR21 (Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au
21ème siècle et
quelques brèves en prolongement du n° 20
______________________________________________________
Collecte de fonds en Corée pour
soutenir le Professeur Hwang
SEOUL, 9 mai 2006 (AFP)
Des bouddhistes offrent plus de 60 millions de dollars au
professeur Hwang
Trois bouddhistes
sud-coréens ont offert plus de 60 millions de dollars pour permettre au
"pionnier du clonage" déchu, Hwang Woo-suk, de poursuivre ses
travaux, a-t-on appris mardi auprès d'un dignitaire bouddhiste.
Les trois bienfaiteurs
requérant l'anonymat ont rassemblé 60 milliards de wons (64,5 millions de
dollars), la plupart en liquide, pour que le chercheur puisse monter un nouveau
laboratoire et reprendre ses recherches, selon Seol Jeong.
"Peu importe ce
qui lui est arrivé, on ne peut nier le fait que la technologie qu'il a mise au
point est quelque chose d'unique au point de vue international", a ajouté
le religieux en précisant que le professeur s'était récemment "repenti de
son inconduite" auprès de lui.
Cette donation
survient alors que la justice s'apprête à rendre public le résultat de ses
quatre mois d'investigations sur la nature des falsifications scientifiques du
professeur Hwang et de présumés détournements de fonds.
L'avocat de Hwang
Woo-suk, Lee Kun-Haeng, a salué l'offre des religieux tout en indiquant ne pas
avoir encore arrêté de décision sur l'opportunité de l'accepter.
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/060509040109.qu5967h4.htm
__________________________________________________
(Agence Science-Presse) clonage humain,
où en est-on ?
Dans sa dernière édition, la revue
américaine Science recense au moins
sept groupes (trois aux Etats-Unis, trois en Europe, un en Chine) qui
affirment être sur le point de commencer à "créer des lignées de
cellules-souches à partir de cellules d'embryons humains". En d'autres
termes: cloner des cellules embryonnaires humaines.
·
À l'Institut des cellules-souches
de l'Université Harvard (Massachusetts), un groupe a rassemblé toutes les
autorisations nécessaires pour accepter les dons d'ovules, après deux ans de
travail. Il lui a fallu pour cela passer par au moins cinq comités d'éthique et
conseils de révision, rapporte Science. Les fonds pour cette recherche
proviennent du secteur privé, puisque le gouvernement américain interdit
l'usage de fonds publics pour ce type de recherches sur les cellules-souches.
·
À l'Université de Californie, la
biologiste du développement Renee Reijo-Pera se préparait à envoyer ses
étudiants à Séoul pour en apprendre plus sur la technique utilisée par le Dr
Hwang. La voilà renvoyée de plusieurs cases en arrière.
·
À New York, le Centre
Sloan-Kettering sur le cancer est l'un de ceux qui ont travaillé avec plusieurs
lignées de cellules-souches soi-disant créées par l'équipe du Dr Hwang. Pour
eux aussi, retour en arrière. Ce Centre et ses deux partenaires (dont
l'Université Rockefeller) ont reçu un don de 50 millions$ de
·
Les trois groupes européens, eux,
sont financés en partie par des fonds publics. L'un d'eux est mené par nul
autre que Ian Wilmut, l'homme associé au clonage de la brebis Dolly. Lui et son
collègue Christopher Shaw, du Collège King de Londres, ont reçu en février
·
Petite longueur d'avance pour une
équipe de l'Université de Newcastle: avec la disgrâce jetée sur les travaux du
Dr Hwang, cette équipe britannique se retrouve avec l'honneur d'être la seule à
avoir publié (en 2005) un article "lu et approuvé" sur du clonage de
cellules humaines: le développement pendant quelques jours d'un embryon, mais
pas assez longtemps pour qu'on puisse en utiliser des cellules-souches.
·
Enfin, une équipe de l'Académie
chinoise des sciences, à Shanghaï, tente d'obtenir l'autorisation d'aller de
l'avant avec ses expériences. Le nerf de la guerre, en Chine comme ailleurs,
résume Science: l'argent.
http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2006/cap0105063.html
__________________________________________
mise en examen du professeur Hwang
Woo-Suk
AP |
12.05.06 | 04:40
SEOUL (AP) -- Le professeur sud-coréen Hwang Woo-Suk, pionnier du clonage tombé
en disgrâce pour avoir truqué ses recherches, a été mis en examen vendredi par
la justice de son pays.
