les dossiers de l’ afis44
DOSSIER : L’ « ALTER-MEDECINE »
sujet
: l’homéopathie
document : une patamédecine ( Charles
ATTEND )
l’homéopathie ? une patamédecine à ranger
définitivement au rayon des charlatanismes
Charles ATTEND, animateur des sites « charlatans »
et « attrape-nigauds »
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© Charlatans, http://charlatans.free.fr/index.htm
Lors
d'une récente interview du PDG des établissements Boiron
sur M6, à l'occasion d'une émission scientifique remettant en cause
l'efficacité des produits homéopathiques, celui dit déclara, sans aucune scrupule
"on ne sait pas comment, mais l'homéopathie, ça marche". Quel
aveu ! Car au palmarès des pratiques ou "thérapeutiques" que l'on
peut d'ores et déjà qualifier de charlatanesque, voire de "patamédecine", l'homéopathie fait bonne figure et
gagne sans doute ses galons de vainqueur, surtout en ce qui concerne sa
popularité. Il n'est qu'à voir le chiffre d'affaires des laboratoires vendeurs
de ses produits, qui n'ont rien à envier à leurs concurrents, et voient même ce
chiffre augmenter.
Pratiquée sans autre arrière pensée ésotérico-magico-sulfureuse, l'homéopathie se révèle tout
aussi efficace que les placebos habituels qui inondent le marché de la
diététique et de l'esthétisme, ou des
produits attrapes-nigauds, qu'il s'agisse
des pilules miracles pour perdre 15 kg en 3 semaines, paraître 25 ans quand on
en a 55, lutter contre la chute des cheveux ou rendre sa vigueur à un organe
usé par les années et qu'on voudrait revivifier pour le plaisir de Madame.
Cependant les "médecins" qui se déclarent homéopathes font trop
souvent prendre au sujet, victime de leur "auscultation", des risques
trop importants au regard de la confiance que ceux-ci, qui ignorent tout de ce
qui se cache derrière, accordent à cette pratique charlatanesque, sans compter
le coût pour chacun et pour la société.
Les
origines de l'homéopathie
Le fondateur de la doctrine homéopathique
est Samuel Hahnemann (1755-1843), médecin allemand qui constata un jour sur
lui-même les effets de l'écorce de quinquina en ayant absorbé deux fois par
jour 12,6 grammes et ce pendant plusieurs jours, effets semblables à ceux du
paludisme pour lequel le quinquina était prescrit.
Fort de cette constatation il se mit
alors à étudier, à noter sur lui-même et avec l'aide de quelques amis les
effets de toutes sortes de plantes et produits divers tels que arsenic,
belladone, digitale, fève de St-Ignace, noix, etc... en établissant des relations avec des maladies aux
symptômes similaires, comme le quinquina avec le paludisme, tout en prenant
bien soin d'oublier de noter que certains symptômes présents dans la maladie
restent absents lors de la prise de la substance, Hahnemann pourtant lui même
le nota : "on ne ressent pas le frisson particulier de l'accès
pernicieux du paludisme après une prise de quinquina", comment dès
lors considérer cette expérience comme réussie alors que le principal symptôme
de la maladie, la fièvre, a été tout simplement "oublié" ou passé à
la trappe ?
Ceci n'empêchera nullement notre homme
de tirer ses conclusions, ô combien fragiles, qui seront le principe de base de
l'homéopathie à savoir la loi de similitude. Comme son nom l'indique
"les semblables sont guéris par les semblables", et d'établir
un catalogue des affections ou maladies et en face des plantes ou produits
guérisseurs.
Cependant certains produits restent
toxiques comme l'arsenic, l'aconit, la strychnine ou le mercure ce qui rend
leur ingestion impossible, et c'est à ce moment qu'Hahnemann invente le second
principe de sa "science" : le principe de dilution, pour ainsi
éviter tout risque toxique, mais réduit d'autant les effets des produits,
Hahnemann va balayer d'un coup de main d'un seul cet argument en avançant, tout
aussi gratuitement, que la dilution d'un produit, loin de lui ôter tout ses
effets, au contraire, les multiplie alors même que les effets indésirables de
la toxicité, eux, disparaîtraient ! Un grand saut dans la magie...
