L’innovation et la recherche. Se déclarant en accord avec Claude Allègre, le philosophe Luc Ferry déclarait au début de sa conférence que c’est par plus de science et non pas par moins de science qu’on résoudrait les problèmes du monde. Or la situation ne porte pas à l’optimisme : en quinze ans, en France, nous avons perdu 45 % d’étudiants dans les vraies sciences, dans les sciences dures : en physique, en biologie, en chimie ; un peu moins en mathématiques (25 %) ; même chose en Allemagne, même chose au Canada.

 

Luc Ferry met en avant deux raisons contribuant à cette situation. Dans une première partie Luc Ferry exposait que la première de ces raisons est que la science est bien davantage associée aujourd’hui dans l’esprit des jeunes à la notion de risque qu’à la notion de progrès, l’optimisme des Lumières, qui entendait libérer l’humanité de la double tyrannie de la nature et de la superstition s’étant complètement renversé en son contraire.

 

Dans cette seconde partie Luc Ferry évoque une cause qu’il qualifie de purement morale et qu’il considère comme un problème de fond qui touche toute l’Europe. Le système éducatif d’avant les crises des années soixante (1968 pour parler court), celui de l’école républicaine héritée de son ancêtre Jules Ferry, était totalement fondé sur une éthique méritocratique. Les programmes scolaires décrivent alors un idéal, une norme, une exigence commune à tous les petits enfants de France. Le moyen de réaliser cet idéal républicain est le travail : il s’agit d’une école méritocratique dont la formule « peut mieux faire » utilisée par les maîtres en constituait un véritable archétype.

 

Des crises des années soixante a émergé un changement complet de paradigme : il ne s’agit plus désormais de s’élever mais s’épanouir ; la pédagogie du travail est abandonnée pour une pédagogie de l’épanouissement de l’enfant, de l’éveil, une pédagogie ludique.

 

Ce qui distingue les sciences des humanités, dont la philosophie, c’est qu’il y est impossible de réussir sans un travail important ; cela est particulièrement vrai pour la physique et la biologie, plus encore que pour les mathématiques. Par voie de conséquence les premiers secteurs atteints par la victoire de l’éthique de l’épanouissement contre l’éthique du travail sont les secteurs scientifiques. Ainsi trop souvent les meilleurs élèves optent désormais pour des carrières commerciales ou financières plutôt scientifiques ou techniques.

 

 

L’école de la république

 

 

 

 

 

Cette vidéo constitue l’enregistrement de la première partie d’une intervention de Luc Ferry le 24 avril 2008 dans le cadre du colloque « regards croisés – Semences et société pour une agriculture durable » organisé par le GNIS.

 

 

 

Visionner la conclusion («Revaloriser la culture scientifique»)