anais     

le bulletin de l'  information scientifique

de l’ association nantes atlantique pour l’ information scientifique (anais – afis)

PERIODIQUE A PERIODICITE VARIABLE                                                                  N° 21 –  AVRIL – MAI 2006

 

 éclairer la route devant nous …

 

Notre association, ANAIS, acronyme de « Association Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique » fonde son activité sur la déclaration de principes de l’Association Française pour l’Information Scientifique dont elle forme un comité local. C’est ainsi que nous entendons notamment dans nos bulletins, tout comme les médias nationaux de l’association (la revue Science et pseudo-sciences, le site pseudo-sciences.org ) :

 

-          retenir dans l'actualité scientifique et technique, un certain nombre de faits pour en considérer d'abord la signification humaine,

-          diffuser une information scientifique constituée de nouvelles d'actualité dans toutes les branches de la recherche, dans un langage accessible à tous,

-          dénoncer sans réserve les marchands de fausses ou de pseudo-sciences et les charlatans malfaisants pourvoyeurs de l'irrationnel,

-          défendre l'esprit scientifique contre la menace d'un nouvel obscurantisme.

 

Cette tradition s’inscrit dans le prolongement de celle du rationalisme des Lumières ; c’est parce que les hommes font leur propre histoire, individuelle et collective, que nous entendons être ainsi acteurs de ce processus évolutif d’amélioration des conditions matérielles et morales d’existence, individuelles et collectives, des êtres humains, auquel nous persistons à attribuer le nom de « progrès » malgré les chantres du « postmodernisme ».

 

Bien sûr cette amélioration n’a rien d’inéluctable ; la décadence et la barbarie peuvent être au rendez-vous ; nous savons bien, notamment, que si l’accroissement de nos connaissances et notre maîtrise technologique croissante ouvrent des voies nouvelles pour des applications pouvant être bénéfiques, ils ouvrent aussi, dans le même mouvement, la possibilité que ces voies puissent être détournées vers des œuvres malfaisantes ou au profit de marchands d’illusions.

 

Faire reculer les craintes non ou mal fondées, démystifier les croyances, révéler les impostures, prévenir contre les détournements malfaisants, faire prendre conscience des nouvelles possibilités qui s’ouvrent pour les êtres humains … en bref « éclairer la route » devant nous, voilà ce que nous nous efforçons de faire.

 

Alors qu’attendez-vous pour venir le faire avec nous ?

 

Nous avons besoin du soutien de chacune et chacun d’entre vous.

  Michel Naud, coordinateur

 

 

POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences

rejoignez l’  association française pour l’information scientifique  AFIS

adhérer : OUI, je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique

adhésion annuelle : 15,00 euros

abonnement à la revue Science et pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )

adhésion annuelle + abonnement à la revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros

siège :14, rue de l’école polytechnique, 75005 Paris, site internet national : http://www.pseudo-sciences.org

 

anais association nantes atlantique pour l’information scientifique

un comité local de l’AFIS ; adresser toute correspondance à :

ouest management, domaine d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,

site internet du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm

coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr

 

dossier spécial « nucléaire »

 

Introduction

 

Produire de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine …

Extrait de l’éditorial de Michel Naud du bulletin de novembre 2003 d’Anais

 

26 Avril 1986 – il est 1 heure 23 minutes et 44 secondes …

 

 

Les causes de l’explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl

Extrait  de Jacques Frot (Association des Ecologistes pour le Nucléaire)

 

A propos du 20ème anniversaire de Tchernobyl

Lettre ouverte à  ceux qui nous informent (collectif « Sauvons le climat »)

 

Le nuage de Tchernobyl s’est miraculeusement arrêté à la frontière …

La désinformation n’est pas nécessairement celle que vous croyez

Extrait de Pierre Schmitt (dossier du collectif « Vérité Tchernobyl »)

 

Rendre hommage au Professeur Pierre Pellerin ?

Extraits d’un témoignage de Henri Lehn (site www.ecolo.org)

 

20 ans après la catastrophe, l’analyse rationnelle doit l’emporter sur l’émotion !

L’éditorial du site de l’Union Rationaliste (www.union-rationaliste.org)

 

L'héritage de Tchernobyl

le rapport de l’organisation mondiale de la Santé (OMS)

 

le nucléaire, énergie de demain

 

L’option nucléaire

Extrait du dossier « sécurité énergétique » du CEA

 

L’énergie électronucléaire au secours de la planète

Pierre Bacher dans le courrier des lecteurs du Monde du 8 septembre 2005

 

Le manifeste « Sauvons le Climat »

« Nous appelons nos concitoyens et nos dirigeants à engager une politique volontariste et décidée,

à la fois d'économies d'énergie et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables » 

 

Et après l’EPR (European Pressurised Reactor) ?

à quoi ressemblera le réacteur nucléaire de génération IV ? (La Recherche)

 

Le nucléaire et le principe de précaution

Un colloque de la fondation Res publica du 24 janvier 2006

 

Le nucléaire est-il une question de société ? Heuristique de la peur

par Dominique Lecourt, Philosophe

 

Le nucléaire et le principe de précaution

Citations extraites de la conclusion de Jean-Pierre Chevènement

 

Le nucléaire, avenir de l’écologie ?

Préface du Pr. James Lovelock au livre de Bruno Comby (www.ecolo.org)

.

Ils se sont exprimés ces jours derniers

 

Les Verts

« Le lobby nucléaire continue de nous mentir … »

Noël Mamère dans L’Humanité du 29 avril 2006

 

Le Parti Communiste Français

 « Les communistes soutiennent le projet ITER sans réserves »

« Le Parti communiste français soutient la modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction d’un réacteur nucléaire EPR. »

Jean-Marc Coppola dans L’Humanité du 29 avril 2006 et communiqué du PCF

 

Le Parti Socialiste

 « L’EPR est un réacteur inutile et dangereux »

« Le Parti Socialiste tient à réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux»

Communiqué de Julien Dray, porte-parole du PS, du 14 avril 2006

 

Le réseau associatif « Sortir du nucléaire »

 « 20 ans après Tchernobyl, la vérité est toujours étouffée … »

Stéphane Lhomme  dans L’Humanité du 23 avril 2006

 

Le collectif « Sauvons le Climat »

 « A Cherbourg les antinucléaires ont trahi l’écologie et le climat ! »

Les antinucléaires ont fait le choix des combustibles fossiles plutôt que du nucléaire.

Ils ont renoncé à lutter sérieusement contre le réchauffement climatique

tout en amusant la galerie avec des déclarations vertueuses.

La prise de position du Parti Socialiste contre l’EPR est une grave erreur

 

quelques brèves en prolongement du n° 20

 

Collecte de fonds en Corée pour soutenir le Professeur Hwang

 

Clonage humain, où en est-on ?

 

Mise en examen du professeur Hwang Woo-Suk

Heurs et malheurs du clonage humain (rappel)

Quelques réflexions autour de l’affaire de falsification scientifique en Corée

 

Bienvenue à Gattaca

Diagnostic génétique préimplantatoire : la science-fiction devient réalité

 

 

à inscrire dès maintenant sur vos agendas

 

 

mardi 10 octobre 2006 à 20h00

amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle

rue Voltaire – Nantes (Loire-Atlantique)

 

conférence suivie d’un débat

 

l’image du monde de Newton à nos jours …

 

conférencier : Arkan Simaan

agrégé de physique, historien des sciences

 

 

entrée libre dans la limite des places disponibles

co-organisation par

      Association Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS)

      la fédération de Loire Atlantique de la Libre Pensée

      la section départementale de Loire-Atlantique de l’Union Rationaliste

 

 

POUR le progrès scientifique et technique CONTRE les marchands de fausses sciences

rejoignez l’  association française pour l’information scientifique  AFIS

adhérer : OUI, je souhaite adhérer à l’association française pour l’information scientifique

adhésion annuelle : 15,00 euros

abonnement à la revue Science et pseudo-sciences : 22,00 euros ( un an = 5 numéros )

adhésion annuelle + abonnement à la revue Science et pseudo-sciences ( 5 numéros) : 37,00 euros

siège :14, rue de l’école polytechnique, 75005 Paris, site internet national : http://www.pseudo-sciences.org

 

anais association nantes atlantique pour l’information scientifique

un comité local de l’AFIS ; adresser toute correspondance à :

ouest management, domaine d’activités Nantes Atlantique, rue rené fonck, 44860 Saint Aignan de Grand Lieu,

site internet du comité régional ouest atlantique : http://afis44.free.fr/index.htm

coordinateur : Michel NAUD, ingénieur, adresse électronique : afis44@free.fr

 

Introduction

 

Produire de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine …

Extrait de l’éditorial de Michel Naud du bulletin de novembre 2003 d’Anais

 

Produire de l’électricité cela commence toujours par faire tourner une turbine que l’on couple avec un alternateur: le vent dans l’hélice de l’éolienne, l’eau qui s’échappe de la retenue  du barrage, etc.  Peu de pays ont la chance du canada de pouvoir s’appuyer sur une « houille blanche » en quantité adaptée aux besoins énergétiques d’une société développée. Sauf à revenir aux temps préhistoriques dans les grottes du Larzac  il est indéniable par quiconque à la fois de bonne foi et capable d’apprécier les ordres de grandeur que la collectivité humaine n’est pas prête d’avoir une solution de rechange à la production d’électricité d’origine thermique, à savoir par des procédés consistant à produire de la chaleur pour produire de la vapeur d’eau qui fera tourner la fameuse turbine. Une centrale au charbon, au gaz, au fioul, etc. fera chauffer la « marmite » globalement comme dans la petite chaudière domestique, par un phénomène de combustion …  Une centrale nucléaire diffère d'une centrale électrique classique par le mode de production de chaleur ; dans les procédés actuels c’est l’énergie libérée par les réactions de fissions dans le réacteur qui est utilisée pour produire de la vapeur.

 

Il est bien sûr plusieurs ensembles de technologies permettant, de façon plus ou moins efficace, de façon plus ou moins sûre, d’atteindre ce résultat. Le parc électronucléaire français actuel est équipé exclusivement de réacteurs à eau pressurisée (REP). Dans un tel réacteur, l’énergie de fission est transmise à un circuit d’eau sous pression (155 fois la pression atmosphérique) permettant ainsi de porter la température de cette eau à plus de 300 ° sans qu’elle arrive pour autant à ébullition (circuit d’eau dit « primaire »). Cette eau très chaude est envoyée vers des échangeurs de chaleur qui permettent de transmettre cette chaleur à un second circuit d’eau (circuit secondaire). L’eau de ce circuit secondaire, à une pression moindre, entrera en ébullition et se transformera en vapeur d’eau, vapeur qui entraînera la turbine couplée à un alternateur. Cette vapeur sera alors refroidie grâce à un troisième circuit, utilisant, lui, une source froide externe (typiquement un fleuve), et sera ainsi retransformée en eau.

 

A ce jour et à un horizon prévisible, il n’est pas de source de production d’énergie en quantité adaptée aux besoins de la collectivité humaine qui réponde mieux aux besoins exprimés d’un développement durable que l’électricité d’une façon générale, et d’origine électronucléaire en particulier.

 

A L’horizon 2050 il n’est pas inenvisageable de domestiquer la fusion thermonucléaire (celle qui se déroule au cœur des étoiles à commencer par notre soleil); des programmes de coopération internationale (à échelle planétaire) y travaillent ; ceci permettrait de réduire encore plus drastiquement la pollution engendrée par la production d’électricité par voie thermique, pollution que l’électronucléaire par fission a déjà permis de réduire considérablement, en nous libérant en plus de la nécessité de gérer les résidus.

 

D’ici là il y a encore du chemin à faire et il nous faudra par exemple renouveler le parc actuel de réacteurs de l’EDF ; la nouvelle génération de réacteur à eau pressurisée (programme franco-allemand connu sous le sigle EPR) dont la mise en place d’un démonstrateur est d’actualité (démonstrateur = jalon intermédiaire entre le prototype et le réacteur de série) semble devoir promettre de consolider quelques nouveaux progrès dans tous les domaines sensibles (coût de production, sûreté nucléaire, maîtrise des déchets).

 

Texte intégral : http://afis44.free.fr/anais05.htm

 

 

26 Avril 1986 – il est 1 heure 23 minutes et 44 secondes …

 

Les causes de l’explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl

Extrait  de Jacques Frot (Association des Ecologistes pour le Nucléaire)

Version intégrale : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/fr.causes-Tchernobyl.jfrot.doc

 

Le 26 Avril 1986, vers 1h du matin, le réacteur N°4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, au cours d’un essai à bas régime demandé par les autorités centrales de Moscou, était l’objet d’une excursion de puissance : en quelques secondes celle-ci atteignait de l’ordre de 100 fois sa valeur nominale ; le fluide caloporteur -de l’eau légère- ne suffisant plus à évacuer cette énorme quantité de chaleur se vaporisait en une fraction de seconde conduisant à 1hr 23mn 44s (heure locale) à une explosion de vapeur. Le réacteur était détruit. Une radio-activité de l’ordre de 12 exabecquerels (~300 MCi) allait être libérée à l’atmosphère en une dizaine de jours, contaminant de façon significative une zone de 150 000 km2 habitée par environ 6 millions de personnes et entraînant sur une grande partie de l’Europe une augmentation mesurable de la radioactivité. (…)

 

 le réacteur n°4 après l’explosion

 

A. CAUSES DE L’EXPLOSION DU REACTEUR N°4 de TCHERNOBYL

 

Ce réacteur de 1000 MWe est du type RBMK à eau légère bouillante modéré au graphite. Outre la fabrication d’électricité il avait pour objectif la production de plutonium 239 de qualité militaire, donc peu irradié : dans ce but il était équipé d’un dispositif de chargement / déchargement du combustible pendant la marche c-à-d sans arrêt du réacteur.

 

Les causes de l’explosion sont de 3 types :

 

A1. Erreurs de conception

A2. Fautes de Management / Erreurs du personnel d’exploitation

A3. Causes politiques

 

A1. Les Erreurs de Conception

 

A11. Le cœur de ce type de réacteur est instable en dessous de 700 MWth (un peu moins de 25% de la puissance nominale). En clair, à faible puissance, toute tendance à l’emballement est automatiquement et rapidement amplifiée: le réacteur devient difficilement contrôlable. Ceci est un aspect extrêmement dangereux, spécifique des réacteurs RBMK et fort heureusement absent de tous les réacteurs de conception non soviétique, absent également des REP soviétiques (les VVER). Dans les réacteurs autres que RBMK toute réaction nucléaire tendant à l’emballement est, par conception du réacteur, automatiquement ralentie. L’explosion de Tchernobyl s’est produite, précisément, lors d’un essai à faible puissance c-à-d dans un contexte d’instabilité de ce réacteur. Les ingénieurs russes connaissaient cette instabilité ; des experts français et britanniques également : la sonette d’alarme avait été tirée -en vain- auprès du pouvoir soviétique bien avant l’accident de Tchernobyl. Imaginez un bus menacé d’une sortie de route en montagne avec un volant qui ne répond plus !!

 

A12.  L’insertion complète des barres de contrôle des RBMK est lente : elle demande une vingtaine de secondes (< 2 secondes sur les réacteurs du monde entier, autres que RBMK), ce qui est beaucoup trop lent pour interdire l’emballement de ce cœur lorsqu’il fonctionne dans son domaine d’instabilité. Il n’existe pas, dans les réacteurs RBMK, de barres d’arrêts d’urgence à insertion rapide. Imaginez que les freins du bus ne donnent toute leur puissance que 20 secondes après le « coup de patin » du chauffeur !!

 

A13. Les barres de contrôle, faites de carbure de bore, sont équipées, à leur extrémité, d’un embout de carbone qui, au début de l’insertion des barres commence par ajouter de la réactivité…au lieu d’en retirer! Comme si la première réponse au « coup de patin du chauffeur » était un emballement du moteur du bus à pleine puissance durant quelques secondes !! Ce phénomène dangereux avait été remarqué dès 1983 (3 ans avant Tchernobyl) sur un réacteur RBMK de la centrale d’Ignalina.

 

A14. La fonction de modérateur - ralentissement des neutrons – est assurée par 600 tonnes de graphite. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une erreur de conception mais plutôt d’une faiblesse : le graphite très chaud  mis à l’air libre s’enflamme, l’incendie vaporise les radio-nucléides contenus dans le réacteur : leur dispersion dans l’atmosphère est donc grandement favorisée. Les réacteurs occidentaux à eau sous pression et à eau bouillante ne contiennent ni graphite (charbon) ni substance inflammable.

 

A15. Les réacteurs RBMK ne sont équipés ni de dispositif d’épuration des rejets gazeux  ni d’enceinte de confinement: une telle enceinte aurait, dans le pire des cas, au moins considérablement diminué et ralenti l’évasion de radioactivité dans l’environnement. Ce type d’enceinte protège les réacteurs du monde entier, y compris les REP dernière génération (VVER 1000) de l’ex-Union Soviétique et de ses ex-satellites. Le réacteur accidenté de TMI en était équipé : il n’y eut pas d’évasion significative de radioactivité. Dépourvu de cette enceinte, le réacteur RBMK est comme un bus sans carrosserie : celle-ci est une protection évidemment majeure, indispensable.

 

En résumé nous avions un bus sans carrosserie, dont le volant ne répond plus et dont le système de freinage mettait le véhicule à pleine vitesse pendant quelques secondes avant de le ralentir efficacement après une vingtaine de secondes…c’est à dire bien après que le véhicule ait versé dans le ravin ou percuté le mur.

 

A2. Erreurs et Fautes du personnel d’exploitation

 

6 erreurs et fautes humaines ont été identifiées : 2 violations de consignes permanentes (fonctionnement prolongé à moins de 700 MWth ; moins de 30 barres de commandes insérées dans le cœur)  ; 1 non-respect de la procédure d’essai ; 3 mises hors-circuit volontaires de dispositifs de sécurité (l’injection de sécurité et, successivement, 2 dispositifs d’arrêt d’urgence).

 

A l’évidence le personnel, insuffisament formé, n’avait pas conscience du caractère dangereux de ses actions. S’il avait évité une seule de ces 6 erreurs l’explosion ne se serait pas produite. Il serait trop facile, cependant, d’imputer aux opérateurs la responsabilité de la catastrophe : ils ont fait leur métier, riches de la seule formation qui leur avait été donnée ; celle-ci était insuffisante, incohérente avec le manque de sécurités passives de l’installation. Leur méconnaissance de la neutronique du cœur RBMK leur interdisait de comprendre les implications des décisions qu’ils prenaient : d’autant que le réacteur était en cours d’essai à faible puissance selon un programme qui comportait d’importantes dérogations aux règles permanentes d’exploitation.

 

Quant aux consignes d’exploitation -que ce soit les consignes permanentes ou les consignes spécifiques de l’essai à conduire- elles étaient incomplètes et imprécises.

 

L’examen détaillé de ce qui s’est passé durant les quelques heures, les quelques minutes qui ont précédé l’explosion montre que celle-ci ne pouvait pas ne pas se produire. Et si l’on considère que la notion d’accident est associée à celles d’aléas et d’incertitudes -c’est à dire de probabilité- alors l’explosion du réacteur de Tchernobyl n’est pas un accident. Cette réflexion nous conduit aux causes politiques

 

A3. Causes politiques

 

En pleine guerre froide -qui menaçait parfois de devenir chaude- la fonction plutonigène  militaire du RBMK prêtait à la conception, à la construction et à l’exploitation des réacteurs de cette filière un caractère d’urgence qui n’autorisait pas les « pertes de temps » qu’auraient impliquées les perfectionnements absolument nécessaires de la sécurité de ces réacteurs. Les ingénieurs et scientifiques étaient soumis à un objectif et un seul : produire du plutonium militaire le plus possible, le plus tôt possible.

 

Les problèmes budgétaires agissaient de la même façon : non qu’il fut question de réduire les dépenses mais tout simplement, avec les fonds disponibles, de fabriquer le plus rapidement possible une quantité maximum du meilleur 239Pu de qualité militaire.

 

C’est ainsi que le 2 mai 1986 (6 jours après l’explosion) le Ministre de l’Electrification déclarait à une réunion du Politburo : « Malgré l’accident l’équipe de construction fait face à ses obligations socialistes et se lancera très prochainement dans la construction du réacteur N°5 »

 

La culture du secret était universelle en URSS. Elle imposait le cloisonnement des connaissances : personne ne pouvait en détenir la totalité et intégrer tous les aspects de la sécurité d’exploitation. En matière de nucléaire civil cette culture soviétique du secret perdurera jusqu’en 1989.