Le bon sens enseigne bien pourtant que
plus on dilue un produit moins il est efficace. Hahnemann ajoute quelque chose
de plus fort encore : la "dynamisation" des produits,
c'est-à-dire une agitation par fortes secousses du produit dilué qui,
paraît-il, le "dynamise", mettez donc une goutte de whisky
dans une bouteille d'eau, secouez-la fortement et enivrez-vous ! L'alchimie
Hahnemannienne fonctionne-t-elle ? Non ? C'est parce que vous n'avez pas suivi
le rituel bien précis : une seule unité de produit actif doit être diluée à 99
unités de solvant, puis secouez.
Cette première dilution (nommée 1 CH
pour "Centésimale Hahnemannienne") doit à son tour être encore
diluée dans 99 unités de solvant puis encore "dynamisé" et on obtient
une deuxième dilution centésimale (2 CH). Certaines dilutions atteignent ainsi
30 CH. Les principes actifs des solvants utilisés
comme l'alcool, le lactose ou l'amidon, quant à eux n'existent pas, selon
Hahnemann, ou n'interviennent nulle part dans les préparations des petites
pilules.
Arrivé à ce niveau de préparation, la
foi est ici de rigueur pour pouvoir continuer à y adhérer, car qu'est-ce que
l'homéopathie, lorsqu'on connaît son procédé de fabrication, sinon une
profession de foi et de jolis postulats de la part de son créateur ? La magie
remplace dorénavant la science, même si Hahnemann affirme que l'homéopathie
n'est pas une méthode de guérison banale ni à la carte mais que toute
"ordonnance" est particulière et individuelle selon les
individus que le médecin homéopathe consulte, que l'homéopathie ne se prescrit
par pour une maladie, mais pour un individu, en fonction de ses symptômes mais
aussi de sa physiologie, avec tous les présupposés et clichés que cela
sous-entend. Mais alors, pourquoi une si belle profession de foi tombe-t-elle
dans l'oubli lorsqu'il est question de vendre, à tout le monde et donc à
n'importe qui, des produits homéopathiques via la publicité ?
C'est d'autant plus contradictoire
lorsqu'on sait qu'un médicament comme O$cillococcinum,
dont les média nous abreuvent de pub dès que l'hiver pointe le bout de son nez,
est présenté comme LE médicament miracle contre la grippe, fabriqué en fait à
base d'extrait de foie et de coeur de canard de Barbarie dilué (d'où la
consonance "coque" sans doute !) , l'individualisation tant contestée
aux tests en double aveugle, cède alors la place au traitement de masse
anonyme. Préférez donc le foie de canard à la poêle qui sera moins dilué,
meilleur et plus efficace. Ce qui est malheureux c'est que la grippe peut
encore tuer de nos jours et un matraquage médiatique tel que celui des
Laboratoires Boiron, pour l'attrape-couillons qu'est
O$cillococcinum, retarde d'autant une prise en charge
sérieuse de la maladie.
Le plus drôle dans toute cette affaire
c'est que le principe de l'homéopathie (ainsi que les laboratoires producteurs
: Boiron, Dolisos et autres
Lehning) se tirent une balle dans le pied. Car si la
dilution, la "succussion" et la "dynamisation" suffisent à
rendre un produit efficace, il vous suffit d'acheter un seul produit
homéopathique en pharmacie et de le diluer vous-même de la sorte indéfiniment
pour voir votre nouvelle mixture posséder tous les attributs de celle que vous
avez acheté. La multiplication des médicaments en quelque sorte ... et gratuitement
! Pourquoi jeter l'argent par les fenêtres alors que vous pouvez devenir
vous-même producteur ?
Que dire maintenant face à ce docteur
déclarant :"Ce ne sont ni les microbes, ni les virus, ni les bactéries,
ni même le poison virulent au niveau biochimique qui sont la cause des
maladies, mais leur nature intime, leur force vitale, leur essence particulière."
ou encore "la pratique homéopathique est une interrogation constante
sur les liens qui peuvent unir l'homme au cosmos, l'exploration du continu qui
semble exister entre matière et conscience."(Science & Vie
Déc.1984) nous nageons en plein ésotérisme...
Critiques
de l'homéopathie
Passons sur le principe de similitude
même si Hahnemann sait l'arranger quand il faut, et ne retenons que celui de
dilution et de "dynamisation" par secousses, dite
"succussion" dans le langage homéopathe. Le protocole de dilution est
donc de 1CH, c'est-à-dire que le produit actif, médicamenteux, lors d'une
première dilution, représente 1% du produit total, pour 2CH nous avons donc 1
dix millième (1/10.000) de principe actif, 3CH = 1 millionième (1/1.000.000),
etc. jusqu'à 30 CH où le chiffre obtenu a un dénominateur suivi de 60 zéros !
