les dossiers de l’      afis44

 

DOSSIER : L’ « ALTER-MEDECINE »

 

sujet          : l’homéopathie

document : une patamédecine ( Charles ATTEND )

l’homéopathie ? une patamédecine à ranger

définitivement au rayon des charlatanismes

Charles ATTEND, animateur des sites « charlatans » et « attrape-nigauds »

 

Cet article est un article © de la documentation du site des « charlatans ». Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans autorisation de leur part. Grâce à leur aimable encouragement en page d’accueil cet article a été reproduit afin de rendre son format de présentation compatible avec le reste de notre site. Vous pouvez bien sûr aller consulter la version originale.

 

 

 

© Charlatans, http://charlatans.free.fr/index.htm

 

Lors d'une récente interview du PDG des établissements Boiron sur M6, à l'occasion d'une émission scientifique remettant en cause l'efficacité des produits homéopathiques, celui dit déclara, sans aucune scrupule "on ne sait pas comment, mais l'homéopathie, ça marche". Quel aveu ! Car au palmarès des pratiques ou "thérapeutiques" que l'on peut d'ores et déjà qualifier de charlatanesque, voire de "patamédecine", l'homéopathie fait bonne figure et gagne sans doute ses galons de vainqueur, surtout en ce qui concerne sa popularité. Il n'est qu'à voir le chiffre d'affaires des laboratoires vendeurs de ses produits, qui n'ont rien à envier à leurs concurrents, et voient même ce chiffre augmenter.

Pratiquée sans autre arrière pensée ésotérico-magico-sulfureuse, l'homéopathie se révèle tout aussi efficace que les placebos habituels qui inondent le marché de la diététique et de l'esthétisme, ou des produits attrapes-nigauds, qu'il s'agisse des pilules miracles pour perdre 15 kg en 3 semaines, paraître 25 ans quand on en a 55, lutter contre la chute des cheveux ou rendre sa vigueur à un organe usé par les années et qu'on voudrait revivifier pour le plaisir de Madame. Cependant les "médecins" qui se déclarent homéopathes font trop souvent prendre au sujet, victime de leur "auscultation", des risques trop importants au regard de la confiance que ceux-ci, qui ignorent tout de ce qui se cache derrière, accordent à cette pratique charlatanesque, sans compter le coût pour chacun et pour la société.


Les origines de l'homéopathie

Le fondateur de la doctrine homéopathique est Samuel Hahnemann (1755-1843), médecin allemand qui constata un jour sur lui-même les effets de l'écorce de quinquina en ayant absorbé deux fois par jour 12,6 grammes et ce pendant plusieurs jours, effets semblables à ceux du paludisme pour lequel le quinquina était prescrit.

Fort de cette constatation il se mit alors à étudier, à noter sur lui-même et avec l'aide de quelques amis les effets de toutes sortes de plantes et produits divers tels que arsenic, belladone, digitale, fève de St-Ignace, noix, etc... en établissant des relations avec des maladies aux symptômes similaires, comme le quinquina avec le paludisme, tout en prenant bien soin d'oublier de noter que certains symptômes présents dans la maladie restent absents lors de la prise de la substance, Hahnemann pourtant lui même le nota : "on ne ressent pas le frisson particulier de l'accès pernicieux du paludisme après une prise de quinquina", comment dès lors considérer cette expérience comme réussie alors que le principal symptôme de la maladie, la fièvre, a été tout simplement "oublié" ou passé à la trappe ?

Ceci n'empêchera nullement notre homme de tirer ses conclusions, ô combien fragiles, qui seront le principe de base de l'homéopathie à savoir la loi de similitude. Comme son nom l'indique "les semblables sont guéris par les semblables", et d'établir un catalogue des affections ou maladies et en face des plantes ou produits guérisseurs.

Cependant certains produits restent toxiques comme l'arsenic, l'aconit, la strychnine ou le mercure ce qui rend leur ingestion impossible, et c'est à ce moment qu'Hahnemann invente le second principe de sa "science" : le principe de dilution, pour ainsi éviter tout risque toxique, mais réduit d'autant les effets des produits, Hahnemann va balayer d'un coup de main d'un seul cet argument en avançant, tout aussi gratuitement, que la dilution d'un produit, loin de lui ôter tout ses effets, au contraire, les multiplie alors même que les effets indésirables de la toxicité, eux, disparaîtraient ! Un grand saut dans la magie...

