lundi 8 septembre 2003 à 20h00 - Amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle

 

les fantasmes en biologie :

du clonage aux perspectives d’amélioration génétique

 

conférence par Bertrand JORDAN,

biologiste moléculaire, directeur de recherches émérite au CNRS

 

ENTREE LIBRE DANS LA LIMITE DES PLACES

co-organisation par

      le comité départemental de Loire-Atlantique de l’Association française pour l’information scientifique

      le groupe de Nantes de la Libre Pensée

      la section départementale de Loire-Atlantique de l’Union Rationaliste

 

 

lundi 8 septembre 2003 à 17h30 – deuxième étage de la FNAC

Rencontre avec Bertrand JORDAN, suivie d’une dédicace

 

                                                         

 

En décembre 1984, lorsque le spécialiste le plus reconnu en matière de recherche sur le clonage (Davor SOLTER dans la revue Science) annonçait que « le clonage de mammifères par simple transfert de noyau est biologiquement impossible », cela jetait un froid dans la petit communauté des laboratoires de recherches en génétique et la plupart des recherches étaient réorientées : les firmes qui espéraient des résultats (à visée de thérapeutique humaine ou de maîtrise de la reproduction des animaux d’élevage) coupaient les crédits à des recherches qui se profilaient non rentables, et les chercheurs quittaient des filières dans lesquelles publications et reconnaissance professionnelle ne semblaient plus à attendre.

 

Une poignée d’irréductibles écossais conduits par Ian WILMUT et Keith CAMPBELL continuèrent néanmoins leurs recherches dans la quasi ignorance générale jusqu’à ce qu’au détour de l’évaluation d’une publication pour Nature en mars 1996 Davor SOLTER soit lui-même amené à reconsidérer sa position et à reconnaître que « le clonage de mammifères à partir de cellules adultes sera beaucoup plus difficile mais ne peut plus être considéré comme impossible ». Le 5 juillet 1996 leur laboratoire, le ROSLIN INSTITUTE associé avec PPL THERAPEUTICS, voyait la naissance de la première brebis clonée, DOLLY, naissance annoncée dans Nature en février 1997.

 

Les programmes de recherches retrouvaient leur financement et reprenaient de plus belle ; chacun prenait conscience que désormais le compte à rebours était lancé ; la possibilité technique du clonage reproductif d’un être humain entrait raisonnablement dans le domaine du possible ; d’aucuns se préparaient déjà à sa mise en oeuvre.

 

Dès 1997, la secte RAEL, d’origine française et connue pour son histoire fantasmagorique d’une humanité née il y a 25 000 ans du contact d’une civilisation extraterrestre avec notre planète,  créait la société CLONAID, dirigée par la biochimiste française Brigitte BOISSELIER, « évêque raélienne », dans l’objectif annoncé de réussir le clonage humain reproductif afin de donner à l’humanité, par la technique du clonage, la voie de la vie éternelle … Dans les mêmes temps plusieurs laboratoires de procréation assistée empruntaient eux aussi les mêmes voies en vue de répondre, quant à eux, à des demandes de procréation par des candidats à la parenté.

 

Les réactions ne se faisaient pas attendre ; les religions, au nom du caractère sacré de la vie, engageaient leur lobbying en vue de mettre un terme à toute recherche sur le clonage; leurs arguments se voyaient confortés par ceux qui s’inquiétaient de la possibilité ainsi donnée de renouer avec des fantasmes de construction d’une race d’hommes nouveaux (en faisant référence au nazisme). Pour ces sensibilités, la recherche sur le clonage devenait un « crime contre la personne humaine » si ce n’est un « crime contre l’humanité ».

 

S’inquiétant à la fois des dérives possibles et de la menace que faisaient peser sur la recherche scientifiques les prétentions religieuses, à l’initiative du philosophe Paul KURTZ,  31 personnalités internationales, lauréates de l’académie internationale d’humanisme (dont en France l’académicien des sciences Jean-Claude PECKER, ancien président de notre association, et Madame Simone VEIL, ancienne présidente du parlement européen) en appelaient dès 1997 d’une part à l’établissement de directives en prévention des abus et d’autre part à un rassemblement le plus large pour la liberté et l’intégrité de la recherche scientifique, en particulier en matière de clonage.

 

En 2003, les débats d’ordre éthique se poursuivent alors qu’il n’est plus guère de mois où le clonage d’un nouvel animal n’est annoncé (cet été ce fut le tour successivement du mulet – dont c’est ainsi la seule voie de reproduction puisque cet animal est stérile - puis du cheval). Les annonces de naissances de clones humains se succèdent elles aussi : depuis l’annonce de la  naissance de la petite Eve le 26 décembre 2002 la société raélienne CLONAID revendique désormais cinq naissances alors que le professeur PANAYOTIS ZAVOS, spécialiste en procréation assistée, vient d’annoncer la naissance de son premier petit clone en avril 2003. En réalité aucune de ces naissances de clones humains n’est à ce jour avérée mais chacun sait qu’un jour ou l’autre cela va finir par être vrai.

 

La question du clonage et des améliorations génétiques ne s’arrête évidemment pas aux côtés les plus médiatiques du clonage reproductif animal (par exemple pour retrouver l’animal perdu comme la chatte MISSY) ou humain, et s’interface avec l’actualité des clones génétiquement modifiés (comme la brebis POLLY du laboratoire PPL THERAPEUTICS, qui contient dans son lait le facteur de coagulation sanguin humain FIX dont l’absence entraîne l’hémophilie de type B) ou celle des xénogreffes et bien d’autres encore qui accompagnent le développement de la génétique depuis la découverte de l’ADN en 1953. C’est à un voyage dans l’univers de la génétique moderne, que  Bertrand JORDAN, biologiste moléculaire, directeur de recherches émérite au CNRS, membre du comité scientifique et du comité de parrainage de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), vous invite.

 

 

afis, Science et pseudo-sciences, 14 rue de l'école polytechnique, 75005 PARIS.