Or, tout chimiste sait parfaitement
(dont aucun homéopathe apparemment) qu'à partir d'une certaine limite, un
produit actif dilué dans un corps est considéré comme absent tout simplement de
par le nombre de ses molécules dans la substance étudiée. Le nombre d'Avogadro,
qui est le nombre de molécules dans une mole de substance pure, est de l'ordre
de 1023. Or un médicament homéopathique en dilution 30CH a une
dilution de l'ordre de 10-60 de la substance d'origine. Il est donc
impossible que le médicament contienne une seule molécule du produit
d'origine. La limite pour qu'une substance puisse avoir quelque effet qui soit
est de l'ordre de 12CH maximum, limite au-delà de laquelle
plus une seule molécule de la substance diluée n'est présente. Les molécules
n'étant pas sécables, nous en arrivons, lors d'une dilution pour un centigramme
d'une substance "active" contenant 1020 molécules (dont la
masse molaire originale serait d'environ 60 grammes), pour 10CH : à 100 flacons
contenant chacun 1 molécule, pour 11CH : à 1 seul flacon ayant une seule
molécule et 99 ne contenant que du vide, et à 15CH : à 10 milliards de flacons
dont 1 seul contiendrait une seule molécule de principe actif et
9.999.999.999 flacons ne contenant que du RIEN ! Ou plutôt si ... du
solvant.
Pour se faire une idée, voici un petit
tableau des équivalences qui permettra de mieux situer les choses en ce qui
concerne les dilutions vendues sur le marché par les laboratoires
homéopathiques et censés vous guérir de vos maux :
Ceci
fut d'ailleurs vérifié lorsqu'un collaborateur de Science & Vie, Pierre Rossion, a devant huissier avalé 10 tubes d'Arsenicum album (de l'arsenic qui tue !) de
4CH à 30CH sans en ressentir aucune gêne alors qu'auparavant des enfants,
jouant avec des tubes homéopathiques trouvés dans une poubelle, en avaient
avalé tout leur contenu sans danger aucun pour leur santé ! Vous me direz
peut-être qu'ici l'expression : "à dose homéopathique" trouve tout
son sens, vous aurez raison.
De nos jours, les partisans de
l'homéopathie tentent de redonner un semblant de crédibilité à leur
charlatanerie en essayant de la faire passer pour un substitut de la
vaccination, via la fameuse loi de similitude, agissant selon eux comme le
vaccin inoculant un produit atténué et immunisant, oubliant que le vaccin est
pratiqué préventivement sur des sujets sains et non malades via la
production d'anticorps pour une réaction immunisante, tout le contraire de la
loi de similitude qui veut que l'on prescrive des produits dilués (ou atténués)
à des personnes souffrants déjà de la maladie. Michel Rouzé en 1984 dans "Science & Vie" expliquait
:
"les vaccins sont administrés préventivement, au sujet sain,
pour déclencher dans son organisme la production d'anticorps qui, en cas
d'agression, neutraliseront la maladie. C'est exactement le contraire de la
fameuse similitude. On n'inocule pas de BCG à un tuberculeux déclaré, mais des
antibiotiques, ni de vaccin antidiphtérique à un diphtérique. Le vaccin
antirabique ne fait pas exception : on l'inocule pour gagner de vitesse le
virus et déclencher la production d'anticorps spécifiques avant que les centres
nerveux soient atteints.
Ou encore
de prétendre que l'homéopathie peut se comparer à une désensibilisation par
administration de produits atténués, alors que la désensibilisation augmente
les doses progressivement jusqu'à la dose toxique qui devrait indisposer le
sujet, en même temps que des doses d'allergène sont administrées pour
déclencher une production d'anticorps, mais jamais à des allergiques en pleine
crise. D'autres enfin, tel James Tyler Kent, homéopathe britannique réputé,
refont la médecine dans son entier en affirmant par exemple que les bactéries ne
sont que le résultat de la maladie et non pas la cause et qu'elles viennent
bien plus tard, la cause de la maladie n'est donc pas la bactérie mais une
"cause inobservable par le microscope" ! CQFD.