 

Certains scientifiques avaient un discours rigoureusement honnête ; d’autres, également très compétents et connus comme tels mais mûs plus par leur intérêt personnel que par le souci d’objectivité scientifique, n’avaient pas le courage de la rigueur et acceptaient du pouvoir politique, voire même encourageaient, certaines décisions malsaines ou dangereuses. Les luttes d’influence se substituaient aux débats d’idées scientifiques, techniques et technologiques.

 

Les défauts de conception du réacteur n’étaient pas dus à un manque de compétence des ingénieurs : ils résultaient de la dictature bureaucratique qui présidait à toutes les décisions dans le système soviétique, y compris dans le domaine de la sûreté. 

 

Il est clair que l’explosion du réacteur de Tchernobyl fut rendue possible par les multiples travers du système soviétique. On peut donc dire que le volet accident de l’événement Tchernobyl fut d’abord soviétique, avant d’être nucléaire.

 

Jacques FROT,

Copyright :

Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN)
55 rue Victor Hugo, F-78800 Houilles, France

http://www.ecolo.org/

 

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A propos du 20ème anniversaire de Tchernobyl

Lettre ouverte à  ceux qui nous informent (collectif « Sauvons le climat »)

 

Pour l'association « Sauvons le Climat » le réchauffement climatique est le danger environnemental majeur menaçant l’humanité. Le récent livre de James Lovelock, un des pères de l’écologie globale, « The Revenge of Gaia » le souligne excellemment. Y faire face implique un effort tout particulier dans le domaine de l'énergie : côté usage, il faut en réduire la consommation,  côté production il faut utiliser au maximum les filières énergétiques non émettrices de gaz à effet de serre. Parmi celles-ci, le nucléaire a un rôle essentiel à jouer.

 

Bien entendu, cette forme d'énergie doit être développée  avec toutes les précautions qu'elle requiert. Mais elle ne pourra pas l’être  dans un climat généralisé de peur et d'anxiété. Or les campagnes alarmistes auxquelles nous assistons périodiquement ont précisément pour but de répandre cette peur  et d'aboutir ainsi au rejet du nucléaire, ce qui rendra extrêmement difficile sinon impossible la division par deux des rejets de gaz carbonique nécessaire à la stabilisation de la température globale. L’amplification systématique des conséquences radiologiques de la catastrophe de Tchernobyl tient une place importante dans ces campagnes idéologiques. Elle risque de prendre une ampleur toute particulière à l'occasion du vingtième anniversaire de ce tragique événement.  C’est pourquoi « Sauvons le Climat » lance un appel aux médias pour que soit donnée à cette occasion une information aussi  complète que possible, ayant le souci de refléter, en toute transparence, la réalité des faits.

 

Va-t-on, une nouvelle fois, assister  au dialogue de sourds habituel entre, d’une part, ceux qui  voient dans la catastrophe la justification de leur exigence de sortie du nucléaire, et, par là, tiennent à en gonfler le plus possible les conséquences et, d’autre part, ceux qui se réfèrent aux estimations  des organismes officiels internationaux et des médecins spécialistes et épidémiologistes français ? Il est difficile de nier que, jusqu’à présent, les médias ont ouvert davantage leurs colonnes et leurs antennes aux premiers. Saura-t-on saisir l’occasion de présenter  objectivement les arguments présentés de part et d’autre ?

 

Quelle est l’amplitude de la catastrophe en termes de décès constatés ? En termes de cancers ? En août 2005 le Forum Tchernobyl (réunissant l’OMS, l’IAEA, le PNUD, l’OCHA, le PNUD, la FAO, l’UNSCEAR, la Banque Mondiale, et les gouvernements de la Biélorussie, de la Russie et de l’Ukraine) publiait un rapport sur les conséquences sanitaires de la catastrophe. Ce rapport   évalue  le nombre de décès déjà constatés causés par l’irradiation à une cinquantaine parmi lesquels ceux associés aux  4000 cancers de la thyroïde   apparus chez des enfants contaminés par les retombées d’Iode radioactif et heureusement, en grande majorité, soignables. On s’attend à ce que quelques milliers  de cancers supplémentaires de ce type apparaissent dans les années à venir. Un modeste excès de leucémies semble aussi être observé chez les « liquidateurs (ceux qui sont intervenus sur le site après la catastrophe) », mais pas dans la population.  Par ailleurs, toujours selon le Forum Tchernobyl, des calculs statistiques prévoient que, dans les cinquante prochaines années, il pourrait apparaître  un maximum de  quatre mille cancers mortels en excès des cent cinquante mille « normalement » attendus chez les  « liquidateurs » et les populations significativement irradiées .

 

D’autres estimations  comme celle citée dans le livre « De Tchernobyl en Tchernobyls » sont plus importantes, atteignant 20000 cancers pour une population européenne irradiée par le nuage  de l’ordre de cent millions d’habitants. Le nombre de cancers de toutes sortes  attendus pour une telle population non irradiée  est de l’ordre de vingt millions.  Et, parmi ceux-ci, ceux provoqués par la radioactivité naturelle seraient de l’ordre  d’un demi-million. On voit que l’excès de cancers éventuellement dû à Tchernobyl serait trop faible pour qu’on puisse un jour le mettre en évidence. Ceci est d’autant plus vrai que l’on a été incapable, jusqu’à présent, de démontrer clairement l’existence d’un effet de la radioactivité naturelle elle-même qui, pourtant, sur une vie, aura délivré aux européens un dose d’irradiation  plusieurs dizaines de fois plus grande que celle due à Tchernobyl.

 

Toutes ces estimations sont  basées sur une extrapolation linéaire au domaine  des faibles doses étalées dans le temps (de l’ordre de la radioactivité naturelle) des observations faites sur les survivants des explosions d’Hiroshima et Nagasaki qui avaient été exposés à des doses élevées et instantanées, Quelle est la justification de ces extrapolations, alors que de très nombreux experts, médecins et épidémiologistes, les mettent en cause et les considèrent comme très pessimistes ?  On doit noter aussi que, pour pratiquement tous les facteurs cancérigènes autres que les radiations (tabac, alcool, dioxines, polluants atmosphériques) la relation linéaire entre doses et effets n’est pas appliquée, les faibles doses étant moins efficaces que les fortes.

 

Certains ont cru devoir montrer des images d’enfants atteints de malformations (hydrocéphalies par exemple) et en attribuer la cause aux retombées radioactives de Tchernobyl. Sur quels arguments reposent ces attributions ? Il y a malheureusement dans toute population une certaine proportion de malformations et le rapport du Forum déjà cité conclut a l'inexistence de tout excès de malformations dans la région de Tchernobyl. N’en trouve-t-on pas tout autant dans des régions de l’ancienne URSS qui n’ont jamais connu le nuage de Tchernobyl ? De plus, comment distinguer les effets tératogènes des radiations de ceux de l’alcool et de la drogue qui ont fait des ravages dans la plupart des pays de l’ex URSS ?

 

Il est parfaitement reconnu que l’état de santé d’une fraction importante des populations ukrainienne et biélorusse s’est détérioré depuis la catastrophe. Pour les uns, cette détérioration est, évidemment, due aux radiations. Pour les autres, en particulier pour le Forum Tchernobyl, elle est essentiellement due au stress post-traumatique, lui-même en partie conséquence d’erreurs dans la gestion post-catastrophe. Il faut, de plus, rappeler que les effets sanitaires de la catastrophe se superposent à une dégradation générale de la santé publique dans tous les pays de l’ex URSS par suite de l’effondrement du système de santé et du niveau de vie d’une partie de la population. Ne serait-il pas utile d’éclairer ce débat en donnant équitablement la parole aux tenants des deux thèses ?

 

La CRIIRAD, Greenpeace et « Sortir du Nucléaire », entre autres, accusent l’ONU et ses agences de dissimulation et de mensonge. Ils portent les mêmes accusations contre les autorités de sûreté françaises, les Académies des Sciences et de Médecine et les médecins français qui ont soigné les enfants ukrainiens et biélorusses malades de cancers de la thyroïde. L’existence d’un complot mondial réunissant toutes ces institutions et sommités médicales dans le but de cacher la vérité concernant Tchernobyl est-elle crédible alors que les Etats engagés dans le développement du nucléaire civil sont minoritaires au sein de l’ONU ?

 

Concernant notre pays, le grand jeu consiste à démontrer que le gouvernement ou les experts ont menti pour « sauver » le nucléaire français. Certes on n’ose plus accuser le Professeur Pellerin d’avoir prétendu que le « nuage s’était arrêté aux frontières », puisqu’il a gagné régulièrement tous les procès en diffamation qu’il a intentés. Mais on laisse entendre que ses services auraient « trafiqué » les cartes de dépôts de radioactivité (reconnaissant d’ailleurs par-là que, pour eux, la frontière n’avait pas été infranchissable). Il est clair que les autorités politiques de l’époque, convaincues que l'éloignement de la France l'avait préservée du danger, ont cherché à éviter de paniquer inutilement la population. Au bout du compte la vraie question n’est-elle pas de savoir si la politique choisie par le gouvernement de l’époque a eu des conséquences néfastes ? Rien ne permet de le penser à ce jour. Les procédures en cours répondront peut-être plus précisément à la question. En attendant ne pourrait-on comparer les situations des pays ayant eu des politiques différentes ? Depuis 1975,  soit 11 ans avant la catastrophe de Tchernobyl, le nombre de cancers de la thyroïde croît dans tous les pays industrialisés. En dehors de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie, la catastrophe de Tchernobyl a-t-elle accéléré cette croissance ? Est-elle plus rapide  dans les pays et les régions où les retombées ont été les plus importantes ?

 

L'association « Sauvons le Climat », moins compétente que d’autres sur le nucléaire, ne cherche pas, par ce communiqué, à minimiser la catastrophe de Tchernobyl et ses conséquences. Elle souhaite voir se développer une véritable et exigeante recherche de la vérité sur les conséquences de cette catastrophe, au prix, éventuellement, de difficiles remises en question, ainsi qu’un effort de diffusion objective de cette vérité par les médias.

 

Le collectif "La vérité sur Tchernobyl", créé par notre ami André Pellen, diffuse une pétition qui a notre soutien. Nous vous appelons donc à la soutenir et à la signer. L'adresse pour la soutenir est apellen@tele2.fr

 

Références WEB

Manifeste de Sauvons le Climat

http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-manifeste.php

 

Texte de Sauvons le Climat sur Tchernobyl

http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-tchernobyl.php

 

Les thèses des organisations anti-nucléaires se trouvent sur leur sites, généralement bien connus

 

 Rapport complet du Forum Tchernobyl (en anglais)

(AIEA), OMS), (PNUD), (FAO), (PNUE), (OCHA) de l’ONU, (UNSCEAR) et la Banque mondiale, ainsi que des gouvernements du Bélarus, de la Russie et de l'Ukraine.

http://www.who.int/ionizing_radiation/a_e/chernobyl/-EGH%20Master%20file%202005.08.24.pdf

 

Communiqué de presse en Français OMS/IAEA/UNDP

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/

 

Questions-Réponses OMS

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/index1.html

 

 Description de la catastrophe et de ses conséquences (Rapport SFEN)

http://www.sfen.org/fr/societe/accidents/sommaire.htm

 

Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl en Europe et en France

Pr.A.Aurengo

http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/AurengoTchernConseqSanitair.doc

 

Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl en France

P.Galle, R.Paulin et J.Coursaget

http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Thernobyl-France-03.pdf

 

Compte rendu détaillé de la communication sur la catastrophe en France au mois de Mai 1986

Par Pierre Schmitt

http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Tchernobyl-Schmitt-04.htm

 

À propos des effets des radiations sur la santé.

Par Roland Masse

http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/masse.htm

 

Rapport de l’Académie de Médecine sur l’effet des faibles doses de rayonnement

http://www.academie-medecine.fr/upload/base/rapports_228_fichier_lie.rtf

 

Le collectif "Sauvons le Climat" est constitué des signataires du manifeste « Sauvons le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA (Associations des retraités du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire), le GR21 (Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au 21ème siècle et la SFP (Société Française de Physique). Il se donne pour ambition de donner une information scientifiquement fondée et aussi objective que possible sur le réchauffement climatique et les questions énergétiques en général et de faciliter les échanges et discussions entre ses membres. Son Président actuel est Michel PETIT, docteur es Sciences, Ingénieur de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications, vice-président du comité de l’environnement de l’Académie des Sciences et vice-président de l’Union Rationaliste.

 

   

 

 

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Le nuage de Tchernobyl s’est miraculeusement arrêté à la frontière …

La désinformation n’est pas nécessairement celle que vous croyez

Extrait de Pierre Schmitt,  dossier du collectif « Vérité Tchernobyl »

 

Pour la majorité de la population, aujourd’hui encore, cette histoire à dormir debout aurait été servie aux françaises et aux français par quelques « responsables » du « lobby nucléaire » qui, au plus haut de l’Etat auraient tenté par tous les moyens de dissimuler la vérité … Ces « responsables » ont même été désignés nommément en la personne du Professeur Pierre Pellerin, qui était en 1986 le Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), service dépendant du Ministère de la Santé.

 

Pourtant c’est une rumeur … une rumeur tenace …  Justice a, depuis, été rendue à Pierre Pellerin : pour avoir porté cette accusation de mensonge sur Antenne 2 en 1999, M. Noël Mamère a été condamné pour diffamation en correctionnelle le 12 octobre 2000, jugement confirmé en appel le 3 octobre 2001 puis par la cour de cassation le 22 octobre 2002 … mais rien n’y fait … vous aurez fatalement lu ou relu, ici ou là, la fable des « responsables » tentant de cacher la vérité …

 

Le collectif « Vérité Tchernobyl » a consacré un dossier à cette fable, dossier réalisé par Pierre Schmitt, ancien directeur de la centrale de Creys-Malville aujourd’hui en retraite. Ce dossier (format word, 29 pages, 147 Ko) peut être demandé directement au collectif à l’adresse de son porte-parole André Pellen apellen@tele2.fr . Nous en reprenons de larges extraits de la partie (n°3) consacrée aux procès en diffamation intentés par le Pr. Pellerin.

 

Les procès en diffamation intentés par le P Pellerin

 

1. Le procès contre les auteurs du livre « Ce nucléaire qu’on nous cache »

 

Avant d’aborder le procès intenté à M. Mamère, il convient de rappeler le procès en diffamation intenté en 1999 par le Pr Pellerin contre Mme Michèle Rivasi, Présidente de la CRIIRAD, et la journaliste Hélène Crié, auteurs du livre « Ce nucléaire qu’on nous cache ». Dans ce livre, elles affirment que le Pr Pellerin a menti en niant le survol de la France par le nuage de Tchernobyl et qu’il a dissimulé la contamination du territoire français.

 

En décembre 1999, selon Mmes Rivasi et Crié, le Pr Pellerin aurait « perdu » son procès en diffamation accréditant un peu plus l’idée qu’elles seules détiennent la vérité, qu’il a bien menti et dissimulé.

 

La réalité est notoirement différente. La plainte en diffamation déposée par le Pr Pellerin a été jugée irrecevable par la chambre de la presse du tribunal de Paris car ce tribunal a estimé que le Pr Pellerin avait été visé en qualité de fonctionnaire de l’État et que son action aurait, de ce fait, du être exercée non devant la chambre de la presse du tribunal de Paris mais devant un tribunal correctionnel seul compétent pour juger de ce type d’affaire

 

Ce procès qualifié de« perdu » a bien évidemment été présenté comme une victoire par Mme Rivasi et Mme Crié. Cette victoire est bien maigre voire amère car le tribunal présidé par Mme Martine Ract-Madoux a, malgré tout mais très clairement, expliqué dans ses attendus que « l’imputation d’avoir menti était bien diffamatoire vis-à-vis d’un responsable de la protection de l’environnement contre la radioactivité » (Référence : dépêche AFP 091228 du 09/12/1999)

 

2. La condamnation de Monsieur Noël Mamère par le tribunal correctionnel de Paris

 

Le 23 octobre 1999, au cours de l’émission de télévision « Tout le monde en parle » sur France 2, Noël. Mamère avait traité le P Pellerin de « sinistre personnage » « qui n’arrêtait pas de nous raconter que la France était tellement forte, complexe d’Astérix, que le nuage de Tchernobyl n’avait pas franchi nos frontières ». Il reprenait en cela l’accusation portée depuis treize ans par les médias et les Verts contre P. Pellerin.

 

Instruit par ses déboires précédents, le Pr Pellerin intente une action en diffamation contre M N. Mamère et France 2 et cette fois-ci devant le tribunal correctionnel de Paris.

 

Le mercredi 11 octobre 2000 Noël Mamère et France 2 sont condamnés par la dix-septième chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « diffamation » à l’encontre de Pierre Pellerin, ancien Directeur du SCPRI. Le tribunal a jugé qu’il était « incontestablement diffamatoire d’imputer au Pr Pellerin d’avoir donné sciemment des informations inexactes » et a estimé que « M. Mamère avait parlé sans prudence, et non sans une certaine animosité ». Le tribunal souligne que le Pr Pellerin avait bien transmis périodiquement, et dès l’annonce de l’accident, des communiqués scientifiques tout en soulignant le caractère inoffensif de l’élévation passagère mesurée de la radioactivité.

 

Noël Mamère et Marc Tessier, Président de France 2 ont été condamnés à 10.000 F d’amende chacun et, solidairement, à verser 50.000 F de dommages et intérêts à P. Pellerin. Le Président de France 2 a été condamné car l’émission ayant été enregistrée (et non diffusée en direct) il aurait du faire vérifier la teneur et l’exactitude des informations diffusées.

 

N. Mamère et France 2 ont immédiatement fait appel de ce jugement.

 

3. La condamnation de Monsieur Noël Mamère en appel

 

Le 3 octobre 2001 la Cour d’Appel de Paris confirmait la condamnation de M Noël Mamère pour diffamation envers le Pr Pellerin, ancien directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants.

L’argumentation de la Cour est le suivant : « M. Mamère impute donc au Professeur Pellerin, d’avoir menti aux journalistes quant au survol de la France par le nuage radioactif, alors qu’il ressort du dossier que celui-ci n’a jamais tenu de tels propos, et que sa position était de dire que le taux de radioactivité avait augmenté en France – ce qui signifiait forcément que le pays avait été survolé – mais que cette augmentation n’aurait aucune conséquence néfaste sur la santé publique, ce qui n’a toujours pas été réfuté avec certitude. »

 

La Cour confirme que « imputer au Pr Pellerin d’avoir, en tant que spécialiste des problèmes de radioactivité, donné, en connaissance de cause, des informations erronées voire mensongères quant à un problème grave tel que la catastrophe de Tchernobyl qui pouvait avoir des incidences sur la santé des français, constitue incontestablement une atteinte à l’honneur et à la considération de la partie civile et est par conséquent diffamatoire… ».

 

La cour ajoute, concernant les propos de M. Mamère, que « le caractère péremptoire des affirmations et leurs caractéristiques péjoratives…révèlent chez le prévenu un manque de modération dans les propos qui lui interdit de bénéficier de l’excuse de la bonne foi »…et de l’humour sans doute car « Le fait que les propos de M. Mamère ...aient une tonalité humoristique, ne leur enlève pas leur caractère diffamatoire et il n’est pas contraire à l’article 10 de la Convention des droits de l’homme de leur reconnaître cette  caractéristique. »

 

Au lendemain de ce jugement de la Cour d’appel confirmant sa condamnation en première instance, M. Mamère n’avait pas craint de déclarer qu’il voyait là « la preuve que le lobby nucléaire est puissant et a des réseaux influents jusque dans le personnel de la justice. C’est un règlement de compte politique, une atteinte à la liberté d’expression ». N’est vraiment pas E Zola qui veut !

 

Il indiquait son intention de se pourvoir en cassation et de faire du jugement de la cour d’appel une affaire politique, ce qui était normal pour le candidat à l’élection présidentielle de 2002 qu’il deviendra quelques temps après

 

4. La condamnation de Monsieur Noël Mamère par la Cour de Cassation

 

Par jugement du 22 octobre 2002, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi en cassation formé par M. N. Mamère et par M. Tessier président d’Antenne 2 contre l’arrêt du 3 octobre 2001 de la Cour d’appel de Paris qui les condamnait pour « diffamation envers un fonctionnaire public ».

 

La Cour de cassation estime que la Cour d’appel avait « exactement apprécié le sens et la portée des propos incriminés dans la citation et a, à bon droit, refusé aux prévenus le bénéfice de la bonne foi, après avoir retenu, sans méconnaître les dispositions de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, que ces propos caractérisaient des faits de diffamation. »

 

Finalement une réhabilitation pour le Professeur Pellerin, après seize années de lynchage médiatique et de lâchage quasi général de la part du monde politique, hormis quelques rares exceptions.