Le bon sens enseigne bien pourtant que plus on dilue un produit moins il est efficace. Hahnemann ajoute quelque chose de plus fort encore : la "dynamisation" des produits, c'est-à-dire une agitation par fortes secousses du produit dilué qui, paraît-il, le "dynamise", mettez donc une goutte de whisky dans une bouteille d'eau, secouez-la fortement et enivrez-vous ! L'alchimie Hahnemannienne fonctionne-t-elle ? Non ? C'est parce que vous n'avez pas suivi le rituel bien précis : une seule unité de produit actif doit être diluée à 99 unités de solvant, puis secouez.

Cette première dilution (nommée 1 CH pour "Centésimale Hahnemannienne") doit à son tour être encore diluée dans 99 unités de solvant puis encore "dynamisé" et on obtient une deuxième dilution centésimale (2 CH). Certaines dilutions atteignent ainsi 30 CH. Les principes actifs des solvants utilisés comme l'alcool, le lactose ou l'amidon, quant à eux n'existent pas, selon Hahnemann, ou n'interviennent nulle part dans les préparations des petites pilules.

Arrivé à ce niveau de préparation, la foi est ici de rigueur pour pouvoir continuer à y adhérer, car qu'est-ce que l'homéopathie, lorsqu'on connaît son procédé de fabrication, sinon une profession de foi et de jolis postulats de la part de son créateur ? La magie remplace dorénavant la science, même si Hahnemann affirme que l'homéopathie n'est pas une méthode de guérison banale ni à la carte mais que toute "ordonnance" est particulière et individuelle selon les individus que le médecin homéopathe consulte, que l'homéopathie ne se prescrit par pour une maladie, mais pour un individu, en fonction de ses symptômes mais aussi de sa physiologie, avec tous les présupposés et clichés que cela sous-entend. Mais alors, pourquoi une si belle profession de foi tombe-t-elle dans l'oubli lorsqu'il est question de vendre, à tout le monde et donc à n'importe qui, des produits homéopathiques via la publicité ?

C'est d'autant plus contradictoire lorsqu'on sait qu'un médicament comme O$cillococcinum, dont les média nous abreuvent de pub dès que l'hiver pointe le bout de son nez, est présenté comme LE médicament miracle contre la grippe, fabriqué en fait à base d'extrait de foie et de coeur de canard de Barbarie dilué (d'où la consonance "coque" sans doute !) , l'individualisation tant contestée aux tests en double aveugle, cède alors la place au traitement de masse anonyme. Préférez donc le foie de canard à la poêle qui sera moins dilué, meilleur et plus efficace. Ce qui est malheureux c'est que la grippe peut encore tuer de nos jours et un matraquage médiatique tel que celui des Laboratoires Boiron, pour l'attrape-couillons qu'est O$cillococcinum, retarde d'autant une prise en charge sérieuse de la maladie.

Le plus drôle dans toute cette affaire c'est que le principe de l'homéopathie (ainsi que les laboratoires producteurs : Boiron, Dolisos et autres Lehning) se tirent une balle dans le pied. Car si la dilution, la "succussion" et la "dynamisation" suffisent à rendre un produit efficace, il vous suffit d'acheter un seul produit homéopathique en pharmacie et de le diluer vous-même de la sorte indéfiniment pour voir votre nouvelle mixture posséder tous les attributs de celle que vous avez acheté. La multiplication des médicaments en quelque sorte ... et gratuitement ! Pourquoi jeter l'argent par les fenêtres alors que vous pouvez devenir vous-même producteur ?

Que dire maintenant face à ce docteur déclarant :"Ce ne sont ni les microbes, ni les virus, ni les bactéries, ni même le poison virulent au niveau biochimique qui sont la cause des maladies, mais leur nature intime, leur force vitale, leur essence particulière." ou encore "la pratique homéopathique est une interrogation constante sur les liens qui peuvent unir l'homme au cosmos, l'exploration du continu qui semble exister entre matière et conscience."(Science & Vie Déc.1984) nous nageons en plein ésotérisme...