La
mémoire de l'eau
Ce chapitre peu glorieux d'un scientifique
voulant se faire sans doute un nom, et pour les Laboratoires concernés se faire
de la monnaie, est à lire au chapitre des sciences et pseudos sciences,
sachant que l'homéopathie vit, dans ces "découvertes et expériences"
(sic) de la mémoire de l'eau une nouvelle jeunesse pour son commerce, peine
perdue pour elle malheureusement, mais le ridicule ne tue pas : il rapporte.
Les
expériences
Les médicaments habituellement mis sur
le marché sont avant tout testés en double aveugle, c'est-à-dire que 2 groupes
test sont formés, un groupe auquel on administre les médicaments à l'essai et
l'autre qui ne prend que des substances placebo,
tout cela dans une parfaite ignorance pour les cobayes. Ce test auquel se
"soumettent" tous les médicaments permet de vérifier leur efficacité
ou non, et de déterminer la part de l'effet placebo.
L'homéopathie quant à elle ne s'est jamais prêtée à une telle expérimentation
dans le strict respect du protocole, et lorsque cela fut tenté avec des pollens
30CH (rapportée par The Lancet
en 1986), l'Opium 15CH ou Raphanus 5CH, soit le
protocole ne fut pas respecté (avec le pollen) soit les résultats faisaient
apparaître une totale inefficacité de l'homéopathie sur des signes cliniques
réels. En fait, son "efficacité" se révèle être égale à celle de
l'effet placebo (environ dans 30% des cas).
Le seul cas de test à grande échelle fut
celui réalisé en Allemagne sous le 3°reich. Fritz Donner, homéopathe, en sera
le coordinateur. Les résultats, catastrophiques pour l'homéopathie, furent
étouffés, ils sont ressortis en 1969 en français dans une revue sans avoir
jamais été publiés en Allemagne, il s'agit de deux lettres écrites par Donner,
"échec total" sont les propos de Donner lui-même. La tentative de
légitimation par des résultats soi-disant obtenus avec des enfants, qui ne
seraient pas sensibles à l'effet placebo (ce qui reste à vérifier), n'ont jamais été prouvés par des tests cliniques rigoureux.
D'autres résultats d'essais réalisés à l'hôpital Rothschild et à l'Institut
Pasteur à la demande du magazine "Science & Vie" sur Apis Mellifica, médicament homéopathique anti-allergique
(prétendu comme tel) ont montré sa totale inefficacité, travaux publiés en 1985
dans le Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine (Dr. Murrieta,
Leynadier et Dry), idem pour Histaminum.
Les quelques études considérées comme
"positives" par les partisans de l'homéopathie furent publiées dans
des revues n'étant que très peu, voire pas du tout, reconnues par la communauté
scientifique et très peu accessibles. Cependant quelques revues ont pris le
taureau par les cornes et ont publié des études rassemblées ici ou là. En 1990
la Review of Epidemiology
analysa 40 essais différents tirés au hasard, qui avaient comparé l'homéopathie
à un autre traitement ou à des produits placebo. Les auteurs conclurent que
trois d'entre elles contenaient d'importants biais protocolaires et que
seulement un parmi ces trois rapportait un résultat positif. La conclusion
logique des auteurs fut qu'il n'existe aucune preuve réelle que les traitements
homéopathiques aient plus de valeur que celle de n'importe quel placebo.
En 1995, la revue Prescrire
International reconnut de la même manière "qu'il n'existait aucune
preuve que l'homéopathie soit plus ou moins efficace qu'une thérapie placebo
donnée dans des conditions identiques."
Même lorsque en 1996 L'Homoeopathic Medicine Research Group (Groupe de Recherche en Médecine
Homéopathique) tenta d'examiner 184 comptes-rendus publiés, ou non, de tests de
traitements homéopathiques, les membres du jury n'en gardèrent que 17
considérés comme fiables (moins de 10%), au sein de ces 17 tests certains
rapportaient que l'approche homéopathique eut un plus grand effet que le
placebo, mais que le nombre de participants dans ces 17 essais était tout de
même trop peu important pour pouvoir conclure définitivement en faveur de
l'efficacité de l'homéopathie (voir plus loin).