 

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Le communiqué du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants

« Ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit »

 

 

Le 2 Mai 1986

 

OBJET : Radioactivité ambiante consécutive à l’accident nucléaire russe de Tchernobyl. Mise au point à diffuser auprès des médecins et du public.

 

1) L’élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français à la suite de cet accident est très largement inférieure aux limites recommandées par la CIPR et aux limites réglementaires françaises, elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d’hygiène publique. La distance, la dilution atmosphérique, et la décroissance radioactive excluent une telle évolution dans notre pays.

 

2) De toutes façons, la plupart des radioéléments à l’origine de cette faible radioactivité ont des périodes relativement courtes. En particulier, l’iode 131 a une période d’une semaine. Il en résulte que dans six semaines, sa radioactivité sera réduite de plus de 50 fois, et dans dix semaines de plus de mille fois.

 

3) La distribution d’iode stable destiné à bloquer le fonctionnement de la thyroïde n’est ni justifiée, ni opportune, même dans les pays proches de l’union soviétique et l’union soviétique elle-même, si l’on excepte les abords immédiats (environ 50 km) du réacteur accidenté. En tout état de cause, les « pastilles ou plaquettes » d’iodure de potassium ne sont pas nécessaires : une goutte de teinture d’iode, disponible dans toutes les pharmacies familiales, dans un verre de lait pendant quelques jours serait, si nécessaire, au moins aussi efficace.

 

Conclusion : ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.

 

Professeur Pierre Pellerin,

Directeur du SCPRI (Ministère de la Santé)

 

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Rendre hommage au Professeur Pierre Pellerin ?

Extraits d’un témoignage de Henri Lehn

Version intégrale : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Pellerin-Lehn.doc

 

Le Professeur Pierre Pellerin était le patron du Service Central de Protection Contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI) en 1986 à l’époque de Tchernobyl ; il fait l’objet d’attaques médiatiques sauvages depuis cette époque.

 

Ces attaques prennent différentes formes :

·         Qualifié de « Sinistre Personnage » par Noël Mamère lors d’une émission télévisée sur Antenne 2.

·         Objet de la risée populaire en étant le soi-disant auteur de la locution « le nuage de Tchernobyl s’est arrêté aux frontières »

·         Attaqué dans le cadre de la recrudescence des cancers de la thyroïde.

·         Empêché de s’exprimer lors de deux apparitions télévisées car on lui a opposé deux « écolos » bien rôdés à la communication.

·         Etc..etc…

 

Ayant eu à connaître le Professeur Pierre Pellerin et son action dans la radioprotection alors qu’il était le patron du SCPRI, (Service Central de Protection contre les Radiations Ionisantes, service dépendant du Ministère de la Santé à l’époque), je voudrais rappeler quelques vérités de bases à son égard. 

 

En fait dans les années 1970-80 j’étais jeune ingénieur dans une société qui était fournisseur de matériels au SCPRI, et le Professeur Pierre Pellerin était « mon client ».

 

C’était un « client » du modèle pointilleux et « chiant » pour parler directement.

 

Nous lui fournissions des cellules blindées au plomb pour pouvoir faire des examens de retombées/pollutions nucléaires sur des prélèvements. Ces mêmes cellules qui ont servi à mesurer l’activité de milliers d’échantillons lors de Tchernobyl.

 

Pour que les mesures ne soient pas entachées d’erreurs, il était nécessaire que le plomb utilisé pour ces cellules ne soit pas contaminé par quelques retombées nucléaires que ce soit ; donc du plomb élaboré avant la révolution industrielle. Il faut savoir que dans le charbon il y a du Radon : gaz radioactif. Une centrale thermique au charbon est un émetteur de pollution radioactive incomparablement supérieur  à une centrale nucléaire…

 

Il a donc fallu utiliser du « vieux plomb » c'est-à-dire du plomb élaboré avant 1800.

Pour cela nous sommes allés récupérer les doublures en plomb des « Grandes Eaux » de Versailles. Nous avons payé des plongeurs pour aller récupérer des lests de galères coulées ! 

Idem pour les aciers ; les aciéristes mettent des traces de cobalt pour diagnostiquer la qualité des coulées. Il a donc été récupéré des poutrelles métalliques du XIXème siècle, sans trace de cobalt, suite à une rénovation de la Gare de Lyon. 

 

Moyennant quoi les mesures ont été irréprochables ! 

 

Mais le Professeur Pierre Pellerin s’était illustré auparavant en mettant en évidence le premier au monde, et dès 1955 le fait que la thyroïde capte l’iode en quelques secondes après son absorption. Fait qui a permis de mettre aux point tous les examens thyroïdiens, et également de mettre au point la saturation de la thyroïde en cas d’accident nucléaire tel que Tchernobyl.

 

Il se préoccupait de son métier sous tous ses aspects, et il s’est penché sur le problème de la protection des opérateurs en radiologie qui prenaient de bonnes doses de rayonnement. Il a proposé des changements de procédures qui sont devenus des normes internationales. 

 

De même l’utilisation des produits radioactifs pour effectuer des scintigraphies se retrouvaient dans les égouts et l’on était capable de repérer avec une gammacaméra tous les points de pollution nucléaire dans une ville : Les hôpitaux en premier lieu. Il a mis de l’ordre dans la profession. 

 

On pourrait continuer comme cela longtemps sur l’action de Pierre Pellerin dans le domaine de la radioprotection. 

 

Mais pour arriver au problème de Tchernobyl. 

 

Il faut tout de même savoir que Pierre Pellerin avait envisagé depuis longtemps un possible accident nucléaire de première grandeur en URSS. Donc il avait fait installer des filtres espions sur les avions d’Air France qui desservaient Moscou et Léningrad au départ de Paris.

 

C’est comme cela qu’il a été le premier à être informé de l’accident.

 

Il a d’ailleurs pu estimer tout de suite la puissance de l’explosion et une idée de son origine, car suivant les prélèvements faits il y a des conclusions qui peuvent êtres données rapidement :

·         s’il y a des isotopes présents qui sont des « produits d’activation » c'est-à-dire des produits radioactifs qui ont été créés à la suite d’une irradiation longue dans le temps, le prélèvement vient d’une centrale nucléaire.

·         S’il n’y a que des produits de fission c’est une arme atomique qui est à l’origine.

 

D’autre part la répartition de ces isotopes donne une idée des puissances mises en jeu. 

Alors maintenant qui est l’auteur de cette plaisanterie « fine » : « Le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à nos frontières » ? 

La réponse apparaît simple et rendons à César… en reprenant les documents de l’époque : 
 

 

Mais pourquoi cette plaisanterie douteuse du « nuage s’est arrêté aux frontières » a-t-elle pris une si grande importance avec la suite « le mensonge » ; le Professeur Pierre Pellerin a menti aux Français ! 

 

Eh bien tout simplement parce que dans les pays voisins il n’y avait pas d’autorité compétente équivalente et on a laissé délirer les « Verts » en faisant des recommandations outrancières aptes à affoler les populations. C’est ainsi que le taux de naissances en Pologne qui était de l’ordre de 30 000 naissances par mois est passé rapidement 9 mois après à 7 000 naissances par mois. Les couples ont contrôlé la natalité de peur de malformations congénitales.

Le nombre d’interruption de grossesses motivées par cette peur ? Difficile à dire en Europe, le nombre de 200 000 a été annoncé par l’OMS dans un rapport de 1995. 

Question : est-ce que les « Verts » assumeraient la responsabilité des conséquences d’une telle panique irraisonnée devant les Tribunaux ? 

Ne devrait-on pas plutôt remercier Pierre Pellerin d’avoir raison gardé ? 

Il n’a pas été constaté en Europe de mutation génétique suite à la catastrophe de Tchernobyl. 

 

Mais les médias ne passent que de petits entrefilets lorsque Pierre Pellerin remporte ses procès en Première Instance, en Appel et en Cassation. Par contre de larges colonnes sont ouvertes au premier écologiste donnant son avis très compétent sur les conséquences de la canicule sur les centrales nucléaires, il oublie de parler des effets de cette même canicule sur les centrales non-nucléaires, sur le fait que l’anticyclone ne bougeant pas... pas de vent… pas d’éoliennes... Ce n’est pas deux poids deux mesures, c’est du matraquage médiatique ! 

 

Voici un exemple d’un tel entrefilet : 
 


(…) Le grand tort de Pierre Pellerin a été d’être « la » personne compétente à l’époque en France, en Europe et certainement dans le monde sur le sujet de la radioprotection. 

 

C’est lui qui a défini les normes adoptées internationalement, il a mis en place les équipements, les procédures, il a fait les contrôles. Il faisait « tout » ; la loi, l’enquêteur, l’expert, le juge, l’applicateur. Parce qu’à cette époque, ce sujet n’intéressait personne. 

Mais il n’avait pas été formé à la sacro-sainte « communication » avec les médias.

Maintenant l’organisation et la structure ont changé. Pierre Pellerin a bien du être remplacé par 200 personnes dans différentes administrations. 

Est-ce que l’on ne pourrait pas rendre hommage à Pierre Pellerin? 
 

Henri Lehn,

8 Juillet 2004

 

Copyright :

Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN)
55 rue Victor Hugo, F-78800 Houilles, France

http://www.ecolo.org/

 

 

20 ans après la catastrophe, l’analyse rationnelle doit l’emporter sur l’émotion !

L’éditorial du site de l’Union Rationaliste (www.union-rationaliste.org)

 

L'Union Rationaliste s'inscrit dans la tradition d'un humanisme émancipateur appuyé sur le développement des connaissances et l'utilisation réfléchie des technologies qu'elles rendent possibles. C'est sur ces bases que nous souhaitons intervenir dans les débats en cours. Le vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl nous interpelle donc particulièrement. Pour certains, il est l'occasion de mener campagne contre toute utilisation de l'énergie nucléaire. Nous pensons que l'analyse rationnelle doit l'emporter sur l'émotion dans le choix de la politique énergétique (économies d'énergie et répartition des modes de production) à discuter par les citoyens.

 

La catastrophe de Tchernobyl a été rendue possible par la conjonction d'au moins trois facteurs : la conception du réacteur impliquant un risque d'instabilité, l'absence d'enceinte de confinement susceptible d'arrêter ou de réduire considérablement l'échappement des produits radioactifs dans l'atmosphère, l'absence d'une culture de sûreté chez l'exploitant. La conception des réacteurs, et leurs règles de fonctionnement en Europe occidentale et notamment en France excluent une catastrophe tant soit peu comparable, comme l'accident intervenu aux Etats-Unis l'a d'ailleurs confirmé. Un certain nombre de mesures complémentaires ont été adoptées depuis Tchernobyl pour réduire encore la probabilité d'accidents et leurs conséquences possibles. Les exigences de sureté ont été accrues sur les nouveaux réacteurs, tels l'EPR.

 

Il est facile d'imprimer un peu plus dans les esprits la peur des centrales nucléaires à partir d'informations peu rigoureuses et d'images sur Tchernobyl. Il est plus difficile, surtout pour ceux que l'on disqualifie souvent pour leur appartenance supposée au " lobby nucléaire ", de rectifier un certain nombre d'inexactitudes, pour ne pas dire de mensonges, répétées d'années en années sur le comportement des autorités de radioprotection en France (le SCPRI à l'époque), sur la nature et l'ampleur des conséquences de l'accident en Ukraine, Belarus et Russie mais aussi au-delà : La " communication " du SCPRI est loin d'avoir été toujours claire, mais qui sait aujourd'hui que l'arrivée du nuage sur le territoire français et l'augmentation de la radioactivité ont effectivement été annoncées au fur et à mesure ? Qui sait que l'augmentation prévisible des morts par cancer parmi les " liquidateurs " qui sont intervenus sur le site de Tchenobyl sera très loin heureusement de se traduire par l'hécatombe généralement annoncée dans les média ?

 

Le peu d'empressement de la presse et des média à accueillir des informations contredisant des informations et des rumeurs propagées depuis 1986 est un fait. On peut arguer qu'il est plus " rentable " en terme d'audimat de commenter un " scandale " et d'exposer les drames humains que de présenter une froide comptabilité en terme de nombre de morts estimés et de dégâts environnementaux et sociaux. Exposer les programmes mis en œuvre (trop rares) pour redresser la situation sanitaire et économique des régions touchées, exposer les enseignements tirés de la catastrophe par améliorer encore la sécurité des centrales nucléaires en France, c'est déclencher la critique des groupes antinucléaires les plus radicaux. Ces différents biais ne suffisent cependant pas à expliquer les incompréhensions persistantes. Comment faire face à des incompréhensions que l'on rencontre aussi de manière plus ou moins aiguë dans tous les débats de société relatifs à certaines recherches en développement rapide et à nombres de technologies ?

 

Il ne s'agît pas selon nous, pour les scientifiques d'une communauté rassemblant les compétences nécessaires, de mieux " communiquer " sur tel ou tel sujet mais plutôt de s'organiser pour mieux assumer une responsabilité collective : Celle d'établir contradictoirement des rapports suffisamment crédibles pour que le débat démocratique puisse se développer sur des bases rationnelles. Un effort international de ce type est mené avec succès depuis des années sur le changement climatique. Le processus est ouvert à des scientifiques compétents proposés par des ONG. La circulation des idées du groupe de travail proprement dit doit permettre d'expliciter clairement les faits scientifiques considérés par tous comme raisonnablement établis, de les différencier de ceux qui sont incertains ou relèvent d'approfondissement des recherches, de renvoyer à d'autres instances le soin de mener la réflexion sur les points qui ne relèvent pas du domaine concerné. Au final, il revient aux politiques de prendre leur décision en intégrant avis scientifiques et débats d'opinion.

 

Le système des experts et des contre -experts est un pis-aller, dont un effet pervers est de pousser chacun à choisir sa vérité en fonction de la confiance qu'il accorde à celui qui l'énonce. Ce relativisme ne permet pas d'avancer. Il est rare de prendre la peine de rechercher l'origine des contradictions entre scientifiques -experts : Ces contradictions peuvent relever de points de vue qui trouvent leur légitimité dans des logiques différentes. Ainsi, les controverses sur l'estimation des morts potentiels par cancer induits par la catastrophe (de 4000 à 25000 selon les études sérieuses) prennent largement leur source dans la manière de considérer l'excès de dose d'irradiation par rapport à celle délivrée par la radioactivité naturelle. Cette dernière varie d'un point à un autre et en altitude. Pour les uns, les doses supplémentaires, même parfaitement négligeables pour un individu particulier, doivent être prises en compte pour l'ensemble de la population en Europe et en Asie. Pour les autres, non, si ces doses sont petites devant les variations de doses naturelles, par exemple d'un département à l'autre.

 

Un investissement réfléchi d'un plus grand nombre de scientifiques dans les débats de sociétés est nécessaire pour intégrer la science à la culture générale et infléchir une situation dangereuse pour la démocratie.

Le bureau de l'UR, avril 2006.

 

  Union Rationaliste  Hélène Langevin-Joliot, présidente.

 

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Communiqué Conjoint OMS/IAEA/UNDP

 

Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident

 

20 ans après, un rapport d’institutions des Nations Unies

donne des réponses définitives

et propose des moyens de reconstruire des vies

 

Jusqu’à 4 000 personnes au total pourraient à terme décéder des suites d'une radio‑exposition consécutive à l'accident survenu il y a une vingtaine d'années dans la centrale nucléaire de Tchernobyl : telles sont les conclusions d’une équipe internationale de plus d'une centaine de scientifiques.

Toutefois, à la fin du premier semestre de 2005, moins d'une cinquantaine de décès avait été attribuée directement à cette catastrophe. Pratiquement tous étaient des membres des équipes de sauvetage qui avaient été exposés à des doses très élevées : un grand nombre sont morts dans les mois qui ont suivi l'accident, mais d'autres ont survécu jusqu’en 2004.

Les nouveaux chiffres sont présentés dans un rapport abrégé qui fait date intitulé ‘Chernobyl’s Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts’ (L'héritage de Tchernobyl : impacts sanitaires, environnementaux et socio‑économiques) que vient de publier le Forum Chernobyl. Basé sur un rapport de 600 pages en trois volumes, qui regroupe les travaux de centaines de scientifiques, d'économistes et de spécialistes de la santé, ce rapport abrégé évalue les conséquences sur 20 ans du plus grave accident nucléaire de l'histoire. Le Forum est composé de huit institutions spécialisées du système des Nations Unies, à savoir l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) et la Banque mondiale, ainsi que des gouvernements du Bélarus, de la Russie et de l'Ukraine.

« Cette compilation des recherches les plus récentes peut contribuer à résoudre les questions que l'on continuait de se poser sur le nombre de décès et de maladies réellement imputables à l'accident de Tchernobyl et sur ses répercussions économiques » déclare le président du Forum Tchernobyl, Burton Bennett, éminent spécialiste des effets radiologiques. « Les gouvernements des trois pays les plus touchés se sont rendus compte qu’ils devaient définir clairement la voie à suivre et qu’ils ne pourraient aller de l'avant qu'en se basant sur un consensus solide quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques et en bénéficiant des conseils judicieux et de l'appui de la communauté internationale. »

« Il s'agit d'un accident très grave ayant des répercussions sanitaires majeures, notamment pour les milliers de travailleurs exposés durant les premiers jours qui ont reçu des doses de rayonnements très élevées et pour les milliers d'autres atteints d'un cancer de la thyroïde » poursuit M. Bennett. « Toutefois, d'une manière générale, nous n'avons constaté aucune incidence négative grave sur la santé du reste de la population des zones avoisinantes, ni de contamination de grande ampleur qui constituerait toujours une menace sérieuse pour la santé humaine, à l'exception de quelques rares zones d’accès restreint ».

Le rapport du Forum est destiné à aider les pays touchés à comprendre l'ampleur véritable des conséquences de l’accident et à suggérer aux gouvernements du Bélarus, de la Russie et de l’Ukraine des moyens de résoudre les grands problèmes socio-économiques qui en découlent. Les membres du Forum, parmi lesquels figurent des représentants des trois gouvernements en question, se réuniront les 6 et 7 septembre, à Vienne, à l’occasion d’un rassemblement sans précédent de spécialistes mondiaux de Tchernobyl, des effets radiologiques et de la radioprotection qui viendront examiner ces conclusions et recommandations.

Principales conclusions du rapport

Ce rapport volumineux contient des douzaines de conclusions majeures :

·   Environ un millier de membres du personnel du réacteur qui travaillaient sur le site et de membres des équipes d’intervention ont été fortement exposés à des doses de rayonnements très élevées le premier jour de l'accident ; sur les plus de 200 000 de travailleurs affectés à ces équipes ou chargés d’assurer le retour à la normale en 1986 et 1987, 2 200, selon les estimations, pourraient décéder des suites d’une radio-exposition.

·   On estime à 5 millions le nombre de personnes résidant actuellement dans des zones du Bélarus, de la Russie et de l'Ukraine contaminées par des radionucléides à la suite de l'accident ; environ 100 000 d'entre elles vivent dans des zones classées précédemment par les autorités gouvernementales comme zones ‘strictement contrôlées’. La classification actuelle des zones doit être revue et assouplie à la lumière des nouvelles conclusions.

·   Quelque 4 000 cas de cancer de la thyroïde, essentiellement chez des enfants et des adolescents au moment de l'accident, sont imputables à la contamination résultant de l'accident, et au moins neuf enfants en sont morts ; toutefois, à en juger par l'expérience du Bélarus, le taux de survie parmi les patients atteints de ce type de cancer atteint presque 99 %.

·   La plupart des membres des équipes d’intervention et des habitants des zones contaminées ont reçu des doses à l’organisme entier relativement faibles, comparables aux niveaux du fond naturel de rayonnement. Aucune indication ni probabilité d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni aucune indication d’une augmentation des malformations congénitales pouvant être attribuées à une radio-exposition n’a donc pu être établie.

·   La pauvreté, les maladies liées au ‘mode de vie’ qui se généralisent dans l'ex-Union soviétique, et les troubles mentaux constituent, pour les populations locales, une menace beaucoup plus grave que l'exposition aux rayonnements.

·   L’évacuation de quelque 350 000 personnes hors des zones touchées et leur relogement se sont avérés être une ‘expérience extrêmement traumatisante’. Bien que 116 000 d’entre elles aient été évacuées de la zone la plus gravement touchée immédiatement après l’accident, les évacuations ultérieures ont joué un rôle négligeable dans la réduction des radio-expositions.

·   La persistance de mythes et d’idées fausses sur le risque d'irradiation ont provoqué chez les habitants des zones touchées un ‘fatalisme paralysant’.