Critiques de l'homéopathie

Passons sur le principe de similitude même si Hahnemann sait l'arranger quand il faut, et ne retenons que celui de dilution et de "dynamisation" par secousses, dite "succussion" dans le langage homéopathe. Le protocole de dilution est donc de 1CH, c'est-à-dire que le produit actif, médicamenteux, lors d'une première dilution, représente 1% du produit total, pour 2CH nous avons donc 1 dix millième (1/10.000) de principe actif, 3CH = 1 millionième (1/1.000.000), etc. jusqu'à 30 CH où le chiffre obtenu a un dénominateur suivi de 60 zéros !

Or, tout chimiste sait parfaitement (dont aucun homéopathe apparemment) qu'à partir d'une certaine limite, un produit actif dilué dans un corps est considéré comme absent tout simplement de par le nombre de ses molécules dans la substance étudiée. Le nombre d'Avogadro, qui est le nombre de molécules dans une mole de substance pure, est de l'ordre de 1023. Or un médicament homéopathique en dilution 30CH a une dilution de l'ordre de 10-60 de la substance d'origine. Il est donc impossible que le médicament contienne une seule molécule du produit d'origine. La limite pour qu'une substance puisse avoir quelque effet qui soit est de l'ordre de 12CH maximum, limite au-delà de laquelle plus une seule molécule de la substance diluée n'est présente. Les molécules n'étant pas sécables, nous en arrivons, lors d'une dilution pour un centigramme d'une substance "active" contenant 1020 molécules (dont la masse molaire originale serait d'environ 60 grammes), pour 10CH : à 100 flacons contenant chacun 1 molécule, pour 11CH : à 1 seul flacon ayant une seule molécule et 99 ne contenant que du vide, et à 15CH : à 10 milliards de flacons dont 1 seul contiendrait une seule molécule de principe actif et 9.999.999.999 flacons ne contenant que du RIEN ! Ou plutôt si ... du solvant.

Pour se faire une idée, voici un petit tableau des équivalences qui permettra de mieux situer les choses en ce qui concerne les dilutions vendues sur le marché par les laboratoires homéopathiques et censés vous guérir de vos maux :

Ceci fut d'ailleurs vérifié lorsqu'un collaborateur de Science & Vie, Pierre Rossion, a devant huissier avalé 10 tubes d'Arsenicum album (de l'arsenic qui tue !) de 4CH à 30CH sans en ressentir aucune gêne alors qu'auparavant des enfants, jouant avec des tubes homéopathiques trouvés dans une poubelle, en avaient avalé tout leur contenu sans danger aucun pour leur santé ! Vous me direz peut-être qu'ici l'expression : "à dose homéopathique" trouve tout son sens, vous aurez raison.

De nos jours, les partisans de l'homéopathie tentent de redonner un semblant de crédibilité à leur charlatanerie en essayant de la faire passer pour un substitut de la vaccination, via la fameuse loi de similitude, agissant selon eux comme le vaccin inoculant un produit atténué et immunisant, oubliant que le vaccin est pratiqué préventivement sur des sujets sains et non malades via la production d'anticorps pour une réaction immunisante, tout le contraire de la loi de similitude qui veut que l'on prescrive des produits dilués (ou atténués) à des personnes souffrants déjà de la maladie. Michel Rouzé en 1984 dans "Science & Vie" expliquait :

"les vaccins sont administrés préventivement, au sujet sain, pour déclencher dans son organisme la production d'anticorps qui, en cas d'agression, neutraliseront la maladie. C'est exactement le contraire de la fameuse similitude. On n'inocule pas de BCG à un tuberculeux déclaré, mais des antibiotiques, ni de vaccin antidiphtérique à un diphtérique. Le vaccin antirabique ne fait pas exception : on l'inocule pour gagner de vitesse le virus et déclencher la production d'anticorps spécifiques avant que les centres nerveux soient atteints.

Ou encore de prétendre que l'homéopathie peut se comparer à une désensibilisation par administration de produits atténués, alors que la désensibilisation augmente les doses progressivement jusqu'à la dose toxique qui devrait indisposer le sujet, en même temps que des doses d'allergène sont administrées pour déclencher une production d'anticorps, mais jamais à des allergiques en pleine crise. D'autres enfin, tel James Tyler Kent, homéopathe britannique réputé, refont la médecine dans son entier en affirmant par exemple que les bactéries ne sont que le résultat de la maladie et non pas la cause et qu'elles viennent bien plus tard, la cause de la maladie n'est donc pas la bactérie mais une "cause inobservable par le microscope" ! CQFD.