Hwang Woo-Suk est inculpé de fraudes, détournement de fonds et violation des
lois bio-éthiques, a indiqué Lee In kyu, du ministère sud-coréen de
Il a précisé que les autorités avaient décidé de ne pas placer le scientifique
en garde-à-vue. Cinq membres de son équipe ont également été mis en examen.
http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060512.FAP6042.html?0246
______________________________
Heurs et malheurs du clonage humain
Quelques réflexions autour de l’affaire
de falsification scientifique en Corée
une conférence du mardi 31
janvier 2006 (diffusion des savoirs de l’Ecole Normale Supérieure)
Anne
Fagot-Largeault
est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Philosophie des
sciences biologiques et médicales et médecin spécialiste attaché à l’hôpital
Henri Mondor, Créteil.
biographie :
http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922472951.htm
quelques
cours : http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922461194.htm
voir et/ou entendre la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=656
Informateurs :
Hee-Jin Han
(Corée) Maître de conférences associé, Collège de France
Alta Charo (USA) professeur de droit et d’éthique
médicale à University of Wisconsin, Madison
Jean-Paul Renard (France) ingénieur agronome, docteur ès
dciences et responsable de l'unité de biologie du développement et
biotechnologie de l'Inra, membre du Comité National Consultatif d'Ethique pour
les Sciences de
Lire les notes de Michel Naud sur cette conférence
et lire l’historique de cette falsification
scientifique
http://afis44.free.fr/anais20.htm
________________
Bienvenue à Gattaca
Le film de science-fiction auquel le titre de cette brève fait
référence commençait par un couple venant choisir son enfant suivant ses
critères propres ; le réalisateur du film n’appréciait pas cette
perspective, mais il n’empêche que sa description de ce qu’il considérait
possible était réaliste.
Aujourd’hui, des milliers de couples du monde entier souhaitant
choisir le sexe de leur futur enfant viennent aux États-Unis, où le diagnostic
génétique préimplantatoire (PGD), au-delà de l’identification préventive des
risques de maladies génétiques identifiées (dystrophie musculaire, thalassémie,
syndrome de l’X fragile, …etc.), est
utilisé, avec une fiabilité annoncée de 99,99 %, de choisir le sexe de son
enfant.
Ainsi que le commente le correspondant de l’AFP de Los
Angeles :
« Une aubaine pour
« Équilibrer la famille » est l’argument qui revient le plus souvent parmi les
quelque 2 000 couples venus solliciter l’aide du docteur Jeffrey Steinberg,
l’un des pionniers de cette méthode. « En général, ces couples ont déjà quatre
ou cinq enfants du même sexe et en veulent à tout prix un de l’autre sexe »,
souligne le directeur de l’Institut Steinberg de fertilité à Los Angeles, où
les Vatkin ont fait le voyage à de nombreuses reprises pendant deux ans pour
subir le traitement.
D’autres couples arrivent de bien plus loin. Plus de la moitié des couples
reçus par le docteur Steinberg viennent de l’étranger : Chine, Singapour,
Thaïlande, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne... « tous les pays où c’est interdit
par la loi, souligne le médecin. Aux États-Unis, nous protégeons le choix (du
sexe du bébé) et nous ne voulons pas que le gouvernement s’en mêle ».
La publicité en ligne de l’institut
du Pr. Steinberg
CLICK HERE FOR SPECIAL "2 for 1"
($8,800) "SHARED RISK**" IVF PRICING EXTENDED THRU 12/31/06
(Cycles must be completed by 2/28/07)
**Monitoring
may be carried out in
HERE NOW!! IVF GENDER (SEX)
SELECTION WITH A 99.9% GUARANTEE
PGD, an amazing advance in the
ability to improve IVF and fertility treatments by assuring that only
genetically NORMAL embryos are returned to the womb is now available to our
View the
Newsweek Magazine cover story about our Center and the remarkable advances we
offer.