·   Les programmes ambitieux de réhabilitation et d’avantages sociaux entrepris par l'ex-Union soviétique et poursuivis par le Bélarus, la Russie et l'Ukraine, doivent être redéfinis car, outre le fait que la situation radiologique a changé, ils sont mal ciblés et dotés de ressources insuffisantes.

·   Les éléments structurels du sarcophage construit pour recouvrir le réacteur endommagé se dégradent et risquent de s'effondrer en provoquant un rejet de poussière radioactive ;

·   Il reste encore à établir un plan global pour le stockage définitif des tonnes de déchets hautement radioactifs sur le site et aux alentours de la centrale de Tchernobyl, qui soit conforme aux normes de sûreté en vigueur.

Hormis les maladies et les décès radio-induits, le rapport déclare que l'impact de Tchernobyl sur la santé mentale est « le plus grand problème de santé publique que l'accident ait provoqué » et attribue en partie cet impact psychologique négatif à l’absence d'informations précises. Les personnes concernées ont une perception négative de leur état de santé, sont convaincues que leur espérance de vie a été abrégée, manquent d’initiative et sont dépendantes de l’assistance fournie par l’État.

« Vingt ans après l'accident de Tchernobyl, les habitants des zones touchées n'ont toujours pas les informations dont ils ont besoin pour mener une vie saine et productive qui est tout à fait possible » explique Louisa Vinton, coordonnatrice pour Tchernobyl au PNUD. « Nous conseillons aux gouvernements concernés de leur communiquer des informations précises, non seulement sur les moyens de vivre sans risque dans des régions faiblement contaminées, mais aussi sur l’adoption de modes de vie sains et la création de nouveaux moyens de subsistance ». Toutefois, comme le déclare Michael Repacholi, responsable du programme Rayonnements de l'OMS « au final, le message du Forum Tchernobyl est rassurant ».

Il explique que sur les 4 000 patients atteints d’un cancer de la thyroïde, essentiellement des enfants, tous ont guéri, à l'exception de neuf qui sont décédés. « Ceci mis à part, l'équipe d’experts internationaux n'a trouvé aucune indication d'une quelconque augmentation de l’incidence de la leucémie et du cancer chez les habitants affectés par Tchernobyl ».

Les experts internationaux ont estimé que les rayonnements pourraient provoquer à terme jusqu'à 4 000 décès chez les populations les plus exposées après l'accident de Tchernobyl, à savoir les membres des équipes d’intervention en 1986 et 1987, les personnes évacuées et les résidants de la plupart des zones contaminées. Ce nombre inclut les décès avérés consécutifs à des cancers et des leucémies radio‑induits ainsi que des statistiques prévisionnelles basées sur les estimations des doses de rayonnements reçues par ces populations. Comme un quart des personnes environ mourront des suites d’un cancer spontané ne résultant pas de Tchernobyl, il sera difficile d'observer l'augmentation d'environ 3 % seulement induite par les rayonnements. Toutefois, dans les cohortes les plus exposées des membres des équipes d’intervention et des travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale, on a déjà constaté une augmentation de certains types de cancer (la leucémie par exemple) à certaines périodes. M. Repacholi a expliqué que les prévisions reposaient sur une soixantaine d’années d’expérience scientifique des effets de telles doses.

« Les effets sanitaires de l’accident étaient potentiellement catastrophiques, mais une fois que vous les additionnez en vous basant sur des conclusions scientifiques dûment validées, en ce qui concerne le public, ils n’ont pas été aussi forts que ce que l’on pouvait craindre initialement » conclut M. Repacholi.

L’estimation relative au nombre de décès à terme qui figure dans le rapport est très inférieure aux hypothèses antérieures largement reprises par les médias, selon lesquelles les radio-expositions allaient entraîner la perte de dizaines de milliers de vies humaines. Cependant, le chiffre de 4 000 n'est pas très éloigné des estimations faites en 1986 par des scientifiques soviétiques, selon Mikhail Balonov, spécialiste des rayonnements à l'Agence internationale de l'énergie atomique, à Vienne, qui travaillait dans l'ex-Union soviétique au moment de l'accident.

En ce qui concerne les incidences sur l'environnement, les rapports des scientifiques sont également rassurants, car leurs évaluations révèlent qu'à l'exception de la zone fortement contaminée de 30 km de rayon autour du réacteur, toujours interdite d’accès, de certains lacs fermés et de forêts d’accès limité, les niveaux de rayonnements sont, pour la plupart, redevenus acceptables. « Dans la plupart des zones, les problèmes sont économiques et psychologiques, pas sanitaires ni environnementaux » déclare M. Balonov, secrétaire scientifique du Forum Tchernobyl qui participe aux initiatives visant à un retour à la normale depuis la catastrophe.

Recommandations

Le rapport recommande de concentrer les efforts d'assistance sur les zones fortement contaminées et de redéfinir les programmes gouvernementaux pour aider ceux qui sont vraiment dans le besoin. Il est suggéré de substituer aux programmes qui encouragent une ‘dépendance’ et une mentalité de ‘victime’ des initiatives qui ouvrent des perspectives, soutiennent le développement local et redonnent aux gens confiance en l’avenir.

Sur le plan de la santé, le rapport du Forum préconise de continuer à suivre de près les travailleurs ayant souffert d’un syndrome d'irradiation aiguë et les autres membres des équipes d’intervention fortement exposés. Il recommande aussi un contrôle ciblé des enfants traités au radio-iode pour un cancer de la thyroïde et des travailleurs ayant reçu des doses élevées pendant les opérations d’assainissement qui sont atteints de cancers non thyroïdiens. Toutefois, l'efficacité des programmes de contrôle en cours devrait être évaluée par rapport à leurs coûts, car l'incidence des cancers de la thyroïde spontanés augmente fortement à mesure que la population cible vieillit. En outre, l’établissement de registres du cancer très fiables doit bénéficier d'un appui continu des gouvernements.

En ce qui concerne l'environnement, le rapport préconise un suivi à long terme des radionucléides du césium et du strontium pour évaluer l'exposition des êtres humains et la contamination des aliments et pour analyser l'impact des mesures correctives et des mesures prises pour réduire la radioactivité. Il faut donner des informations plus complètes au public sur la présence de substances toujours radioactives dans certains produits alimentaires et sur les méthodes de préparation des aliments qui réduisent l’incorporation de radionucléides. Dans certaines régions, des restrictions à la cueillette de certains produits sauvages sont toujours nécessaires.

Toujours en ce qui concerne la protection de l’environnement, le rapport du Forum préconise de mettre en œuvre un programme de gestion intégrée des déchets provenant du sarcophage, du site de la centrale de Tchernobyl et de la zone d’exclusion pour que des mesures de gestion cohérentes puissent être appliquées et que des capacités d’accueil pour tous les types de déchets radioactifs puissent être créées. Il faut traiter les problèmes d’entreposage et de stockage définitif des déchets dans toute la zone d’exclusion de manière globale.

M. Balonov souligne que dans les zones où l’exposition des êtres humains est faible, aucune mesure corrective n’est nécessaire. « Si nous ne prévoyons pas d’incidences sur la santé et l’environnement, nous ne devrions pas gaspiller nos ressources et nos efforts sur des zones faiblement contaminées qui ne sont pas prioritaires, mais les concentrer sur les vrais problèmes » ajoute-t-il.

Notant que de larges segments de la population, particulièrement dans les zones rurales, ne disposent toujours pas d’informations précises, le rapport insiste en particulier sur la nécessité de trouver de meilleurs moyens d’informer le public et de surmonter le problème du manque de crédibilité qui a entravé les initiatives antérieures. Des informations précises sont disponibles depuis des années, mais soit elles ne sont pas parvenues aux personnes qui en ont besoin, soit les gens ne les ont pas crues et acceptées et donc n’en ont pas tenu compte.

Le rapport recommande de cibler les informations sur des publics précis, notamment les responsables locaux et le personnel de santé, de définir une stratégie plus large qui encourage des modes de vie sains et de diffuser des informations sur les moyens de réduire les expositions internes et externes aux rayonnements et de s’attaquer aux principales causes de maladie et de mortalité.

Sur le plan socio-économique, il recommande une nouvelle approche en matière de développement qui aide les personnes à « prendre en main leur vie et leur environnement pour maîtriser leur avenir ». Il affirme que les gouvernements doivent rationaliser et recentrer les programmes relatifs à Tchernobyl en définissant des indemnisations mieux ciblées, en supprimant celles inutilement accordées aux habitants des zones les moins contaminées, en améliorant les soins de santé primaires, en favorisant des techniques sûres de production alimentaire et en encourageant les investissements et le développement du secteur privé, notamment de petites et moyennes entreprises.

M. Vinton note que « le plus important est la nécessité de diffuser des informations précises sur des modes de vie sains et d’établir des règles plus élaborées pour promouvoir de petites entreprises en milieu rural. Le vrai danger, c’est la pauvreté. Nous devons prendre des mesures pour aider les gens à se prendre en charge ».

Réponse à des questions restées longtemps en suspens

A quel niveau de rayonnement les gens ont-ils été exposés à la suite de l’accident ?

À l’exception du personnel sur le site du réacteur et des membres des équipes d’intervention exposés le 26 avril, la plupart des travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale et ceux qui vivent dans les zones contaminées ont reçu des doses d’irradiation à l’organisme entier relativement faibles, comparables aux niveaux du fond naturel de rayonnement et inférieures aux doses moyennes que reçoivent les gens qui vivent dans certaines parties du monde où le fond naturel de rayonnement est élevé.

Pour la majorité des cinq millions d’habitants des zones contaminées, les expositions se situent dans la limite de dose recommandée pour le public ; toutefois 100 000 personnes environ reçoivent encore des doses supérieures. L’assainissement de ces zones et l’application de contre-mesures agricoles se poursuivent. Les niveaux d’exposition vont continuer à baisser lentement mais la plus grande partie de l’exposition résultant de l’accident est advenue.

Combien de gens sont morts et combien devraient mourir à l’avenir ?

Il y aurait au total quelque 4 000 décès, parmi les membres des équipes d’intervention et les habitants des zones les plus contaminées, d’ores et déjà imputables à Tchernobyl ou qui devraient se produire à l’avenir. Ce chiffre comprend la cinquantaine de membres des équipes d’intervention décédés des suites du syndrome d’irradiation aiguë, neuf enfants morts d’un cancer de la thyroïde et 3 940 décès en tout dus à un cancer-radio induit ou à une leucémie parmi les 200 000 membres des équipes d’intervention entre 1986 et 1987, les 116 000 personnes évacuées et les 270 000 habitants des zones les plus contaminées (soit environ 600 000 personnes au total). Ce sont ces trois grandes cohortes qui ont reçu des doses de rayonnement supérieures parmi toutes les personnes exposées aux rayonnements à la suite de l’accident de Tchernobyl.

Selon les estimations, 4 000 décès supplémentaires pourraient survenir pendant la durée de vie des quelque 600 000 personnes en question. Comme un quart d’entre elles environ mourront des suites d’un cancer spontané ne résultant pas de l’accident de Tchernobyl, il sera difficile d’observer l’augmentation d’environ 3 % imputable aux rayonnements. Toutefois, dans les cohortes les plus exposées des membres des équipes d’intervention et des travailleurs chargés d’assurer le retour à la normale, on a constaté une augmentation de certains types de cancer (la leucémie par exemple).

La confusion qui existe quant à l’impact de l’accident vient du fait que des milliers d’habitants des zones touchées sont décédés de mort naturelle. En outre, du fait que la population locale s’attend généralement à avoir un bilan de santé mauvais et qu’elle a tendance à mettre tous les problèmes de santé sur le compte de l’exposition aux rayonnements, elle a supposé que les décès imputables à l’accident de Tchernobyl étaient beaucoup plus nombreux qu’ils ne le sont réellement.

Quelles maladies se sont déjà déclarées ou risquent de se déclarer à l’avenir ?

Les habitants qui ont consommé des denrées contaminées à l’iode radioactif dans les jours qui ont suivi immédiatement l’accident ont reçu des doses à la thyroïde relativement élevées. Ceci est tout particulièrement vrai des enfants qui ont bu du lait de vaches qui avaient mangé de l’herbe contaminée. Le fait que l’iode se concentre dans la thyroïde explique dans une large mesure l’incidence élevée du cancer de la thyroïde chez les enfants.

Plusieurs études récentes font état d’une légère augmentation de l’incidence de la leucémie chez les membres des équipes d’intervention mais pas chez les enfants ni chez les adultes qui vivaient dans les zones contaminées. Une faible augmentation des cancers solides et peut-être de maladies du système circulatoire a été relevée mais doit être évaluée plus en détail en raison de l’influence indirecte possible de facteurs tels que le tabac, l’alcool, le stress et un mode de vie malsain.

Y a-t-il ou y aura-t-il des effets héréditaires ou des effets sur les organes reproducteurs?

En raison des doses relativement faibles reçues par les habitants des zones contaminées, aucune indication ni probabilité d’une diminution de la fertilité n’a pu être établie ni chez les hommes ni chez les femmes. Par ailleurs, les doses étant si faibles, il a été impossible d’établir la preuve de quelconques effets sur le nombre d’enfants morts-nés, de grossesses non menées à terme, de complications à l’accouchement ou sur l’état de santé général des enfants. Il semble que l’augmentation modeste mais régulière des malformations congénitales signalées tant dans les zones contaminées que dans les zones non contaminées du Bélarus soit liée à une amélioration de la qualité des rapports établis sur la question et non aux rayonnements.

Est-ce que le traumatisme d’un relogement rapide a provoqué des troubles psychologiques ou mentaux persistants ?

Des symptômes de stress, de dépression, d’anxiété et autres symptômes physiques médicalement inexpliqués, y compris le sentiment d’être en mauvaise santé, ont été signalés. Le fait que les personnes touchées aient été désignées comme des ‘victimes’ et non comme des ‘survivants’ les a conduites à se considérer elles-mêmes comme des êtres sans défense, faibles et ne maîtrisant pas leur avenir. Cela a suscité chez elles des comportements timorés et une inquiétude exagérée quant à leur santé soit, au contraire, des réactions totalement irresponsables se manifestant par la consommation de champignons, de baies et de gibier provenant des zones toujours classées comme hautement contaminées, par l’abus d’alcool et de tabac et par le vagabondage sexuel non protégé.

Quelles ont été les incidences sur l’environnement ?

Les écosystèmes touchés par Tchernobyl ont été largement étudiés et surveillés ces 20 dernières années. Pendant dix jours après l’accident, des rejets importants de radionucléides ont eu lieu, contaminant plus de 200 000 km² en Europe. L’ampleur du dépôt de radioactivité a varié suivant qu’il pleuvait ou non lors du passage des masses d’air contaminées.

La plupart des isotopes de strontium et de plutonium ont été déposés dans un rayon de 100 km autour du réacteur endommagé. L’iode radioactif était une source d’inquiétude majeure après l’accident mais, comme il a une période courte, il a complètement décru à présent. Le strontium et le césium, qui ont une période plus longue de 30 ans, sont toujours actifs et resteront une source de préoccupation pendant encore des dizaines d’années. Bien que les isotopes de plutonium et l’américium 241 restent radio-actifs pendant peut-être des milliers d’années, leur contribution à l’exposition humaine est faible.

Quelle est l’ampleur de la contamination urbaine ?

Les surfaces à l’air libre, comme les routes, les espaces verts et les toits, ont été les plus contaminées. Les habitants de Pripyat, la ville la plus proche de Tchernobyl, ont été rapidement évacués, ce qui a permis de réduire leur exposition éventuelle à des matières radioactives. Le vent, la pluie et l’activité humaine ont réduit la contamination de surface mais ont entraîné une contamination secondaire des systèmes d’égouts et de boues d’épuration. Le niveau de rayonnement dans l’air au‑dessus des zones habitées est revenu au niveau du fond naturel mais il est resté plus élevé au-dessus des sols nus.

Quel a été le degré de contamination des zones agricoles ?

Les intempéries, la décroissance physique, la migration des radionucléides dans le sol et les baisses de biodisponibilité ont entraîné une réduction sensible du transfert des radionucléides aux plantes et aux animaux. Du fait de son absorption rapide dans le lait à partir de l’herbe et des fourrages, l’iode radioactif a suscité des préoccupations au début et des niveaux élevés ont été signalés dans certaines parties de l’ex-Union soviétique et du sud de l’Europe mais, étant donné la période courte de ce nucléide, les craintes se sont vite apaisées. À l’heure actuelle et sur le long terme, le radiocésium, présent dans le lait, la viande et certains végétaux, reste le plus grand sujet de préoccupation pour l’exposition humaine interne mais, à l’exception de quelques rares zones, les concentrations se situent en deçà des niveaux sûrs.

Quelle est l’ampleur de la contamination forestière ?

Après l’accident, les animaux et la végétation dans les zones de forêt et de montagne ont absorbé une forte quantité de radiocésium, les niveaux d’activité restant longtemps élevés dans les champignons, les baies et le gibier. L’exposition provenant des produits agricoles ayant baissé, l’impact relatif de l’exposition provenant des produits forestiers a augmenté et ne diminuera qu’avec la migration dans le sol et la décroissance lente des matières radioactives. Un transfert élevé de radiocésium du lichen à la viande de renne et aux humains a été observé dans la région arctique et sub-arctique, la viande de renne étant fortement contaminée en Finlande, en Norvège, en Russie et en Suède. Les gouvernements concernés ont imposé des restrictions à la chasse, notamment en programmant l’ouverture de la saison de chasse à la période où la chair des animaux est moins contaminée.

Quelle est l’ampleur de la contamination dans les systèmes aquatiques ?

La contamination des eaux de surface à travers la plupart de l’Europe a baissé rapidement grâce à la dilution, à la décroissance physique, et à l’absorption de radionucléides dans les sédiments du fond et dans les sols des bassins versants. Toutefois, en raison de la bio-accumulation dans la chaîne alimentaire aquatique, on a trouvé des concentrations élevées de radiocésium dans des poissons provenant de lacs aussi éloignés que ceux d’Allemagne et de Scandinavie. Les niveaux comparables de radiostrontium, élément qui se concentre dans les arêtes et non dans les muscles, n’ont pas été significatifs pour les humains. Les niveaux dans le poisson et les eaux sont actuellement bas, sauf dans les zones où se trouvent des lacs ‘fermés’ sans déversoir. Dans ces lacs, les niveaux de radiocésium contenu dans le poisson resteront élevés pendant des décennies et les restrictions imposées à la pêche devraient donc y être maintenues.

Quelles contre-mesures environnementales et autres mesures correctives ont été prises ?

La contre-mesure agricole la plus efficace prise dès le début a été de retirer de l’alimentation animale l’herbe des pâturages contaminés et de surveiller les niveaux de rayonnement dans le lait. Le traitement des terres pour les cultures fourragères, les fourrages ‘propres’ et l’emploi de liants de césium (qui empêchent le transfert de radiocésium des fourrages au lait) ont permis de réduire considérablement la contamination et de continuer à pratiquer l’agriculture, encore qu’un accroissement de la teneur en radionucléides des produits végétaux et animaux ait été mesuré depuis le milieu des années 90, lorsque les problèmes économiques ont obligé à réduire les traitements. L’utilisation de certaines terres agricoles dans les trois pays concernés est interdite tant que des mesures correctives n’auront pas été prises.

Un certain nombre de mesures appliquées aux forêts dans les pays touchés et en Scandinavie ont permis de réduire l’exposition des êtres humains, notamment les restrictions imposées à l’accès à certaines zones de forêts, à la récolte de produits comestibles comme le gibier, les baies et les champignons et au ramassage public de bois de chauffage, parallèlement aux nouvelles mesures prises au niveau de la chasse pour éviter la consommation de viande de gibier lorsque les niveaux saisonniers de radiocésium risquent d’être élevés. Les faibles niveaux de revenus dans certaines régions poussent la population locale à ignorer ces règles.

Quels ont été les effets radio-induits sur les plantes et les animaux ?

On a constaté un accroissement de la mortalité des conifères, des invertébrés et des mammifères et une perte de la capacité de reproduction végétale et animale dans les zones à forte exposition sur un rayon de 20 à 30 kilomètres. Au-delà de cette zone, aucun effet radio-induit aigu n’a été signalé. La réduction des niveaux d’exposition a permis aux populations biologiques de se rétablir, bien que l’on ait constaté des effets génétiques des rayonnements dans les cellules somatiques et germinales de plantes et d’animaux. L’interdiction d’activités agricoles et industrielles dans la zone d’exclusion a permis à de nombreuses populations végétales et animales de se propager et a créé paradoxalement un ‘sanctuaire unique de biodiversité’.

Est-ce que le démantèlement du sarcophage et la gestion des déchets radioactifs posent de nouveaux problèmes environnementaux ?