La mémoire de l'eau

Ce chapitre peu glorieux d'un scientifique voulant se faire sans doute un nom, et pour les Laboratoires concernés se faire de la monnaie, est à lire au chapitre des sciences et pseudos sciences, sachant que l'homéopathie vit, dans ces "découvertes et expériences" (sic) de la mémoire de l'eau une nouvelle jeunesse pour son commerce, peine perdue pour elle malheureusement, mais le ridicule ne tue pas : il rapporte.


Les expériences

Les médicaments habituellement mis sur le marché sont avant tout testés en double aveugle, c'est-à-dire que 2 groupes test sont formés, un groupe auquel on administre les médicaments à l'essai et l'autre qui ne prend que des substances placebo, tout cela dans une parfaite ignorance pour les cobayes. Ce test auquel se "soumettent" tous les médicaments permet de vérifier leur efficacité ou non, et de déterminer la part de l'effet placebo. L'homéopathie quant à elle ne s'est jamais prêtée à une telle expérimentation dans le strict respect du protocole, et lorsque cela fut tenté avec des pollens 30CH (rapportée par The Lancet en 1986), l'Opium 15CH ou Raphanus 5CH, soit le protocole ne fut pas respecté (avec le pollen) soit les résultats faisaient apparaître une totale inefficacité de l'homéopathie sur des signes cliniques réels. En fait, son "efficacité" se révèle être égale à celle de l'effet placebo (environ dans 30% des cas).

Le seul cas de test à grande échelle fut celui réalisé en Allemagne sous le 3°reich. Fritz Donner, homéopathe, en sera le coordinateur. Les résultats, catastrophiques pour l'homéopathie, furent étouffés, ils sont ressortis en 1969 en français dans une revue sans avoir jamais été publiés en Allemagne, il s'agit de deux lettres écrites par Donner, "échec total" sont les propos de Donner lui-même. La tentative de légitimation par des résultats soi-disant obtenus avec des enfants, qui ne seraient pas sensibles à l'effet placebo (ce qui reste à vérifier), n'ont jamais été prouvés par des tests cliniques rigoureux. D'autres résultats d'essais réalisés à l'hôpital Rothschild et à l'Institut Pasteur à la demande du magazine "Science & Vie" sur Apis Mellifica, médicament homéopathique anti-allergique (prétendu comme tel) ont montré sa totale inefficacité, travaux publiés en 1985 dans le Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine (Dr. Murrieta, Leynadier et Dry), idem pour Histaminum.

Les quelques études considérées comme "positives" par les partisans de l'homéopathie furent publiées dans des revues n'étant que très peu, voire pas du tout, reconnues par la communauté scientifique et très peu accessibles. Cependant quelques revues ont pris le taureau par les cornes et ont publié des études rassemblées ici ou là. En 1990 la Review of Epidemiology analysa 40 essais différents tirés au hasard, qui avaient comparé l'homéopathie à un autre traitement ou à des produits placebo. Les auteurs conclurent que trois d'entre elles contenaient d'importants biais protocolaires et que seulement un parmi ces trois rapportait un résultat positif. La conclusion logique des auteurs fut qu'il n'existe aucune preuve réelle que les traitements homéopathiques aient plus de valeur que celle de n'importe quel placebo.

En 1995, la revue Prescrire International reconnut de la même manière "qu'il n'existait aucune preuve que l'homéopathie soit plus ou moins efficace qu'une thérapie placebo donnée dans des conditions identiques."

Même lorsque en 1996 L'Homoeopathic Medicine Research Group (Groupe de Recherche en Médecine Homéopathique) tenta d'examiner 184 comptes-rendus publiés, ou non, de tests de traitements homéopathiques, les membres du jury n'en gardèrent que 17 considérés comme fiables (moins de 10%), au sein de ces 17 tests certains rapportaient que l'approche homéopathique eut un plus grand effet que le placebo, mais que le nombre de participants dans ces 17 essais était tout de même trop peu important pour pouvoir conclure définitivement en faveur de l'efficacité de l'homéopathie (voir plus loin).