En décembre 1993, le Parlement européen
a demandé à la Commission Européenne d'explorer les conditions à respecter pour
une évaluation scientifique de l'homéopathie, un groupe d'experts fut créé à
cet effet, l'Homoeopathic Medecine Research Group,
constitué de médecins homéopathes, pharmacologues cliniciens, méthodologistes en recherche clinique, biostatisticiens et
épidémiologistes. Ce groupe s'est réuni d'octobre 1994 à août 1996 et a rédigé
un rapport répondant positivement à la question "la médecine homéopathique
est-elle un sujet de recherche ?" par la méthode en double aveugle mais
avec des variantes "propres à l'homéopathie". Comme le rapporte le
mensuel La Recherche, ce rapport fit en fait "beaucoup de bruit pour
rien" :
La
Recherche : Que s'est-il passé depuis le travail des experts européens en 1996
?
Jacques Dangoumau (prof. de pharmacologie à Bordeaux II) : A vrai
dire, rien de très significatif. Certes les deux méta
analyses mentionnées dans le rapport européen ont été abondamment commentées.
Mais le fait qu'elles ne permettent pas de conclure dans un sens ou dans
l'autre a suscité diverses interprétations : problèmes techniques dus aux méta
analyses elles-mêmes, hétérogénéité des essais ou difficulté de leur sélection.
En 1999 la revue "Prescrire" a procédé à une actualisation du suivi des
essais en homéopathie contre placebo. Sa conclusion ne surprend guère : "A
l'heure actuelle, quelle que soit l'indication considérée et quel que soit le
remède homéopathique testé, les quelques essais rigoureux publiés n'ont pas
permis de reconnaître une efficacité préventive ou curative à un remède
homéopathique."
- De nouveaux essais
cliniques ont-ils été réalisés ?
- Quelques-uns ont été
publiés. Certains se placent dans une perspective de traitement homéopathique
avec choix du médicament selon le patient. Malgré ces progrès méthodologiques,
la qualité des essais en homéopathie reste inférieure à celle des essais en
allopathie. La tendance générale semble être que les essais donnent d'autant
plus de résultats négatifs qu'ils sont meilleurs méthodologiquement.
- Le rapport du groupe
d'études européen a-t-il eu des retombées ?
- Non,
il a engendré très peu d'échos.(sic!) Tout se passe
comme si les autorités et la communauté scientifique s'arrangeaient volontiers
des incertitudes régnantes, laissant ainsi place libre aux deux opinions
extrêmes rencontrées : celle qui s'insurge contre une pratique dont
l'efficacité n'est pas scientifiquement démontrée, celle qui privilégie son
utilité dans la prise en charge quotidienne des malades fut-ce au prix d'un discours
irrationnel. Science ou magie ? Sur le plan clinique je reste persuadé qu'il
est possible de lever le voile, mais le veut-on vraiment ?"
(La Recherche
juillet 2002 p.106)
Plus récemment c'est une étude,
rapportée par le Journal of the Royal Society of Medecine (2003), qui a encore un peu plus enfoncé
l'homéopathie. Cette étude, conduite par le Professeur Ernst, portait sur l'Arnica,
64 patients devant subir une opération du canal carpien ont été traités en
double aveugle pendant deux semaines. A 9 et à 14 jours après l'opération, les
résultats n'ont montré "aucune différence significative" entre
les groupes traités à l'Arnica et ceux soignés par placebo.
Les arguments soulevés par les
homéopathes concernant l'impossibilité de se soumettre à des protocoles
expérimentaux classiques du fait de l'individualisation du traitement relèvent
davantage d'une stratégie de défense que d'une réalité scientifique. Si tous
les protocoles proposés sont refusés par les homéopathes, ce refus est la
preuve a contrario de la véritable inefficacité des traitements et de la
conviction intime des laboratoires producteurs, comme de leurs zélateurs, du
danger qu'il y aurait à se soumettre à une expérimentation réellement indépendante.
Maintenant voyons ce qu'un
ouvrage homéopathe populaire comme l'est le "Guide familial de
l'homéopathie" du Dr A. Horvilleur nous
donne comme explications à la rubrique "Théorie homéopathique" :
"La
loi de similitude est une loi universelle de la nature"
On se demande bien quelle
révélation a bien pu tomber du ciel et d'où nous vient cette nouvelle "loi
universelle" ? Mais le plus drôle reste à venir.