Le sarcophage protecteur a été érigé très vite, ce qui explique certaines imperfections de la structure elle-même et n’a pas permis de rassembler toutes les données sur la stabilité de la tranche du réacteur endommagée. En outre, certains éléments structurels du sarcophage se sont corrodés en 20 ans. Le principal danger que pourrait présenter le sarcophage est l’effondrement de ses structures supérieures qui entraînerait un rejet de poussière radioactive.

Ces structures instables ont été renforcées récemment et la construction d’une nouvelle enveloppe de confinement sûre destinée à recouvrir le sarcophage actuel va démarrer bientôt. Cette enveloppe, conçue pour tenir plus d’un siècle, permettra le démantèlement du sarcophage actuel, l’enlèvement de la masse de combustible radioactif de la tranche endommagée et, à terme, le déclassement du réacteur endommagé.

Il reste à définir une stratégie globale pour la gestion des déchets de haute activité et de longue période qui proviennent d’anciennes activités de dépollution. Une grande quantité de ces déchets a été entreposée provisoirement dans des tranchées et des décharges qui ne répondent pas aux prescriptions en vigueur en matière de sûreté des déchets.

Quel a été le coût économique ?

En raison des politiques appliquées à l’époque de l’explosion et compte tenu de l’inflation et des bouleversements économiques qui ont suivi l’éclatement de l’Union soviétique, il n’a pas été possible de calculer les coûts exacts. Une série d’estimations effectuées dans les années 90 ont chiffré les coûts étalés sur 20 ans à des centaines de milliards de dollars. Ces coûts couvrent les dégâts directs, les dépenses liées à la remise en état et à l’atténuation des effets, le relogement des gens, la protection sociale et les soins de santé de la population touchée, la recherche sur l’environnement, sur la santé et sur la production d’aliments ‘propres’, la surveillance radiologique ainsi que les pertes indirectes dues à l’interdiction de l’utilisation de terres agricoles et de forêts et à la fermeture d’installations agricoles et industrielles, mais aussi des coûts additionnels comme l’annulation du programme électronucléaire bélarussien et le surcoût énergétique occasionné par la perte de production d’électricité en provenance de Tchernobyl. Les coûts ont lourdement grevé les budgets des trois pays concernés.

Quelles ont été les principales conséquences pour l’économie locale ?

L’agriculture a été le secteur le plus durement touché, 784 320 hectares de terres ayant été interdits à la production agricole. La production de bois a été interrompue sur 694 200 hectares de forêt. Des mesures correctives ont permis de produire des aliments ‘propres’ dans de nombreuses régions mais ont entraîné une augmentation des coûts imputable à l’emploi d’engrais, d’additifs et de procédés de culture spéciaux. Même là où l’agriculture et l’élevage sont sans risque, la connotation négative que revêt le nom de Tchernobyl a posé des problèmes de marketing et a entraîné une chute des revenus, une baisse de la production et la fermeture d’installations. Parallèlement, les bouleversements dus à l’effondrement de l’Union soviétique, à la récession et aux nouveaux mécanismes de marché ont nui à l’économie de la région et se sont traduits par une baisse du niveau de vie, le chômage et une pauvreté accrue. Toutes les régions agricoles, quelles aient été touchées par les rejets radioactifs ou non, se sont avérées vulnérables.

La pauvreté est particulièrement aiguë dans les zones touchées. Les salaires des ouvriers agricoles sont généralement bas et les emplois en dehors de l’agriculture sont limités. Un grand nombre d’ouvriers qualifiés et diplômés, surtout des jeunes, ont quitté la région. Qui plus est, le climat des affaires n’est pas propice à la création d’entreprises et l’investissement privé est modeste.

Quel impact Tchernobyl et l’après-Tchernobyl ont-ils eu sur les communautés locales ?

Plus de 350 000 personnes ont été relogées en dehors des zones les plus contaminées, dont 116 000 immédiatement après l’accident. Même après avoir eu des indemnisations, un logement gratuit et le choix de leur nouveau domicile, l’expérience a été traumatisante pour un grand nombre des personnes évacuées, qui se sont retrouvées sans travail et qui ont le sentiment de ne plus avoir de place dans la société. Les enquêtes montrent que ceux qui sont restés ou qui sont retournés chez eux vivaient mieux l’après-Tchernobyl que ceux qui ont été relogés. Les tensions entre les nouveaux arrivés et la population d’origine dans les villages de relogement ont aussi contribué à l’ostracisme ressenti par les premiers. La structure démographique des zones touchées s’est dégradée car beaucoup d’ouvriers qualifiés, diplômés et ayant l’esprit d’entreprise, souvent des jeunes, ont quitté la région en laissant derrière eux une population âgée qui ne possède guère les qualités requises pour remettre l’économie en route.

Étant donné le vieillissement de la population, il y a plus de décès que de naissances, ce qui renforce le sentiment que ces zones sont des endroits dangereux. Même lorsque les salaires y sont élevés, les écoles, les hôpitaux et les autres services publics de base manquent de spécialistes qualifiés.

Quelles ont été les incidences sur les individus ?

D’après le rapport du Forum sur la santé, l’impact de Tchernobyl sur la santé mentale est le plus grand problème de santé publique que l’accident ait provoqué à ce jour. Les habitants des zones touchées ont une perception négative de leur état de santé et de leur situation, exacerbée par un sens exagéré du risque sanitaire que la radio‑exposition leur fait courir et par la conviction que leur espérance de vie est réduite. Rien n’indique que l’anxiété concernant les effets sanitaires des rayonnements est en train de diminuer, au contraire. L’espérance de vie est en baisse dans toute L’ex-Union soviétique à cause des maladies cardiovasculaires, des blessures et des empoisonnements, mais pas à cause des maladies radio‑induites.

Comment les gouvernements ont-ils réagi ?

Les programmes de relogement et de réhabilitation lancés à l’époque de l’Union soviétique n’ont pas pu être maintenus après 1991 et le financement de projets a diminué, de sorte que de nombreux projets n’ont pas pu être achevés ou ont dû être abandonnés et qu’un grand nombre des prestations promises ont manqué de financement. En outre, des indemnisations ont été allouées à des catégories très larges de ‘victimes de Tchernobyl’, finissant par couvrir jusqu’à sept millions de personnes qui reçoivent déjà ou qui peuvent prétendre à recevoir des retraites, des primes spéciales et des prestations maladie, y compris des vacances gratuites et des indemnités garanties. Les prestations accordées aux victimes de Tchernobyl privent de ressources d’autres secteurs des dépenses publiques, mais une réduction de ces indemnisations ou un ciblage limité aux groupes à haut risque est impopulaire et pose des problèmes politiques.

Vu la réduction notable des niveaux de rayonnement au cours des 20 dernières années, les gouvernements doivent revoir la classification des zones contaminées. De nombreuses zones considérées auparavant comme zones à risque sont en fait propres à l’habitation et à la mise en culture. Les classifications actuelles sont beaucoup plus restrictives que ne le justifient les niveaux de rayonnement démontrés.

Le rapport souligne la nécessité d’affiner les priorités et de rationaliser les programmes pour atteindre ceux qui sont le plus dans le besoin, tout en rappelant qu’une réallocation des ressources risque de susciter une ‘vive résistance de la part de ceux qui en bénéficient déjà’. Il est suggéré entre autres que le droit à des indemnisations soit ‘racheté’ en échange d’une somme forfaitaire destinée à financer le démarrage de petites entreprises.

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/ 

 

le nucléaire, énergie de demain

 

L’option nucléaire

Extrait du dossier du CEA :

Sécurité énergétique : place du nucléaire dans le monde, enjeux pour la France
Les
ministres de l’Energie des pays du G8, en réunion à Moscou pour discuter du problème de la sécurité énergétique, ont appelé à «un vaste développement du nucléaire dans les pays qui le souhaitent».

 

Quels que soient les scénarios considérés à horizon 2050, les besoins en énergie vont croître compte tenu de la croissance démographique et des besoins de développement des pays émergents. Une part importante de cette augmentation va se faire en Asie – principalement la Chine et l’Inde – mais, même si les pays développés déploient des efforts d’efficacité énergétique et de maîtrise de l’énergie, les progrès en intensité énergétique ne répondront pas à l’augmentation des besoins liés à la croissance économique. Cette croissance économique devra de plus s’accompagner d’un transfert entre énergies, des énergies fossiles vers les énergies non émettrices de gaz à effet de serre.

 

S’il est manifeste que toutes les sources d’énergie devront être mises à contribution, un enjeu essentiel est de développer le « bouquet énergétique » optimal en termes de disponibilité et de préservation des ressources, de coût, d’accès de tous à l’énergie et de maîtrise des impacts environnementaux.

 

Les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qui satisfont actuellement 87 % de la demande en énergie primaire constitueront encore dans les 50 prochaines années l’essentiel de l’approvisionnement énergétique mondial. Cette situation soulève des difficultés croissantes d’accès aux ressources (cf. AIE, World Energy Outlook, 2004), avec les tensions économiques et géopolitiques qui en résultent, et de production croissante de gaz à effet de serre, avec leur impact sur le risque de changement climatique. Ces difficultés sont exacerbées dans le cas des transports (un tiers de l’énergie primaire consommée) qui sont aujourd’hui dépendants à 95% du pétrole. Cette situation n’est pas durable sur le très long terme, ni du point de vue de l’environnement – les conséquences de l’augmentation de la variabilité du climat et de certains phénomènes extrêmes sont encore inconnues mais seront d’autant plus importantes que l’augmentation de la température moyenne à la surface sera forte – ni du point de vue des ressources. Nous allons en quelques siècles consommer des ressources fossiles qui auront mis des millions d’années à se constituer.

 

Les énergies renouvelables constituent une source d’énergie d’appoint appréciable dont l’utilisation se justifie, en particulier pour les systèmes décentralisés difficiles à connecter au réseau électrique. Elles ne sont toutefois pas en mesure d’assurer une production massive en base. Ainsi le recours à une énergie par définition intermittente comme l’éolien oblige-t-il pour approvisionner le réseau en base à recourir à des sources complémentaires généralement d’origine fossile : centrales à cycle combiné à gaz ou centrales thermiques « classiques » au charbon. Alors que la substitution partielle du charbon par de l’éolien est vertueuse au Danemark, qui recourt largement au charbon pour produire de l’électricité, en France, où 80% de la production électrique est d’origine nucléaire, donc non émettrice de gaz à effet de serre, le recours aux ENR ne représente pas de bénéfice environnemental de ce point de vue.

 

Depuis le début des années 2000, la perception du paysage énergétique a profondément changé :

- La prévention du changement climatique est devenue l’enjeu environnemental majeur dans la mesure où ses effets sont peu réversibles, mondiaux et ses conséquences pour l’espèce humaine pas totalement connues. Si les stratégies pour lutter contre ce phénomène varient selon les blocs géopolitiques (mise en oeuvre du protocole de Kyoto et réflexion sur l’après-Kyoto, partenariat Asie-Pacifique regroupant les pays fortement utilisateurs de charbon…), toutes les grandes régions du monde se déclarent liées par l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

- Les prix du pétrole et dans une moindre mesure du gaz ont été multipliés par trois, de 20 dollars le baril en 1999 à environ 60 dollars aujourd’hui.

- La question de la dépendance énergétique à l’égard de pays ou de zones instables politiquement est redevenue cruciale, comme l’ont montré les événements au Moyen-Orient et en Russie. Il devient de plus en plus nécessaire de réserver les hydrocarbures aux usages dans lesquels ils ne sont pas ou peu substituables, notamment le transport dans le cas du pétrole et de ses dérivés.

 

Dans un tel contexte, le nucléaire connaît partout dans le monde un regain d’intérêt, qui a été bien illustré par la conférence ministérielle internationale de l’AIEA qui s’est tenue à Paris en mars 2005 et a réuni ministres, personnalités officielles de haut niveau et experts de 74 Etats et 10 organisations internationales. Cette conférence a débouché sur une résolution affirmant que l’énergie nucléaire pouvait apporter une contribution majeure à la satisfaction énergétique d’un grand nombre de pays du fait de nombreux atouts :

- quasi-absence d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique ;

- compétitivité et stabilité des coûts de production électrique, dans lesquels le combustible compte pour moins de 10% et dans lesquels la plupart des « externalités », notamment la gestion des déchets, sont intégrées ;

- contribution à la sécurité des approvisionnements énergétiques en diminuant l’exposition à la volatilité des prix et aux tensions sur la production des combustibles fossiles ;

- avec des technologies du futur, potentiel d’utilisations non électrogènes de la production nucléaire : production de chaleur pour l’industrie, d’eau potable, d’hydrogène…

 

 http://www.cea.fr/fr/presse/dossiers/DP-CEA-Le-nucleaire-dans-le-monde.pdf

 

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L’énergie électronucléaire au secours de la planète

dans le courrier des lecteurs du Monde du 8 septembre 2005

 

Dans le Monde daté du 30 août, Stéphane Lhomme conteste l'intérêt du nucléaire face à la crise pétrolière. Cela ne surprend pas de la part du porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire. Les arguments mis en avant laissent cependant pantois.

 

Le nucléaire français ne représenterait, selon Stéphane Lhomme, que 17 % de l'énergie consommée dans notre pays ; c'est exact lorsqu'on considère que les consommations de 1 kWh de chaleur et de 1 kWh d'électricité sont strictement équivalentes, ce qui correspond à une des conventions adoptées internationalement pour comparer des énergies de natures différentes. Mais il n’y a pas une mais trois conventions "internationales", dont le choix dépend de l’usage que l’on veut en faire :

Ø      une seconde permet de comparer les énergies primaires - celles effectivement utilisées pour produire l'électricité ou le carburant automobile par exemple - ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse aux émissions de CO2 ou aux quantités de pétrole consommées

Ø      et une troisième permet de comparer les énergies dites « utiles », par exemple les énergies mécaniques sur les arbres moteurs de machines thermiques et électriques ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse avant tout aux efficacités énergétiques.

Avec ces deux dernières conventions - également utilisées et reconnues internationalement -, l'électricité nucléaire française représente bien 40 à 50 % du total de notre énergie, et l'électricité nucléaire mondiale 20 % de l'électricité.

 

Consciemment ou non, je l’ignore, Stéphane Lhomme a bien évidemment choisi la moins pertinente des trois conventions internationales pour parler de l’électricité comme moyen de remplacer – partiellement – le pétrole. Suivons en effet un moment sa logique : l'électricité mondiale, en utilisant la même convention que lui, représente environ 12 % de l'énergie consommée dans le monde : une broutille ! Dès lors, pourquoi se fatiguer à la produire par d'autres moyens que les combustibles fossiles ? Arrêtons tout de suite de construire des centrales nucléaires et des éoliennes, et ne gaspillons pas nos ressources à financer des recherches sur le photovoltaïque ou sur la fusion nucléaire ! 

 

En revanche, lorsqu'on s'intéresse au remplacement du pétrole et à la protection du climat - et donc au CO2 produit et relâché dans l'atmosphère - force est de s'intéresser à l'énergie primaire utilisée pour produire l’électricité ; soit, au niveau mondial, près du 1/3 de l'énergie totale (1). La production mondiale d'électricité est donc bien responsable d'une fraction notable des rejets de CO2 (plus de 20%); elle le serait encore plus sans le nucléaire (et l'hydraulique). Ce n'est pas un hasard si les rejets de CO2 par habitant sont plus de 1/3 plus faibles en France et en Suède qu'au Danemark et en Allemagne, c’est bien grâce au nucléaire et à l'hydraulique.

 

Certes, l'électricité ne peut pas tout faire, en tout cas tant qu'elle jouera un rôle marginal dans les transports. Son développement - nucléaire et renouvelable - se justifie par sa contribution à la maîtrise  de l'effet de serre et - en ce qui concerne le nucléaire - par son faible coût (n'en déplaise à Stéphane Lhomme). Ce n'est déjà pas si mal ! Mais il faut aussi travailler d'arrache-pied pour mieux utiliser l'énergie, élargir les domaines d'utilisation de l'électricité, et développer les énergies de substitution au pétrole.

 

Il est temps que cessent ces petits jeux puérils alors que la planète est en danger. Il est plus que temps de tout mettre en œuvre pour sauver le climat.

 

le courrier des lecteurs du Monde du 8 septembre

 

Pierre Bacher

Auteur de "Quelle énergie pour demain ?" (2000)

mention spéciale du Prix Roberval, Grand prix 2000

Co-auteur de « L’énergie de demain » (2005)

Membre du conseil scientifique du collectif « Sauvons le climat »

 

(1) Les combustibles fossiles, en majorité le charbon, produisent près de 60 % de l'électricité (10% en France), le nucléaire et l'hydraulique chacun 20% (respectivement 75 et 15% en France) et toutes les autres énergies renouvelables confondues  moins de 1%.

 

Ce texte peut être consulté sur le dossier « les rationalistes s’expriment »

 

mais en ligne sur le site internet national de l’union rationaliste

 

 http://www.union-rationaliste.org/

 

 

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le manifeste « Sauvons le Climat »

« Nous appelons nos concitoyens et nos dirigeants à engager une politique volontariste et décidée,

à la fois d'économies d'énergie et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables » 

 

La concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère de notre planète atteint aujourd'hui un niveau supérieur à tout ce qu'elle a connu depuis plus d'un demi million d'années. Démarrée au début de l'ère industrielle, vers les années 1880, cette hausse est essentiellement due à l'accumulation des émissions croissantes de gaz carbonique et de méthane résultant de l'activité humaine. Si nous ne faisons rien, cette hausse va se poursuivre.

 

En très grande majorité les experts qui observent et étudient ces phénomènes sont formels : sauf à réduire les émissions, notamment celles de gaz carbonique, d'un facteur au moins égal à 2, notre globe verra sa température moyenne augmenter de plusieurs degrés au cours du présent siècle. Une telle augmentation de température, comparable en ordre de grandeur à celles qui ont suivi les périodes glaciaires, mais qui se produira de façon beaucoup plus rapide, aura des conséquences majeures sur le climat. Les conséquences qui en résulteraient sur notre santé, la végétation et les productions agricoles, le niveau des mers, les espèces vivantes, etc. sont évidemment plus difficiles à cerner mais nul ne peut exclure que des évolutions irréversibles catastrophiques, allant jusqu'à mettre en cause les conditions de vie de l'espèce humaine, puissent se produire. Qu'attendons nous, face au réchauffement climatique qui nous menace, pour mettre en oeuvre le principe de précaution ? Il nous faut limiter les émissions de gaz à effet de serre par tous les moyens à notre disposition.

 

Si des économies d'énergie importantes sont possibles et souhaitables dans les pays développés, il est impossible d'exiger des efforts similaires de la part des pays en voie de développement. Sauf récession économique catastrophique la consommation énergétique mondiale va continuer à croître. Il est donc capital de mettre en oeuvre, chaque fois que cela est possible, des techniques de production d'énergie ne faisant pas appel aux combustibles fossiles. De telles techniques existent dans le domaine de la production d'électricité pour les réseaux centralisés: énergie nucléaire, hydroélectricité, éolien. Le solaire photovoltaïque est particulièrement bien adapté aux sites isolés et aux pays dont le réseau de distribution électrique est peu développé. Le solaire thermique, la géothermie, la biomasse bien gérée, les pompes à chaleur doivent prendre davantage de place pour le chauffage des locaux et la production d'eau chaude. Les transports demeureront encore longtemps les plus tributaires des combustibles fossiles ; il n'en est que plus important de rechercher d'autres solutions: développement des transports en commun, véhicules électriques, utilisation de l'hydrogène produit par électrolyse ou décomposition thermochimique de l'eau.

 

Face aux grands pays en émergence qui vont, par nécessité et comme nous l'avons fait au cours des deux siècles passés, fonder leur développement sur le charbon et le pétrole, et donc (sauf aboutissement, bien difficile à prévoir, des études en cours sur la séquestration du gaz carbonique) voir croître leurs rejets de gaz carbonique, les pays développés doivent démontrer que la limitation des émissions de gaz à effet de serre grâce aux technologies modernes est possible, sans handicap économique majeur et sans diminution de qualité de vie. La France (qui, grâce au nucléaire, a déjà une position enviée, avec des émissions de 6 tonnes de gaz carbonique par tête et par an, contre 10 en Allemagne et 20 aux USA) doit continuer à montrer l'exemple.

 

Il est temps que les Français se convainquent que l'objet du débat énergétique n'est pas de savoir s'il faut ou non "sortir du nucléaire", mais plutôt de savoir comment "limiter le plus possible l’utilisation des combustibles fossiles" qui menace notre climat. Le nucléaire, maîtrisé comme il l'est dans nos pays, présente des risques minimes comparés à ceux des gaz à effet de serre et s'il serait irréaliste de vouloir "sortir des combustibles fossiles" il serait totalement irresponsable de s'en tenir au statu-quo.