En décembre 1993, le Parlement européen a demandé à la Commission Européenne d'explorer les conditions à respecter pour une évaluation scientifique de l'homéopathie, un groupe d'experts fut créé à cet effet, l'Homoeopathic Medecine Research Group, constitué de médecins homéopathes, pharmacologues cliniciens, méthodologistes en recherche clinique, biostatisticiens et épidémiologistes. Ce groupe s'est réuni d'octobre 1994 à août 1996 et a rédigé un rapport répondant positivement à la question "la médecine homéopathique est-elle un sujet de recherche ?" par la méthode en double aveugle mais avec des variantes "propres à l'homéopathie". Comme le rapporte le mensuel La Recherche, ce rapport fit en fait "beaucoup de bruit pour rien" :

La Recherche : Que s'est-il passé depuis le travail des experts européens en 1996 ?

Jacques Dangoumau (prof. de pharmacologie à Bordeaux II) : A vrai dire, rien de très significatif. Certes les deux méta analyses mentionnées dans le rapport européen ont été abondamment commentées. Mais le fait qu'elles ne permettent pas de conclure dans un sens ou dans l'autre a suscité diverses interprétations : problèmes techniques dus aux méta analyses elles-mêmes, hétérogénéité des essais ou difficulté de leur sélection. En 1999 la revue "Prescrire" a procédé à une actualisation du suivi des essais en homéopathie contre placebo. Sa conclusion ne surprend guère : "A l'heure actuelle, quelle que soit l'indication considérée et quel que soit le remède homéopathique testé, les quelques essais rigoureux publiés n'ont pas permis de reconnaître une efficacité préventive ou curative à un remède homéopathique."

- De nouveaux essais cliniques ont-ils été réalisés ?

- Quelques-uns ont été publiés. Certains se placent dans une perspective de traitement homéopathique avec choix du médicament selon le patient. Malgré ces progrès méthodologiques, la qualité des essais en homéopathie reste inférieure à celle des essais en allopathie. La tendance générale semble être que les essais donnent d'autant plus de résultats négatifs qu'ils sont meilleurs méthodologiquement.

- Le rapport du groupe d'études européen a-t-il eu des retombées ?

- Non, il a engendré très peu d'échos.(sic!) Tout se passe comme si les autorités et la communauté scientifique s'arrangeaient volontiers des incertitudes régnantes, laissant ainsi place libre aux deux opinions extrêmes rencontrées : celle qui s'insurge contre une pratique dont l'efficacité n'est pas scientifiquement démontrée, celle qui privilégie son utilité dans la prise en charge quotidienne des malades fut-ce au prix d'un discours irrationnel. Science ou magie ? Sur le plan clinique je reste persuadé qu'il est possible de lever le voile, mais le veut-on vraiment ?"
(La Recherche juillet 2002 p.106)

Plus récemment c'est une étude, rapportée par le Journal of the Royal Society of Medecine (2003), qui a encore un peu plus enfoncé l'homéopathie. Cette étude, conduite par le Professeur Ernst, portait sur l'Arnica, 64 patients devant subir une opération du canal carpien ont été traités en double aveugle pendant deux semaines. A 9 et à 14 jours après l'opération, les résultats n'ont montré "aucune différence significative" entre les groupes traités à l'Arnica et ceux soignés par placebo.

Les arguments soulevés par les homéopathes concernant l'impossibilité de se soumettre à des protocoles expérimentaux classiques du fait de l'individualisation du traitement relèvent davantage d'une stratégie de défense que d'une réalité scientifique. Si tous les protocoles proposés sont refusés par les homéopathes, ce refus est la preuve a contrario de la véritable inefficacité des traitements et de la conviction intime des laboratoires producteurs, comme de leurs zélateurs, du danger qu'il y aurait à se soumettre à une expérimentation réellement indépendante.

Maintenant voyons ce qu'un ouvrage homéopathe populaire comme l'est le "Guide familial de l'homéopathie" du Dr A. Horvilleur nous donne comme explications à la rubrique "Théorie homéopathique" :

"La loi de similitude est une loi universelle de la nature"

On se demande bien quelle révélation a bien pu tomber du ciel et d'où nous vient cette nouvelle "loi universelle" ? Mais le plus drôle reste à venir.