http://www.lasvegasfertility.net/
à inscrire dès maintenant sur vos agendas
mardi
10 octobre 2006 à 20h00
amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle
rue
Voltaire – Nantes (Loire-Atlantique)
conférence suivie d’un débat
l’image
du monde de Newton à nos jours …
conférencier : Arkan Simaan
agrégé de physique, historien des sciences
entrée libre dans la limite
des places disponibles
co-organisation
par
◊ Association
Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS)
◊ la
fédération de Loire Atlantique de
◊ la
section départementale de Loire-Atlantique de l’Union Rationaliste
En guise de
présentation …
« Les citoyens ont certes le droit de rêver, c’est
même à mes yeux l’un des attraits majeurs de l’astrophysique que de relancer
sans cesse les rêves sur des voies escarpées ; mais ils ont aussi le droit
de savoir, et de savoir d’abord où finit le savoir et où commence le
rêve. »
Evry Schatzman, astrophysicien, académie des
sciences, président de l’Union Rationaliste de 1970 à 2001
Cette manifestation s’adresse à un
public curieux sans pour autant avoir bénéficié d’une formation scientifique
approfondie. La
présentation réalisée aura pour projet d’être une description, pour des
non-scientifiques, du changement intervenu dans la perception de l’Univers
depuis Newton, perception qui était, jusqu’alors et pour Newton lui-même, figée
sur
« Anticipons autant que
nous voulons, ou plutôt autant que nous pouvons, dans le système, la théorie,
l'hypothèse scientifiques, donnons-nous-en à cœur joie. Mais que nos constructions
restent de caractère scientifique! Si elles rassemblent des faits établis pour
en faire une synthèse, si elles généralisent des lois démontrées pour en faire
un système, que ce soit avec l'ambition légitime de fournir une théorie
explicative, fort bien, mais que ce soit aussi, suivant le schéma le plus
classique, pour aboutir à la pratique et à l'expérience, par lesquelles la
théorie est sommée de fournir la preuve de sa conformité avec le réel. Hors de
là, il n'y a que fantaisie, et ce que Langevin appelait dévergondage
intellectuel. »
Ernest Kahane, biologiste, longtemps secrétaire général avant de
devenir président de l’Union Rationaliste de 1968 à 1970
Au-delà de ce parcours dans
l’histoire des sciences et de celle des idées, nous nous attacherons à faire
percevoir la différence entre connaissance scientifique (expérimentale) et
représentation du monde (cosmologique). Les sciences invalident des
cosmologies. D’autres se forgent. Mais la science est antidogmatique : le
réel existe, indépendamment des observateurs et des représentations de ce réel
qu’ils développent. Qu’ils soient baptisés « dogmes » ou « paradigmes »
les modèles qui n’apportent par la « preuve de la conformité avec le
réel » finissent nécessairement à être remis en cause tôt ou tard par
la force des preuves expérimentales de leur non adéquation. Comme le dit Jean-Claude
Pecker :
« C’est dans l’observation des grandes profondeurs du
ciel, nécessairement, que l’on trouvera des réponses non dogmatiques, et non
influencées par la position - encore jugée « particulière » par
certains - de l’Homme dans l’Univers »
Jean-Claude Pecker, astrophysicien, collège de
France, académie des sciences, président de l’AFIS de 1999 à 2001
Présentation rédigée par Michel Naud, coordinateur de l’association
Nantes Atlantique pour l’information scientifique
Arkan Simaan
Agrégé de Physique
Historien des sciences
Arkan
Simaan enseigne la physique dans un lycée de la région parisienne
et
anime des stages et des conférences destinés aux professeurs de physique
Quelques livres publiés par Arkan Simaan
L'image du monde des babyloniens à Newton
(1999)
de Arkan Simaan, Joëlle Fontaine
L'image du monde de Newton à Einstein (7 mars
2005)
de Arkan Simaan, préface de Jean-Claude Pecker
« Prix
spécial du livre d’astronomie » décerné par le 18ème Festival
d’Astronomie Haute Maurienne Vanoise
de Arkan Simaan
Vénus devant le soleil : Comprendre et
observer un phénomène astronomique (23 juin 2003)
de Arkan Simaan, Collectif