 

Nous appelons nos concitoyens et nos dirigeants à engager une politique volontariste et décidée, à la fois d'économies d'énergie et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables. Une telle politique est la seule qui puisse raisonnablement garantir à notre génération et aux générations futures le maintien de conditions climatiques acceptables et prévisibles.

 

signer ce manifeste : http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/signataires-extrait.html

 

Le collectif "Sauvons le Climat" est constitué des signataires du manifeste « Sauvons le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA (Associations des retraités du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire), le GR21 (Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au 21ème siècle et la SFP (Société Française de Physique). Il se donne pour ambition de donner une information scientifiquement fondée et aussi objective que possible sur le réchauffement climatique et les questions énergétiques en général et de faciliter les échanges et discussions entre ses membres. Son Président actuel est Michel PETIT, docteur es Sciences, Ingénieur de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications, vice-président du comité de l’environnement de l’Académie des Sciences et vice-président de l’Union Rationaliste.

 

   

 

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Et après l’EPR (European Pressurised Reactor) ?

à quoi ressemblera le réacteur nucléaire de génération IV ?

 

 http://www.larecherche.fr/data/386/038602701.html

 

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Le nucléaire et le principe de précaution

Un colloque de la fondation Res publica du 24 janvier 2006

 

·          Cinquante ans de nucléaire civil : les acquis et les peurs, Pierre Beroux, Directeur du contrôle des risques à EDF

·          Le nucléaire et la sécurité des approvisionnements énergétiques en Europe, Jean-Eudes Moncomble, Directeur général de l'Institut français de l'énergie

·          La question des déchets ultimes : y a-t-il une stratégie raisonnable ?, Christian Bataille, député, membre de l'Office parlementaire d'évaluation scientifique et technologique

·          Perspective du nucléaire et minimisation des risques, Bertrand Barré, Directeur de la communication scientifique à Areva

·          Evolution de l'opinion et des milieux dirigeants en Allemagne, Daniel Steinvorth, Chercheur à l'Institut d'études de sécurité de l'U.E.O.

·          Le nucléaire est-il une question de société ? Heuristique de la peur, Dominique Lecourt, Philosophe

·          Conclusions : Jean-Pierre Chevènement

·           

 

 

Lire en ligne :

http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-et-le-principe-de-precaution_a22.html

 

Télécharger les actes du colloque

http://www.fondation-res-publica.org/index.php?preaction=joint&id_joint=22815

 

 

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Le nucléaire est-il une question de société ? Heuristique de la peur

par Dominique Lecourt, Philosophe

 

Extraits choisis de l’introduction et de la conclusion de l’Intervention prononcée lors du colloque du 24 janvier 2006 Le nucléaire et le principe de précaution

(texte intégral : http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-est-il-une-question-de-societe-Heuristique-de-la-peur_a117.html )

 

L'étrange fortune du principe de précaution


 « Une maxime de la sagesse populaire avertit les plus timorés d'entre nous qu'« on n'est jamais trop prudent » ; une autre, dont se prévalent à l'occasion les plus audacieux avance au contraire : « qui ne risque rien n'a rien ». Ces deux maximes opposées semblent avoir définitivement délimité le champ des débats assez pauvres qui, depuis trente ans, prennent pour objet les implications humaines et sociales des grandes innovations technologiques.


Dès lors que le fameux « principe de précaution » a été inscrit dans la Constitution, c'est la première de ces maximes. On en vient même à identifier purement et simplement le risque au danger, et jamais plus à l'occasion favorable. On oublie que la prise de risque devrait être calculée en fonction du rapport entre le bénéfice escompté et le danger encouru. L'expertise scientifique, si indépendante et précise qu'elle soit, est systématiquement soupçonnée d'insincérité ; on la dénonce comme toujours manipulée par des lobbies ; la rumeur, le document le plus vague émanant de l'autorité la plus douteuse, se trouvent mis à contribution pour compléter le portrait officiel d'
homo technologicus en homo diabolicus.


Dernier épisode en date : le bruit qui désigne l'expansion de la téléphonie mobile comme un danger pour la santé publique. Ce danger proviendrait d'abord des antennes-relais installées pour couvrir le territoire. Elles exposeraient les populations alentour à des champs électromagnétiques nocifs générant des migraines, insomnies et dépressions, voire des crises d'épilepsie. L'usage des téléphones eux-mêmes provoquerait de son côté des cancers du nerf auditif, sinon du cerveau. Devant de si graves accusations, alors que plusieurs milliards d'êtres humains utilisent chaque jour leur téléphone mobile (45 millions en France) et s'en réjouissent, on comprend que les organismes internationaux et nationaux en charge de la santé publique aient réagi. Dès la fin des années 90, l'O.M.S., par exemple, a lancé une vaste enquête internationale. Plusieurs dizaines de milliers d'articles ont été publiés sur les effets biologiques d'une exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité. En France, l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, l'A.F.S.S.E., a rendu un avis extrêmement documenté sur cette question le 7 juin 2005. De ces enquêtes et études, il ressort qu'à ce jour il n'existe aucune preuve d'un effet nocif des antennes ou des téléphones sur la santé humaine. Quoi qu'il en soit, il se trouve toujours quelques chercheurs pour alimenter la presse d'inquiétudes. Certains politiques s'en emparent aussitôt. C'est ainsi qu'il s'est trouvé huit députés français pour déposer à la Présidence de l'Assemblée Nationale, le 13 juillet 2005, un projet de loi prescrivant une diminution du niveau d'exposition des citoyens à 0,6 volt par mètre. Ce qui signifierait la fin des moyens de communication moderne (émetteur de radio FM et télévision en tête). 


C'est en Allemagne, à la fin des années 60 du siècle dernier sous le nom de
Vorsorgeprinzip, à propos de problèmes d'environnement que le principe de précaution est pour la première fois formulé. Son accession à la notoriété internationale coïncide avec la Déclaration de Rio au Sommet de la Terre en juin 1992. Il entre dans le droit de la Communauté Européenne avec le Traité de Maastricht en 1992 (Article 130R) puis celui d'Amsterdam au titre d'un principe qui gouverne les politiques d'environnement de l'Union.

 
Le 2 février 1995, la loi Barnier l'inscrit dans le droit français sur la protection de l'environnement. Elle le présente comme le principe
« selon lequel l'absence de certitudes compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement, à un coût économiquement acceptable ».


Le Conseil d'Etat donne en 1998 cette définition très précise, mais non dénuée d'un extrémisme inattendu d'une institution d'ordinaire si pondérée :


« Ce nouveau concept se définit par l'obligation pesant sur le décideur public ou privé de s'astreindre à une action ou de s'y refuser en fonction du risque possible. Dans ce sens, il ne lui suffit pas de conformer sa conduite à la prise en compte des risques connus. Il doit, en outre, apporter la preuve, compte tenu de l'état actuel de la science, de l'absence de risque ».


Les premières formulations, liées aux questions d'environnement, mettent l'accent sur l'absence de certitudes concernant les risques qu'il faut éviter de prendre. Il s'agit d'un principe d'action publique qui autorise les pouvoirs publics à prendre les mesures nécessaires pour faire face à ces risques – lesquels ne sont point avérés, mais éventuels.


Mais de proche en proche – et très rapidement – le principe de précaution s'est étendu à des domaines de plus en plus éloignés de l'environnement. C'est sans doute le cas des OGM qui dans l'opinion publique a fait (à tort) le lien avec les préoccupations de santé associées au traumatisme du sang contaminé puis à la menace de la vache folle. Le rapport remis au Premier ministre, le 15 octobre 1999, par Philippe Kourilsky et Geneviève Viney (2) dit :
« Le principe de précaution doit s'imposer à tous les décideurs ». Il s'agirait d'un nouveau principe de responsabilité s'appliquant à « toute personne qui a le pouvoir de déclencher ou d'arrêter une activité susceptible de présenter un risque pour autrui ». (…)


L'être humain est un vivant parmi d'autres. En tant que tel, il entretient des relations d'interaction avec son milieu. Il le transforme inévitablement, et s'en trouve lui-même transformé. Dire qu'il doit renoncer à transformer le monde pour l'épargner repose sur un faux dilemme.


Qu'on le veuille ou non, l'homme transforme le monde. La seule question qui vaille est de savoir dans quelle mesure il maîtrise ou non cette transformation. Cette maîtrise, l'homme en a acquis progressivement et encore imparfaitement les moyens, grâce aux progrès des connaissances.


Si par « principe de précaution », on entend une incitation à améliorer cette maîtrise sur la base d'un développement des recherches nécessaires - dans les sciences humaines et sociales autant que dans les sciences dures -, j'y souscris volontiers.


Il incitera à une gestion plus positive des ressources naturelles dont nous disposons. Et les pays en développement qui subissent de plein fouet les conséquences de l'insouciance écologique du Nord salueront cette initiative.


Malheureusement, dans notre pays, on donne le plus souvent à ce principe une tonalité négative, prohibitive : s'abstenir, différer, arrêter…


Il s'inscrit dans le contexte plus général des discours apocalyptiques de gauche et de droite qui philosophent à bon compte sur les menaces qui pèseraient sur l'existence même de l'espèce humaine et en tirent des conclusions immobilistes.

 

Dominique Lecourt

 

Ancien Recteur d'Académie, Professeur de philosophie à l'Université Denis Diderot - Paris 7,

Délégué Général de la Fondation Biovision de l'Académie des Sciences

Président du Conseil de Surveillance des Presses Universitaires de France (PUF).

 

Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont certains traduits dans de nombreux pays.

 

Parmi ses derniers livres on peut citer :

 

" Prométhée, Faust, Frankenstein : Fondements imaginaires de l'éthique " (réed. Livre de Poche/Biblio Essais, 1998),

" L'Amérique entre la Bible et Darwin " (réed. PUF 1998),

" Contre la peur " (réed. PUF, 1999),

" Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences " (réed. PUF, 2003) couronné par l'Institut de France,

" Que sais je ? " sur " La philosophie des sciences " (réed. PUF, 2003) et

" Humain Posthumain : la technique et la vie " (PUF, 2003).

 

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Le nucléaire et le principe de précaution

Citations extraites de la conclusion de Jean-Pierre Chevènement

(texte intégral : http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-et-le-principe-de-precaution-conclusions-de-Jean-Pierre-Chevenement_a118.html )

 

« L'ébranlement de la confiance en la science, c'est-à-dire en l'homme, peut conduire à une profonde régression non seulement culturelle mais aussi technologique et sociale. »

 
 « Le danger existe dans nos sociétés médiatiques et nos démocraties post-modernes qu'une interprétation maximaliste du principe de précaution freine toute innovation et toute prise de risque en résultant. »


 « Pour avoir mené ce combat comme ministre de la Recherche dans les années 1981-1983, je mesure à quel point furent ébranlées les forces politiques et sociales qui permettaient encore de maintenir le cap du développement scientifique et technologique de la France à un moment où, déjà, il était remis en cause ailleurs. (…) Je n'ai pas tout à fait oublié un certain nombre d'épisodes comme l'arrêt de Superphenix qui aurait pourtant constitué un démonstrateur utile pour la poursuite des recherches sur la transmutation des actinides mineurs (…). Superphenix aurait permis de continuer ces expérimentations et d'aller plus sûrement vers la quatrième génération de réacteurs. On peut dire que cette décision n'a pas été heureuse ! »


 « La faible diffusion de la culture scientifique et le fait que les forces politiques que j'évoquais tout à l'heure ont été minées de l'intérieur m'amènent à m'interroger, peut-être de manière un peu pessimiste : Que reste-t-il du gaullisme de la grande époque ? Que reste-t-il du parti de Joliot Curie ? Que reste-t-il du rationalisme de Mendès France ? Que reste-t-il de la tradition républicaine du socialisme et des élites syndicales animées par la confiance en la raison humaine de la FEN à la CGT ? N'y a-t-il pas un flottement assez général ? »

 
 « Moins que jamais le combat républicain ne se sépare de la lutte contre l'obscurantisme, fût-il moderne. » 

 

 Jean-Pierre Chevènement

 

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Le nucléaire, avenir de l’écologie ?

Préface du Professeur James LOVELOCK 

au livre "Le nucléaire, avenir de l'écologie ?" de Bruno COMBY

 

Le Pr James LOVELOCK est considéré, depuis les années 1960, comme l'un des principaux chefs de file idéologiques, si ce n'est le plus grand, de l'histoire de l'écologie. Scientifique indépendant, écrivain, enseignant et Docteur Honoris Causa de plusieurs universités de réputation mondiale, il est l'inventeur sur le plan scientifique du détecteur à capture d'électrons utilisé dans les appareils de spectrométrie, ainsi que des instruments scientifiques ayant permis de détecter le DDT dans les glaces polaires et de suivre les variations du trou d'ozone.

 

J'ai passé mon enfance dans la campagne anglaise, il y a plus de soixante-dix ans, où nous menions une vie simple, sans téléphone, ni électricité. Les chevaux y étaient encore une source normale d'énergie, et nous osions à peine imaginer la radio et la télévision. Ce dont je me rappelle encore parfaitement, c'est combien la superstition était omniprésente, et à quel point le concept du diable était une réalité de tous les jours, presque tangible. Les femmes et les hommes qui, dans d'autres domaines, faisaient preuve d'intelligence, évitaient craintivement les endroits que l'on disait hantés, et ils auraient supporté bien des désagréments plutôt que de voyager un vendredi tombant le treizième jour du mois. Leurs peurs irrationnelles se nourrissaient de leur ignorance et étaient alors fort courantes.

 

Je ne peux m'empêcher de penser que de telles peurs existent toujours aujourd'hui, mais que, maintenant, elles se manifestent contre les développements de la science.

 

Ceci est particulièrement le cas avec les centrales de production nucléaires, qui semblent raviver les craintes qui dans le passé étaient ressenties à l'évocation de cimetières que l'on croyait alors infestés de loup-garous et de vampires les nuits de pleine lune.

 

La peur de l'énergie nucléaire se comprend par l'association qui en est faite, dans l'esprit des gens, avec l'horreur de la guerre nucléaire, alors que c'est totalement injustifié; les centrales nucléaires civiles ne sont pas des bombes. Ce qui, au départ, était un souci normal de sécurité est devenu une anxiété pathologique dont la responsabilité incombe largement aux media d'information, à la télévision, à l'industrie du cinéma, ainsi qu'aux écrivains de science fiction. Tous ont utilisé la peur de la chose nucléaire comme tremplin idéal pour la vente de leurs produits. Eux, et ceux des politiciens qui pratiquent la désinformation en discréditant l'industrie nucléaire en la désignant comme l'ennemi potentiel, ont tellement réussi dans leur entreprise d'épouvanter le public, qu'il est désormais impossible, dans un grand nombre de pays, de proposer la construction d'une nouvelle centrale nucléaire.

 

Aucune source d'énergie n'est totalement sûre, même les moulins à vents ne sont pas exempts d'accidents fatals, et l'excellent livre de Bruno Comby donne une juste mesure des grands avantages et des faibles risques de l'énergie nucléaire. Je suis de tout cœur avec lui, et je tiens à insister auprès de vous sur le fait que les dangers qui résultent de l'utilisation des combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon), comme notre source d'énergie principale, sont beaucoup plus importants et qu'ils menacent non seulement les individus, mais la civilisation elle-même. La plupart des pays industrialisés se comportent comme un fumeur dépendant : nous avons tellement l'habitude de brûler des combustibles fossiles pour satisfaire nos besoins, que nous ne voyons même pas ses dangers insidieux qui en résultent à long terme.

 

Polluer l'atmosphère avec du dioxyde de carbone (CO2) et autres gaz à effet de serre, n'a aucune conséquence immédiate, mais cette pollution continuelle conduit à des changements climatiques, dont les effets n'apparaissent qu'une fois qu'il est pratiquement trop tard pour y remédier. Le dioxyde de carbone empoisonne l'environnement de la même façon que le sel peut le faire pour nous. Un usage modéré n'entraîne pas de dommages, mais un régime quotidien trop chargé en sel peut provoquer l'accumulation dans le corps d'une quantité mortelle.

 

Nous devons faire la distinction entre ce qui constitue un danger direct pour l'Homme, et ce qui présente un danger indirect en s'attaquant à notre habitat, la Terre.

 

La peste bubonique, au Moyen ge, a été une cause de dommages directe, a occasionné des angoisses épouvantables, et a tué 30 % des Européens, mais ce n'était qu'une petite menace pour la civilisation, sans conséquence aucune pour la Terre en elle-même. Brûler des combustibles fossiles et transformer des écosystèmes naturels en terres cultivées ne cause pas de dommage immédiat aux populations humaines, mais altère lentement la faculté de la Terre à s'autoréguler et à maintenir, comme elle l'a toujours fait, les conditions propices au développement de la vie. Quoique rien de ce que nous puissions faire ne parviendra à détruire toute vie sur Terre, nous risquons de modifier l'environnement à un point tel que la civilisation s'en trouverait menacée.

 

Au cours de ce siècle ou du prochain, nous risquons de voir cela se produire à cause d'une modification du climat et d'une élévation du niveau de la mer. Si nous persistons à brûler du combustible fossile à la même cadence que maintenant, ou à une cadence plus élevée, il est probable que toutes les villes qui se trouvent actuellement au niveau de la mer seront submergées. Essayez d'imaginer les conséquences sociales de millions de réfugiés, sans abri, à la recherche d'un morceau de terre sèche pour pouvoir y vivre. Dans leur détresse, ils se retourneront peut-être vers le passé en se demandant comment l'humanité a pu être assez folle pour s'attirer une aussi épouvantable misère en brûlant inconsidérément les combustibles fossiles. Ils pourront, alors, avec regret, se souvenir qu'ils auraient pu éviter tous ces malheurs en tirant avantage de l'énergie nucléaire de manière propre et sûre.

 

L'énergie nucléaire, quoique potentiellement dangereuse pour les populations, ne présente qu'un danger négligeable pour la planète. Les écosystèmes naturels peuvent supporter des niveaux d'irradiation continuelle qui ne seraient pas tolérés en milieu urbain. La campagne autour du réacteur accidenté de Tchernobyl a été évacuée à cause de son haut degré d'irradiation après l'accident, ce qui rendait la fréquentation de cette zone dangereuse pour les humains, mais cette zone radioactive abrite maintenant une vie sauvage très riche, beaucoup plus riche et diversifiée que celle des régions habitées avoisinantes. Nous appelons les résidus de la production d'énergie nucléaire des " déchets nucléaires ", et nous nous faisons énormément de souci au sujet de leur avenir et de leur conservation. Je me demande si, au contraire, nous ne ferions pas bien de les utiliser comme gardiens incorruptibles des plus belles régions naturelles sur la Terre. Qui oserait couper les arbres d'une forêt ayant servi de site de stockage pour les déchets nucléaires ?

 

La peur du nucléaire est si répandue que les scientifiques eux-mêmes semblent avoir oublié l'histoire de la radioactivité de notre planète. Il est pratiquement certain qu'une supernova s'est produite à proximité, à la fois dans le temps et dans l'espace, de l'origine de notre système solaire.

 

Une supernova est l'explosion d'une grande étoile. Les astrophysiciens admettent que ce phénomène peut affecter les étoiles plus de trois fois plus grosses que le soleil. Lorsqu'une étoile brûle - par fusion nucléaire - ce qu'elle contient d'hydrogène et d'hélium, les cendres de ce feu s'accumulent au centre, sous forme d'éléments plus lourds, comme le silicium et le fer. Lorsque ce noyau d'éléments inertes, incapables de produire de la chaleur ou de l'énergie et de maintenir la pression auxquels ils sont soumis, excède de beaucoup la masse de notre soleil, alors les forces de gravité, en quelques secondes, provoquent son implosion en un objet de moins de trente kilomètres de diamètre, mais toujours aussi lourd qu'une étoile. Nous avons là, dans l'agonie d'une étoile, tous les ingrédients pour provoquer à nouveau une gigantesque explosion nucléaire. Une supernova, à son maximum, produit des quantités de chaleur, de lumière et de radiations de haute énergie absolument stupéfiantes, à peu près autant que la totalité des autres étoiles de la même galaxie.

 

Mais une explosion n'est jamais efficace à 100%. Lorsqu'une étoile finit en supernova, les matériaux de l'explosion nucléaire, qui comprennent de l'uranium et du plutonium, ainsi que de grandes quantités de fer et d'autres éléments résiduels, s'éparpillent dans l'espace, comme le fait le nuage de poussières lors d'un essai de bombe à hydrogène.

