L’innovation et la recherche. Se déclarant en accord avec Claude Allègre, le philosophe Luc Ferry déclarait au début de sa conférence que c’est par plus de science et non pas par moins de science qu’on résoudrait les problèmes du monde. Or la situation ne porte pas à l’optimisme : en quinze ans, en France, nous avons perdu 45 % d’étudiants dans les vraies sciences, dans les sciences dures : en physique, en biologie, en chimie ; un peu moins en mathématiques (25 %) ; même chose en Allemagne, même chose au Canada.

 

Luc Ferry met en avant deux raisons contribuant à cette situation.

 

La première c’est que la science est bien davantage associée dans l’esprit des jeunes générations à la notion de risque qu’à la notion de progrès.

 

S’appuyant sur l’exemple du tremblement de terre de Lisbonne (le 1er novembre 1755 de Lisbonne, faisant des dizaines de milliers de victimes), Luc Ferry évoque la période d’optimisme scientifique qui fut celle du dix-huitième siècle, le siècle des encyclopédistes et des Lumières qui luttaient contre l’obscurantisme du moyen âge, contre les fausses sciences, l’alchimie, la superstition.

 

Les Lumières œuvraient à libérer l’humanité de la double tyrannie de la nature et de la superstition. Cet optimisme s’est complètement renversé aujourd’hui en son contraire.

 

Le débat sur les OGM en est aujourd’hui une parfaite illustration ainsi que le montrent les deux métaphores le plus souvent mobilisées dans le débat public : l’apprenti sorcier et le docteur Frankenstein. Le mythe de Frankenstein est un mythe théologique allemand du quinzième siècle qui vise à stigmatiser l’arrogance et l’orgueil humain lorsque les humains se prennent pour Dieu. Le mythe religieux de Frankenstein est un mythe de la dépossession : la créature échappe à son créateur et menace de dévaster la terre.

 

C’est ce schéma même qui est appliqué au grain de maïs OGM dont le pollen voyagerait sur des centaines de kilomètres. Ce avec quoi on essaie de faire peur dans cette affaire, plus que la dangerosité du maïs transgénique en tant que tel c’est la perte de contrôle. On  mobilise ces grands mythes de films d’horreur pour agiter la peur de nos contemporains, et bien évidemment ça marche.

 

 

Le retour de Frankenstein

 

 

 

 

 

Cette vidéo constitue l’enregistrement de la première partie d’une intervention de Luc Ferry le 24 avril 2008 dans le cadre du colloque « regards croisés – Semences et société pour une agriculture durable » organisé par le GNIS.

 

 

 

Visionner la troisième partie de l’intervention (« l’école de la république»)