" (...) Une substance prescrite à fort dose selon la loi de similitude peut éventuellement aggraver le cas. C'est pourquoi Hahnemann fut amené progressivement à réduire la quantité de médicament qu'il donnait. Il s'aperçut que des doses infinitésimales étaient suffisantes et que, bien mieux, elles étaient plus actives que les doses pondérable. Cette conception heurte souvent les esprits. On se demande comment des dilutions extrêmement exiguës peuvent agir. Certains prétendent qu'il n'y a plus rien dans le médicament homéopathique. C'est oublier que l'infinitésimal n'agit que dans la mesure où le médicament a été correctement choisi selon la loi de similitude. L'infinitésimal est un corollaire de la loi de similitude."

Une nouvelle loi ajoutée au compte de la nature que cette efficacité de "l'infinitésimal choisi selon la loi de similitude". Mais la preuve de la foutaise homéopathique transpire dans les lignes suivantes où, après avoir expliqué le processus de dilution et ses médicaments à 30CH, il conclut :

"Le vertige de l'esprit n'y fera rien : l'homéopathie est active malgré le franchissement de cette barrière théorique (des 30CH par rapport au nombre de molécules dans un produit actif. NdR) On doit s'incliner devant les faits, même si l'on ne saisit pas exactement ce qui se passe. La pratique (la constatation de milliers de guérisons) a sûrement raison de la théorie, ou plutôt est en avance sur elle. Un jour la science nous dira comment l'homéopathie agit et élargira nos connaissances dans le domaine de l'infinitésimal"

Ce passage est d'une mauvaise foi étonnante d'abord par la présentation d'un fait qui n'en est pas véritablement un (les milliers de guérisons qui ne sont que la conséquence d'un effet placebo démontré), et sur le fait que la théorie aurait de l'avance sur la pratique alors que c'est le contraire : la théorie ayant été pondue par Hahnemann avant la pratique, et enfin la science n'a toujours pas prouvé l'illusion homéopathique mais au contraire en a montré sa totale vacuité.

Lisons ce qu'il est dit au chapitre "recherche" de ce même ouvrage :

"Il y a actuellement une activité scientifique importante en homéopathie afin d'asseoir la doctrine sur des bases solides."

Qui déboucha sur la révélation du mensonge de la mémoire de l'eau rappelons-le.

"On ne connaît pas encore avec certitude le devenir du médicament homéopathique dans l'organisme. En revanche, les expériences montrent l'activité réelle de la dose infinitésimale, le pouvoir protecteur de certains médicaments contre les maladies expérimentales."

Contrairement à ce qui est écrit, le devenir dans l'organisme du médicament est tout à fait connu puisqu'il n'y en a pas, et les expériences montrant le pouvoir magique dont nous parle l'auteur de l'encyclopédie n'ont jamais aboutit, comme nous l'avons vu plus haut.

En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que plusieurs axiomes ne font la réalité, ce qui serait trop facile, même s'ils sont reconnus comme vrais par la communauté homéopathe. Nous pourrions en rire si cette arnaque généralisée, mais surtout bien française, se développant grâce à la rentabilité du métier de médecin homéopathe par rapport à celui de généraliste, aidée par la pression publicitaire et les petits cadeaux des laboratoires homéopathiques aux pharmaciens, soutenue au regard de la part qu'elle représente dans les exportations nationales, ne coûtait rien à la société ni à ceux ignorants tout des procédés sous-jacents à l'homéopathie ou la part de magie ou de surnaturel sur lesquels elle repose, perte aussi bien financière que médicale. Etant entendu que les bénéfices ne doivent pas être difficiles à réaliser (266 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2001 pour Boiron et 121 millions pour Dolisos), vendre du vent contre monnaie sonnante et trébuchante est toujours très rentable.

A ranger définitivement au rayon des Charlatanismes !


A lire :
- Les charlatans de la santé, Jean-Marie ABGRALL, Documents Payot.
- L'Homéopathie, Jean Jacques AULAS.
- Les médecines douces, Jean-Jacques AULAS, Broché.

A visiter :
- La pensée magique dans les médecines parallèles.
- Homéopathie et obscurantisme.
- Pseudo-médecines : l'homéopathie.

 

Cet article est un article © de la documentation du site des « charlatans ». Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans autorisation de la part de ce site. Grâce à leur aimable encouragement en page d’accueil cet article a été reproduit afin de rendre son format de présentation compatible avec le reste de notre site. Vous pouvez bien sûr aller consulter la version originale sur leur site.

 

 

 

© Charlatans, http://charlatans.free.fr/index.htm

 

 afis, Science et pseudo-sciences, 14 rue de l'école polytechnique, 75005 PARIS.