 

Ce qu'il y a peut-être de plus étrange, à propos de la Terre, c'est qu'elle s'est ainsi formée à partir des scories de la gigantesque explosion nucléaire d'une étoile encore plus grande que notre soleil aujourd'hui. C'est pourquoi il subsiste, encore maintenant, à la surface de la Terre, suffisamment d'uranium pour reconstituer, à très petite échelle, les réactions nucléaires qui se sont produites initialement de manière beaucoup plus intense à la naissance de notre planète.

 

Il n'y a pas d'autre explication crédible à la grande quantité d'éléments instables que l'on trouve encore sur Terre aujourd'hui. N'importe quel compteur Geiger indique que nous habitons sur les restes d'une gigantesque explosion nucléaire. A l'intérieur même de notre propre corps, environ un demi-million d'atomes, rendus instables lors de cette explosion initiale, continuent à désintégrer à chaque minute, relâchant une infime partie de l'énergie accumulée lors de cette immense explosion initiale il y a très longtemps.

 

La vie a ainsi commencé à se développer sur Terre, il y a environ quatre milliards d'années, dans des conditions de radioactivité bien plus intenses que celles qui troublent les esprits de certains écologistes aujourd'hui. De plus, il n'y avait alors ni oxygène, ni ozone dans l'air, si bien que les intenses rayons ultra-violets non filtrés émis par le soleil irradiaient la surface de la Terre. Nous devons garder à l'esprit que ces énergies violentes et ces radiations intenses ont fait partie des conditions qui régnaient lors de la naissance même de la vie sur Terre.

 

J'espère qu'il n'est pas trop tard pour que le monde suive la France, et fasse de l'énergie nucléaire notre principale source d'énergie. Il n'y a pas d'autre solution viable, propre, écologique et économiquement acceptable, à la dangereuse habitude que nous avons prise qui consiste à brûler des combustibles fossiles.

 

James LOVELOCK.

 

Préface du Pr Lovelock

au livre "Le Nucléaire, avenir de l'écologie ?"
de Bruno Comby aux éditions TNR,

 www.ecolo.org et www.comby.org
(©IBC, tous droits réservés)

 

 Bruno Comby

 

Ils se sont exprimés ces jours derniers

 

 

Les Verts

« Le lobby nucléaire continue de nous mentir … »

 

Noël Mamère dans L’Humanité du 29 avril 2006

 

« Le lobby nucléaire a trouvé un nouveau subterfuge pour maintenir son hégémonie : la fusion ! Et la France vient de s’engager dans un programme de 30 milliards d’euros sur trente ans pour financer le rêve prométhéen d’ITER. De quoi tourner la tête aux esprits les plus froids. Ce n’est pas une blague, mais une décision du gouvernement qui dit s’être battu pour obtenir ce prototype sur notre territoire alors que personne n’en voulait vraiment ailleurs.

 

Alors que l’effet de serre menace notre planète et ceux qui l’habitent, alors qu’il faudrait s’engager dans une vraie politique de diversification énergétique, la France fait le choix du tout-nucléaire. En lui consacrant l’essentiel de ses crédits de recherche, elle nous condamne, à terme, à la vulnérabilité et empêche nos électriciens de chercher dans les trois secteurs d’avenir : l’efficacité énergétique, les économies d’énergie et les énergies alternatives.

 

Alors que nous « célébrons » le vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le lobby nucléaire continue de nous mentir et de minimiser l’impact du passage du nuage sur une partie de la France. Les malades de la thyroïde venant des régions où est passé ce fameux nuage tentent toujours de faire reconnaître leur statut de victime. (...)

 

Investir dans cette seule source d’énergie au motif qu’elle nous permet d’éviter l’effet de serre et qu’elle assure notre « indépendance » énergétique est folie. (...) Loin de représenter l’énergie du futur, la fusion thermonucléaire n’est qu’un rêve illusoire qui créera beaucoup moins d’emplois qu’une politique de diversification énergétique. Dans une démocratie, on débat des choix techniques qui engagent l’avenir de toute la société et de nos enfants, on ne le fait pas dans notre dos. Quand c’est le cas, il faut désobéir. »

 

 http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-04-29/2006-04-29-829031

 

Le Parti Communiste Français

 

« Les communistes soutiennent le projet ITER sans réserves »

 

« Le Parti communiste français soutient la modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction d’un réacteur nucléaire EPR. »

 

Jean-Marc Coppola dans L’Humanité du 29 avril 2006 et communiqué du PCF

 

Jean-Marc Coppola (PCF) : « Les communistes soutiennent le projet ITER sans réserves »

L’Humanité, 29 avril 2006

 

« Alors que notre planète compte désormais plus de 6 milliards d’êtres humains et que plus de la moitié d’entre eux sont privés d’énergie, c’est une chance pour notre pays d’être au coeur du projet de recherche ITER, qui permettra peut-être un jour à l’humanité entière de sortir de l’obscurité. ITER concrétise des années de coopérations internationales en matières scientifique, technique, industrielle, économique et sociale.

 

La maîtrise de la fusion thermonucléaire pour produire de l’énergie ouvre de nouveaux espoirs. Avec cette technique, les risques associés au nucléaire de fission n’existent pas, les réserves en combustible repoussent très loin le spectre de l’épuisement des ressources, les émissions de gaz carbonique avec leurs conséquences sur le dérèglement climatique sont inexistantes. Ce seul avantage justifie cette aventure même si personne ne peut en garantir le succès ni préciser les échéances.

 

Mais sa concrétisation demandera encore beaucoup d’efforts et de temps. Or, un pétrole durablement cher à cause de son prochain épuisement et des tensions géopolitiques impose de jouer la complémentarité de toutes les sources d’énergie si l’on veut prendre en compte tous les besoins humains : énergies renouvelables, carburants de synthèse, hydrogène et énergie nucléaire, indispensable en l’état actuel des connaissances et non productrice de gaz à effet de serre.

Pour autant gardons-nous de tout excès d’optimisme. Ce projet ne remet pas en cause l’orientation gouvernementale d’une recherche rabougrie au seul service d’intérêts financiers. Dans ce contexte, les communistes soutiennent le projet ITER sans réserves, tout autant qu’ils s’inscrivent dans une politique publique de recherche fondamentale ambitieuse, clé de voûte du développement technologique pour anticiper l’avenir. »

 

Le PCF avait déjà pris position à propos de l’EPR : « Le Parti communiste français soutient la modernisation du parc nucléaire français et en conséquence la construction d’un réacteur nucléaire EPR. Ce réacteur permettrait de mieux sécuriser la production nucléaire. L’effort scientifique et technologique est indispensable pour garantir dans les vingt prochaines années l’indépendance énergétique de notre pays.  Tout retard de modernisation du parc nucléaire fait courir de graves dangers à la filière : sauvegarder les compétences humaines, le savoir-faire et l’avance technologique est essentiel pour l’avenir. Cependant, la décision de construire EPR doit s’accompagner d’un effort urgent de diversification des ressources énergétiques nationales : de nouveaux moyens humains, de recherche et financier doivent être débloqués pour soutenir cet effort. »

 

 http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-04-29/2006-04-29-829022

 

Le Parti Socialiste

 

« L’EPR est un réacteur inutile et dangereux »

 

« Le Parti Socialiste tient à réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux»

 

Communiqué de Julien Dray, porte-parole du PS, du 14 avril 2006

 

 

De son côté, dans un communiqué du 14 avril 2006, Julien Dray, porte-parole du PS, a déclaré : « A la veille de la grande mobilisation qui aura lieu demain à Cherbourg contre l’EPR, le Parti Socialiste tient à réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux. Il a fait valoir cette position en 2004 lors de son passage devant le Parlement. Il la réaffirme aujourd’hui, à l’heure de sa mise en œuvre effective. » . Sur son propre blog le maire PS de Wingles (62) Gérard Dassonvalle explicite les tenants et aboutissants de ce positionnement : « Le Parti Socialiste a maintes fois rappelé que l’EPR (European Pressurized Reactor), est un réacteur inutile et dangereux, sur cette question il est d’ailleurs d’accord avec José Bové, le leader de la confédération paysanne. En effet, la construction de ce type de réacteur en France est inutile puisqu'on n'a pas besoin de grande centrale de puissance (nucléaire ou non) avant 2025. D'ici là, si l'utilisation de l'énergie nucléaire doit se perpétuer, des réacteurs plus conformes aux exigences économiques de rendement, de sûreté et de gestion des déchets auront vu le jour. Ce nouveau réacteur est dangereux, il est comparable aux derniers réacteurs nucléaires construits en France, qui ont connu de sérieux problèmes peu après leur mise en fonctionnement. L’EPR présente des risques d’accidents majeurs : fusion du cœur (par exemple, par perte du liquide de refroidissement du circuit primaire), destruction de l’enceinte de confinement (par explosion de l’hydrogène produit lors de l’accident). »

 

Cette position des socialistes français mérite d’être rapprochée de celle de leurs amis espagnols. En effet, pour la première fois, en Espagne, une centrale nucléaire a définitivement arrêté sa production le dimanche 30 avril 2006, après 38 ans de fonctionnement, sur décision politique du gouvernement socialiste dirigé par Luis Rodriguez Zapatero. Il s'agit du plus ancien des sept réacteurs nucléaires du pays, qui aurait du cesser sa production dans deux ans, au terme de 40 ans de « bons et loyaux services ». Cet arrêt est bien entendu et à juste titre – de leur point de vue - salué comme une « victoire » par les « écologistes », et l’association « écologiste » fondamentaliste Greenpeace exige du chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, qu'il annonce un calendrier de fermeture progressive de toute la filière nucléaire espagnole …

 

De son côté, lors de la manifestation antinucléaire de Cherbourg, et faisant référence aux échéances électorales françaises le néoluddite José Bové de la Confédération Paysanne a prévenu … : « Tout candidat qui ne sera pas opposé à l'EPR ne sera pas élu ». 

 

 

 

Le réseau associatif « Sortir du nucléaire »

 

 « 20 ans après Tchernobyl, la vérité est toujours étouffée … »

 

Stéphane Lhomme  dans L’Humanité du 23 avril 2006


 « La Manche, où est annoncé l’EPR, est la zone la plus nucléarisée du monde et l’un des départements les plus frappés par le chômage. C’est que, contrairement aux idées reçues, l’atome crée peu d’emplois. Le réseau Sortir du nucléaire publie d’ailleurs une étude qui montre que, avec les 3 milliards d’euros de l’EPR, on peut créer 15 fois plus d’emplois tout en produisant et économisant au total deux fois plus d’électricité. Il serait intéressant que les syndicats s’emparent de ces données.

Sur le plan technique, l’EPR est un vieux réacteur (conçu il y a quinze ans !) qui, s’il est construit, produira des déchets radioactifs pour lesquels aucune solution acceptable n’existe ; pourra occasionner un accident nucléaire ; ne résisterait pas à un crash suicide. Or, pour résister aux terroristes, nous devons réduire notre vulnérabilité et non l’accroître.

Rappelons aussi que toutes les centrales nucléaires ont été construites à grand renfort de CRS, réprimant les populations locales. Aujourd’hui, rien n’a changé : la Commission européenne a publié le 25 janvier dernier un grand sondage qui montre que, face à la crise énergétique, il n’y a que 12 % des Européens et seulement 8 % des Français qui proposent d’investir encore dans l’atome. L’EPR ne pourra être qu’un nouveau déni démocratique appuyé par les forces de police. Belle perspective. De plus, vingt ans après Tchernobyl, la vérité est toujours étouffée tant sur le plan international (l’ONU concède 56 morts !) qu’en France (affaire du nuage).

On lit ici ou là que le nucléaire, émettant peu de gaz à effet de serre, permettrait de lutter contre le réchauffement climatique, de remplacer le pétrole, de subvenir aux besoins des pays pauvres (en les mettant toutefois sous tutelle technologique et politique : pas très progressiste !).

Mais ces véritables miracles sont totalement hors de portée de l’atome, lequel ne couvre que 6 % de l’énergie consommée dans le monde : une part marginale et sur le déclin. En effet, elle ne sera plus que de 4 % en 2030 d’après l’Agence internationale pour l’énergie (AIE). À cette date, 250 des 440 réacteurs actuellement en fonction sur terre auront été fermés car arrivés en fin de vie.

Et, même s’ils se concrétisent, les projets annoncés avec fracas ces temps-ci - par des « démocrates » nommés Chirac, Blair, Berlusconi, Bush, Hu Jintao, Poutine ! - ne suffiront même pas à compenser les fermetures de réacteurs.

De toute façon, les réserves d’uranium - le combustible des centrales - seront épuisées dans quatre-vingts ans, et encore plus tôt si de nouveaux réacteurs sont construits. La France n’a d’ailleurs pas d’indépendance énergétique avec le nucléaire puisqu’elle importe 100 % de son uranium, en particulier du Niger où la population est honteusement exploitée et la région d’Arlit gravement contaminée. C’est le volet radioactif de la Françafrique.

Il
n’y aura jamais de « grand retour du nucléaire ». Alors pourquoi s’alarmer ? Parce que tout réacteur produit des déchets radioactifs et peut causer un nouveau Tchernobyl. Aussi, pour laisser aux générations futures une terre habitable, il faut lutter contre le réchauffement climatique et sortir (vite) du nucléaire. Pas facile ?

Certes, mais c’est la seule option d’avenir. Il faut un développement à grande échelle des économies d’énergie - principalement dans les pays riches - et des énergies renouvelables, partout sur la planète. Cela commence par ne pas construire le réacteur EPR, réacteur du passé et dépassé. »

 

Les alternatives au réacteur dernière génération

Les adversaires de l'atome prônent économies d'énergie et utilisation des renouvelables.

par Laure NOUALHAT, Libération, lundi 17 avril 2006

 

Avec 3 milliards d'euros, on peut en faire, des choses. Plutôt que de les investir dans un réacteur de troisième génération comme l'EPR, les opposants à l'atome proposent une alternative : l'économie d'énergie et les renouvelables. «Avec la même somme d'argent, nous montrons qu'on peut produire deux fois plus d'électricité que l'EPR, prévient Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, qui a commandé une étude à l'Espace info énergie «Les 7 vents du Cotentin», basé dans la Manche. Et ce serait 10 000 emplois pérennes créés alors que l'EPR, lui, n'embaucherait que 2 300 personnes en phase de construction et 300 seulement en fonctionnement.»

 

Inutile de produire l'énergie qu'on ne consomme pas, c'est sur ce principe que se base l'une des principales alternatives antinucléaires : l'économie d'énergie. En développant la sobriété volontaire dans les comportements individuels ou collectifs, on sauve du kilowattheure. Sur la seule région Grand Ouest, l'achat d'ampoules fluocompactes ou d'appareils électroménagers peu gourmands permettrait d'économiser 5,48 terawattheures (TWh). L'installation de 50 000 poêles à bois générerait 3,5 TWh d'économies et la valorisation du biogaz en cogénération éviterait de consommer 2,6 TWh. Le bureau propose par ailleurs de financer des études de potentiel éolien dans plus de 400 communautés de communes de la région, de former des installateurs pour les équipements solaires. Il plaide aussi pour la création d'agences locales de l'énergie (ALE), structures où s'impulsent les politiques locales d'énergie. Ainsi les communes établiraient leurs diagnostics pour l'éclairage des rues, l'isolation des bâtiments, etc.

 

«Les 7 vents du Cotentin» s'est largement inspiré du scénario de l'association Négawatt, symbole du watt qu'on ne consomme pas. Le scénario tendanciel prévoit une consommation électrique de 848 TWh en France en 2050. Avec les négawatts, seuls 430 TWh seraient nécessaires pour combler nos besoins.

 

 http://www.liberation.fr/page.php?Article=375377

 

Le collectif « Sauvons le Climat »

 

« A Cherbourg les antinucléaires ont trahi l’écologie et le climat ! »

 

Les antinucléaires ont fait le choix

des combustibles fossiles plutôt que du nucléaire.

 

Ils ont renoncé à lutter sérieusement contre le réchauffement climatique

tout en amusant la galerie avec des déclarations vertueuses.

 

La prise de position du Parti Socialiste contre l’EPR est une grave erreur

 

 

 La réunion de Cherbourg organisée par les antinucléaires a eu le succès escompté par ses initiateurs. « Sauvons le Climat » ne saurait s’en réjouir car ce succès n’est pas une bonne nouvelle pour ceux dont la  lutte contre le réchauffement climatique est la priorité. Monsieur Lhomme, habile illusionniste, et « Sortir du Nucléaire » ont fait une belle démonstration de propagande à laquelle beaucoup ont été sensibles. Des organisations et partis que l’on croyait sérieux se sont ralliés à la thèse simpliste : TSN, Tout sauf le Nucléaire !  Ils se sont aussi ralliés à l’étude « magique » des « 7 vents du Cotentin » qui mérite donc examen.

 

Une étude des «  7 vents du Cotentin » qui mérite son nom.

 

Dans cette étude on confond un investissement productif, l’EPR,  qui sera non seulement remboursé par l’électricité vendue mais contribuera aux bénéfices de l’entreprise, avec un ensemble de subventions, de dépenses de recherche et de créations de postes qui devrait être financé par l’impôt et ne produira d’effets qu’associé aux investissements des bénéficiaires. En corrigeant les chiffres de l’étude autant qu’il est possible (voir Annexe jointe) nous trouvons effectivement un coût total  de près de deux fois celui de l’EPR pour une électricité économisée ou produite d’un peu plus de la moitié de celle que fournirait l’EPR.

 

En terme d’emplois rappelons que les coûts de tout investissement industriel couvrent essentiellement les frais de main d’œuvre directs et indirects et la rémunération des actionnaires. A part salariale égale, le nombre d’heures travaillées par Euro investi ne dépend que de la qualification des salariés. Bien sûr, si des équipements sont importés comme dans le cas des éoliennes, les emplois sont, au moins partiellement, situés à l’étranger. Il est exact que les emplois associés au programme EPR ne seront pas tous concentrés dans une seule région mais distribués dans toute la France.

 

Les antinucléaires ont fait le choix

des combustibles fossiles plutôt que du nucléaire.

 

Ils ont renoncé à lutter sérieusement contre le réchauffement climatique

tout en amusant la galerie avec des déclarations vertueuses.

 

Pour « Sauvons le Climat », les propositions d’économie d’énergie et de recours aux énergies renouvelables faites dans l’étude des « 7 vents du Cotentin » ne sont certes pas à rejeter a priori et recouperaient nos propres propositions si elles permettaient de diminuer l’usage des  combustibles fossiles. Las, elles ne visent qu’à diminuer la consommation d’électricité pour justifier l’abandon du projet EPR. Elles oublient qu’au rythme actuel, l’augmentation de la consommation d’électricité pendant la période de construction de l’EPR exigera la mise en service d’une puissance égale à 5 fois celle de l’EPR, puissance qui sera essentiellement fournie par des centrales thermiques utilisant du charbon ou du gaz. Elles oublient surtout que nous avons beaucoup plus besoins d’économies de combustibles fossiles – de negatep – que d’économies d’électricité – des negawatt. Au nom du principe TSN les compagnons de route de « Sortir du Nucléaire » se soucient de l’augmentation consécutive des émissions de gaz carbonique comme de colin-tampon. On n’entend guère de protestations de la part des antinucléaires à ce sujet. Certes « Sortir du Nucléaire » est ici  fidèle à sa vocation, mais que dire de GreenPeace, des Verts, de CAP21 qui se font les parangons de la lutte contre le réchauffement climatique ? Notons que les uns et les autres  ne se soucient pas plus des risques liés aux combustibles fossiles en matière de santé publique.

 

La prise de position du Parti Socialiste contre l’EPR est une grave erreur

 

Le Parti Socialiste a déclaré que l’EPR était un projet « dangereux et inutile ». Venant d’un parti qui se veut responsable et appelé à diriger la France, voilà bien une déclaration « dangereuse et démagogique ». En effet il est clair que, pour tous les participants au rassemblement de Cherbourg, l’abandon de l’EPR prélude à l’abandon pur et simple du nucléaire, et c’est d’ailleurs la logique même. Au moment où Allemands, Suédois, Belges, Italiens se posent la question de la soutenabilité de leur choix de sortir du nucléaire, au moment où les Anglais envisagent, malgré leurs ressources gazières et pétrolières, de reprendre la construction de réacteurs, au moment où les Suisses, par referendum populaire, décident de poursuivre le nucléaire, voilà que, sans doute pour récupérer quelques voix antinucléaires, les socialistes français s’engagent avec plus de dix ans de retard dans une voie qui apparaît de plus en plus comme une voie sans issue. « Sauvons le Climat » exhorte le Parti Socialiste à prendre la vraie mesure des risques liés au changement climatique et à mobiliser toute son énergie pour convaincre ses alliés éventuels que là est la priorité absolue en matière d’environnement.