" (...) Une
substance prescrite à fort dose selon la loi de similitude peut éventuellement
aggraver le cas. C'est pourquoi Hahnemann fut amené progressivement à réduire
la quantité de médicament qu'il donnait. Il s'aperçut que des doses
infinitésimales étaient suffisantes et que, bien mieux, elles étaient plus
actives que les doses pondérable. Cette conception
heurte souvent les esprits. On se demande comment des dilutions extrêmement
exiguës peuvent agir. Certains prétendent qu'il n'y a plus rien dans le
médicament homéopathique. C'est oublier que l'infinitésimal n'agit que dans la
mesure où le médicament a été correctement choisi selon la loi de similitude.
L'infinitésimal est un corollaire de la loi de similitude."
Une nouvelle loi ajoutée au
compte de la nature que cette efficacité de "l'infinitésimal choisi
selon la loi de similitude". Mais la preuve de la foutaise
homéopathique transpire dans les lignes suivantes où, après avoir expliqué le
processus de dilution et ses médicaments à 30CH, il conclut :
"Le vertige de
l'esprit n'y fera rien : l'homéopathie est active malgré le franchissement de
cette barrière théorique (des 30CH par rapport au nombre de molécules dans un produit
actif. NdR) On doit s'incliner devant les faits,
même si l'on ne saisit pas exactement ce qui se passe. La pratique (la
constatation de milliers de guérisons) a sûrement raison de la théorie, ou
plutôt est en avance sur elle. Un jour la science nous dira comment
l'homéopathie agit et élargira nos connaissances dans le domaine de
l'infinitésimal"
Ce passage est d'une mauvaise
foi étonnante d'abord par la présentation d'un fait qui n'en est pas
véritablement un (les milliers de guérisons qui ne sont que la conséquence d'un
effet placebo démontré), et sur le fait que la théorie aurait de l'avance sur
la pratique alors que c'est le contraire : la théorie ayant été pondue par
Hahnemann avant la pratique, et enfin la science n'a toujours pas prouvé
l'illusion homéopathique mais au contraire en a montré sa totale vacuité.
Lisons ce qu'il est dit au
chapitre "recherche" de ce même ouvrage :
"Il y a
actuellement une activité scientifique importante en homéopathie afin d'asseoir
la doctrine sur des bases solides."
Qui déboucha sur la
révélation du mensonge de la mémoire de l'eau rappelons-le.
"On ne connaît pas
encore avec certitude le devenir du médicament homéopathique dans l'organisme.
En revanche, les expériences montrent l'activité réelle de la dose
infinitésimale, le pouvoir protecteur de certains médicaments contre les
maladies expérimentales."
Contrairement à ce qui est
écrit, le devenir dans l'organisme du médicament est tout à fait connu
puisqu'il n'y en a pas, et les expériences montrant le pouvoir magique dont
nous parle l'auteur de l'encyclopédie n'ont jamais aboutit, comme nous l'avons
vu plus haut.
En
guise de conclusion, nous pouvons affirmer que plusieurs axiomes ne font la
réalité, ce qui serait trop facile, même s'ils sont reconnus comme vrais par la
communauté homéopathe. Nous pourrions en rire si cette arnaque généralisée,
mais surtout bien française, se développant grâce à la rentabilité du
métier de médecin homéopathe par rapport à celui de généraliste, aidée par la
pression publicitaire et les petits cadeaux des laboratoires homéopathiques aux
pharmaciens, soutenue au regard de la part qu'elle représente dans les
exportations nationales, ne coûtait rien à la société ni à ceux ignorants tout
des procédés sous-jacents à l'homéopathie ou la part de magie ou de surnaturel
sur lesquels elle repose, perte aussi bien financière que médicale. Etant
entendu que les bénéfices ne doivent pas être difficiles à réaliser (266
millions d'euros de chiffre d'affaires en 2001 pour Boiron
et 121 millions pour Dolisos), vendre du vent contre
monnaie sonnante et trébuchante est toujours très rentable.
A ranger définitivement au
rayon des Charlatanismes !
A lire :
- Les charlatans de la santé,
Jean-Marie ABGRALL, Documents Payot.
- L'Homéopathie,
Jean Jacques AULAS.
- Les médecines douces, Jean-Jacques
AULAS, Broché.
A visiter :
- La pensée magique dans les médecines parallèles.
- Homéopathie et obscurantisme.
- Pseudo-médecines : l'homéopathie.
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