 

Indécence

 

A Cherbourg, les antinucléaires ont célébré le 20ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. S’ils ont eu lieu, les moments de recueillement en souvenir des victimes ont été bien discrets puisque les médias n’en ont pas rendu compte. Là, comme dans de multiples articles de presse ou émissions de radio et de télévision, la surenchère sur le nombre de victimes fait florès. Jusqu’où ira-t-on dans cette compétition macabre ? Quand se lassera-t-on d’instrumentaliser les victimes dans un but purement idéologique ? Quand  cessera-t-on de se réjouir de voir croître le nombre annoncé des victimes pour mieux s’en servir ? Et quand cessera-t-on de diaboliser la radioactivité même à très faible dose, semant la peur et détournant les populations des applications tellement bénéfiques de la radioactivité dans les domaines médicaux et de l’énergie ? « Sauvons le Climat » choisit sans état d’âme le camp de ceux qui soignent et ont soigné les victimes, en particulier les enfants souffrant de cancers de la thyroïde, le camp de ceux qui cherchent à expliquer et répondre aux questions légitimes de nos concitoyens,  plutôt que celui de leurs détracteurs haineux et diffamants.

 

Les combustibles fossiles tuent plus que le nucléaire

 

Si l’on ne saurait minimiser les conséquences sanitaires de Tchernobyl, il est étrange que ceux là même qui en font le plus grand cas, sont étrangement discrets sur celles de l’utilisation des combustibles fossiles. Or on estime (http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/Fossiles/Pollution.htm)que, sur 20 ans (par exemple entre 1970 et 1990), pour la seule région parisienne, les émissions dues aux transports et au chauffage, ont causé environ dix fois plus de décès prématurés par affections pulmonaires, cardio-vasculaires ou cancéreuses que n’a fait  et ne fera Tchernobyl pour le monde entier (notons que, dans les deux cas, l’estimation du nombre de victimes repose sur des modèles dont les prédictions sont à prendre avec prudence).  Envisage-t-on pour autant d’interdire la circulation automobile et le chauffage dans la capitale ? Bien sûr que non. On a choisi, avec sagesse, de diminuer les émissions des véhicules modernes, d’encourager l’usage des transports en commun (nucléaires comme dit EDF…), de rendre plus strictes les normes des systèmes de chauffage ; ainsi la qualité de l’air de Paris s’améliore-t-elle progressivement. Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne les risques routiers. C’est la même démarche raisonnable qu’il y a lieu de tenir après une catastrophe comme celle de Tchernobyl ; cela a été fait par les ingénieurs et techniciens  en ce qui concerne la sûreté des réacteurs. C’est cette démarche prudente et efficace que refusent les organisations antinucléaires.

 

Annexe

Evaluation succincte de l’étude des « 7 Vents du Cotentin »

 

Les subventions et autres incitations accordées aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables sont destinées à les rendre suffisamment compétitives pour que les acteurs industriels ou individuels décident d’investir avec un taux de rentabilité comparable à celui des installations conventionnelles. Pour comparer les voies proposées par « Les 7 vents de la colère » au projet EPR, il faut donc ajouter aux aides les investissements correspondants. C’est ce que nous avons tenté de faire ci-après.

 

Selon le sommaire de l’étude,  qu’on peut trouver sur le site de « Sortir du Nucléaire », on retient

·         un financement de 50 Agences Locales de l’Energie à hauteur de 600 Millions d’Euros sans production  d’électricité ni investissement directs  dans les économies d’énergie. Les actions des ALE visent essentiellement à encourager des investissements par les collectivités locales et dans le résidentiel-tertiaire. Le montant de ces investissements n’est pas mentionné. Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (5,77 TWh/an).

·         Des incitations pour les industriels à améliorer l’efficacité énergétique de leurs moteurs pour 140 Millions. Le montant des investissements des industriels n’est pas mentionné. Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (0,80 TWh/an).

·         624 Millions pour promouvoir l’architecture bio-climatique. Cette somme représenterait la moitié du surcoût d’investissement lié à cette technologie. Il s’ensuit que selon les termes mêmes de l’étude le coût réel du programme serait de 1,3 Milliards d’Euros. L’économie d’électricité est estimée à 0,7 TWh. EPR produirait la même quantité d’électricité pour 0,03 Milliards d’Euros. L’investissement serait rentabilisé au bout de 40 ans.

·         300 Millions d’Euros pour encourager le remplacement du chauffage électrique par des poêles à bois. Cette somme permettrait la mise en place d’un système d’abonnement mais les usagers devront finalement payer l’investissement, non chiffré mais qui devrait doubler la somme ci-dessus. L’économie d’électricité est estimée à 3,5 TWh. Ce  projet est assez raisonnable et devrait, selon « Sauvons le Climat », être plutôt réservé au remplacement des systèmes de chauffage au fioul ou au gaz. Toutefois, il faudrait faire un bilan écologique complet incluant les émissions de polluants (dioxines, oxydes d’azote, poussières), l’utilisation des sols et de la ressource en eau et la  conservation de la biomasse .

·         27 Millions pour permettre des prêts à taux zéros pour des installations de chauffage solaire. Le montant des investissements n’est pas mentionné. Compte tenu des taux d’intérêts actuels on peut toutefois l’estimer à 500 Millions. L’économie est évaluée à 0,47 TWh.   L’investissement pourrait être rentabilisé en 25 ans. Encore une fois, pour « Sauvons le Climat »,un tel programme pourrait être surtout intéressant pour remplacer fioul et gaz.

·         759 Millions d’Euros pour encourager la production de bio gaz en prenant en charge 30% de l’investissement. Le total de l’investissement serait alors de 2,53 Milliards d’Euros, pour une production de 2,96 TWh/an, soit 4 fois moins que l’EPR. Selon SLC la production de biogaz est à encourager pour remplacer le gaz naturel qui va coûter de plus en plus cher et pour diminuer la pollution des nappes phréatiques. Cela n’a que peu de choses à voir avec l’EPR.

·         22 Millions d’Euros pour encourager la production éolienne. Compte tenu des tarifs de rachat et de l’obligation d’achat actuels, l’éolien qui, si le programme de ses promoteurs est réalisé coûtera entre 17 et 25 Milliards d’Euros aux consommateurs d’électricité n’a vraiment pas besoin de ces 22 Millions.

·         Enfin, 309 Millions pour encourager la R et D sur de nouvelles filières sans objectif quantitatif.

 

En résumé un programme se montant réellement à 5,7 Milliards d’Euros pour un total des économies d’énergie et de la production de 7,5 TWh/an, soit un investissement près  de deux fois plus élevé que celui de l’EPR (3 Milliards d’Euros) pour une électricité économisée ou produite d’un peu plus de la moitié de celle fournie par  l’EPR (12 TWh/an).

 

Le collectif "Sauvons le Climat" est constitué des signataires du manifeste « Sauvons le Climat ». Ce collectif est soutenu l'ARCEA (Associations des retraités du CEA), l'AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire), le GR21 (Groupe d'études sur l'énergie et l'environnement au 21ème siècle et la SFP (Société Française de Physique). Il se donne pour ambition de donner une information scientifiquement fondée et aussi objective que possible sur le réchauffement climatique et les questions énergétiques en général et de faciliter les échanges et discussions entre ses membres. Son Président actuel est Michel PETIT, docteur es Sciences, Ingénieur de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications, vice-président du comité de l’environnement de l’Académie des Sciences et vice-président de l’Union Rationaliste.

 

   

 

 

 

quelques brèves en prolongement du n° 20

 

 

 

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Collecte de fonds en Corée pour soutenir le Professeur Hwang

SEOUL, 9 mai 2006 (AFP)

Des bouddhistes offrent plus de 60 millions de dollars au professeur Hwang

 

Trois bouddhistes sud-coréens ont offert plus de 60 millions de dollars pour permettre au "pionnier du clonage" déchu, Hwang Woo-suk, de poursuivre ses travaux, a-t-on appris mardi auprès d'un dignitaire bouddhiste.

 

Les trois bienfaiteurs requérant l'anonymat ont rassemblé 60 milliards de wons (64,5 millions de dollars), la plupart en liquide, pour que le chercheur puisse monter un nouveau laboratoire et reprendre ses recherches, selon Seol Jeong.

 

"Peu importe ce qui lui est arrivé, on ne peut nier le fait que la technologie qu'il a mise au point est quelque chose d'unique au point de vue international", a ajouté le religieux en précisant que le professeur s'était récemment "repenti de son inconduite" auprès de lui.

 

Cette donation survient alors que la justice s'apprête à rendre public le résultat de ses quatre mois d'investigations sur la nature des falsifications scientifiques du professeur Hwang et de présumés détournements de fonds.

 

L'avocat de Hwang Woo-suk, Lee Kun-Haeng, a salué l'offre des religieux tout en indiquant ne pas avoir encore arrêté de décision sur l'opportunité de l'accepter.

 

http://www.la-croix.com/afp.static/pages/060509040109.qu5967h4.htm

 

 

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(Agence Science-Presse) clonage humain, où en est-on ?

 

Dans sa dernière édition, la revue américaine Science recense au moins sept groupes (trois aux Etats-Unis, trois en Europe, un en Chine) qui affirment être sur le point de commencer à "créer des lignées de cellules-souches à partir de cellules d'embryons humains". En d'autres termes: cloner des cellules embryonnaires humaines.

·         À l'Institut des cellules-souches de l'Université Harvard (Massachusetts), un groupe a rassemblé toutes les autorisations nécessaires pour accepter les dons d'ovules, après deux ans de travail. Il lui a fallu pour cela passer par au moins cinq comités d'éthique et conseils de révision, rapporte Science. Les fonds pour cette recherche proviennent du secteur privé, puisque le gouvernement américain interdit l'usage de fonds publics pour ce type de recherches sur les cellules-souches.

·         À l'Université de Californie, la biologiste du développement Renee Reijo-Pera se préparait à envoyer ses étudiants à Séoul pour en apprendre plus sur la technique utilisée par le Dr Hwang. La voilà renvoyée de plusieurs cases en arrière.

·         À New York, le Centre Sloan-Kettering sur le cancer est l'un de ceux qui ont travaillé avec plusieurs lignées de cellules-souches soi-disant créées par l'équipe du Dr Hwang. Pour eux aussi, retour en arrière. Ce Centre et ses deux partenaires (dont l'Université Rockefeller) ont reçu un don de 50 millions$ de la Fondation Starr pour leurs recherches sur les cellules-souches.

·         Les trois groupes européens, eux, sont financés en partie par des fonds publics. L'un d'eux est mené par nul autre que Ian Wilmut, l'homme associé au clonage de la brebis Dolly. Lui et son collègue Christopher Shaw, du Collège King de Londres, ont reçu en février 2005 l'autorisation des autorités britanniques pour poursuivre leurs expériences de clonage de cellules humaines, mais le scandale sud-coréen les a obligés à réviser les données du Dr Hwang, sur lesquelles ils s'appuyaient, ce qui a retardé tout le travail d'au moins un an.

·         Petite longueur d'avance pour une équipe de l'Université de Newcastle: avec la disgrâce jetée sur les travaux du Dr Hwang, cette équipe britannique se retrouve avec l'honneur d'être la seule à avoir publié (en 2005) un article "lu et approuvé" sur du clonage de cellules humaines: le développement pendant quelques jours d'un embryon, mais pas assez longtemps pour qu'on puisse en utiliser des cellules-souches.

·         Enfin, une équipe de l'Académie chinoise des sciences, à Shanghaï, tente d'obtenir l'autorisation d'aller de l'avant avec ses expériences. Le nerf de la guerre, en Chine comme ailleurs, résume Science: l'argent.

 

http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2006/cap0105063.html

 

 

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mise en examen du professeur Hwang Woo-Suk

AP | 12.05.06 | 04:40

SEOUL (AP) -- Le professeur sud-coréen Hwang Woo-Suk, pionnier du clonage tombé en disgrâce pour avoir truqué ses recherches, a été mis en examen vendredi par la justice de son pays.
Hwang Woo-Suk est inculpé de fraudes, détournement de fonds et violation des lois bio-éthiques, a indiqué Lee In kyu, du ministère sud-coréen de la Justice, lors d'une conférence de presse télévisée.
Il a précisé que les autorités avaient décidé de ne pas placer le scientifique en garde-à-vue. Cinq membres de son équipe ont également été mis en examen.

 

 http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060512.FAP6042.html?0246

 

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Heurs et malheurs du clonage humain

Quelques réflexions autour de l’affaire de falsification scientifique en Corée

 

une conférence du mardi 31 janvier 2006 (diffusion des savoirs de l’Ecole Normale Supérieure)

Anne Fagot-Largeault est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Philosophie des sciences biologiques et médicales et médecin spécialiste attaché à l’hôpital Henri Mondor, Créteil.

biographie : http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922472951.htm

quelques cours : http://www.college-de-france.fr/site/phi_sci/p998922461194.htm

 

voir et/ou entendre la conférence : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=656

 

Informateurs : 

Hee-Jin Han (Corée) Maître de conférences associé, Collège de France

Alta Charo (USA) professeur de droit et d’éthique médicale à University of Wisconsin, Madison

Jean-Paul Renard (France) ingénieur agronome, docteur ès dciences et responsable de l'unité de biologie du développement et biotechnologie de l'Inra, membre du Comité National Consultatif d'Ethique pour les Sciences de la Vie et de la Santé de sa création en 1982 jusqu’en 1989

 

Lire les notes de Michel Naud sur cette conférence

et lire l’historique de cette falsification scientifique

http://afis44.free.fr/anais20.htm

 

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Bienvenue à Gattaca

 

Le film de science-fiction auquel le titre de cette brève fait référence commençait par un couple venant choisir son enfant suivant ses critères propres ; le réalisateur du film n’appréciait pas cette perspective, mais il n’empêche que sa description de ce qu’il considérait possible était réaliste.

 

Aujourd’hui, des milliers de couples du monde entier souhaitant choisir le sexe de leur futur enfant viennent aux États-Unis, où le diagnostic génétique préimplantatoire (PGD), au-delà de l’identification préventive des risques de maladies génétiques identifiées (dystrophie musculaire, thalassémie, syndrome de l’X fragile, …etc.),  est utilisé, avec une fiabilité annoncée de 99,99 %, de choisir le sexe de son enfant.

 

Ainsi que le commente le correspondant de l’AFP de Los Angeles :

 

« Une aubaine pour la Canadienne Melissa Vatkin et son mari, qui voulaient donner une petite sœur à leurs trois enfants, deux garçons et une fille. « Ce traitement nous a permis de réaliser notre rêve », explique à l’AFP Mme Vatkin, 36 ans, qui a récemment accouché d’une fille « présélectionnée ». « Il était important pour nous (d’avoir une fille) pour équilibrer notre famille », renchérit son mari Shawn, entrepreneur en Colombie-Britannique (ouest du Canada).
« Équilibrer la famille » est l’argument qui revient le plus souvent parmi les quelque 2 000 couples venus solliciter l’aide du docteur Jeffrey Steinberg, l’un des pionniers de cette méthode. « En général, ces couples ont déjà quatre ou cinq enfants du même sexe et en veulent à tout prix un de l’autre sexe », souligne le directeur de l’Institut Steinberg de fertilité à Los Angeles, où les Vatkin ont fait le voyage à de nombreuses reprises pendant deux ans pour subir le traitement.
D’autres couples arrivent de bien plus loin. Plus de la moitié des couples reçus par le docteur Steinberg viennent de l’étranger : Chine, Singapour, Thaïlande, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne... « tous les pays où c’est interdit par la loi, souligne le médecin. Aux États-Unis, nous protégeons le choix (du sexe du bébé) et nous ne voulons pas que le gouvernement s’en mêle ».

La publicité en ligne de l’institut du Pr. Steinberg

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View the Newsweek Magazine cover story about our Center and the remarkable advances we offer.

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à inscrire dès maintenant sur vos agendas

 

 

 

mardi 10 octobre 2006 à 20h00

amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle

rue Voltaire – Nantes (Loire-Atlantique)

 

conférence suivie d’un débat

 

l’image du monde de Newton à nos jours …

 

conférencier : Arkan Simaan

agrégé de physique, historien des sciences

 

 

entrée libre dans la limite des places disponibles

co-organisation par

      Association Nantes Atlantique pour l’Information Scientifique (ANAIS)

      la fédération de Loire Atlantique de la Libre Pensée

      la section départementale de Loire-Atlantique de l’Union Rationaliste

 

En guise de présentation …

 

« Les citoyens ont certes le droit de rêver, c’est même à mes yeux l’un des attraits majeurs de l’astrophysique que de relancer sans cesse les rêves sur des voies escarpées ; mais ils ont aussi le droit de savoir, et de savoir d’abord où finit le savoir et où commence le rêve. »

 

Evry Schatzman, astrophysicien, académie des sciences, président de l’Union Rationaliste de 1970 à 2001

 

Cette manifestation s’adresse à un public curieux sans pour autant avoir bénéficié d’une formation scientifique approfondie. La présentation réalisée aura pour projet d’être une description, pour des non-scientifiques, du changement intervenu dans la perception de l’Univers depuis Newton, perception qui était, jusqu’alors et pour Newton lui-même, figée sur la Bible et sa fixité.  Ce sont la physique théorique et expérimentale, les théories évolutionnistes des espèces comme des astres et des systèmes stellaires, l’astrophysique et la radioastronomie qui ont fait émerger les représentations actuelles. L’ambition ce cette conférence est une présentation claire de l’évolution des idées, sans faire l’impasse sur celles qui ne sont pas dans la ligne orthodoxe (celles de Fred Hoyle, Jean-Claude Pecker, Jayant Narlikar ou Halton « Chip » Arp par exemple).

 

« Anticipons autant que nous voulons, ou plutôt autant que nous pouvons, dans le système, la théorie, l'hypothèse scientifiques, donnons-nous-en à cœur joie. Mais que nos cons­tructions restent de caractère scientifique! Si elles rassemblent des faits établis pour en faire une synthèse, si elles généralisent des lois démontrées pour en faire un système, que ce soit avec l'ambi­tion légitime de fournir une théorie explicative, fort bien, mais que ce soit aussi, suivant le schéma le plus classique, pour aboutir à la pratique et à l'expérience, par lesquelles la théorie est sommée de fournir la preuve de sa conformité avec le réel. Hors de là, il n'y a que fantaisie, et ce que Langevin appelait dévergondage intellectuel. »

 

Ernest Kahane, biologiste, longtemps secrétaire général avant de devenir président de l’Union Rationaliste de 1968 à 1970

 

Au-delà de ce parcours dans l’histoire des sciences et de celle des idées, nous nous attacherons à faire percevoir la différence entre connaissance scientifique (expérimentale) et représentation du monde (cosmologique). Les sciences invalident des cosmologies. D’autres se forgent. Mais la science est antidogmatique : le réel existe, indépendamment des observateurs et des représentations de ce réel qu’ils développent. Qu’ils soient baptisés « dogmes » ou « paradigmes » les modèles qui n’apportent par la « preuve de la conformité avec le réel » finissent nécessairement à être remis en cause tôt ou tard par la force des preuves expérimentales de leur non adéquation. Comme le dit Jean-Claude Pecker :

 

« C’est dans l’observation des grandes profondeurs du ciel, nécessairement, que l’on trouvera des réponses non dogmatiques, et non influencées par la position - encore jugée « particulière » par certains - de l’Homme dans l’Univers »

 

Jean-Claude Pecker, astrophysicien, collège de France, académie des sciences, président de l’AFIS de 1999 à 2001

 

Présentation rédigée par Michel Naud, coordinateur de l’association Nantes Atlantique pour l’information scientifique

 

  Arkan Simaan
Agrégé de Physique

Historien des sciences

 

Arkan Simaan enseigne la physique dans un lycée de la région parisienne

et anime des stages et des conférences destinés aux professeurs de physique

 

Quelques livres publiés par Arkan Simaan

 

L'image du monde des babyloniens à Newton L'image du monde des babyloniens à Newton (1999)
de Arkan Simaan, Joëlle Fontaine

 

L'image du monde de Newton à Einstein L'image du monde de Newton à Einstein (7 mars 2005)
de Arkan Simaan, préface de Jean-Claude Pecker

 

La Science au péril de sa vie : Les Aventuriers de la mesure du monde La Science au péril de sa vie : Les Aventuriers de la mesure du monde (21 septembre 2001)

« Prix spécial du livre d’astronomie » décerné par le 18ème Festival d’Astronomie Haute Maurienne Vanoise
de Arkan Simaan

 

Vénus devant le soleil : Comprendre et observer un phénomène astronomique Vénus devant le soleil : Comprendre et observer un phénomène astronomique (23 juin 2003)
de Arkan Simaan, Collectif